Moi par Moi

samedi 31 août 2019

Une expérience aux limites du raisonnable

Ce que j'ai vécu, personne au monde ne pourrait le vivre. J'ai été le chercheur et le sujet de recherche, un cobaye consentant avec moi-même pour une expérience in vivo qui aurait pu mal se terminer si, dans un dernier sursaut, je n'avais pas pris mon véhicule pour aller acheter du café au supermarché. Durant plus de deux jours, j'ai accepté de me passer de café et je peux vous le dire, ça a été dur.
J'avais prévu d'en acheter vendredi. Je devais aller dans les environs de Périgueux pour travailler sur un site Internet et j'avais l'intention d'acheter du café et quelques bricoles de moindre importance en rentrant. Hélas, cela a pris plus de temps qu'envisagé et on m'a invité à manger et les magasins étaient fermés lorsque j'ai pris la route pour Azerat. Le lendemain, nous étions samedi et j'ai commencé à me rationner. Pas trop de café, il fallait faire durer. Je savais que je n'allais pas aller acheter de café ce jour là parce que, par habitude, je ne fais jamais de courses le samedi. Le dimanche, j'avais encore un peu de café. Je suis allé à Thenon et puis je suis allé voir une copine que je n'avais pas vue depuis quelques années. Faire des courses un dimanche, c'est contraire à mes idées politiques.
Lundi, je n'avais plus en matière de café qu'un fond de paquet absolument insuffisant pour me procurer ma dose matinale d'excitant. Pour je ne sais plus quelle raison, je ne suis pas allé en acheter ce lundi là. Puisqu'il était hors de question que je m'abaisse à en acheter un mardi (on a sa dignité), je m'en suis passé. J'ai essayé de remplacer la fabuleuse boisson par du cacao et du lait. Ça n'a réellement rien à voir ! Déjà, ça n'a pas le même goût. C'est bien le moins que l'on puisse dire.
Ce mercredi, nous étions mercredi. Le mercredi, je peux condescendre à me perdre dans les rayons d'une grande surface. Je me suis encore rabattu sur du cacao pour essayer de me faire lever les paupières de par-dessus les globes oculaires. Je ne sais pas ce qu'il manque au cacao pour que ça puisse me faire émerger au pays des vivants. Peut-être de la caféine ? Certainement. Quoi qu'il en soit, il était désormais exclu que je poursuive l'expérience plus avant. Elle n'avait que trop duré. Alors, j'ai pris l'automobile et je suis allé acheter des paquets de mon café habituel. Je suis rentré et là, je me suis fait du café fort, noir, âcre, puissant et je l'ai bu tout entier. Aussitôt, j'ai eu comme l'impression de me réveiller vraiment. La preuve est faite, le café est la boisson la plus essentielle à l'homme moderne.
Ma vie est palpitante.

jeudi 28 février 2019

La drogue, ça n'a pas que du bon

Autrefois, il fallait se contenter de molécules qui semblent aujourd'hui bien dépassées. Selon ses goûts ent envies, on avait les produits issus du cannabis, les opiacés, la cocaïne, le LSD, quelques alcaloïdes tirés de champignons et, pour les moins inventifs, l'alcool, bien sûr. La donne a changé et depuis une dizaine d'années, nous autres drogués du quotidien avons bien de quoi nous amuser avec ce que l'on appelle les NPS ou NDS. Chaque année, de nouveaux produits nous sont offerts pour satisfaire notre besoin légitime d'aller explorer des horizons nouveaux, franchir de nouvelles portes vers des mondes parallèles ou plus ou moins orthogonaux, élargir nos terrains de jeu et pousser toujours plus loin les limites de nos perception au-delà d'un "réel" bien trop fade.
La curiosité et l'ennui font que j'expérimente tout ce qui passe à portée de clic et je vois non seulement des éléphants roses (ce qui est bien trop commun) mais aussi des licornes multicolores, des univers mouvants, des kaléidoscopes envoûtants et bien d'autres merveilles insoupçonnées. On trouve tous ces produits à portée de clic sur le "Dark Web" (voire sur le "Deep web" mais je n'y vais pas, c'est pour les novices.) pour une poignée de bitcoins. C'est hyper simple, ça ne coûte pas grand chose, c'est cool.
Les pouvoirs publics et leurs complices instillent le doute dans les esprits et prétendent que ces drogues peuvent être dangereuses. Foutaises ! Moi qui vous parle, je me drogue depuis plus de trente ans et je ne m'en porte pas plus mal. Même, je pète le feu, j'ai une pêche d'enfer. Si ces politiques dénigrent les drogues non légales, c'est seulement parce qu'elles échappent à l'impôt. Pas de TVA, pas de taxe dispendieuse. C'est du marché parallèle, du commerce équitable.
C'était un matin et je venais d'avaler mon petit cocktail santé du matin. Une pilule pour éveiller les sens, un cachet pour avoir le sourire, une gélule pour me sentir invincible, une capsule pour développer l'imagination, un peu de poudre pour ne plus souffrir du froid ou du chaud, quelques gouttes pour n'avoir ni faim ni soif et c'était parti pour une journée intense et créative comme je les aime. J'avalais tout ça avec un bon bol de café et plein d'allant commençait bientôt à laisser s'exprimer ma folie créatrice. Je sentais le génie pointer en moi, j'étais brillant et percutant, l'un des meilleurs parmi les plus grands, le cerveau en ébullition, les sens aux aguets, l'intelligence à l'état brut, un concentré d'humour mordant. Je me sentais pleinement moi.
J'avais le porte-mine bien en main flottant à la surface d'une feuille de papier d'une blancheur virginale et d'une beauté infinie lorsque j'ai eu une vision. Et cela ne m'était pas arrivé avec autant de force depuis mes quinze ans, la première fois que je m'étais fait un shoot héroïne-cocaïne-caféine avant d'aller en cours. Je m'en souviens bien, j'avais eu la vision que la prof de science naturelle était une créature d'une beauté insolente avec des jambes d'une longueur inouïe[1], une chevelure d'un blond à faire chavirer un champ de blés, une poitrine comme jamais un adolescent nostalgique de ses enfantines tétées n'oserait rêver, des yeux parfaitement dessinés et au nombre de deux et des postures aguicheuses propres à faire dresser les sexes parmi les moins vigoureux.
Donc, j'étais, comme ce matin, bien chargé de drogues fabuleuses et je dessinais des trucs géniaux quand, d'un seul coup, un des volets de la fenêtre que je laisse habituellement presque clos pour me cacher la misère du monde extérieur s'est ouvert par je ne sais quel mauvais coup du sort. Parce que, absorbé par l'exercice illustratif que seul un génie[2] peut produire avec tant d'aisance et de volupté, je ne m'attendais pas à ce que ce volet s'ouvre dans un petit grincement caractéristique, je levais les yeux vers la fenêtre. Et là, incroyable ! Une hallucination comme rarement j'en ai eu de toute ma longue vie d'heureux toxicomane ! Magnifique ! Grandiose ! Fabuleuse ! Tellement hallucinante, l'hallucination, que je me hâtais avec célérité vers l'appareil photo pour l'immortaliser sous forme numérique. Il y avait une chance sur quelques milliards pour qu'une hallucination puisse s'inscrire sous la forme de bits ordonnés sur une carte mémoire mais je suis béni des dieux et riche d'une foi à toute épreuve. Ce que j'ai fait et réussi là mériterait une communication à l'académie des sciences de Plougastel-Daoulas sinon celle de Buford (Wyoming - États Unis d'Amérique). C'est quasi du même niveau que de fixer les images mouvantes et fluctuantes d'un rêves pour se les projeter au réveil sur un grand écran en technicolor avec du son Dolby Surround 5.1. Enfin vous voyez le genre, quoi.
Cette hallucination, c'était deux enfants énormes, gigantesques, qui regardaient par-dessus les toits. Deux enfants à faire baver des prêtres pédophiles, deux enfants très beaux, comme issus d'un casting sévère et rigoureux. Deux enfants rieurs aux yeux et cheveux clairs, deux enfants à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Et ces deux enfants comme il n'en existe pas dans la vraie vie, ces deux enfants comme retouchés dans Photoshop étaient là à observer de leurs grands yeux fixes un point que je ne pouvais percevoir moi depuis chez moi.
J'ai eu le temps de faire deux photos et puis il y a eu un bruit, un grondement sourd, un sifflement d'air que l'on expulse avec vigueur et détermination. J'ai vu ces deux enfants se mouvoir légèrement, tressaillir imperceptiblement, glisser vers la gauche tout doucement. M'avaient-il aperçu, ces enfants si mignons ? J'ai cru un moment que nous allions entrer en communication eux et moi, qu'ils étaient les envoyés d'une puissance d'un autre monde venus en paix me désigner comme le messie qui allait avoir le devoir de colporter la bonne nouvelle. Je ne m'étonnais guère que l'on ait pu me choisir moi, être exceptionnel s'il en est. C'était somme toute assez logique. J'aurais plutôt mal pris que l'on vous choisît vous, êtres informes et d'une banalité affligeante. Non, bien sûr ! Il fallait que ce soit moi ou, à la rigueur, un autre être d'exception comme Emmanuel Macron qui aurait été un bon choix aussi mais qui ne prend pas les mêmes drogues.
Ils avaient bougé, les enfants. Et, à mon grand désespoir, ils ne s'arrêtaient pas pour discuter ou me confier une mission. Non. Il s'en allèrent, disparurent, tracèrent leur route. Et c'est à cet instant que j'ai arrêté de croire que l'on allait pouvoir sauver le monde et son humanité et ses insectes et ses oiseaux et la vie des plantes et des eucaryotes. C'en était fini de l'utopie, c'était bel et bien foutu et c'était désespérant et déprimant. C'est là aussi que j'ai compris que ces putains de drogues que j'achetais dans les tréfonds des Internet n'étaient que du glucose et de la farine de caroube. Je m'étais bien fait avoir. Que cela serve de leçons aux générations futures si jamais elles existent un jour. Et afin que mon message soit entendu et que vous ne soyez pas enclins à mettre en doute mes dires, je vous montre une photo de cet événement qui fera un peu date.

sales gosses

Notes

[1] quoi que je me demande à présent si l'on peut entendre une longueur

[2] rassurez-vous, ça ne vous arrivera jamais, sots que vous êtes

mercredi 24 octobre 2018

Artiste à la tâche

lundi 8 octobre 2018

Poubelle la vie

J'étais dans l'un de ces hypermarchés de la périphérie de Périgueux une liste de courses à la main. A cet instant, je cherchais très précisément des sacs poubelle de 30 litres. J'ai calculé que j'avais besoin d'un de ces sacs pour une semaine d'ordures et de déchets. Je ne sais pas où l'on a mis ces sacs poubelle. Avant, ils étaient du côté des lessives et produits ménagers mais ces crétins ont tout changé. Bon. Ils sont où, ces sacs poubelle ? Je prends toujours les moins chers. C'est vrai que ça fait un peu miséreux d'agir ainsi, je sais que je risque le quolibet, mais je me dis qu'au vu de la destination finale de ces contenants, il n'y a pas de raison valable, selon moi, d'en choisir des plus luxueux ou des plus évolués d'un point de vue technique. Il y en a de plusieurs couleurs mais il y en a aussi qui ont un lien qui coulisse et qui forme une poignée que l'on prétend très pratique. Ceux que j'achète sont de ceux qui n'ont qu'un misérable petit lien à arracher et à tenter de nouer autour de l'entrée du sac. C'est moins pratique et moins beau, je le reconnais.
Je passe par le rayon des casseroles, poêles, couvercles, ustensiles divers et couscoussières familiales. En face, le rayon des produits ménagers. Il y a une certaine logique à trouver le produit à vaisselle à la suite des casseroles. Par contre, pas de sacs poubelle ici. Je vais voir dans le rayon d'à-côté de ce pas. Le rayon suivant est celui des seaux, balais, serpillères et poubelles. C'est aussi dans ce rayon que j'aperçois C. et son sourire. C., je ne l'ai pas vue depuis bien cinq ans. Nous allons à sa rencontre, ma liste de course et moi. Je range la liste dans une poche. C. et moi nous faisons la bise.

— Salut Michel ! Qu'est-ce que tu fais là ? Depuis le temps… Tu n'as pas changé !
— Je cherche des sacs poubelle. Et toi, qu'est-ce que tu fous là au lieu d'être au travail ?
— Je cherche une poubelle. La mienne s'est envolée avec la tempête.

Nous nous racontons nos vies. Ce qu'a été la sienne, ce qu'est la mienne. Elle a été licenciée, elle a retrouvé un boulot, son employeur est fou. Ah, aussi, elle a quitté son copain. Moi, je continue à dessiner, à faire des photos. Tout va bien pour nous deux, quoi.

La première fois que j'ai rencontré C., il doit y avoir une quinzaine d'années, je suis immédiatement tombé amoureux. D'abord, elle est jolie et, en plus, elle a de l'humour assez rock n' roll ! Et puis son sourire, bien entendu. Par contre, elle était déjà bien plus jeune que moi. J'ai préféré taire mes sentiments, il était bien certain que je n'avais pas la moindre chance. Pendant une dizaine d'années, nous nous sommes croisés régulièrement. Un jour, elle a eu un nouveau copain ; quelque temps après, ils avaient un petit garçon. J'avais enfin deux bonnes raisons de les taire définitivement, mes sentiments.

C. hésite entre deux poubelles. Je lui conseille de laisser de côté ces modèles en plastique chinois et de préférer cette jolie poubelle en acier inoxydable (sans doute tout autant chinois). Elle me fait remarquer que le prix n'est pas le même. Je m'étonne de la savoir si pauvre qu'elle en est réduite à devoir se satisfaire du moche et vulgaire. Elle rit. Rire et sourire, elle sait bien faire, C. .

— Tu ne changes pas, c'est fou ça, qu'elle me dit, C.
— Toi non plus, tente-je pitoyablement.

Nous discutons encore quelques minutes. C. ne sait pas où sont les sacs poubelle. Elle hésite toujours entre deux modèles. Je ne comprends pas bien le dilemme. Une grise ou une marron ? Aussi moche l'un que l'autre, sinon. Un modèle plus rond que l'autre mais bon, ça se vaut. On est pas loin du niveau zéro en matière de design. C. rit encore une ou deux fois de mes conneries. Je ne vois plus grand chose à lui dire, je prends congé et commence à m'éloigner.

— Tu es fidèle à toi-même, ne change rien ! Toujours aussi beau…
— …

Moi qui n'en ai déjà pas beaucoup je perds complètement mes moyens. Ai-je bien entendu ce que je crois avoir entendu ? Il y a dû y avoir un bug dans la transmission. Je vais prendre rendez-vous chez un ORL, courir m'acheter des appareils auditifs, me voilà victime d'hallucinations auditives, c'est la fin ou du moins le début de. Il y a forcément une explication rationnelle.
Je ne sais pas si un jour vous avez entendu quelqu'un vous dire que vous étiez belle ou beau. J'en doute un peu. Peut-être votre maman lorsque vous étiez jeune enfant baveux et babillant mais ça ne compte pas. Ou alors, c'était de l'ironie, de la moquerie. Limite de la méchanceté gratuite. Si jamais cela vous est malgré tout arrivé, avouez que vous avez cru avoir mal entendu. Sans doute avait-on voulu dire quelque chose comme "T'as vraiment une gueule d'escabeau" ou "Tu ressembles à un vieux rabot". Enfin rien à voir avec ce que les oreilles auront perçu malencontreusement.
Et puis, il faut en convenir, la beauté, ce n'est pas donné à tout le monde. C'est réservé à l'élite. Pour autant, je vous le concède, vous n'êtes pas tou·te·s laid·e·s et moches. La plupart d'entre-nous sommes dans une juste moyenne. Pas assez hideux pour être remarquables. Ce qui nous sauve tous, dans le fond, c'est cette beauté intérieure qui fait notre charme. C'est moins directement perceptible, comme beauté, mais c'est mieux que rien. Et puis il ne faut pas se mettre martel en tête, on peut ne pas être très beau et être intéressant tout de même.


Je me retourne, je m'attends à voir quelqu'un de nouveau à qui se seraient adressés ces propos. Il n'y a que C. et son sourire. Ben merde alors !

— De quoi ? Tu as dit quoi ?
— Hein ? Euh… Tu es fidèle à toi-même…
— Ah d'accord ! Allez, à une prochaine !

Ouf. Je m'en sors bien. Je retourne à la chasse aux sacs poubelle avec un sourire piqué à C.

mercredi 13 janvier 2016

Photographie, mensonge et culte de la personnalité

Aussi vrai qu'il est fallacieux de penser trouver la vérité dans les journaux, la photographie représente tout sauf la vérité. Et si j'écris cela, c'est juste parce que j'ai pensé que c'était amusant. N'allez pas imaginer qu'il y ait la moindre once de vérité dans tout ça. Et puis, il faudrait revenir sur la notion de vérité, déjà. Il y en a des tonnes qui sont morts à vouloir la vérité, à trop la chercher, à la guetter partout et n'importe où et même ailleurs. Vouloir la vérité vraie, c'est ce pourrir la vie durablement et jusqu'à ce que mort s'ensuive. Alors que le mensonge, pardon ! Ah oui, le mensonge, ça met du piment dans la vie, ça vous l'embellit de la plus belle des manières. Ça oui ! Sans mensonge, pas d'art, pas de littérature, pas de cinéma. Le mensonge, c'est l'imagination au pouvoir ; le mensonge, c'est l'humour et peut-être même l'amour du prochain. On ment forcément aux gens qu'on aime. Bon, moi, de ce côté, je n'ai forcément pas trop l'occasion d'exercer. Je n'aime personne.
Il y en a qui raconte que le mensonge est le travestissement de la réalité. Ce sont des bouffons. Ils n'y connaissent rien. Même pas sûr qu'ils comprennent ce qu'ils disent ou répètent sottement. Travestir la réalité, ça implique que la réalité existe et là, c'est un peu comme la question de l'existence de l'être suprême. C'est largement sujet à caution. Si la réalité existe, elle est à chercher dans le domaine de la physique quantique. Elle est dépendante de l'observateur et, donc et de ce fait, est très subjective. Si la vraie véritable réalité existait, on s'en serait aperçu, depuis le temps que la question occupe les esprits. Quoi qu'il en soit, si quand bien même elle existait, elle ne pourrait pas survivre à la transmission. Elle serait fugace et propriété unique d'une unique personne. Le témoignage est déjà du mensonge.
A contrario, le mensonge se partage et se nourrit du partage. Rare sont ceux qui se mentent par plaisir. On peut se mentir pour de bonnes raisons, mais pas par plaisir. Notez que je n'y connais rien et que je dis peut-être des conneries. Je suppose tout de même que l'on peut se mentir et se persuader que ces mensonges valent pour vérité dans bien des circonstances mais qu'alors le plaisir n'est pas de la partie. Par exemple, si l'on échappe à un grave accident, on peut se mentir et se persuader que l'on a eu de la chance d'en réchapper malgré la perte d'un membre ou de quelque chose du genre. Dans la réalité, la chance est à pondérer.
Mentir aux autres crée du plaisir ou, du moins, une certaine satisfaction. Quel bonheur de berner son prochain en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes ! Pour preuve, l'escroc génial aura toujours la sympathie du public et parfois même de ses victimes. J'ai connu des menteurs maladifs que j'écoutais par pur plaisir, juste pour le bonheur de me faire mener par le bout du nez et cela sans jamais être totalement dupe. Je me souviens ainsi d'un mythomane sévère qui voulait m'embarquer dans une aventure incroyable et que je m'amusais à aller toujours plus loin dans son délire jusqu'au moment où, ne pouvant plus aller en arrière et étant allé trop loin, il a préféré disparaître plutôt que d'avouer son mensonge. Echec et mat, j'avais gagné.
J'ai de la sympathie pour les menteurs qui me racontent des histoires. Pas toujours, bien sûr ! Mais en général, je les aime bien. J'aime bien mentir, aussi. Ainsi, je construis un mythe autour de moi. J'ai déjà réussi à faire croire que j'étais quelqu'un d'autre à plusieurs personnes. J'ai réussi à faire croire que j'étais dessinateur et photographe et même un peu réparateur d'ordinateur de l'école "sorcellerie et rites étranges conduisant à faire fonctionner un PC". Et je ne vous dis pas tout. Ce qui m'amuse, parfois, c'est de faire croire que je suis une personne sérieuse qui ne rigole pas et dont il convient de se méfier. J'y parviens assez bien. Et là, j'en arrive à la photo que j'ai eu l'idée de faire ce matin.
Ce matin, je me suis levé après une nuit qui a été meilleure que la précédente. Je me suis fait plein de café et j'ai commencé un dessin. A un moment, et je suis bien incapable d'expliquer ce qui a suscité cette idée, j'ai eu envie de faire une photo. J'aimerais savoir ce qu'il se passe dans ma pauvre cervelle, des fois. J'ai eu comme une image qui m'est apparue. Une idée d'image, quoi. Un truc qui m'a donné l'envie de la réaliser. Alors, je l'ai faite. Et cette photo est un mensonge caractérisé. Dans la vraie vie, je ne suis pas un bûcheron, je n'utilise pas souvent les tronçonneuses, je n'en empoigne pas systématiquement quelques minutes après mon lever. Et puis, je ne suis pas aussi peu souriant que je le montre, non plus. C'est marrant cette propension à toujours faire la gueule lorsque je m'essaie à l'autoportrait. Il ne faut sans doute pas aller chercher trop loin, sans doute que l'on peut expliquer que je cherche à créer une image idéalisée de qui j'aimerais être. Ou quelque chose du genre. A moins que ce ne soit que de l'humour ? Et j'ai conscience que mon humour n'est pas l'humour de tous. Et ça, ça me plaît beaucoup, cette singularité. J'aime trouver des personnes avec qui partager cette forme d'humour et j'aime également trouver des personnes qui ne la partagent pas.

Mc Culloch et moi

autoportrait à la tronçonneuse

mercredi 24 juin 2015

Juste un cigare

Ah, ah ! Vous pensiez que j'étais en train de roupiller, de cuver mon vin, de glander ! Ne dites pas le contraire, je le sais ! Je vous écoute ! On en profite pour tenir des propos polémiques, pour raconter n'importe quoi en profitant de mon absence. C'est pas joli-joli.
J'ai voulu tester un traitement un peu spécial. Pour ce faire, il me fallait un modèle. Parce que personne n'est venu se prêter au jeu, j'ai donné de ma personne pour un autoportrait qui met la bête bien en valeur. Bon, d'accord, j'aurais pu me racler la couenne, user du savon, me faire beau. Mais baste ! Je me trouve très beau ainsi. Si je ne craignais pas de me noyer, je me plongerais bien dans mon reflet, béât d'admiration face à cette perfection esthétique !
Mais la question que je vous propose et qui, je l'espère, saura vous occuper quelques minutes est celle du traitement. Vous en pensez quoi ?

autoportrait au cigare de Cuba

samedi 7 mars 2015

Carte de viZite

Elles sont arrivées les belles cartes de visite à ma pomme ! Y a plus qu'à les distribuer. Pour rentabiliser l'opération, je songe à les faire payer, tellement elles sont belles et bien imprimées sur leur beau papier à fort grammage. Celles et ceux qui en veulent sont priés de m'en faire la demande par écrit en joignant une enveloppe timbrée adressée à leur nom. Mon adresse ? C'est écrit dessus ! Ne vous faites pas plus sots que vous l'êtes !

cartes de visite

dimanche 12 octobre 2014

J'ai été jeune, la preuve en images

J'entends parfois des propos désobligeants lâchés à mon égard. On entend toutes sortes de choses et peu nombreuses sont celles capables de me blesser. Mais, tout de même, lorsque l'on prétend que je n'ai jamais été jeune mon sang ne fait qu'un tour et je me mets en colère.

C'est en continuant mon entreprise de recherche de documents photographiques anciens que je suis tombé par le plus grand des hasards sur deux clichés me présentant en train de fêter dignement mon premier anniversaire. On le voit sur la première de ces images, j'étais déjà un vrai comique.

1 an

1 an

Alors la question est de savoir qui a fait ses images. Ce doit être l'un ou l'autre de mes grands-parents maternels. Je penche pour mon grand-père. Ce qui est certain, c'est qu'elles ont été faites sur pellicules Agfa Isopan IF. De ce que j'ai pu trouver à propos de cette pellicule, ce serait une pellicule noir et blanc de 40 ISO. Je suppose que mon grand-père aura développé lui-même le film. Ce que je ne parviens toutefois pas à comprendre, c'est pourquoi cette pellicule a été découpée vue par vue. Ce n'est pas vraiment recommandé, normalement.

lundi 13 mai 2013

J'ai eu une idée

Ce lundi 13 mai 2013 est à marquer d'une pierre blanche. Aujourd'hui en effet, j'ai eu une idée. Si l'on tient compte de ce que cela ne m'était pas arrivé depuis 1976, on comprend l'importance que l'on peut donner à cet événement hors du commun.

Je m'en souviens comme si c'était hier. Et pourtant, ce n'était pas hier. C'était le 18 août 1976. C'était un mercredi et j'étais en vacances. Les grandes vacances. A la rentrée, j'allais être en classe de cinquième. Il faisait chaud et j'étais dans la cour de la maison de Conflans-Sainte-Honorine où nous habitions alors. Rue Désiré Clément. Vous pouvez vérifier, elle existe. Cette maison se situait juste en face de la clinique des Tilleuls. Et il se trouve que je suis né dans cette clinique. C'était déjà amusant de se dire que l'on habitait juste de l'autre côté de la rue où j'étais né. J'avais l'impression de n'avoir pas vu beaucoup du vaste monde. Une rue à traverser. Dans les faits, ce n'était pas tout à fait la vérité. Nous n'habitions pas en face de cette clinique lors de ma venue au monde. Et puis, tout de même, avant d'arriver dans cette maison de la rue Désiré Clément, nous avions habité Pontoise. Dans un autre département. Moi, je suis né en Seine et Oise. A l'époque, Pontoise et Conflans-Sainte-Honorine étaient dans le même département, la Seine et Oise. 78. La numérotation des départements s'arrêtait à 90. Territoire de Belfort. Au premier janvier 1968, il y a eu l'éclatement des départements de la région parisienne et la naissance des 91, 92, 93, 94 et 95. Pontoise, c'est le 95. Le Val d'Oise. Donc, j'ai habité Pontoise de 1969 à 1974 (dans le Val d'Oise, donc) et je suis revenu à Conflans-Sainte-Honorine (78). J'avais vu du pays, mine de rien. Pour dire, mes grands-parents paternels étaient dans le Val d'Oise et je pouvais même y aller à vélo.
J'ai commencé à aller à l'école à Pontoise. Je suis rentré en maternelle en cours d'année. Je me souviens que ça ne me plaisait pas beaucoup d'aller à l'école. C'est vers ces années là, quelque part entre 1969 et 1974, sans doute en 1973, que j'ai failli mourir pour la première fois. Je dis que c'est en 1973 parce que je me souviens que Johnny Hallyday avait déjà chanté sa chanson "le feu" et que je crois bien que c'est en 1973 que cette chanson est sortie. Je me souviens de cette chanson parce que alors que je me tordais de douleur sur mon lit dans la chambre que je partageais avec mon grand-frère, celui-ci tentait de me faire rire et de me faire taire en me passant des disques dont celui-ci. Maintenant, la mémoire est ce qu'elle est et je peux me tromper.
Quoi qu'il en soit, je me souviens de cette nuit là. Je me suis réveillé et j'avais atrocement mal. Une crise d'appendicite aigüe. Je me souviens que j'avais l'impression d'être paralysé de tout le bas du corps. Etrange sensation. Et mon frère qui voulait me faire rire et moi qui avait encore plus mal lorsque j'essayais de rire. Et finalement, ma mère qui se réveille et qui vient me voir et qui appelle le médecin de famille, le docteur Figuière. Et on m'envoie à l'hôpital. Là, on essaie de me faire tenir debout pour me faire une radiographie de l'abdomen. J'ai du mal à tenir sur mes jambes. Et puis la décision est prise de m'opérer en urgence. On m'allonge, on m'endort.
Je me réveille dans une chambre d'hôpital, à Pontoise. Je suis sous perfusion. J'ai un peu mal mais ça va. Juste que si j'essaie de bouger, ça me fait mal. Il y a un infirmier dont je ne me souviens plus le nom qui était très gentil et aimait amuser les enfants. Il avait un badge avec son nom et il faisait exprès de le mettre à l'envers pour nous amuser. Cet infirmier, je l'ai bien embêté par la suite. J'avais trouvé je ne sais pas comment où il habitait et j'aimais aller le voir en sortant de l'école. J'avais l'impression que ça lui faisait plaisir mais à la réflexion, je n'en suis plus vraiment certain. Au bout de quelques jours, j'ai pu me lever de mon lit et me promener un peu en m'accompagnant de mon goutte-à-goutte. C'est à l'hôpital de Pontoise que j'ai eu mon premier vrai emploi. J'étais dans le bureau des infirmiers-infirmières et je classais des trucs. Je ne sais plus trop quoi. C'est aussi à l'hôpital que j'ai eu mes premiers albums de Tintin et Milou. Ce dont je me souviens aussi, c'est que l'on m'avait raconté que j'avais eu de la chance d'avoir pu être opéré rapidement. Il paraît que mon appendice avait éclaté ou était sur le point d'éclater. J'étais à deux doigts de la péritonite.

Mais ce n'est pas en 1973 puisque c'est en 1976 que j'ai eu une idée pour la dernière fois. Avant aujourd'hui, je veux dire. Nous étions donc à Conflans-Sainte-Honorine et plus à Pontoise. J'étais revenu dans les Yvelines. A l'époque, les habitants des Yvelines n'avaient que du mépris pour ceux du Val d'Oise que nous considérions comme des paysans mal dégrossis. Cela prouve que le racisme n'est jamais bien loin. C'est d'autant plus ridicule que quelques années auparavant, Pontoisiens et Conflanais étaient du même bord. Allez comprendre !
J'étais dans la cour de la maison de la rue Désiré Clément. Mon père avait son garage au fond de la cour. Mon père était électricien auto. Un peu mécanicien aussi mais surtout électricien auto. Ce qui me plaisait, c'est qu'il y avait toujours des voitures différentes dans la cour. Parfois, il s'agissait de voitures sans intérêt. Les 403 Peugeot, les 4cv Renault, les Aronde SIMCA, les DS Citroën, les Panhard et autres voitures banales ne retenaient guère mon attention. Heureusement, il y avait aussi des clients qui avaient de vraies voitures. Des Citroën SM ou des SIMCA Chambord, par exemple, pour celles qui m'ont marqué. Il arrivait que j'aie la chance d'aller essayer ces voitures avec mon père. On allait sur l'autoroute proche et il accélérait à fond. La sécurité routière n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. J'aimais bien rouler vite en SM.
Je ne conduisais pas de voiture, moi. Bien trop jeune. Non, j'avais un vélo. C'était bien aussi, le vélo. Je m'amusais beaucoup à circuler n'importe comment dans Conflans. Sur la route ou sur le trottoir. J'allais au collège et en revenait à vélo. J'allais aussi chez mon arrière-grand-mère. Ce n'est pas pour autant que j'étais sportif. D'ailleurs, mon vélo n'était pas un vélo de course.
Et donc, ce dimanche 18 août, j'ai eu une idée. Il faisait beau, ça, je m'en rappelle bien. Par contre, je ne me souviens plus du tout de l'idée elle-même. Quant à l'idée que j'ai eu aujourd'hui, je ne vais pas vous la donner parce que j'ai l'intention d'essayer d'en faire quelque chose dans les jours à venir.

Demain, c'est jour de feuilleton, sinon.

lundi 31 décembre 2012

Dernier dessin

Pendant que je m'agace toujours à chercher comment faire une bonne photo, je passe le temps en faisant un dernier petit dessin pour l'année en cours tout en me disant qu'il servira aussi pour l'année prochaine.

La photographie, c'est un piège. Au début, j'étais déjà content lorsqu'il y avait une image sur la pellicule et que cette image était plus ou moins "regardable" sans que l'on ait l'impression que l'on nous arrachait les yeux. Je me souviens de mon premier appareil. J'étais jeune et ça se passait à Conflans-Sainte-Honorine. J'étais jeune et j'avais vu à la devanture d'un photographe local un petit appareil Kodak, un Instamatic, dans un coffret. Il m'avait plu parce qu'il n'était pas très cher et aussi parce qu'il y avait la mention "camera". Je m'imaginais déjà pouvoir faire des films comme ceux que je voyais au cinéma, avec Louis de Funès en gendarme d'où vous savez. Bien sûr, j'étais jeune et je ne savais pas que "camera" voulait simplement dire "appareil photo" en langue étrangère. J'ai vite été désilusionné mais j'avais un appareil photo avec lequel je pouvais photographier le chien familial, un beau berger allemand qui répondait au nom de Fourcade, rapport à ses poils de tête qui semblaient coiffés en brosse, comme le ministre giscardien du même nom. J'avais aussi photographié la Renault 4 et la Renault 16. Les photos n'étaient pas très bonnes mais j'étais content. Ou du moins, pas trop déçu.
Mon grand-père maternel, lui, faisait de la photo d'un autre niveau. Je ne saurais dire s'il était vraiment bon photographe ou pas. Il faudrait que je me pose la question sérieusement et en faisant fi des considérations sentimentales. Il avait un Contaflex. Je me souviens qu'il était assez critique pour mes photos.
Quelque temps plus tard, mon père avait acheté un Polaroïd. Je trouvais que cet appareil était magique. On avait les photos en quelques minutes ! J'ai acheté un Polaroïd moi aussi. Je l'ai toujours quelque part. Un Polaroïd 1000. Je ne me souviens pas avoir fait de bonnes photos avec cet appareil mais je me souviens l'avoir amené avec moi lors d'une sortie scolaire à Dieppe[1]. Je me souviens surtout qu'il ne faisait pas très beau et que les quelques photos que j'avais faites là-bas était parfaitement ratées. Je ne me suis pas beaucoup servi de cet appareil par la suite. Il faut dire que les pellicules étaient chères.
Après cela, il y a eu une période où la photographie ne m'intéressait pas. Il a fallu attendre que j'arrive en Dordogne et que je rejoigne un nouveau collège pour m'y remettre. J'avais un professeur de français qui s'occupait du club photo de l'établissement. Le collège disposait d'un laboratoire avec un agrandisseur, des cuves et cuvettes et tout ce qu'il fallait pour développer et tirer les photos que l'on pouvait prendre avec un Zenit EM et son Helios 58mm f:2. Il a fallu apprendre les vitesses, les diaphragmes, les histoires de profondeur de champ et tout le reste et puis on a commencé à faire des photos. Une pellicule de 12 poses, de la FP4 Ilford dans mon souvenir. Trois photos chacun. Et puis, direction la chambre noire pour développer la pellicule et faire des tirages sur du papier monograde. C'est là que j'ai vraiment appris la photo et que j'y ai pris goût. Pour autant, je n'étais pas un bon photographe et ne maîtrisait pas vraiment tous les réglages.
Quelques années plus tard, dans un journal de petites annonces, je vois un appareil photo Zenit à vendre avec un flash Agfa. J'avais juste assez pour me l'acheter[2]. C'était à Saint-Léon-sur-l'Isle. Mon père et moi y allons en début l'après-midi et je fais affaire. En rentrant, je n'ai qu'une envie : acheter une pellicule ! La chose se réalise la première fois que l'on va à la ville. Je file chez un photographe et j'achète une pellicule. J'avais pris la précaution d'amener l'appareil et lui demande de me l'installer parce que... Enfin bon. Bref. Le photographe se moque un peu de mon appareil et moi, je ne comprends pas. Pour moi, c'est le meilleur des appareils photo existant puisque c'est celui que l'on utilisait au club photo. Il est vraiment bête, ce photographe[3]
Il se trouve que l'on doit retourner à Conflans voir la famille de là-bas. J'ai mon appareil photo et je fais plein de photos. Je vois le nombre de clichés pris sur le compteur. Vingt, vingt-cinq, trente, trente-cinq, quarante... Pas mal pour une pellicule de trente-six poses ! Quarante-cinq... Bizarre, tout de même. Cinquante... Ça devient un peu inquiétant. Bon. Je décide que la pellicule doit bien être pleine et de rembobiner. Je tourne la molette destinée à cette opération. Plusieurs minutes. Je sens les gouttes de sueur perler à mon front. Je suis un peu inquiet. J'ouvre le dos du boîtier et je comprends vite que les perforations de la pellicule se sont arrachées et que je viens de perdre toutes mes photos. Mais au moins, j'ai appris qu'avec un Zenit, il faut faire attention à l'armement. Tout n'est pas négatif.

J'achète une nouvelle pellicule. Cette fois-ci, j'arrive au bout de la pellicule sans tout arracher, je rembobine et je confie la pellicule au photographe. Je suis impatient de voir mes chef-d'œuvres. Je ne sais plus vraiment ce que j'avais fait comme photos. Enfin je n'ai pas non plus le souvenir de photos particulièrement réussies. Une fois, j'ai essayé de faire des photos au flash pour la première fois. Je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait qu'une partie de la photo qui était exposée. Je n'avais pas pigé l'histoire de la synchro-flash[4]. Il y a aussi eu la grosse déconvenue des images systématiquement sur-exposées. Mais là, on va dire que ce n'était pas totalement de ma faute. Je vais vous expliquer.
Au club photo du collège, nous avions un Zenit EM. J'avais acheté un Zenit E. Extérieurement, ça se ressemblait beaucoup. La différence était pourtant fondamentale ! Là où le Zenit EM avait une présélection du diaphragme, le Zenit E en était dépourvu. Et quand bien même il l'aurait eu, l'objectif Helios n'aurait pas été en mesure de l'exploiter. En gros et sans entrer dans des considérations techniques ennuyeuses, le Zenit E implique de fermer le diaphragme manuellement en utilisant la bague de l'objectif faite pour. On fait la mise au point en pleine ouverture et on ferme le diaphragme après l'avoir réglé. Si on oublie, on reste en pleine ouverture et on a toutes les chances pour que la photo soit sur-exposée. Je ratais beaucoup de photos mais j'avais encore appris un truc.
A compter de cette époque, il y a de longues années durant lesquelles je conserve ce boîtier et fais des photos sans grand enthousiasme. D'abord, je n'ai pas de fric pour payer les pellicules et les développements et tirages. Il faut attendre le début des années 90 pour que je m'y remette sérieusement. Il y a plusieurs événements mais le plus marquant de tous est sans doute le fait que je rencontre une fille dont je deviens amoureux et qui a fait des études de photographie. Elle a un Canon AE1 et un Yashica Mat 124. A partir de là et pendant quelques années, il y a une sorte d'émulation-concurrence entre nous. Il y a aussi mon plus jeune frère qui fait de la photo. Et puis, avec ma copine, on a de plus en plus d'occasions de faire des photos, professionnellement ou pas[5]. Du Zenit et du Canon, on passe à un boîtier bien plus performant, un Canon T90. Un vrai monstre que j'adore. Puis à un Canon EOS 100 auquel s'ajoutent vite des objectifs fabuleux. Un jour, l'occasion se présentant, on achète un Leica M4 d'occasion avec son 50mm Summicron. Et là ! J'ai vraiment adoré cet appareil.
Il y a un peu plus de dix ans, ma copine et moi nous séparons. Elle conserve le Leica, je garde le Canon. Bon. Quelque temps plus tard, je prête le Canon à une copine qui me le rend cassé. Je n'ai plus d'appareil pour utiliser les bons objectif Canon EF. Je ressors le T90. Un jour, je tombe sur une annonce. Quelqu'un vend un EOS 5 pour pas trop cher sur Périgueux. Je l'achète. Et puis, en 2006, j'achète mon premier appareil photo numérique reflex, un Canon 400D. Et puis, il n'y a pas longtemps, j'ai l'occasion d'avoir un Canon 60D[6].

Aujourd'hui, on va dire que cela fait donc environ trente-cinq ans que je fais de la photo. Alors oui, je fais de bien meilleures photos qu'à l'époque de l'Instamatic et, surtout, je comprends et maîtrise beaucoup mieux la technique. Disons que je comprends pas mal de choses dans ce domaine et que je me débrouille, je le pense, plutôt pas mal pour un amateur. Il n'en reste pas moins vrai que je ne suis pas toujours satisfait de ce que j'arrive à faire et que je suis parfois confronté à des problèmes qui ont le don de m'agacer à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Ce que je trouve assez génial avec la photo, c'est que j'ai l'impression que ça n'a pas de limites. On apprend toujours et encore. Parce que je ne recherche pas vraiment la compagnie des gens, parce que je ne bouge pas beaucoup de chez moi, aussi, je me consacre en ce moment à la photo de studio. J'aime bien ça. C'est assez technique et ça demande de pas mal réfléchir. C'est juste assez prise de tête pour m'occuper. Là, j'en suis à tenter de maîtriser les reflets. Ce n'est pas une affaire simple. Il y a encore quelque temps de cela, je me serais contenté de retoucher les photos imparfaites sous Photoshop. Aujourd'hui, je cherche à faire une bonne photo dès la prise de vue. Je pense que j'ai me suis trouvé du travail pour les quelques années à venir.

Et donc, je vous disais en préambule que j'avais fait un petit dessin pour clore l'année en cours. Le voilà.

Renault R2087 et vœux 2013

Notes

[1] Enfin je crois que c'était à Dieppe.

[2] 150 francs, dans mon souvenir.

[3] Ce qui est vrai. C'est un personnage que je n'aimais vraiment pas.

[4] 1/30s sur le Zenit.

[5] Nous étions devenus correspondants de presse pour le journal Sud-Ouest.

[6] Sur le fond, je ne suis pas "Canon" plus que "Nikon" ou autre chose. Si j'avais les moyens, j'aurais un Leica M. Le truc, c'est que j'ai quelques bons objectifs Canon, c'est tout.

lundi 2 juillet 2012

En noir et blanc

autoportrait

mardi 13 mars 2012

Autoportrait

Peut-être un peu raté, cet autoportrait. On aura qu'à dire que c'est l'autoportrait de quelqu'un d'autre.

autoportrait.jpg

lundi 9 août 2010

Et ça, je n'aurais pas dû

Je vous narrais les débuts de ma carrière professionnelle au sein d'une société d'édition de cartes postales. Je continue l'histoire.

Où en étais-je ? Ah oui ! J'étais donc devenu plus ou moins officieusement responsable du parc informatique "Macintosh" de l'entreprise. Dès qu'il y avait un souci sur le matériel ou sur un logiciel, j'intervenais. En toute modestie, je me débrouillais plutôt pas trop mal. Je mettais un point d'honneur à faire en sorte que ces satanés Macintosh et leur système d'exploitation fonctionnent. Ceux qui ont connu les systèmes d'avant Mac OS X savent que ce n'était pas toujours de la tarte, cette histoire. Enfin bref...
Une chose qui est certaine, c'est que je ne touchais pas (ou fort peu) aux PC. Premièrement parce que je nourris une haine viscérale à leur endroit ; deuxièmement parce que je n'y connaissais pas grand chose, en terme de PC. Du reste, je suis bien incapable de dire qui s'occupait des PC à l'époque. Il n'y en avait pas beaucoup, remarquez. L'entreprise débutait et il devait y avoir, en tout et pour tout, une petite dizaine de machines tournant sous Windows 98 et NT 4 pour le serveur. J'ai le souvenir vaporeux que tout cela était bien souvent en panne.
A un moment, je ne sais plus en quelle année, est arrivé un nouveau collègue que l'on appellera Axel[1] . Axel était bien sympathique (certainement) mais il avait plusieurs défauts dont un qui faisait aussi sa qualité : il préférait les PC aux Macintosh. Ce jeune type avait pour particularité de réussir à faire planter un Mac plus vite que son ombre. A plusieurs reprises, j'ai travaillé longuement sur son poste sans parvenir à le faire planter comme lui y parvenait. Il avait un don, c'est clair. Il aimait les PC et alors il a été promu responsable des PC de l'entreprise. C'est à cette époque qu'est venue à l'esprit de la classe dirigeante de l'entreprise l'idée de payer une formation à l'administration de Windows NT 4 pour ce collègue et moi-même. Je n'avais rien demandé et ne tenait pas beaucoup à apprendre quelque chose à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, voilà que durant quelques journées, j'apprends à maîtriser un PC, à installer un système, à gérer les droits et autres fariboles inintéressantes au possible. Ce que j'en retiens surtout, c'est que ça m'a profondément ancré dans l'idée que le Macintosh était grandement supérieur au PC. Enfin, la chose se passa et j'étais censé pouvoir gérer le réseau d'entreprise... Cette bonne blague !
Puisque je n'aimais pas les PC, je laissais avec bonne grâce officier mon collègue. Le souci, c'est qu'il galèrait un peu. Ce n'est pas pour être méchant mais je peux dire presque sans exagérer que tout marchait de moins en moins bien au fur et à mesure qu'il contrôlait le parc de PC. Un jour, on m'a demandé de jeter un coup d'œil à tout ça et ça, je n'aurais jamais dû accepter.
Il faut vous dire qu'entre temps, nous étions passés de Windows 98 SE et de NT 4 à Windows 2000. En traînant beaucoup les pieds, j'aidais mon collègue et, à nous deux, nous parvenions tant bien que mal à maintenir le système la tête hors de l'eau. Je lui laissais la primeur en cas de besoin d'intervention et continuait à dessiner et à m'occuper des Macintosh. Et puis, voilà que ce collègue a été licencié pour cause économique. J'en ai été un peu peiné parce que j'avais fini par lui trouver des bons côtés. Par exemple, il mettait bien mes dessins en couleurs. Je pense que les meilleurs colorisations du personnage que je faisais à l'époque étaient de lui. Axel parti, la charge de la maintenance PC m'incombait entièrement. Au débuts, je ne me sentais pas trop à l'aise avec ces machines. Et puis, à force, j'ai fini par comprendre quelques bricoles et j'ai réussi à faire un système globalement assez stable de tout cet amas de machines. Du coup, on a finit par penser que je m'y connaissais réellement alors que pas du tout. Je suis un fumiste.

A suivre !

Notes

[1] vu que c'est son prénom

mardi 23 février 2010

Il n'y avait pas de domaine

Au début des temps, il y a longtemps, je ne m'occupais pas de l'informatique. Et puis, je me suis fait piéger.

Lorsque je suis arrivé dans cette merveilleuse entreprise, j'étais un simple dessinateur humoristique. Je n'avais pas demandé un emploi salarié, j'étais arrivé pour vendre des dessins. Mais bon, on m'a proposé un boulot, plutôt pas mal payé, et j'ai accepté.
Au début, on m'a demandé de faire des encrages de dessins crayonnés par un autre dessinateur qui avait proposé une idée de collection. J'ai fait les encrages pendant quelques semaines et puis on m'a demandé de réfléchir à un personnage qui pourrait être décliné en cartes postales humoristiques, un bébé.
Moi, les bébés, je n'en avais jamais fait. Pas plus en dessin que d'une autre manière. J'ai pris du papier et un crayon et j'ai commencé à chercher comment j'allais faire pour dessiner des bébés plutôt que des motos ou des punks. J'ai pas mal peiné sur l'exercice et puis voilà qu'à un moment j'ai cru que j'étais arrivé à dessiner un bébé crédible. Quelques années plus tard, lorsque je regarde ce que je faisais à ce moment là, j'ai réellement honte. Néanmoins, ça a suffisamment plu pour que l'on me dise de dessiner mes trucs. J'en ai dessinés assez pour faire une première collection et puis elle a été éditée et puis voilà.
A cette époque, l'entreprise était toute récente. Elle n'avait même pas un an. J'avais des collègues tous plus vieux que moi dans la boîte et je ne la ramenais pas trop. Je me contentais de faire ce que l'on me demandait de faire et d'être un peu poli avec tout le monde. J'étais presque normal, quoi.
J'étais dessinateur, je dessinais. On m'avait acheté un Apple Macintosh G4 tout neuf, un 667 MHz. Parce que je pressentais un peu que je n'allais pas trop en avoir l'utilité et aussi parce que je trouvais plus normal qu'il aille à l'une de mes collègues qui faisait beaucoup plus de travaux d'infographie, j'ai proposé de prendre un des "vieux" G4 400 MHz. Je vous le dis, j'étais presque normal et presque gentil et bienveillant. C'est fou, quand j'y repense.
Moi, ce vieux G4, vu ce que j'en faisais, ça m'allait bien. J'avais un ordinateur à disposition et, bien sûr, je l'utilisais un peu tout de même. Pour aller sur Internet mais aussi pour faire quelques travaux avec Photoshop, Illustrator ou InDesign. Et parce que nous étions encore au temps de Mac OS 9, il arrivait parfois que le Mac plante. Alors, comme je m'y connaissais déjà un peu en matière de Macintosh, j'ai commencé à me sortir par moi-même de ces quelques ennuis passagers.
En ce temps-là, il y avait une collègue qui avait le statut de responsable du studio de création. Elle se targuait d'avoir de bonnes connaissances en informatique et moi, j'acceptais cela parce que je n'avais pas de raison de douter. Au début, du moins. Parce que, assez rapidement, j'ai compris que je m'y connaissais un peu plus qu'elle. Avec beaucoup de tact, j'ai commencé à l'aider à se dépatouiller de problèmes informatiques qui me semblaient bien peu de chose mais sur lesquels elle bloquait. Assez rapidement, ça s'est su que je m'y connaissais. Forcément. Et c'est comme ça que mes ennuis ont commencé. Implicitement, j'étais devenu responsable de la bonne marche du parc informatique Macintosh de l'entreprise. Je devais faire en sorte que les cinq ou six Macintosh fonctionnent aussi correctement que possible.

A suivre !

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