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samedi 7 juillet 2018

Ilford à l'épreuve du temps

J'étais descendu dans le garage pour y chasser le mammouth. Il n'y en avait pas, sans doute n'avait-il pas assez plu. Le mammouth ne sort de son terrier qu'après de violentes pluies, c'est bien connu des chasseurs de mammouth. D'ailleurs, cette condition vaut aussi pour le brontosaure[1] sauf que le brontosaure vivait en Amérique et qu'Azerat ne s'y trouve pas. Comme il n'y avait pas de mammouth dans le garage, j'ai posé l'arc et les flèches pour me consacrer à une autre activité.
J'étais en train de faire le compte des câbles pour imprimante à la norme parallèle[2] lorsque j'ai aperçu une charmante souris qui me regardait de ses petits yeux brillants tout en remuant les moustaches. Ça m'a étonné parce que je n'avais encore jamais vu de souris chez moi. Je me doutais bien que, sauf à penser que ma maison fût bâtie sur un ancien cimetière indien, bien sûr, il n'y avait pas de raison valable pour que les souris désertent les lieux. Lorsqu'elle fut lassée d'observer mes agissements, elle s'en alla à vive allure suivie de sa longue queue.
J'en avais assez de compter ces câbles dont je n'ai pas l'usage, dont je n'ai jamais eu l'utilité, que j'avais récupérés à l'occasion du déménagement d'un magasin informatique à Périgueux auquel j'avais participé. Ces câbles devaient partir à la déchetterie et j'avais jugé que cela était dommage. On me proposa de les prendre. Quelques jours plus tard, j'essayai de les donner en passant un site de petites annonces. Je n'eus pas le moindre retour, la plus petite demande. Je me retrouvai avec une cargaison de câbles pour imprimante et voilà comment, pour partie, j'ai un garage particulièrement encombré.
En bougeant un carton, j'aperçois un négatif traînant à même le sol. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Comment était-il arrivé là ? Je ne le sais pas. Il n'était pas beau à voir. Je le ramassai et, heureux de ma trouvaille, je remontai pour le nettoyer et l'observer plus en détail. Dans un premier temps, je ne comprenais pas ce que représentaient les images. J'apercevais des voitures de voyageurs, je reconnaissais la gare de Terrasson-Lavilledieu mais pour le reste, je ne voyais pas bien. Il a fallu que je procède à une numérisation pour qu'enfin je comprenne et me souvienne de ces images enregistrées sur la pellicule.
Déjà, je suis quasi certain que ces images ne sont pas de moi. Il me semble même savoir qui les a faites. Elles sont toutes faites dans la gare de Terrasson ou à ses abords proches. Il y a un casier avec des documents, un système que j'identifie comme un poste de contrôle des aiguillages ou, tout du moins, de surveillance de ceux-ci. Une image est particulièrement dégradée, comme bouffée par l'humidité. Pour être honnête, aucun cliché n'est bien intéressant. Certaines photos sont floues, d'autres mal exposées.
Ces photos datent des années 90. A l'époque, je fréquentais le club photo de Terrasson et il me souvient que nous avions eu l'idée de monter une exposition sur le thème du chemin de fer. Le président du club était un ancien de la SNCF. Pour cette exposition, je me souviens de deux photos faites au Leica M4 et au Summicron 50. L'une d'elles représentait un morceau de wagon à marchandise. L'autre était une borne kilométrique en fonte prise vers Cublac sur la ligne Brive-Périgueux. Je n'ai aucun souvenir des autres photos qui avaient été exposées. Ça date d'entre 20 et 25 ans.
Ce bout de négatif n'a aucun intérêt mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que cette pellicule a passé une quinzaine d'années au fond de mon garage, qu'il a traîné par terre, qu'il s'est retrouvé sous un carton et qu'aujourd'hui je peux encore voir les images et, si besoin, les tirer sur papier. La trace a survécu. D'un autre côté, à la faveur de disques durs qui ont rendu l'âme, de CD et de DVD qui sont devenus illisibles, combien d'images numériques ai-je pu perdre ? Bien sûr, l'image imprimée sur la pellicule ne résisterait pas à un incendie ou à des mauvais traitements trop extrêmes mais tout de même. Comme une feuille de papier peut encore porter son message après un incendie, un fichier texte corrompu ne peut plus livrer grand chose[3].
La conservation des données numériques est un sacré problème auquel nous sommes tous plus ou moins confrontés. Il s'agit de la mémoire que nous pourrons transmettre aux générations futures. Pour limiter les pertes, on fait des copies et des copies de disques durs, on archive sur des bandes magnétiques, on compte sur la redondance en se disant que de tout ça il restera bien quelque chose. Et puis, on n'a jamais autant produit que de nos jours. La masse d'écrits, d'images, de sons est colossale et elle ne fait que grossir un peu plus tous les jours. Il y a tant de données nouvelles à s'ajouter à celles existantes que l'on ne peut sans doute même plus faire un tri entre ce qui mérite d'être conservé et le reste.
Bon. Une fois de plus, je n'amène pas de solution, je n'avance pas d'idée neuve. C'est juste l'histoire d'un type qui a trouvé un bout de négatif dans son garage, qui en a oublié ce qu'il y était venu faire et qui a perdu du temps à se poser des questions sur ces images exposées sur la pellicule. Il est incorrigible.

Zenit E et Ilford HP5 Plus

Notes

[1] n'écoutons pas ceux qui, par amour de la polémique stérile, prétendent que le brontosaure n'existe pas et qu'il convient de parler d'apatosaure.

[2] d'ailleurs si quelqu'un en cherche, j'en ai tout un stock

[3] sauf dans certains cas

mercredi 16 novembre 2016

Portrait de portraitiseur

Imaginons que vous ne sachiez pas quoi faire de votre temps. Pour l'occuper, vous pouvez faire des photographies. Oui mais, pour faire une photographie, encore faut-il trouver un sujet à photographier !
Et pourquoi ne pas photographier l'appareil photo ? Pourquoi ? Mais parce que, justement, l'appareil photo est utilisé pour faire la photographie, voyons ! Je n'avais pas pensé à cela et reconnais que nous sommes là en présence d'un écueil important. Oui, il est possible de photographier l'appareil photo dans un miroir. Ce n'est vraiment pas bête du tout ! Allez, on fait ça.
Sur une table, on place le miroir de manière à ce qu'il réfléchisse juste bien comme il faut. On règle le retardateur de l'appareil photo afin que celui-ci déclenche sans que vous soyez sur l'image résultante et on s'écarte juste ce qu'il faut.
Ensuite, bon ben on passe sur l'ordinateur pour fignoler un peu et puis, parce que l'on n'a pas que ça à faire non plus, on poste l'image sur son blog afin d'avoir tout le temps nécessaire pour des occupations à la fois plus intéressantes et plus rémunératrices.

Canon 5D

vendredi 5 juin 2015

Infidélité photographique

Sans qu'il soit question d'un choix calculé ou raisonné de ma part, il se trouve que j'utilise du matériel photographique Canon. Cela s'est fait presque par hasard. Je ne pense absolument pas que cette marque est meilleure qu'une autre. Récemment, un copain m'a prêté un Sony A7R équipé d'une bague d'adaptation permettant de monter des optiques Leica R. J'ai essayé ça.

Mes premiers pas dans le monde de la photo avec un boîtier reflex, je les ai faits avec un Zenit EM au club photo du collège. Cela m'a donné l'idée d'acheter un appareil à moi et ce fut un Zenit E acheté avec son objectif 58 mm Helios et un flash Agfa à Saint-Léon-sur-l'Isle. Je passe sur les premières déconvenues et sur le long apprentissage. J'ai fini d'user deux Zenit E avant de passer à une autre marque.
C'est une copine qui avait un Canon AE1. Parce que le Zenit de l'époque donnait de sérieux signes de faiblesse, j'ai commencé à utiliser le Canon. L'occasion de passer à un boîtier de gamme très nettement supérieure s'est présentée sous la forme d'un Canon T90. Un sacré boîtier que celui-ci ! Et puis, cette copine s'est mise à chercher un boîtier plus silencieux afin de pouvoir faire des photos de spectacles ou durant des tournages cinéma sans déranger les artistes. Nous lisions la presse photo et celle-ci louait le silence du Canon EOS 100. Nous en trouvâmes un d'occasion vendu avec un 50mm. En passant du T90 au EOS100, tout en restant chez Canon, nous changions de système. Nous gagnions l'autofocus mais nous devions aussi changer les objectifs. Passer de la monture FD à la monture EF. Nous avions un 50mm, il fut rejoint par un 28mm puis un superbe 80-200.
Un jour, chez un photographe de Périgueux, nous vîmes un Leica M4 vendu avec un Summicron 50. C'était cher mais c'était aussi un rêve un peu fou que de posséder un tel appareil. Nous l'acquîmes et fîmes les premières photos avec. Un vrai régal ! Un rendu que nous n'avions jamais obtenu auparavant avec le matériel Canon. Bien sûr, le système Leica M n'est pas exempt de défauts. Le Leica M4 n'a aucun système de mesure de la lumière. Il fallait s'aider d'un posemètre externe ou juger la lumière "au pif", par exemple. Il y a aussi le système de chargement du film qui n'est pas réputé pour être pratique. Il faut déposer la semelle, placer la bobine, lever le volet du dos, guider l'amorce jusqu'à la bobine réceptrice, baisser le volet et remettre la semelle. On a vu plus simple et plus rapide. Ceci dit, les résultats obtenus pardonnaient ces petits défauts. Un 35mm vint bientôt accompagner le 50mm.

Lorsque nous nous séparâmes, ma copine et moi, nous dûmes pratiquer au partage du matériel photographique. Il y eut des hésitations. Finalement, elle partit avec le Leica, ses deux objectifs et le posemètre Gossen, je conservai les Canon et leurs objectifs. Dès lors, je faisais moins de photos. Un jour, une ancienne collègue empruntait le Canon EOS 100 et me le restituait avec la molette de sélection des modes de prise de vue cassée. Plutôt que de le faire réparer, j'en profitai pour acheter un Canon EOS 5 d'occasion. A l'époque, j'avais abandonné l'idée de développer et tirer les photos en noir et blanc. Je ne faisais plus que de la diapositive. J'aimais bien ce boîtier et son intéressant système de sélection du capteur autofocus piloté par l'œil. Toutefois, je ne pratiquais plus beaucoup la photo.
En 2004 (il me semble), j'achetais un petit appareil photo numérique Contax au salon Apple Expo. Oh ! J'étais bien loin des boîtiers reflex que j'utilisais jusque là ! Les résultats n'étaient pas vraiment mauvais mais il était difficile de trouver un intérêt à utiliser ce genre d'appareil. Alors, un jour de 2006, j'ai décidé d'acheter un boîtier reflex numérique. J'ai lu la presse photo et, puisque j'avais déjà des objectifs Canon, j'ai choisi un boîtier de cette marque. Le 400D venait de sortir et il inaugurait un nouveau capteur de 10 megapixels. C'est grâce à lui que je me suis réellement remis à la photo. Si, comme j'avais eu l'intention de le faire un moment donné, j'avais vendu le Canon EOS 5 et les objectifs, je ne sais pas ce que j'aurais acheté. Je serais peut-être passé à une autre marque. Il est aussi possible que je n'aurais alors jamais repris la photo.

Mais bon, revenons à notre sujet du jour. Un copain me prête donc un SONY A7R et deux zoom Leitz R. Ce SONY, c'est un appareil photo numérique qui ressemble à un reflex mais qui n'en ai pas un du tout. C'est la nouvelle génération d'appareils photo numériques. Celle que d'aucuns voient bientôt remplacer les reflex. Celle qui doit tuer le reflex. Avec quels arguments ? Ils sont plus petits que les reflex et offrent un viseur électronique permettant de contrôler l'exposition en temps réel en même temps qu'il propose d'afficher tout un tas d'informations en incrustation. J'avais déjà testé un appareil équipé de ce genre de viseur électronique il y a quelques années et ça ne m'avait vraiment pas convaincu. Après l'essai rapide du A7R, je ne le suis toujours pas du tout. Cet A7R a le même capteur 36MPx des très réputés Nikon D800 et D810. Alors que les Canon 5Ds et leur capteur de 50MPx sont annoncés pour les jours à venir, j'en suis encore à me demander l'utilité de cette profusion de pixels. Quoi que, honnêtement, je la vois bien pour certains usages, l'utilité. Ce capteur SONY, ce que je lui trouve surtout, c'est sa dynamique. Là oui ! J'applaudis ! Il est capable de saisir les zones qui sont dans l'ombre profonde comme dans la lumière éclatante sans rien perdre de l'information. Et là, Canon est écrasé à plates coutures, c'est sûr. Si j'avais l'argent nécessaire, si je trouvais à vendre tout mon matériel Canon et à acheter l'équivalent chez Nikon, si je parvenais à me faire violence pour me plier à la "logique" ergonomique de chez Nikon, peut-être que je passerais au Nikon D800/D810. Peut-être. Ce n'est vraiment pas d'actualité. Non. Si j'avais les moyens et si je devais remplacer tout mon matériel, je pense que j'irai voir du côté de chez Leica, moi.
Et alors, me voilà avec ce SONY A7R et le zoom Leica 28-70. Pas d'autofocus. Il faut travailler à l'ancienne en tournant la bague de mise au point en tentant de lire le point sur ce foutu viseur électronique qui scintille. Très inconfortable pour moi qui suis habitué à une visée optique plus "naturelle". Je décide d'aller faire quelques tests dehors. Il fait beau et chaud, il y a des travaux sur la traversée du bourg. Je fais juste un petit tour sur la jetée du Cern, je passe voir les travaux et je rentre pour analyse.
La première chose à noter, c'est que des fichiers de 36MPx, c'est lourd. Ça arrive à bien ralentir l'ordinateur. Ça fait beaucoup de pixels à traiter. Je regarde une photo à la taille réelle. Un pixel de l'écran représente un pixel de l'image. Je m'attendais à une netteté exceptionnelle. Souvent, on associe netteté hors norme et Leica. Je suis un peu déçu. Je m'attendais à mieux. En réduisant la taille de l'image, la sensation de netteté arrive mais, dès lors, je ne suis pas sûr que c'est mieux ou différent de ce que j'aurais obtenu avec mon matériel.
A l'usage, sur un petit test rapide et sans avoir lu le mode d'emploi pour tout comprendre du fonctionnement du boîtier SONY, je ne suis pas enthousiasmé par l'idée de ce boîtier hybride. Je trouve la visée très inconfortable et l'ergonomie désagréable. La prise en main ne me satisfait pas non plus. Je n'ai pas de grosses mains et, pourtant, je trouve ce boîtier un poil trop petit.
Par contre, et les photos que je vous présente ci-dessous le montrent, cet appareil délivre des images aux couleurs très flatteuses, à la dynamique très présente, bien exposées. Il n'y a pas à mégoter, on doit pouvoir faire de belles photos avec ça. Pour autant, je ne suis pas intéressé par ce genre de boîtier et reste donc avec ceux à ma disposition.

Azerat et la voiture jaune

Chapelle Azerat

Travaux de reprise du ralentisseur à Azerat

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