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jeudi 17 octobre 2019

L'amour du travail bien fait

Je n’ai pas payé ta facture car j’ai eu un prélèvement de 550 euros. L'excuse est à mon avis tout à fait recevable. Le client m'assure qu'il va procéder au règlement "sous peu" depuis un certain temps. Là, alors que je ne lui demandais rien, que je ne l'ai pas relancé, il tient à me rassurer en m'envoyant un courriel. J'apprécie l'attention. Il m'avait appelé à l'aide, il était en détresse, il avait un besoin urgent d'un coup de main. Il m'a écrit et puis, sans doute parce que je ne lui ai pas répondu assez vite, il m'a téléphoné. Il m'a expliqué son souci, il a su trouver les mots pour me dire son grand malheur et l'urgence de la situation et moi, la larme à l'œil, n'écoutant que mon grand cœur sensible et bienveillant, j'ai laissé le crayon ou le pinceau ou le je ne sais quoi que j'utilisais à cet instant précis pour porter secours à cet homme aux abois.
Je ne me souviens plus avec précision ce que j'étais en train de faire à ce moment là mais je me souviens que le problème que je m'étais approprié alors qu'il ne me concernait absolument pas quelques minutes avant m'a occupé au bas mot pendant trois heures. Je me souviens de l'intense satisfaction d'être parvenu à mes fins, d'avoir réussi à démêler l'écheveau, la joie d'avoir vaincu, d'avoir gagné. Un petit moment de bonheur simple, une petite victoire contre l'adversité. J'adore ça. J'adore réellement ce moment où je finis par comprendre l'origine d'un problème et que j'entrevois la solution, la méthode, le truc, l'astuce. J'adore.
Et alors, je me dis que pour tant de bonheur, de joie, de satisfaction, finalement, je pourrais bien accepter que l'on ne me donne pas, en plus, de l'argent. Après tout, j'ai bien été suffisamment récompensé de mes efforts. J'ai peur de paraître trop bassement mercantile en réclamant que l'on me paie quelque chose pour ces quelques rares instants au cours desquels je me suis senti plus fort que l'adversaire. J'ai été heureux, j'ai rendu un homme heureux, la vie nous a semblé heureuse et pleine de promesse. Qui serais-je pour oser en demander plus ? Je vous le demande.
Ce qu'il y a de confortable avec les travaux techniques, c'est que l'on peut envisager d'atteindre à la satisfaction vraie, entière, complète, pleine. Lorsque vous parvenez à débloquer un boulon, lorsque votre pain est bien cuit, lorsque le robinet ne fuit plus, lorsque la fracture est bien réduite, lorsque la facture est bien enregistrée, que la comptabilité est juste au centime, que le condamné à mort est bien décédé, que le blé est bien récolté, que la loi est bien passée, on est content. On ne se pose pas plus de questions. Mais lorsque l'on est dans le "travail de l'esprit", c'est pas la même affaire. Une ligne de texte, une touche de couleur, un trait de crayon, une note de musique, une tirade, un pas de danse ou une rime ne peuvent jamais être considérés comme parfaits. Enfin c'est ce que je pense. C'est pour cela que j'aime bien avoir des boulots techniques, ça repose. Et le repos ajouté au contentement sans condition, c'est déjà bien assez payé, non ?
Ah oui ! J'oubliais de le préciser. Si le client m'a envoyé ce courriel pour me dire qu'il ne m'avait pas payé, c'était aussi pour me demander un nouveau petit service. Trois fois rien, juste un petit quelque chose qu'il n'arrive pas à réaliser par lui-même et qui ne me prendra pas beaucoup de temps. Déjà, j'apprécie beaucoup que l'on puisse considérer que j'aie quelque compétence qui n'est pas à la portée du premier quidam venu. Mine de rien, ça fait du bien. On sent son ego tout ragaillardi, tout pimpant. Ce n'est pas rien. Surtout que je suis de nature à parfois me rabaisser un peu, à ne pas avoir une confiance inébranlable en moi. Finalement, je devrais sans doute remercier ce client de me faire confiance. J'hésite encore à lui facturer le petit boulot que je viens de faire pour lui, entre 6 et 9 heures, ce matin. Déjà qu'il n'arrive pas à régler 60 euros…

samedi 15 juin 2019

Chaussettes

Ce blog ne parle pas suffisamment des chaussettes. D'une manière générale, d'ailleurs, il me semble que l'on ne parle pas assez des chaussettes. Pas plus dans les media qu'à l'Assemblée nationale ou à la tête de l'État. On peut le regretter. A-t-on entendu les ténors de la politique nous entretenir de la chaussette ? Pas dans mon souvenir. La question de la chaussette sera-t-elle au programme du baccalauréat 2019 ? J'en doute. Voit-on des manifestations populaires défiler pour l'avenir de la chaussette ? Pas à ma connaissance. Et pourtant, la chaussette, hein ? Tout de même ! D'accord, je vous le concède, la chaussette ne concerne pas toute la population. Il en est pour la snober, il s'en trouve aussi pour n'en avoir pas l'utilité. Ne prenons que le cas du cul-de-jatte. Il ne se sent pas concerné, nous le comprenons. Nous ne sommes pas si idiot que nous lui enjoindrions d'en faire emplette. Qu'en ferait-il ? Non, nous ne sommes pas idiot et nous comprenons la vie.
Par coquetterie, la femme répugne souvent à porter la chaussette. Il faut bien admettre qu'elle s'associe mal au port de l'escarpin. A contrario, le gendarme est fidèle à la chaussette mais il convient de minimiser ce mérite, le gendarme porte rarement l'escarpin. Du reste, on peut le regretter, ce serait rigolo. Et il est à noter que l'on dit souvent que le touriste allemand n'hésite jamais à porter la chaussette avec la sandale. Il paraît que le président Chirac aurait adopté la pratique. Il a été critiqué pour cela en son temps. Jean-Baptiste Étienne Auguste Charcot, lui, était un inconditionnel de la chaussette qu'il portait haut et fier sur le "Pourquoi-Pas ?". Si l'histoire ne nous dit rien des rapports entre la chaussette et le Général de Gaulle, on sait que Napoléon Bonaparte veillait à avoir une paire de chaussettes propres à chaque matin de la Retraite de Russie. Dans "les Beaux gosses" de Riad Sattouf, on peut remarquer un bel éloge de la chaussette en même temps qu'apprendre que l'on peut en avoir une utilisation insoupçonnée.
Moi, je m'étais dit qu'il me faudrait acheter de nouvelles chaussettes. J'avais remarqué que nombre de celles en ma possession était trouées. Je me morigénais de n'avoir pas su réduire la longueur de l'ongle de mes gros orteils à temps. Le mal était fait, j'étais à la tête d'une collection de chaussettes trouées. La chaussette trouée n'est pas agréable à porter. Le gros orteil a une tendance naturelle à passer à travers le trou et il arrive que le tissu finisse par exercer une pression sur l'extrémité et à la blesser. Cela peut même être douloureux à la longue. Pour l'anecdote, je me souviens d'une promenade dans une grande ville française qui s'est terminée par une claudication inconfortable et une belle ampoule. Il est presque certain que celles et ceux qui m'ont croisé à cette époque ont dû penser que j'avais beaucoup perdu de ma superbe. De peur de recroiser ces gens, je ne suis jamais retourné dans cette ville. La honte ressentie ce jour me met aujourd'hui encore très mal à l'aise.
Et alors, j'avais rangé dans un coin de ma tête l'idée d'acheter de nouvelles chaussettes si, par hasard, un jour mes pas m'amenaient en un commerce en vendant. Cela est arrivé relativement récemment. J'étais parti pour allé visiter des personnes qui me sont amicales et un incroyable imbroglio dont je préfère sourire a fait que j'ai cru qu'elles n'étaient pas chez elles. Rebroussant chemin, j'ai l'idée, puisque j'avais désormais du temps devant moi, d'aller faire quelques courses dans un grand centre commercial de l'agglomération périgourdine. De fait, il convenait que je fasse emplette de provisions à même de m'assurer quelques repas. Je savais qu'il me fallait du café. Je sais toujours qu'il me faut du café. Pour le reste, j'allais faire confiance à mon intuition du moment. Sans plus y penser, dans une allée centrale large comme un boulevard, j'avise un bac plein de chaussettes. Ces chaussettes étaient proposées par lot de douze paires. D'abord, je me suis dit que cela faisait beaucoup pour un seul homme. Douze paires lorsque l'on n'a que deux pieds ! Je vous demande un peu. Quel peut être le cœur de cible ? J'étais circonspect, je me demandais qui allait pouvoir acquérir autant de paires de chaussettes d'un coup quand j'ai été attiré par une affichette annonçant le prix demandé pour un lot de ces chaussettes. 4,58 €. Je sors mon téléphone portable pour utiliser la calculatrice que l'on y trouve. 19 centimes d'euro la chaussette ! 38 centimes la paire ! Je cherche l'arnaque. Cela aurait pu être des chaussettes neuves déjà trouées. Non. Cela aurait pu être des paires dépareillées. Des pointures aléatoires. Pas plus. Des chaussettes sans fond ou, au contraire, fermées des deux bouts ? Non plus. L'offre me semble tellement alléchante que je veux y flairer une entourloupe. Je déchiffre l'étiquette, lis la composition (du coton, un tiers de polyester, un peu de viscose, un poil d'élasthane). Rien de choquant. Ah ! Ils s'y connaissent pour rouler le chaland dans la farine ! Une dernière piste, le pays d'origine. A tous les coups, c'est de la chaussette chinoise tricotée par des lépreux prisonniers d'un centre de détention pour opposants politiques ou par des enfants borgnes dans un orphelinat inepte. Mais non, ce sont des chaussettes portugaises. De l'honnête chaussette européenne. J'en reste comme deux ronds de flan. 39 centimes la paire de chaussette européenne ! Comment cela est-il possible ? Comment l'industrie chaussettière portugaise peut-elle réussir ce tour de force qui consiste à acheter autant de matières premières, autant de machines, autant d'énergie, payer autant de salaires pour que moi, modeste Français de Dordogne, puisse se payer à si bas coût un peu de confort ? Il y a quelque chose que je ne comprends plus dans ce monde, vraiment.
Autrefois était l'œuf. La chaussette avait une valeur réelle. Je n'irai pas jusqu'à prétendre qu'elle coûtait les yeux de la tête mais la chaussette était de ces choses que l'on réparait. Il y avait l'œuf, en bois ou en ivoire, que l'on introduisait dans la chaussette au niveau du trou et qui permettait le reprisage. Le reprisage d'une chaussette nécessitait quoi ? Un bon quart d'heure peut être ? Combien pour un quart d'heure de travail ? Même au SMIC ? Sachant qu'une chaussette neuve vaut 19 centimes d'euros, une chaussette réparée, d'occasion, ne peut guère valoir plus du quart de cette valeur. Cinq ou six centimes, disons. On ne peut pas payer le travail de reprisage dignement, à ce compte. C'est probablement pourquoi plus personne ne reprise les chaussettes trouées. Un règlement, à l'échelle européenne, imposerait-il la valeur de la chaussette à 30 euros (60 euros la paire) que nous verrions la profession de repriseur de chaussette revenir et la courbe du chômage baisser significativement.
Afin de ne pas trahir la confiance que vous avez en moi, je me dois cependant de vous avouer que je n'ai pas encore osé faire usage de ces chaussettes portugaises. Je n'aime pas abîmer les objets neufs d'une part et, d'autre part, je me dis aussi que si jamais, à la tête de l'État ou du parlement européen, on se penche sur ce blog et que l'on reprend mon idée d'un prix minimum pour la chaussette, je pourrai faire une belle culbute.

mercredi 24 octobre 2018

Artiste à la tâche

lundi 8 octobre 2018

Poubelle la vie

J'étais dans l'un de ces hypermarchés de la périphérie de Périgueux une liste de courses à la main. A cet instant, je cherchais très précisément des sacs poubelle de 30 litres. J'ai calculé que j'avais besoin d'un de ces sacs pour une semaine d'ordures et de déchets. Je ne sais pas où l'on a mis ces sacs poubelle. Avant, ils étaient du côté des lessives et produits ménagers mais ces crétins ont tout changé. Bon. Ils sont où, ces sacs poubelle ? Je prends toujours les moins chers. C'est vrai que ça fait un peu miséreux d'agir ainsi, je sais que je risque le quolibet, mais je me dis qu'au vu de la destination finale de ces contenants, il n'y a pas de raison valable, selon moi, d'en choisir des plus luxueux ou des plus évolués d'un point de vue technique. Il y en a de plusieurs couleurs mais il y en a aussi qui ont un lien qui coulisse et qui forme une poignée que l'on prétend très pratique. Ceux que j'achète sont de ceux qui n'ont qu'un misérable petit lien à arracher et à tenter de nouer autour de l'entrée du sac. C'est moins pratique et moins beau, je le reconnais.
Je passe par le rayon des casseroles, poêles, couvercles, ustensiles divers et couscoussières familiales. En face, le rayon des produits ménagers. Il y a une certaine logique à trouver le produit à vaisselle à la suite des casseroles. Par contre, pas de sacs poubelle ici. Je vais voir dans le rayon d'à-côté de ce pas. Le rayon suivant est celui des seaux, balais, serpillères et poubelles. C'est aussi dans ce rayon que j'aperçois C. et son sourire. C., je ne l'ai pas vue depuis bien cinq ans. Nous allons à sa rencontre, ma liste de course et moi. Je range la liste dans une poche. C. et moi nous faisons la bise.

— Salut Michel ! Qu'est-ce que tu fais là ? Depuis le temps… Tu n'as pas changé !
— Je cherche des sacs poubelle. Et toi, qu'est-ce que tu fous là au lieu d'être au travail ?
— Je cherche une poubelle. La mienne s'est envolée avec la tempête.

Nous nous racontons nos vies. Ce qu'a été la sienne, ce qu'est la mienne. Elle a été licenciée, elle a retrouvé un boulot, son employeur est fou. Ah, aussi, elle a quitté son copain. Moi, je continue à dessiner, à faire des photos. Tout va bien pour nous deux, quoi.

La première fois que j'ai rencontré C., il doit y avoir une quinzaine d'années, je suis immédiatement tombé amoureux. D'abord, elle est jolie et, en plus, elle a de l'humour assez rock n' roll ! Et puis son sourire, bien entendu. Par contre, elle était déjà bien plus jeune que moi. J'ai préféré taire mes sentiments, il était bien certain que je n'avais pas la moindre chance. Pendant une dizaine d'années, nous nous sommes croisés régulièrement. Un jour, elle a eu un nouveau copain ; quelque temps après, ils avaient un petit garçon. J'avais enfin deux bonnes raisons de les taire définitivement, mes sentiments.

C. hésite entre deux poubelles. Je lui conseille de laisser de côté ces modèles en plastique chinois et de préférer cette jolie poubelle en acier inoxydable (sans doute tout autant chinois). Elle me fait remarquer que le prix n'est pas le même. Je m'étonne de la savoir si pauvre qu'elle en est réduite à devoir se satisfaire du moche et vulgaire. Elle rit. Rire et sourire, elle sait bien faire, C. .

— Tu ne changes pas, c'est fou ça, qu'elle me dit, C.
— Toi non plus, tente-je pitoyablement.

Nous discutons encore quelques minutes. C. ne sait pas où sont les sacs poubelle. Elle hésite toujours entre deux modèles. Je ne comprends pas bien le dilemme. Une grise ou une marron ? Aussi moche l'un que l'autre, sinon. Un modèle plus rond que l'autre mais bon, ça se vaut. On est pas loin du niveau zéro en matière de design. C. rit encore une ou deux fois de mes conneries. Je ne vois plus grand chose à lui dire, je prends congé et commence à m'éloigner.

— Tu es fidèle à toi-même, ne change rien ! Toujours aussi beau…
— …

Moi qui n'en ai déjà pas beaucoup je perds complètement mes moyens. Ai-je bien entendu ce que je crois avoir entendu ? Il y a dû y avoir un bug dans la transmission. Je vais prendre rendez-vous chez un ORL, courir m'acheter des appareils auditifs, me voilà victime d'hallucinations auditives, c'est la fin ou du moins le début de. Il y a forcément une explication rationnelle.
Je ne sais pas si un jour vous avez entendu quelqu'un vous dire que vous étiez belle ou beau. J'en doute un peu. Peut-être votre maman lorsque vous étiez jeune enfant baveux et babillant mais ça ne compte pas. Ou alors, c'était de l'ironie, de la moquerie. Limite de la méchanceté gratuite. Si jamais cela vous est malgré tout arrivé, avouez que vous avez cru avoir mal entendu. Sans doute avait-on voulu dire quelque chose comme "T'as vraiment une gueule d'escabeau" ou "Tu ressembles à un vieux rabot". Enfin rien à voir avec ce que les oreilles auront perçu malencontreusement.
Et puis, il faut en convenir, la beauté, ce n'est pas donné à tout le monde. C'est réservé à l'élite. Pour autant, je vous le concède, vous n'êtes pas tou·te·s laid·e·s et moches. La plupart d'entre-nous sommes dans une juste moyenne. Pas assez hideux pour être remarquables. Ce qui nous sauve tous, dans le fond, c'est cette beauté intérieure qui fait notre charme. C'est moins directement perceptible, comme beauté, mais c'est mieux que rien. Et puis il ne faut pas se mettre martel en tête, on peut ne pas être très beau et être intéressant tout de même.


Je me retourne, je m'attends à voir quelqu'un de nouveau à qui se seraient adressés ces propos. Il n'y a que C. et son sourire. Ben merde alors !

— De quoi ? Tu as dit quoi ?
— Hein ? Euh… Tu es fidèle à toi-même…
— Ah d'accord ! Allez, à une prochaine !

Ouf. Je m'en sors bien. Je retourne à la chasse aux sacs poubelle avec un sourire piqué à C.

dimanche 1 juillet 2018

Défi de juillet

Moi
Tel que vous me voyez là, je réagis à l'histoire drôle que vous allez me raconter en commentaire. Je vous mets au défi de me faire rire avec vos meilleures blagues.

mercredi 16 mai 2018

Petit tracas de la vie quotidienne #1

Lundi - 19h12
Comme chaque lundi, à l'heure où retentit la volée de cloches marquant l'angélus, j'ai mis à chauffer l'eau dans la casserole pour assurer la cuisson des pâtes du lundi. J'ai réglé la flamme pour qu'elle lèche de la meilleure des façons qui soit le cul de la casserole. Je suis passé maître en la matière. Il faut que l'eau atteigne son point d'ébullition le plus vivement possible avec le moins de déperdition énergétique. Il faut veiller à ce que la flamme soit assez large sans trop sortir du cercle formé par le fond de la casserole. Bien sûr, avec une casserole à fond carré, triangulaire ou d'une autre forme, il serait plus difficile d'optimiser le dispositif. Habituellement, les casseroles ont un fond rond. Des siècles et des siècles d'expérimentation empirique ont conduit à considérer que c'était là la meilleure des formes à donner à un fond de casserole. Par expérience, je sais qu'il me faut compter une dizaine de minutes pour que l'eau bouille avec une belle pétulance enthousiaste.
Je suis revenu devant l'ordinateur pour terminer un travail tandis que le journal du soir de France Inter se termine sur des nouvelles maussades qui peinent à me mettre en joie. Soudain, je me rends compte que je n'entends pas le couvercle taper sur le sommet de la casserole comme il devrait le faire si l'eau, par l'effet magique de l'ébullition mis en évidence par Denis Papin, avait atteint cet état tant attendu. Je m'en étonne et quitte l'écran et le clavier pour me mouvoir avec quelque difficulté liée à un âge qui, alors, n'a jamais été aussi avancé vers la cuisine. Mon esprit vif et prompt à analyser une situation quelle qu'elle soit — et même les plus improbables — me permet de comprendre qu'il n'y a plus suffisamment de gaz dans la bouteille pour produire une flamme convenable.
Il est trop tard pour que j'envisage de désolidariser la bouteille de son détendeur et que je me résolve à affronter le monde extérieur en la descendant, ahanant et suant, par l'escalier rude et malaisé qui seul saurait me permettre de rejoindre la Ford Mondeo verte qui est mon principal véhicule et pourrait me permettre de me rendre à Thenon en empruntant la route départementale (ancienne route nationale) afin d'aller l'échanger contre une semblable mais pleine contre le paiement d'une somme à mon sens bien trop élevée.
Il est trop tard, j'en suis certain, et en plus, il pleut. Rapidité et efficacité sont des caractéristiques parmi les plus reconnues de mon esprit. J'envisage avec célérité les solutions qui me sont ouvertes face à cette situation de crise. Puisqu'il n'est pas envisageable de partir à l'aventure au volant de mon véhicule à la recherche d'un éventuel dépôt de gaz, à moins d'aller au moins jusqu'à Boulazac ou Trélissac, et que cette perspective est clairement à écarter tant elle nécessiterait que j'accepte de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour récupérer une bouteille de gaz, qu'en outre cela demanderait que je consacre à cette opération, au bas mot, une bonne heure de mon temps et plusieurs litres de carburant, il me faut trouver une solution qui soit tout à la fois acceptable et réalisable dans un délai court voire immédiat.

Lundi - 19h23
J'ai fait le tour des solutions envisageables. J'ai écarté la possibilité de manger mes pâtes du lundi crues et aussi celle consistant à placer la casserole dans le petit four électrique Moulinex offert il y a de nombreuses années par ma grand-mère maternelle après qu'elle en avait acheté un nouveau, à chaleur tournante, plus moderne. D'abord, j'ai vérifié, la casserole ne rentrerait pas dans ce four. J'aurais pu, c'est vrai, laisser la porte dudit four ouverte afin de laisser la queue de la casserole à l'extérieur. Je me suis dit que cela nuirait certainement à l'obtention d'une température optimale.
Là, il faut tout de même que j'apporte une précision qui a toute son importance pour la bonne compréhension de ce récit. Si je suis en train de tomber en panne de gaz, la bouteille n'est pas pour autant totalement vide et une faible flamme, déjà mourante, en fin de vie, proche de l'extinction, est encore présente. Dans la casserole, l'eau est chaude faute d'être bouillante. Vais-je oser quelque chose que j'ai vu faire et qui m'avait horrifié alors que je devais avoir une petite vingtaine d'années, un jour que j'avais été invité à déjeuner par un copain de l'époque et que c'était sa grand-mère qui œuvrait à réaliser ce repas auquel j'étais convié ? Elle avait l'intention de nous faire des pâtes et elle avait mis de l'eau à chauffer sur le feu. Un peu comme tout le monde, elle avait mis un couvercle pour que l'eau chauffe plus rapidement et jusque là, je ne voyais rien à y redire. Lorsque l'eau eut atteint la bonne température, elle avait soulevé le couvercle et ajouté du gros sel à l'eau. Cela me semblait très correct. Alors, elle préleva la quantité de pâtes qu'elle jugeait convenable pour nourrir trois personnes (elle comptait déjeuner avec nous) et les mis à baigner dans l'eau bouillante. Rien à dire non plus. Et là, horreur sans nom ! Voilà que l'ancêtre repose avec autorité le couvercle sur la casserole et qu'elle éteint le feu avant de poser un torchon plié sur le couvercle. J'avais, je m'en souviens bien, le souvenir est encore présent dans ma mémoire comme s'il avait créé un traumatisme dont jamais je ne pourrai me libérer, réprimé un cri. « Mais qu'est-ce qu'elle est en train de foutre, la vieille ? », me dis-je in petto en mon for intérieur.
Poli et victime d'une trop bonne éducation, je ravalais mon désarroi et cachait mon intense désolation du mieux que je le pouvais. Je me souviens vaguement de ce qui suivit alors. Peut-être, mais sans certitude, avons-nous eu des sardines à l'huile pour entrée. Peut-être avons-nous mangé ces pâtes et, même, peut-être y avait-il quelque chose pour les accompagner. Peut-être aussi y avait-il quelque chose pour simuler un dessert. Je ne sais plus rien de tout cela, j'étais bien trop effondré, ébranlé, pour pouvoir encore inscrire quoi que ce soit dans ma mémoire. Je pense aujourd'hui, en revenant sur cette dure période de ma vie, avoir été victime d'un véritable choc émotionnel qui aura agi à la manière d'un barrage de ma conscience. Je ne souhaite cela à personne.
Et pourtant, ce souvenir douloureux remontait à la surface et je ne pouvais rien faire pour l'écarter, pour l'empêcher de survenir. J'étais terriblement mal à l'aise, en crise de panique caractérisée, je sentais des gouttes de sueur perler à mon front. Il me fallait prendre une décision et je n'en trouvais pas de meilleure. Je me sentais désemparé comme rarement cela m'était arrivé, j'hésitais et tentais de tempérer dans l'espoir que je savais vain d'en trouver une plus acceptable. La mort dans l'âme, mettant ma fierté de côté, je me résolvais à agir, soulagé d'être seul, qu'il n'y eût pas de témoin. Je salai l'eau, versai deux poignées de pâtes et, détournant le regard, plaçai le couvercle sur la casserole. Tout de même — j'ai ma dignité — je n'allai pas jusqu'à poser un torchon sur cette triste affaire.
La mine triste, la tête basse, les épaules effacées, abattu et honteux au possible, je tentais de me calmer en fumant une cigarette face à la lecture des derniers commentaires laissés sur ce blog.

Lundi - 19h39
J'ai osé soulever le couvercle. Au fond de la casserole, un agglomérat informe gît tristement, lamentablement. Du bout d'une fourchette chancelante, je pique dans l'amas désolant de pâtes sans vie. J'en extirpe une pâte que, au bord de la nausée, je porte à la bouche. C'est cuit. Il me faut passer outre le dégoût. Nous sommes lundi, je dois manger ces pâtes. Je dois me convaincre que ce sont bien des pâtes. Il le faut. Je verse le contenu de la casserole dans la passoire. Une eau trouble et tiède s'échappe dans l'évier. Je sens venir les larmes, j'en chialerais presque. Je remets ces pâtes dans la casserole, ajoute un peu de beurre qui peine à fondre, mélange et verse dans l'assiette. C'est un euphémisme de dire que je me dirige alors sans joie à ma table pour manger. J'avale en essayant de penser à autre chose. Je pense à ce que le Christ a dû supporter et cela me donne la force et le courage.

Lundi - 19h44
J'ai posé l'assiette vide dans l'évier. Je ferai la vaisselle demain. Je n'ai vraiment pas le cœur à cela ce soir. Au-dessus du lavabo, je me purifie la bouche au Signal©. Double dose sur la brosse à dents. Il convient de nettoyer la cavité buccale de fond en comble. Je reviens dans la pièce principale de ma petite maison l'âme sombre comme jamais. J'éteins la lumière, tourne la clé dans la serrure et vais me coucher. Il n'est pas encore 20 heures et j'essaie d'oublier cette terrible épreuve en me plongeant dans les dernières pages d'un bouquin. Si mes yeux suivent bien les lignes, je me rends compte que moi, je ne suis pas le texte. Je suis plus atteint encore que je pouvais l'imaginer. J'éteins la maigre ampoule et réussis à m'endormir. Il n'y a rien de mieux à faire et je compte sur le sommeil pour digérer (si je peux dire) ce choc traumatique.

Mardi - 14h11
Je me décide enfin à affronter la réalité en face. J'y travaille depuis ce matin. Je me suis levé tôt, un peu après 5 heures. Je dois me rendre à l'évidence, la bouteille de gaz ne se remplira pas d'elle-même et personne n'ira à Thenon à ma place pour la remplacer par une autre. J'ai envisagé toutes les solutions crédibles. J'ai imaginé appeler au secours, prétendre que je m'étais blessé à la jambe et que je n'étais pas en mesure de sortir de chez moi. J'ai dressé la liste des personnes susceptibles de pouvoir — et accepter — de me venir en aide. Je me suis effrayé à l'idée que l'on puisse découvrir que je n'étais pas blessé du tout. J'ai écarté la tentation d'aller me recoucher pour toujours, jusqu'au jour où une bouteille de gaz se déciderait de venir jusque chez moi par ses propres moyens pour je ne sais au juste quelle raison. Je me suis dit que, « Putain de bordel de merde, on est tout de même au XXIe siècle, quoi ! Pourquoi personne n'a pensé à des bouteilles de gaz connectées qui préviendraient un livreur qu'il est urgent de venir livrer tout de suite maintenant une nouvelle bouteille à mon domicile, surtout le lundi soir ! On est à l'heure d'Internet ou pas ? »
J'ai bu du café et fumé des cigarettes. Plusieurs fois, j'ai failli réussir. Je ne compte pas le nombre de fois où j'étais prêt à aller débrancher la bouteille et à la descendre jusqu'au coffre de ma voiture pour aller la changer. Autant de fois, j'ai repoussé. Je me demande si je n'ai pas un problème, quelque part. J'ai essayé de me raisonner. Ce n'est pas la mer à boire, je l'ai déjà fait. Il ne s'agit que de débrancher une putain de bouteille de gaz vide, d'enfiler ma parka, de descendre un escalier, de soulever le capot du coffre de la bagnole, de refermer le coffre, de prendre les clés dans la poche droite, de démarrer et de rouler sur cinq ou six kilomètres pour acheter une nouvelle bouteille et enfin revenir, sortir la bouteille du coffre, remonter l'escalier, mettre la bouteille en place, m'énerver sur le bouchon de plastique que je ne sais jamais enlever convenablement, rebrancher le détendeur et pousser la bouteille sous l'évier, quoi ! Je l'ai déjà fait autrefois, ça ne devrait pas me poser de problème majeur.
Oui, sauf qu'il pleuvait et que, finalement, je n'aurai sans doute pas besoin de gaz avant ce soir. Ça peut attendre encore un peu. « Encore un moment, monsieur le bourreau », aurait supplié Jeanne du Barry. Torturé comme jamais, j'ai longtemps hésité à glisser la tête dans la lunette de la guillotine. Si j'attendais trop longtemps, si, disons, j'attendais jusqu'au soir, je n'aurais pas plus de gaz pour préparer mon riz du soir (nous sommes mardi, je mange du riz le mardi). La lutte entre moi et moi-même est âpre. Une partie de moi dit qu'il est raisonnable de se faire violence et d'aller chercher cette foutue bouteille de gaz tandis que l'autre partie m'invite à reporter encore un peu cette épreuve.
Ça arrive, parfois, qu'il y ait la chance qui vienne glisser son nez dans une affaire que l'on pensait perdue. La chance, ça existe. Le problème, c'est que l'on ne peut pas compter sur elle. Il paraît que l'on peut la provoquer. En duel, même, si ça se trouve. On a tous entendu parler de ces personnes qui expliquent leur insolente réussite au fait qu'elles ont su saisir leur chance. On ne sait pas. Peut-être que quelqu'un allait venir me voir. J'allais expliquer que ce n'est vraiment pas de la mauvaise volonté mais que j'ai un boulot urgent à finir et que ce serait vraiment aimable de sa part qu'il aille à Thenon me changer la bouteille de gaz. Je n'ai pas eu de chance. Personne n'est venu.
Sur Internet, je suis allé aux renseignements pour connaître le prix d'une plaque de cuisson électrique. C'est encore dans mes moyens mais les délais de livraison sont incroyablement longs. Je ne la recevrai pas, au mieux, avant plusieurs jours. J'écarte aussi l'idée qui m'a traversé un instant de cuisiner dans la cheminée. Il me reste bien un peu de bois mais à terme il me faudrait en faire livrer d'autre et l'idée m'angoisse déjà rien que d'y penser.
J'en suis à une telle extrémité que j'envisage même de revoir les menus de la semaine, de ne plus manger et acheter que de la nourriture qui peut s'avaler sans cuisson : cassoulet en boîte, chocolat, saucisson sec, cacahuètes. J'ai entendu dire que l'on pouvait ne se nourrir que d'aliments liquides, bière et vin par exemple. Peut-être aussi des jus de fruits et des soupes en brique. Je n'ai rien trouvé de convainquant sur Internet à ce sujet. Je tergiverse, j'hésite, je repousse et porte loin la procrastination.
Ça y est, je me suis décidé. J'ai fait un gros travail sur moi-même. J'essaie d'agir sans réfléchir. Je passe aux actes, je mets de côté l'intellectuel que je suis, me force à ne plus être qu'un travailleur manuel. Je ne réfléchis pas, je dévisse le détendeur, je revisse la poignée de la bouteille, j'essaie même de siffloter comme un simple travailleur, je passe la parka, agrippe la bouteille, ouvre la porte devant moi et la referme derrière, descends les marches, balance la bouteille dans le coffre de la Ford, m'installe au volant, tourne la clé de contact, passe la première, m'arrête pour m'assurer que personne n'arrive à gauche et à droite, roule vers Thenon, passe la deuxième vitesse, la troisième, la quatrième, la cinquième, file vers Thenon, m'agace derrière un camping-car qui ne va pas assez vite, le double dès que possible, suis arrêté par le feu qui est au rouge au carrefour de Thenon, tapote d'impatience le cercle du volant, repasse la première, la deuxième, la troisième, la quatrième, arrive au dépôt de gaz, mets le clignotant pour tourner à gauche, attends qu'une bagnole ait fini de passer, tourne, vais me ranger à côté de la guérite de la station-service et constate, effaré, que celle-ci n'ouvre qu'à 15 heures. Je suis effondré.

Mardi - 14h57
La femme qui s'occupe de la caisse de la station-service arrive. Je sors de la voiture et la bouteille du coffre. Je vais la déposer à proximité de la guérite. J'estime que l'on doit comprendre ma demande sans que j'aie besoin de l'expliciter plus clairement. Normalement, me semble-t-il, une personne qui arrive chargée d'une bouteille de gaz et qui la pose comme je l'ai fait est simplement une personne qui vient la faire remplacer pour une autre, pleine. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'avoir fait de longues études pour comprendre cela. Ceci dit, je ne sais rien de cette femme, si ça se trouve elle a fait de longues études et alors c'est triste qu'elle en soit réduite à exercer son métier bien qu'il soit utile et nécessaire.
Elle a compris et elle sort avec son trousseau de clés. Je la suis. Ma bouteille est une bouteille bleue foncé, elle l'a vu et elle va là où sont rangées les bouteilles de ce genre, dans leur casier antivol. Elle ouvre une grille qui forme une porte et sort une bouteille pleine. Parce que je connais les manières de faire bien, je renverse celle que j'ai amenée pour la présenter de telle manière que l'on comprenne qu'elle est vide et non pleine. J'ai droit à un sourire fugace pour ce geste bien venu.
En prenant d'autorité la bouteille pleine je me demande si cela ne peut pas être compris comme une marque de sexisme. Est-ce que mon geste ne peut pas être interprété comme celui du mâle qui se sent supérieur, plus fort, que la femme ? Intérieurement, je me mords les doigts de mon impulsivité que j'assure irréfléchie. J'hésite à me reprendre, à reposer la bouteille et à m'excuser en proposant à cette femme de porter la bouteille jusqu'à la guérite. Je me contente d'afficher un sourire un peu gêné. Je me maudis d'être tellement timide que je n'ose pas dire les choses en toute simplicité. Que la vie doit être simple pour les gens qui n'ont pas à souffrir de cette tare qui perturbe la vie sociale et les plus petits moments de la vie quotidienne.
Je paie mon dû et vais déposer la bouteille dans le coffre. Je m'installe au volant et souffle un bon coup. Le plus dur est fait. Il ne me reste plus qu'à revenir à Azerat et à monter la bouteille jusqu'à sa place. Je respire et me dis que tout va bien se passer et je démarre. La chance que j'appelais de mes vœux m'a sans doute entendu, je parviens à rejoindre Azerat sans la moindre embûche. Allez, encore un effort et ce sera terminé. J'ouvre le coffre, sors la bouteille de gaz, referme le coffre, porte la bouteille — plus lourde qu'à l'aller — jusqu'à l'escalier que je grimpe. Je la pose pour prendre la clé de la porte d'entrée que j'ouvre dans la foulée. Je pénètre chez moi chargé de la bouteille et dans le même élan vais jusqu'à la cuisine. Je n'ai pas fermé la porte et j'hésite à revenir sur mes pas pour la fermer. Dans le même temps, je me dis qu'il existe un risque pour que l'élan soit brisé et que je n'ai pas le courage par la suite de terminer l'installation de la bouteille de gaz. Ce serait trop bête, si proche du but ! Allez ! Haut les cœurs ! Je dévisse, j'enlève le bouchon en plastique que je ne parviens jamais à retirer convenablement, visse le détendeur, pousse la bouteille sous l'évier. C'est fait ! J'ai réussi ! Je ne suis pas peu fier, je peux vous le dire. Je me sens tellement fort d'un trop-plein d'exaltation que je vais jusqu'à tourner le robinet de la bouteille de gaz et de m'assurer que le gaz arrive bien aux brûleurs de la cuisinière que j'allume tous, les uns après les autres, d'une seule allumette. Ça fonctionne, je me sens bien, soulagé, comblé. Je ferme le robinet de la bouteille et vais fermer la porte d'entrée.

Mardi - 15h06
Assis devant l'ordinateur je sens mon enthousiasme me quitter à toute vitesse. Déjà, je redoute ce jour prochain où cette foutue nouvelle bouteille de gaz sera vide et qu'il me faudra revivre tout ça. Peut-être serait-il sage que j'achète cette plaque électrique que j'avais trouvée sur Internet tout à l'heure ? Je vais y réfléchir, j'ai déjà assez dépensé aujourd'hui. Combien de temps vais-je tenir avec cette bouteille ? Je vais essayer de l'économiser le plus possible, jamais plus d'un feu à la fois, faire durer, repousser l'échéance, ralentir le temps…

lundi 15 janvier 2018

La gueule de l'autre

J'ai prêté mon appareil photo et on m'a tiré le portrait. Ça m'apprendra à être trop gentil.

Quelqu'un

samedi 6 mai 2017

Vieilles photographies #4

Le Petit Camion Rouge et les mois

mercredi 13 janvier 2016

Photographie, mensonge et culte de la personnalité

Aussi vrai qu'il est fallacieux de penser trouver la vérité dans les journaux, la photographie représente tout sauf la vérité. Et si j'écris cela, c'est juste parce que j'ai pensé que c'était amusant. N'allez pas imaginer qu'il y ait la moindre once de vérité dans tout ça. Et puis, il faudrait revenir sur la notion de vérité, déjà. Il y en a des tonnes qui sont morts à vouloir la vérité, à trop la chercher, à la guetter partout et n'importe où et même ailleurs. Vouloir la vérité vraie, c'est ce pourrir la vie durablement et jusqu'à ce que mort s'ensuive. Alors que le mensonge, pardon ! Ah oui, le mensonge, ça met du piment dans la vie, ça vous l'embellit de la plus belle des manières. Ça oui ! Sans mensonge, pas d'art, pas de littérature, pas de cinéma. Le mensonge, c'est l'imagination au pouvoir ; le mensonge, c'est l'humour et peut-être même l'amour du prochain. On ment forcément aux gens qu'on aime. Bon, moi, de ce côté, je n'ai forcément pas trop l'occasion d'exercer. Je n'aime personne.
Il y en a qui raconte que le mensonge est le travestissement de la réalité. Ce sont des bouffons. Ils n'y connaissent rien. Même pas sûr qu'ils comprennent ce qu'ils disent ou répètent sottement. Travestir la réalité, ça implique que la réalité existe et là, c'est un peu comme la question de l'existence de l'être suprême. C'est largement sujet à caution. Si la réalité existe, elle est à chercher dans le domaine de la physique quantique. Elle est dépendante de l'observateur et, donc et de ce fait, est très subjective. Si la vraie véritable réalité existait, on s'en serait aperçu, depuis le temps que la question occupe les esprits. Quoi qu'il en soit, si quand bien même elle existait, elle ne pourrait pas survivre à la transmission. Elle serait fugace et propriété unique d'une unique personne. Le témoignage est déjà du mensonge.
A contrario, le mensonge se partage et se nourrit du partage. Rare sont ceux qui se mentent par plaisir. On peut se mentir pour de bonnes raisons, mais pas par plaisir. Notez que je n'y connais rien et que je dis peut-être des conneries. Je suppose tout de même que l'on peut se mentir et se persuader que ces mensonges valent pour vérité dans bien des circonstances mais qu'alors le plaisir n'est pas de la partie. Par exemple, si l'on échappe à un grave accident, on peut se mentir et se persuader que l'on a eu de la chance d'en réchapper malgré la perte d'un membre ou de quelque chose du genre. Dans la réalité, la chance est à pondérer.
Mentir aux autres crée du plaisir ou, du moins, une certaine satisfaction. Quel bonheur de berner son prochain en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes ! Pour preuve, l'escroc génial aura toujours la sympathie du public et parfois même de ses victimes. J'ai connu des menteurs maladifs que j'écoutais par pur plaisir, juste pour le bonheur de me faire mener par le bout du nez et cela sans jamais être totalement dupe. Je me souviens ainsi d'un mythomane sévère qui voulait m'embarquer dans une aventure incroyable et que je m'amusais à aller toujours plus loin dans son délire jusqu'au moment où, ne pouvant plus aller en arrière et étant allé trop loin, il a préféré disparaître plutôt que d'avouer son mensonge. Echec et mat, j'avais gagné.
J'ai de la sympathie pour les menteurs qui me racontent des histoires. Pas toujours, bien sûr ! Mais en général, je les aime bien. J'aime bien mentir, aussi. Ainsi, je construis un mythe autour de moi. J'ai déjà réussi à faire croire que j'étais quelqu'un d'autre à plusieurs personnes. J'ai réussi à faire croire que j'étais dessinateur et photographe et même un peu réparateur d'ordinateur de l'école "sorcellerie et rites étranges conduisant à faire fonctionner un PC". Et je ne vous dis pas tout. Ce qui m'amuse, parfois, c'est de faire croire que je suis une personne sérieuse qui ne rigole pas et dont il convient de se méfier. J'y parviens assez bien. Et là, j'en arrive à la photo que j'ai eu l'idée de faire ce matin.
Ce matin, je me suis levé après une nuit qui a été meilleure que la précédente. Je me suis fait plein de café et j'ai commencé un dessin. A un moment, et je suis bien incapable d'expliquer ce qui a suscité cette idée, j'ai eu envie de faire une photo. J'aimerais savoir ce qu'il se passe dans ma pauvre cervelle, des fois. J'ai eu comme une image qui m'est apparue. Une idée d'image, quoi. Un truc qui m'a donné l'envie de la réaliser. Alors, je l'ai faite. Et cette photo est un mensonge caractérisé. Dans la vraie vie, je ne suis pas un bûcheron, je n'utilise pas souvent les tronçonneuses, je n'en empoigne pas systématiquement quelques minutes après mon lever. Et puis, je ne suis pas aussi peu souriant que je le montre, non plus. C'est marrant cette propension à toujours faire la gueule lorsque je m'essaie à l'autoportrait. Il ne faut sans doute pas aller chercher trop loin, sans doute que l'on peut expliquer que je cherche à créer une image idéalisée de qui j'aimerais être. Ou quelque chose du genre. A moins que ce ne soit que de l'humour ? Et j'ai conscience que mon humour n'est pas l'humour de tous. Et ça, ça me plaît beaucoup, cette singularité. J'aime trouver des personnes avec qui partager cette forme d'humour et j'aime également trouver des personnes qui ne la partagent pas.

Mc Culloch et moi

autoportrait à la tronçonneuse

mercredi 24 juin 2015

Juste un cigare

Ah, ah ! Vous pensiez que j'étais en train de roupiller, de cuver mon vin, de glander ! Ne dites pas le contraire, je le sais ! Je vous écoute ! On en profite pour tenir des propos polémiques, pour raconter n'importe quoi en profitant de mon absence. C'est pas joli-joli.
J'ai voulu tester un traitement un peu spécial. Pour ce faire, il me fallait un modèle. Parce que personne n'est venu se prêter au jeu, j'ai donné de ma personne pour un autoportrait qui met la bête bien en valeur. Bon, d'accord, j'aurais pu me racler la couenne, user du savon, me faire beau. Mais baste ! Je me trouve très beau ainsi. Si je ne craignais pas de me noyer, je me plongerais bien dans mon reflet, béât d'admiration face à cette perfection esthétique !
Mais la question que je vous propose et qui, je l'espère, saura vous occuper quelques minutes est celle du traitement. Vous en pensez quoi ?

autoportrait au cigare de Cuba

lundi 15 juin 2015

La Peste, elle trouve que c'était mieux hier

Hier, j'ai eu l'occasion de regarder quelques uns de mes anciens dessins. J'en ai déduit qu'ils étaient bien meilleurs que ceux actuels et ça n'a pas manqué de me plonger dans une sorte de perplexité inconfortable. Que s'est-il passé pour que j'en arrive là ? Normalement, du moins jusqu'à un certain point, je pensais naïvement que le temps conduisait nécessairement vers une amélioration. Il n'en est rien, donc.

Les "très" vieux dessins de moi, je ne peux plus les voir. Je les trouve réellement horribles. Durant de nombreuses années, j'ai vraiment eu le sentiment que je devenais de plus en plus habile, que mon trait s'affinait, devenait plus sûr. Et là, depuis quelques années, c'est comme si je régressais inexorablement. C'était mieux hier, comme on dit quand on n'a rien d'autre à dire que des conneries.
Si je ne dis pas que nous vivons la plus fantastique des époques, je dis que je ne regrette aucune de celles que j'ai connues. Je vis dans mon temps, sans regretter le passé et sans espérer de l'avenir. Je vis le temps présent avec un aujourd'hui chaque jour. Carpe diem et tout ce bazar, ce n'est pas vraiment nouveau. Ceci étant dit, je ne peux pas fermer les yeux sur le passé et sur l'expérience qu'il génère. Ça m'a déplu d'avoir eu l'impression de moins bien dessiner qu'il y a quelques années. Maintenant que ceci est compris et constaté, c'est à moi de me reprendre en main et de m'appliquer à retrouver le goût pour le dessin. Parce que, au fond, je ne vois pas d'autre explication que celle-ci. J'ai perdu l'envie de dessiner. Je me demande s'il faut batailler, s'il est utile de chercher à dessiner si je n'ai pas le désir de le faire. Dans l'idée, bien sûr, j'aime dessiner. Pas tout le temps mais lorsque ça me prend, j'aime bien. C'est un peu par périodes. Hier, j'ai aimé dessiner. J'ai réalisé quatre dessins que j'ai terminé d'encrer ce matin. L'un de ces dessins est celui que je vous propose aujourd'hui sur le thème, justement, du passé.

La Peste, elle est passéiste

samedi 7 mars 2015

Carte de viZite

Elles sont arrivées les belles cartes de visite à ma pomme ! Y a plus qu'à les distribuer. Pour rentabiliser l'opération, je songe à les faire payer, tellement elles sont belles et bien imprimées sur leur beau papier à fort grammage. Celles et ceux qui en veulent sont priés de m'en faire la demande par écrit en joignant une enveloppe timbrée adressée à leur nom. Mon adresse ? C'est écrit dessus ! Ne vous faites pas plus sots que vous l'êtes !

cartes de visite

jeudi 5 février 2015

Toto portrait

perso

dimanche 12 octobre 2014

J'ai été jeune, la preuve en images

J'entends parfois des propos désobligeants lâchés à mon égard. On entend toutes sortes de choses et peu nombreuses sont celles capables de me blesser. Mais, tout de même, lorsque l'on prétend que je n'ai jamais été jeune mon sang ne fait qu'un tour et je me mets en colère.

C'est en continuant mon entreprise de recherche de documents photographiques anciens que je suis tombé par le plus grand des hasards sur deux clichés me présentant en train de fêter dignement mon premier anniversaire. On le voit sur la première de ces images, j'étais déjà un vrai comique.

1 an

1 an

Alors la question est de savoir qui a fait ses images. Ce doit être l'un ou l'autre de mes grands-parents maternels. Je penche pour mon grand-père. Ce qui est certain, c'est qu'elles ont été faites sur pellicules Agfa Isopan IF. De ce que j'ai pu trouver à propos de cette pellicule, ce serait une pellicule noir et blanc de 40 ISO. Je suppose que mon grand-père aura développé lui-même le film. Ce que je ne parviens toutefois pas à comprendre, c'est pourquoi cette pellicule a été découpée vue par vue. Ce n'est pas vraiment recommandé, normalement.

mercredi 3 septembre 2014

Moto rouge et musicale

Ce matin, j'ai commis deux dessins. Pour les réaliser, comme je le fais parfois, pour me couper du monde extérieur, du monde réel, j'ai mis de la musique et j'ai réglé le volume à un niveau assez conséquent.

Deux dessins. Le premier, c'est une commande. Je vous le présenterai demain. Hier, j'avais fait un crayonné rapide pour la validation et ce matin, après le litre de café bien fort, j'ai dessiné au crayon avant d'encrer au pinceau et à l'encre de chine. Pour ce dessin, j'ai écouté deux albums de Kraftwerk, Radio Activity et Autobahn. Cela ne nous rajeunit pas. Les deux albums ont pratiquement quarante ans. Je ne sais pas ce qui a guidé mon choix. Mon dessin n'était pas spécialement à la gloire du parti nazional zocialiste. Enfin passons.
J'ai eu l'idée d'un deuxième dessin et je suppose que le choix musical du premier dessin n'a pas été étranger à cette idée de dessin. Pour commencer, j'ai mis la bande originale du meilleur de tous les films du monde de tous les temps dans l'univers et au delà. Vous aurez bien entendu compris qu'il s'agissait de la bande originale de "Il était une fois dans l'ouest"[1] de Sergio Leone. Là encore je ne sais pas pourquoi j'ai mis ce disque dans la platine CD. J'ai un peu l'impression que le hasard y est pour beaucoup.
Le tournant, ça a été lorsque j'ai mis "Dernières balises (avant mutation)" de Hubert-Félix Thiéfaine. Pour le coup, j'ai encore monté le volume. Je ne sais pas vraiment ce qui me plaît tant chez Hubert-Félix Thiéfaine. C'est un mélange de diverses choses mais il y a très certainement le côté dépressif qui joue un grand rôle. Chez Hubert-Félix Thiéfaine, il est très souvent question de drogue, de misère, de suicide. Et moi, je ne sais pas pourquoi, j'aime ça. Ça me file une pêche incroyable, ses chansons violentes, poétiques, cruelles et désespérées.
Il se trouve que j'ai décidé de passer tous les albums de Thiéfaine à ma disposition, de me faire une sorte de cure. Mon intérêt pour l'œuvre du chanteur jurassien ne date pas d'hier. Il a accompagné mon adolescence et ma (un peu) tumultueuse jeunesse. On a parfois accusé Thiéfaine de faire dans l'apologie de la drogue et des paradis artificiels. Je ne suis pas d'accord ou pas tout à fait. S'il est vrai que dans "la fille du coupeur de joint" l'usage des stupéfiants revêt un aspect primesautier et que l'on peut se dire que, finalement, si c'est ça la drogue, ça vaut peut-être le coup d'essayer, il ne faut pas écarter toutes les autres chansons dans lesquelles la drogue (et plutôt les drogues dites dures) ne sont pas présentées comme un simple parcours de santé jonché de petites fleurs des champs. Il met en garde, Thiéfaine. Il dit bien la déchéance, les squats, la mort et la dépression. Mais putain ! Qu'est-ce que c'est beau ! Le problème est là. Pour les personnes qui aiment le triste, pour les romantiques, il y a comme un appel à la destruction, à l'autolyse, à l'abandon. Lorsque Thiéfaine se laisse aller à la mélancolie (et il le fait souvent) je suis sous le charme. Je rajeunis de facile trente ans.
Dangereux pour la jeunesse ? Possible. J'ai passé l'âge. Dorénavant, ça ne me concerne plus. Je ne crèverai jamais jeune. "Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre", a dit James Dean. Trop pleutre ou trop plein d'instinct de survie, je ne me suis jamais trop approché des drogues dures et me contente désormais de cultiver le cancer du fumeur[2].
Thiéfaine, c'est tout un tas de souvenirs qui s'échappent de mon cerveau et remontent à la surface en laissant un goût de mélancolie et de nostalgie. Ce sont des filles que j'ai follement aimées, une époque d'expériences diverses et de douce insouciance. Tout ça, c'est loin, c'est du temps d'avant que je devienne ce bon con de bourgeois que je suis devenu. Et merde, tiens !

Et voilà que ces disques de Thiéfaine me font tâter du doigt ce que j'aurais voulu être, ce que j'aurais voulu devenir. Moi, le truc, c'est la liberté. Une liberté libertaire, l'anarchie. J'aurais voulu vivre dans un monde où l'on aurait au le droit et le devoir de vivre sans contraintes, en faisant ce que l'on veut faire quand on en aurait eu envie. Un monde qui n'aurait pas été dirigé par le fric et les flics de toutes espèces.
Hier, j'ai fait une sorte de petit travail d'introspection sur moi en personne et je me suis demandé si, au fond et malgré mes dénégations fatigantes, je n'étais pas finalement un putain d'artiste de merde. Après tout ? Hein ?
J'ai toujours plus ou moins refusé ce statut pour plein de raisons à mon avis valables mais dans le fond, je finis par me demander si je ne ferais pas mieux d'accepter d'endosser ce costume qui en vaut bien un autre. Comme je l'ai déjà expliqué, à mon avis est artiste qui veut. Seul l'artiste peut se dire artiste. Du moins de son vivant. Pour moi, ça ne changerait rien. Sauf que, bon, ça me permettrait de me donner une sorte de statut social. Lorsque l'on me demande ce que je fais, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est de dire que je dessine, que je fais du dessin humoristique. La question de la qualité de ma production n'a aucune importance. Ce qui reste, c'est que je dessine. Et ça, c'est une vérité. Je dessine mes trucs issus de mon univers construit de bric et de broc, de chansons de Thiéfaine, de chansons des Sex Pistols, d'un imaginaire fait des films de Terry Gilliam et de Sergio Leone, des bouquins de Cavanna et de Arto Paasilinna, des BD de Goscinny-Uderzo ou de Margerin, de Boucq ou de Ptiluc. Un imaginaire plein de motos et de voitures loufoques, un imaginaire rempli du capharnaüm qui est dans ma maison comme dans ma tête. Un bordel immense avec de l'humour parce qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer, finalement.
Alors, aujourd'hui, mercredi 3 septembre 2014, lendemain du mardi 2 septembre de la même année, lequel mardi j'ai oublié de sortir ma poubelle, au risque assumé que l'on se foute de ma gueule ou que l'on critique ma décision, je l'affirme haut et fort : je suis un artiste. Un dessinateur humoristique foutraque, anarchiste, bordélique, inconstant et artiste. Et ça sera comme ça jusqu'à ce que je change d'avis sur la question.
Je termine ce billet sur "le Chant du fou" de l'album "... tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir..." de Hubert-Félix Thiéfaine, je vais me faire du café, numériser le dessin de moto rouge et musicale et ce sera tout pour aujourd'hui.

Moto rouge et musicale

Notes

[1] C'era una volta il West — Once Upon a Time in the West

[2] Je bois aussi de l'alcool mais pas avec assez de constance

samedi 3 mai 2014

Autoportrait au béret

Parce que je veux comprendre comment utiliser un objectif ultra grand angle, un Samyang 8mm, et que je ne savais pas quoi photographier sans sortir de chez moi, je me suis rabattu sur l'unique modèle à ma disposition, moi.
Pour donner un peu de piquant et de gaieté à l'exercice, je me suis coiffé du béret de mon défunt pépé et ai saisi le Polaroïd 1000 acheté dans les années 70, à l'époque où, bien que vaguement intéressé par la photographie, je n'y connaissais que dalle et n'achetait que des conneries. En effet, après l'Instamatic Kodak à pellicules 110, et parce que mon papa avait acheté un Polaroïd haut de gamme, j'avais jeté mon dévolu sur cet appareil qui, disons-le, ne m'a jamais permis de produire la moindre image intéressante. Comme, de plus, le principe était des plus coûteux, je ne l'ai pas beaucoup utilisé. Aujourd'hui, Polaroïd est mort et on ne trouve plus de pellicules. Tant pis, tant mieux.

Autoportrait au béret

vendredi 20 décembre 2013

Autoportrait au sourire

Parfois, pas toujours, j'aimerais bien faire du portrait. C'est un aspect de la photographie que je ne connais pas bien et qui est l'un des plus passionnants. Le problème est qu'il faut des modèles et que pour avoir des modèles, il faut connaître des gens, en rencontrer. Parce que je m'exclus de la société et ne rencontre fatalement que peu de personnes et que, parmi celles-ci, peu sont enclines à accepter que je les photographie, je suis bien obligé de me rabattre sur moi.
Il faut dire que si je faisais du portrait, il me semble que je serais plus attiré par des visages un peu marqués et disgracieux. Le problème est que les personnes qui acceptent de se faire tirer le portrait préfèrent généralement que l'on les représente belles avec une peau impeccable, lissée. Moi, j'aime beaucoup le travail du photographe polonais Andrzej Dragan. Sa technique permet de faire ressortir les contrastes, de rendre beaux des gens cabossés.
Et donc, il se trouve que je voulais tester mon nouveau jouet pour éclairer les trucs que je veux photographier et que je n'avais rien d'autre à placer devant l'objectif que moi. Je m'y suis donc collé. L'appareil sur pied, le zoom 17-55 calé à sa plus longue focale, la mise au point laissée au bon soin du système autofocus, le diaphragme fermé à f:7.1 et la vitesse réglée au 1/125 de seconde. La source de lumière est placée légèrement en hauteur sur ma droite avec le snoot et une grille en nid d'abeille qui doivent focaliser la lumière sur moi. Dans la main, j'ai le déclencheur à distance. J'ai fait trois images. Deux sont floues. La troisième est la bonne. Un très léger traitement pour passer l'image en noir et blanc, le calque dupliqué reçoit un filtre passe-haut réglé à 7.8 et est passé en mode "incrustation" dans Photoshop. Je fusionne ce calque avec celui du dessous, je donne quelques petits coups d'outils "densité -" et "densité +" pour exagérer encore un peu les contrastes et voilà. Il n'y a plus qu'à mettre un cadre. Je pourrais travailler plus cette image mais je suis d'un naturel fainéant.

autoportrait souriant

lundi 13 mai 2013

J'ai eu une idée

Ce lundi 13 mai 2013 est à marquer d'une pierre blanche. Aujourd'hui en effet, j'ai eu une idée. Si l'on tient compte de ce que cela ne m'était pas arrivé depuis 1976, on comprend l'importance que l'on peut donner à cet événement hors du commun.

Je m'en souviens comme si c'était hier. Et pourtant, ce n'était pas hier. C'était le 18 août 1976. C'était un mercredi et j'étais en vacances. Les grandes vacances. A la rentrée, j'allais être en classe de cinquième. Il faisait chaud et j'étais dans la cour de la maison de Conflans-Sainte-Honorine où nous habitions alors. Rue Désiré Clément. Vous pouvez vérifier, elle existe. Cette maison se situait juste en face de la clinique des Tilleuls. Et il se trouve que je suis né dans cette clinique. C'était déjà amusant de se dire que l'on habitait juste de l'autre côté de la rue où j'étais né. J'avais l'impression de n'avoir pas vu beaucoup du vaste monde. Une rue à traverser. Dans les faits, ce n'était pas tout à fait la vérité. Nous n'habitions pas en face de cette clinique lors de ma venue au monde. Et puis, tout de même, avant d'arriver dans cette maison de la rue Désiré Clément, nous avions habité Pontoise. Dans un autre département. Moi, je suis né en Seine et Oise. A l'époque, Pontoise et Conflans-Sainte-Honorine étaient dans le même département, la Seine et Oise. 78. La numérotation des départements s'arrêtait à 90. Territoire de Belfort. Au premier janvier 1968, il y a eu l'éclatement des départements de la région parisienne et la naissance des 91, 92, 93, 94 et 95. Pontoise, c'est le 95. Le Val d'Oise. Donc, j'ai habité Pontoise de 1969 à 1974 (dans le Val d'Oise, donc) et je suis revenu à Conflans-Sainte-Honorine (78). J'avais vu du pays, mine de rien. Pour dire, mes grands-parents paternels étaient dans le Val d'Oise et je pouvais même y aller à vélo.
J'ai commencé à aller à l'école à Pontoise. Je suis rentré en maternelle en cours d'année. Je me souviens que ça ne me plaisait pas beaucoup d'aller à l'école. C'est vers ces années là, quelque part entre 1969 et 1974, sans doute en 1973, que j'ai failli mourir pour la première fois. Je dis que c'est en 1973 parce que je me souviens que Johnny Hallyday avait déjà chanté sa chanson "le feu" et que je crois bien que c'est en 1973 que cette chanson est sortie. Je me souviens de cette chanson parce que alors que je me tordais de douleur sur mon lit dans la chambre que je partageais avec mon grand-frère, celui-ci tentait de me faire rire et de me faire taire en me passant des disques dont celui-ci. Maintenant, la mémoire est ce qu'elle est et je peux me tromper.
Quoi qu'il en soit, je me souviens de cette nuit là. Je me suis réveillé et j'avais atrocement mal. Une crise d'appendicite aigüe. Je me souviens que j'avais l'impression d'être paralysé de tout le bas du corps. Etrange sensation. Et mon frère qui voulait me faire rire et moi qui avait encore plus mal lorsque j'essayais de rire. Et finalement, ma mère qui se réveille et qui vient me voir et qui appelle le médecin de famille, le docteur Figuière. Et on m'envoie à l'hôpital. Là, on essaie de me faire tenir debout pour me faire une radiographie de l'abdomen. J'ai du mal à tenir sur mes jambes. Et puis la décision est prise de m'opérer en urgence. On m'allonge, on m'endort.
Je me réveille dans une chambre d'hôpital, à Pontoise. Je suis sous perfusion. J'ai un peu mal mais ça va. Juste que si j'essaie de bouger, ça me fait mal. Il y a un infirmier dont je ne me souviens plus le nom qui était très gentil et aimait amuser les enfants. Il avait un badge avec son nom et il faisait exprès de le mettre à l'envers pour nous amuser. Cet infirmier, je l'ai bien embêté par la suite. J'avais trouvé je ne sais pas comment où il habitait et j'aimais aller le voir en sortant de l'école. J'avais l'impression que ça lui faisait plaisir mais à la réflexion, je n'en suis plus vraiment certain. Au bout de quelques jours, j'ai pu me lever de mon lit et me promener un peu en m'accompagnant de mon goutte-à-goutte. C'est à l'hôpital de Pontoise que j'ai eu mon premier vrai emploi. J'étais dans le bureau des infirmiers-infirmières et je classais des trucs. Je ne sais plus trop quoi. C'est aussi à l'hôpital que j'ai eu mes premiers albums de Tintin et Milou. Ce dont je me souviens aussi, c'est que l'on m'avait raconté que j'avais eu de la chance d'avoir pu être opéré rapidement. Il paraît que mon appendice avait éclaté ou était sur le point d'éclater. J'étais à deux doigts de la péritonite.

Mais ce n'est pas en 1973 puisque c'est en 1976 que j'ai eu une idée pour la dernière fois. Avant aujourd'hui, je veux dire. Nous étions donc à Conflans-Sainte-Honorine et plus à Pontoise. J'étais revenu dans les Yvelines. A l'époque, les habitants des Yvelines n'avaient que du mépris pour ceux du Val d'Oise que nous considérions comme des paysans mal dégrossis. Cela prouve que le racisme n'est jamais bien loin. C'est d'autant plus ridicule que quelques années auparavant, Pontoisiens et Conflanais étaient du même bord. Allez comprendre !
J'étais dans la cour de la maison de la rue Désiré Clément. Mon père avait son garage au fond de la cour. Mon père était électricien auto. Un peu mécanicien aussi mais surtout électricien auto. Ce qui me plaisait, c'est qu'il y avait toujours des voitures différentes dans la cour. Parfois, il s'agissait de voitures sans intérêt. Les 403 Peugeot, les 4cv Renault, les Aronde SIMCA, les DS Citroën, les Panhard et autres voitures banales ne retenaient guère mon attention. Heureusement, il y avait aussi des clients qui avaient de vraies voitures. Des Citroën SM ou des SIMCA Chambord, par exemple, pour celles qui m'ont marqué. Il arrivait que j'aie la chance d'aller essayer ces voitures avec mon père. On allait sur l'autoroute proche et il accélérait à fond. La sécurité routière n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. J'aimais bien rouler vite en SM.
Je ne conduisais pas de voiture, moi. Bien trop jeune. Non, j'avais un vélo. C'était bien aussi, le vélo. Je m'amusais beaucoup à circuler n'importe comment dans Conflans. Sur la route ou sur le trottoir. J'allais au collège et en revenait à vélo. J'allais aussi chez mon arrière-grand-mère. Ce n'est pas pour autant que j'étais sportif. D'ailleurs, mon vélo n'était pas un vélo de course.
Et donc, ce dimanche 18 août, j'ai eu une idée. Il faisait beau, ça, je m'en rappelle bien. Par contre, je ne me souviens plus du tout de l'idée elle-même. Quant à l'idée que j'ai eu aujourd'hui, je ne vais pas vous la donner parce que j'ai l'intention d'essayer d'en faire quelque chose dans les jours à venir.

Demain, c'est jour de feuilleton, sinon.

lundi 31 décembre 2012

Dernier dessin

Pendant que je m'agace toujours à chercher comment faire une bonne photo, je passe le temps en faisant un dernier petit dessin pour l'année en cours tout en me disant qu'il servira aussi pour l'année prochaine.

La photographie, c'est un piège. Au début, j'étais déjà content lorsqu'il y avait une image sur la pellicule et que cette image était plus ou moins "regardable" sans que l'on ait l'impression que l'on nous arrachait les yeux. Je me souviens de mon premier appareil. J'étais jeune et ça se passait à Conflans-Sainte-Honorine. J'étais jeune et j'avais vu à la devanture d'un photographe local un petit appareil Kodak, un Instamatic, dans un coffret. Il m'avait plu parce qu'il n'était pas très cher et aussi parce qu'il y avait la mention "camera". Je m'imaginais déjà pouvoir faire des films comme ceux que je voyais au cinéma, avec Louis de Funès en gendarme d'où vous savez. Bien sûr, j'étais jeune et je ne savais pas que "camera" voulait simplement dire "appareil photo" en langue étrangère. J'ai vite été désilusionné mais j'avais un appareil photo avec lequel je pouvais photographier le chien familial, un beau berger allemand qui répondait au nom de Fourcade, rapport à ses poils de tête qui semblaient coiffés en brosse, comme le ministre giscardien du même nom. J'avais aussi photographié la Renault 4 et la Renault 16. Les photos n'étaient pas très bonnes mais j'étais content. Ou du moins, pas trop déçu.
Mon grand-père maternel, lui, faisait de la photo d'un autre niveau. Je ne saurais dire s'il était vraiment bon photographe ou pas. Il faudrait que je me pose la question sérieusement et en faisant fi des considérations sentimentales. Il avait un Contaflex. Je me souviens qu'il était assez critique pour mes photos.
Quelque temps plus tard, mon père avait acheté un Polaroïd. Je trouvais que cet appareil était magique. On avait les photos en quelques minutes ! J'ai acheté un Polaroïd moi aussi. Je l'ai toujours quelque part. Un Polaroïd 1000. Je ne me souviens pas avoir fait de bonnes photos avec cet appareil mais je me souviens l'avoir amené avec moi lors d'une sortie scolaire à Dieppe[1]. Je me souviens surtout qu'il ne faisait pas très beau et que les quelques photos que j'avais faites là-bas était parfaitement ratées. Je ne me suis pas beaucoup servi de cet appareil par la suite. Il faut dire que les pellicules étaient chères.
Après cela, il y a eu une période où la photographie ne m'intéressait pas. Il a fallu attendre que j'arrive en Dordogne et que je rejoigne un nouveau collège pour m'y remettre. J'avais un professeur de français qui s'occupait du club photo de l'établissement. Le collège disposait d'un laboratoire avec un agrandisseur, des cuves et cuvettes et tout ce qu'il fallait pour développer et tirer les photos que l'on pouvait prendre avec un Zenit EM et son Helios 58mm f:2. Il a fallu apprendre les vitesses, les diaphragmes, les histoires de profondeur de champ et tout le reste et puis on a commencé à faire des photos. Une pellicule de 12 poses, de la FP4 Ilford dans mon souvenir. Trois photos chacun. Et puis, direction la chambre noire pour développer la pellicule et faire des tirages sur du papier monograde. C'est là que j'ai vraiment appris la photo et que j'y ai pris goût. Pour autant, je n'étais pas un bon photographe et ne maîtrisait pas vraiment tous les réglages.
Quelques années plus tard, dans un journal de petites annonces, je vois un appareil photo Zenit à vendre avec un flash Agfa. J'avais juste assez pour me l'acheter[2]. C'était à Saint-Léon-sur-l'Isle. Mon père et moi y allons en début l'après-midi et je fais affaire. En rentrant, je n'ai qu'une envie : acheter une pellicule ! La chose se réalise la première fois que l'on va à la ville. Je file chez un photographe et j'achète une pellicule. J'avais pris la précaution d'amener l'appareil et lui demande de me l'installer parce que... Enfin bon. Bref. Le photographe se moque un peu de mon appareil et moi, je ne comprends pas. Pour moi, c'est le meilleur des appareils photo existant puisque c'est celui que l'on utilisait au club photo. Il est vraiment bête, ce photographe[3]
Il se trouve que l'on doit retourner à Conflans voir la famille de là-bas. J'ai mon appareil photo et je fais plein de photos. Je vois le nombre de clichés pris sur le compteur. Vingt, vingt-cinq, trente, trente-cinq, quarante... Pas mal pour une pellicule de trente-six poses ! Quarante-cinq... Bizarre, tout de même. Cinquante... Ça devient un peu inquiétant. Bon. Je décide que la pellicule doit bien être pleine et de rembobiner. Je tourne la molette destinée à cette opération. Plusieurs minutes. Je sens les gouttes de sueur perler à mon front. Je suis un peu inquiet. J'ouvre le dos du boîtier et je comprends vite que les perforations de la pellicule se sont arrachées et que je viens de perdre toutes mes photos. Mais au moins, j'ai appris qu'avec un Zenit, il faut faire attention à l'armement. Tout n'est pas négatif.

J'achète une nouvelle pellicule. Cette fois-ci, j'arrive au bout de la pellicule sans tout arracher, je rembobine et je confie la pellicule au photographe. Je suis impatient de voir mes chef-d'œuvres. Je ne sais plus vraiment ce que j'avais fait comme photos. Enfin je n'ai pas non plus le souvenir de photos particulièrement réussies. Une fois, j'ai essayé de faire des photos au flash pour la première fois. Je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait qu'une partie de la photo qui était exposée. Je n'avais pas pigé l'histoire de la synchro-flash[4]. Il y a aussi eu la grosse déconvenue des images systématiquement sur-exposées. Mais là, on va dire que ce n'était pas totalement de ma faute. Je vais vous expliquer.
Au club photo du collège, nous avions un Zenit EM. J'avais acheté un Zenit E. Extérieurement, ça se ressemblait beaucoup. La différence était pourtant fondamentale ! Là où le Zenit EM avait une présélection du diaphragme, le Zenit E en était dépourvu. Et quand bien même il l'aurait eu, l'objectif Helios n'aurait pas été en mesure de l'exploiter. En gros et sans entrer dans des considérations techniques ennuyeuses, le Zenit E implique de fermer le diaphragme manuellement en utilisant la bague de l'objectif faite pour. On fait la mise au point en pleine ouverture et on ferme le diaphragme après l'avoir réglé. Si on oublie, on reste en pleine ouverture et on a toutes les chances pour que la photo soit sur-exposée. Je ratais beaucoup de photos mais j'avais encore appris un truc.
A compter de cette époque, il y a de longues années durant lesquelles je conserve ce boîtier et fais des photos sans grand enthousiasme. D'abord, je n'ai pas de fric pour payer les pellicules et les développements et tirages. Il faut attendre le début des années 90 pour que je m'y remette sérieusement. Il y a plusieurs événements mais le plus marquant de tous est sans doute le fait que je rencontre une fille dont je deviens amoureux et qui a fait des études de photographie. Elle a un Canon AE1 et un Yashica Mat 124. A partir de là et pendant quelques années, il y a une sorte d'émulation-concurrence entre nous. Il y a aussi mon plus jeune frère qui fait de la photo. Et puis, avec ma copine, on a de plus en plus d'occasions de faire des photos, professionnellement ou pas[5]. Du Zenit et du Canon, on passe à un boîtier bien plus performant, un Canon T90. Un vrai monstre que j'adore. Puis à un Canon EOS 100 auquel s'ajoutent vite des objectifs fabuleux. Un jour, l'occasion se présentant, on achète un Leica M4 d'occasion avec son 50mm Summicron. Et là ! J'ai vraiment adoré cet appareil.
Il y a un peu plus de dix ans, ma copine et moi nous séparons. Elle conserve le Leica, je garde le Canon. Bon. Quelque temps plus tard, je prête le Canon à une copine qui me le rend cassé. Je n'ai plus d'appareil pour utiliser les bons objectif Canon EF. Je ressors le T90. Un jour, je tombe sur une annonce. Quelqu'un vend un EOS 5 pour pas trop cher sur Périgueux. Je l'achète. Et puis, en 2006, j'achète mon premier appareil photo numérique reflex, un Canon 400D. Et puis, il n'y a pas longtemps, j'ai l'occasion d'avoir un Canon 60D[6].

Aujourd'hui, on va dire que cela fait donc environ trente-cinq ans que je fais de la photo. Alors oui, je fais de bien meilleures photos qu'à l'époque de l'Instamatic et, surtout, je comprends et maîtrise beaucoup mieux la technique. Disons que je comprends pas mal de choses dans ce domaine et que je me débrouille, je le pense, plutôt pas mal pour un amateur. Il n'en reste pas moins vrai que je ne suis pas toujours satisfait de ce que j'arrive à faire et que je suis parfois confronté à des problèmes qui ont le don de m'agacer à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Ce que je trouve assez génial avec la photo, c'est que j'ai l'impression que ça n'a pas de limites. On apprend toujours et encore. Parce que je ne recherche pas vraiment la compagnie des gens, parce que je ne bouge pas beaucoup de chez moi, aussi, je me consacre en ce moment à la photo de studio. J'aime bien ça. C'est assez technique et ça demande de pas mal réfléchir. C'est juste assez prise de tête pour m'occuper. Là, j'en suis à tenter de maîtriser les reflets. Ce n'est pas une affaire simple. Il y a encore quelque temps de cela, je me serais contenté de retoucher les photos imparfaites sous Photoshop. Aujourd'hui, je cherche à faire une bonne photo dès la prise de vue. Je pense que j'ai me suis trouvé du travail pour les quelques années à venir.

Et donc, je vous disais en préambule que j'avais fait un petit dessin pour clore l'année en cours. Le voilà.

Renault R2087 et vœux 2013

Notes

[1] Enfin je crois que c'était à Dieppe.

[2] 150 francs, dans mon souvenir.

[3] Ce qui est vrai. C'est un personnage que je n'aimais vraiment pas.

[4] 1/30s sur le Zenit.

[5] Nous étions devenus correspondants de presse pour le journal Sud-Ouest.

[6] Sur le fond, je ne suis pas "Canon" plus que "Nikon" ou autre chose. Si j'avais les moyens, j'aurais un Leica M. Le truc, c'est que j'ai quelques bons objectifs Canon, c'est tout.

lundi 2 juillet 2012

En noir et blanc

autoportrait

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