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samedi 23 juin 2018

Nous sommes lus depuis la Grande-Bretagne

J'ai vu votre blog de 2016 sur le CMR. J'ai une page de publicité d'origine de CMR publiée pendant 1946. Je pourrais vous envoyer deux images si vous n'avez jamais vu ce publicité.
Cordialement,
Phillip
(Devon, Angleterre)

Ce courrier électronique est arrivé dans ma boîte à lettres hier. Vous imaginez comment j'ai tout de suite répondu positivement à cette honnête proposition ! J'ignorais que le CMR[1] eût édité une publicité. Celle-ci date de 1946 et, je l'ignorais également, fait mention d'une 600cc culbutée apparemment basée sur le même bas moteur que la 750cc latérale.
Nous sommes dans les premières années de l'après-guerre et la France a besoin de véhicules. Le CMR apparaît alors pour, dans un premier temps, reconstruire des motocyclettes à partir des stocks laissés par les forces d'occupation allemandes. On le sait, cela donnera naissance à une très inofficielle BMW, la R73, mélange de R71 et R75.
Les quelques personnes intéressées par l'histoire de ces motocyclettes de l'après-guerre pourront se rapporter à l'étude de 1979 menée par M. de Thomasson, directeur commercial adjoint chez Thomson-CSF, que l'on peut télécharger ou consulter sur le site du club Ratier-CEMEC.
En 1948, donc, le CMR laisse la place au CEMEC[2] et apparaît rapidement la L7[3] qui s'inspire encore largement des BMW. Suivra Ratier qui mettra au point la C6[4] déjà envisagée par le CMR.
Mais le sujet du jour est bien cette publicité du CMR fourni par Phillip. Qu'il soit remercié ! Je tiens à partager avec vous ce document historique.



En annexe, vous pouvez trouver ce document en pdf.

Notes

[1] Centre de Montage et de Réparation des Motocyclettes

[2] Centre d'Études de Moteurs à Explosion et à Combustion

[3] Latérale 750cc

[4] Culbuté 600cc

dimanche 22 mai 2016

Quand la France voulait des motocyclettes pour ses administrations

Fin 1944, la France presque libérée cherche à remettre son administration sur les routes. L'occupation allemande a laissé des ateliers relevant diverses pièces permettant dans un premier temps de monter des BMW et autres machines. Le CMR est créée pour s'occuper de ce stock et reconstruire des motos. Le CMR, c'est le Centre de Montage et de Réparation. Il remonte des R12, des R71 et quelques R75 de chez BMW jusqu'au moment où les pièces viennent à manquer pour monter des motos selon les types officiels de chez BMW. Qu'à cela ne tienne, on adapte et on crée une BMW qui n'a jamais existé, la R73, un bricolage de pièces hétéroclites qui affichera un écusson BMW modifié, respectant l'hélice mais plaçant du bleu et du rouge et sur lequel s'inscrit le nom du CMR en plus de celui de BMW.
Cette moto, j'en avais entendu parler mais ne l'avais jamais vue. C'est désormais chose faite puisqu'il s'en trouvait une à Limoges, au salon de la moto organisé par la FFMC locale.

BMW R73 CMR
Parce que la pénurie de pièces menace, le CMR n'a bientôt plus raison d'être et en 1945 c'est la création du CEMEC, le Centre d'Étude des Moteurs à Explosion et à Combustion. Ses ingénieurs s'inspirent des BMW et autres Zündapp pour imaginer une nouvelle moto mais tout est de l'ordre de la création originale. C'est à dire qu'il n'y a aucune pièce interchangeable avec une moto allemande de l'époque. La première moto sera la L7 pour Latérales et 750cc. Le moteur est donc un 750cc à soupapes latérales délivrant ses bons et loyaux 18cv. C'est peu sur le papier mais ces chevaux sont de braves percherons qui sont endurants. Dans la première version, il n'y a qu'un carburateur réchauffé par deux tubulures conduisant de l'air chaud capté directement en sortie d'échappement. La L7 connaîtra quelques améliorations au long de sa carrière. Celle présente à Limoges n'est pas une CEMEC mais une Ratier. Le réservoir n'est pas le même et cette Ratier est équipée de deux carburateurs.

Ratier L7
Ratier L7 et C6S
En 1954, Ratier rachète les activités de CEMEC, l'entreprise spécialisée dans la production d'hélices pour l'aviation conçoit une version largement améliorée de la L7 en rendant le moteur culbuté, ce sera la C8. Est-ce que cette moto a existé en dehors de quelques modèles de pré-série, je l'ignore. Je n'en ai jamais vu. Mais Ratier a de l'ambition et planche sur un modèle plus moderne. On abandonne le moteur à soupapes latérales et la suspension coulissante pour une distribution culbutée et un bras oscillant. La moto est donnée pour 35cv et 160km/h. Mais il semble qu'il faille attendre le rachat de Ratier par Thomson CSF pour que la production débute réellement en 1960. Ces motos ont équipé les CRS et la garde républicaine qui, paraît-il, étaient satisfaits.

Ratier C6S
Micro Ratier C6S
Pour conclure, on notera que ni les motos du CMR ni celles du CEMEC ou de Ratier n'ont été pensées pour le grand public. Toutes celles qui ont connu une seconde vie dans le "civil" ont été achetées au domaines. C'est dommage que ni CEMEC ni Ratier n'aient fait l'effort de s'intéresser à cette clientèle potentielle. La Ratier C6S avait bien des atouts à faire valoir face à son principal concurrent qu'était BMW à l'époque. Cela aura été une occasion ratée de plus dans l'histoire de la moto française. Avec la disparition des 600cc Ratier en 1962 débutera une très longue période de vaches maigres pour la production de moto française de grosse cylindrée.

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