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vendredi 5 novembre 2021

Contre les ligues de vertu

Ah ! Que voilà un beau dessin !

vendredi 4 septembre 2020

Il faut savoir la lâcher, des fois

dimanche 23 août 2020

Vigne abandonnée

samedi 11 juillet 2020

Biquère

mercredi 8 juillet 2020

Vive les ballons

samedi 27 juin 2020

Nationalisme aviné

dimanche 11 août 2019

Regarder les morts bouger


J’aime regarder les morts bouger. J’aime cela depuis longtemps. Pas depuis toujours, il ne faut pas exagérer, mais depuis longtemps. Les premières fois où j’ai vu les morts bouger, je n’avais pas conscience de ce que je voyais, du côté fabuleux de l’expérience. Mais maintenant, je sais parfaitement ce qui bouge devant mes yeux. Je m’installe confortablement dans un fauteuil, un verre de cognac à mes côtés le cas échéant, et j’attends. Ils finissent toujours par arriver, ce n’est qu’une affaire de patience, il faut parfois savoir attendre un peu mais, immanquablement, ils viennent. Lorsque l’envie se fait trop pressante, je provoque l’apparition des morts.

Je vois ces morts bouger, des hommes, des femmes, des enfants, des animaux aussi. Ils me parlent, ils gesticulent, ils dansent, ils courent, marchent, bondissent, ils rient et pleurent, ils mangent et boivent, ils me racontent des vies, des fragments de vies, des histoires d’amour ou des drames intenses. Certaines fois, je ne parviens pas totalement à les croire. Je les soupçonne de mentir, ils ne sont pas toujours crédibles. Même leurs mouvements sont parfois trop étranges. Les corps peuvent mentir aussi, vous savez. D’ailleurs, les vivants mentent aussi.

Je ne suis pas un cas particulier. Nous sommes nombreux à regarder les morts bouger. Personnellement, j’en connais beaucoup qui passent du temps à cet exercice. Parmi celles et ceux qui ont la capacité de voir les morts se mettre en mouvement, il y en a même qui n’en ont pas conscience. Ils voient bien des personnes décédées en action mais ça ne leur saute pas aux yeux. Il est possible que ça leur soit tellement naturel qu’ils n’ont même jamais réfléchi à tout cela. Lorsque l’on leur explique la réalité de ce qu’ils voient, on peut lire de l’incrédulité ou de l’horreur mais, passé le temps du choc de la révélation, ils admettent que cela est vrai et que c’est agréable.

Regarder les morts bouger, ça peut être du plaisir, un plaisir qui s’accompagne d’une petite pointe de tristesse dans certains cas, d’une douce mélancolie, d’une nostalgie tendre. Si les morts qui nous apparaissent sont des personnes que l’on a connues vivantes, que l’on a aimé de leur vivant, on peut ressentir le dard de sa propre finitude. Je me souviens de la première fois où j’ai ressenti cela. C’était un mort qui réapparaissait pour la première fois devant mes yeux et j’avais ressenti, avec beaucoup d’intensité une sensation d’injustice, de l’incompréhension. Je prenais conscience que jamais je ne le verrais ou l’entendrais vivant. Le plaisir de le voir et l’entendre même mort ne parvenait pas à effacer la tristesse ressentie.

Tout à l’heure, je disais que nous étions plusieurs à voir les morts bouger. En vérité, nous sommes très nombreux à pouvoir le faire. Il n’en a pas toujours été ainsi. Autrefois, personne ne pouvait réaliser ceci et l’idée même que l’on pouvait le faire pouvait paraître totalement fou ou relever de la sorcellerie. Prétendre que l’on pourrait un jour assister à un tel spectacle vous aurait sans aucun doute mené au bûcher. J’ai lu que des personnes capables d’entrer dans des états de conscience différents avaient pu voir des morts les visiter en des temps très reculés. Il paraît que ces personnes, sorciers, chamanes, spirites ou nécromanciens, avaient le pouvoir de le faire. Je ne sais pas trop qu’en penser. Moi, je ne me prévaux pas d’un pouvoir mystérieux ou d’un état de conscience particulier. Je me contente de faire usage de techniques bien rodées et à la portée de presque tous. Rien de magique dans tout ça, je vous l’assure. Du coup, je ne voudrais pas que vous pensiez que je suis en train de vouloir me faire passer à vos yeux pour un mage ou un être doté d’un pouvoir miraculeux.

Et d’ailleurs, si magie il y avait derrière tout ça, ce serait de la magie avec des limitations conséquentes. Par exemple, je sais que jamais ni Louis XIV ni Victor Hugo ne viendront gesticuler devant moi. Il y a de grosses limites à cette technique. Et même, je ne verrai jamais mon arrière grand-père s’agiter. Au contraire, certaines personnes sont faciles à faire apparaître. C’est comme ça, on ne commande pas.

Mais je sens poindre un sentiment mêlé d’incrédulité et d’inquiétude. Ce pourrait-il que je sois si gravement atteint que la médecine elle-même ne pourrait rien pour moi ? Aurais-je des visions peu recommandables ? Serais-je victime de quelque trouble qui sauraient retenir toute l’attention d’un rassemblement de psychiatres chevronnés ? Je vous assure que non. Tout va bien. Autant que je peux en juger, toutefois. On n’est jamais à l’abri d’une défaillance délétère. Si je vous dis que je vois remuer des morts, vous pouvez me croire et lorsque je vous dis que c’est à votre portée, que, même, cela vous est déjà arrivé, vous pouvez me croire. Je dis la vérité. Ou alors, c’est que vous n’avez jamais vu de film un tant soit peu ancien. Je n’ose le croire.

samedi 10 août 2019

La consommation d'alcool peut provoquer l'ivresse

jeudi 28 juin 2018

Droits de douane

Dans le premier épisode, Donald Trump imposait des droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Dans le deuxième épisode, l'Union Européenne réplique en augmentant des taxes douanières sur quelques produits comme le beurre de cacahuète, les jeans, les motocyclettes et les alcools. Je me suis demandé ce que j'achète comme marchandises étatsuniennes. Des Harley-Davidson, je m'en passe assez bien. Sur le beurre de cacahuète, je fais l'impasse sans aucun souci. Les jeans, je n'en achète pas bien souvent (il n'est qu'à voir l'état de ceux que je porte) et je ne suis plus d'accord pour acheter les Levi's au prix que l'on nous impose en France. Le bourbon, je n'en achète pas. Le Jack Daniel's, oui, parfois j'en achète.
Si l'on s'en arrête là, on peut se dire qu'il n'y a pas péril en la demeure. On peut librement acheter des motos, des alcools, des fringues et des produits de bouche autres qu'américains des USA. Au sujet des jeans Levi's, j'ai appris il y a maintenant plusieurs années que la marque n'en produisait plus sur le territoire des USA. Elle a découvert qu'elle pouvait les faire fabriquer dans des pays à "bas coût". Un pays à "bas coût". C'est sans doute un euphémisme. En vérité, on devrait les appeler des pays à "haute plus-value". L'idée est de réussir à vendre des produits fabriqués à moindre prix à des tarifs exorbitants. Le bon consommateur met ses œillères pour ne pas voir que ce qu'il achète est potentiellement manufacturé par des quasi esclaves des temps modernes. Il se dit que c'est déjà bien assez cher comme ça et que si ça l'était encore plus ce serait vraiment trop. S'il est plein de compassion pour son semblable qui, faute à pas de chance, est né en Chine ou au Bangladesh ou au Mexique plutôt qu'aux USA ou en France, il est encore bien plus sensible à la question de la bonne santé de son porte-monnaie.
Le Jack Daniel's va augmenter. C'est dramatique mais il faut bien reconnaître aussi que depuis que c'est devenu un poison à la mode, son prix est déjà devenu un peu prohibitif. Le Jack Daniel's, ce n'est tout de même pas un alcool exceptionnel. Et puis, on peut le remplacer aisément par tout un tas d'autres boissons aussi intéressantes. De plus, il me semble que l'on peut aller jusqu'à affirmer que ces alcools forts ne sont même pas nécessaires. La France est un assez grand producteur d'alcool pour que l'on puisse s'enivrer sans avoir recours à ces alcools de grain. Le vin, tout de même, c'est un poil plus noble et intéressant que les whiskies et autres vodka, tequila, gin… Avant les années 50 et l'américanisation des esprits, on buvait de la fine à l'eau et du vin rouge. On savait boire français nom de dieu !

Mais si c'est la guerre économique qui est déclarée entre les USA et l'Europe, alors il y a peut-être du souci à se faire. Mine de rien, les États-Unis d'Amérique sont bien plus puissants que notre Europe. Les Américains sont en mesure de couper Internet, par exemple. Ils peuvent aussi couper le GPS et, ne l'oublions pas, ils ont la monnaie de référence. En gros, ils font la pluie et le beau temps à l'échelle mondiale. Ce n'est pas juste une question d'augmentation du prix des bourbons ou des jeans, ça peut aller bien plus loin. Je suppose que, dans notre économie globalisée, les USA dépendent aussi de l'Europe, ne serait-ce que comme débouché pour leurs productions. L'Europe est un marché important. En nombre d'habitants, l'Europe est devant les USA. L'Europe ce n'est pas tout à fait rien. Mine de rien, nous produisons aussi des marchandises qui intéressent les Américains. Le vin rouge, les Porsche, le tourisme. Pour le reste, je ne sais pas. Il me semble que la dépendance est plus en faveur des USA. Ne serait-ce que dans le domaine du numérique. Les GAFA(M) sont américains, nos ordinateurs et terminaux mobiles fonctionnent presque complètement sur des systèmes d'exploitation développés aux USA.
Pour le moment, la riposte des européens face aux décisions trumpesques sont teintées d'humour. On n'impose des taxes que sur des marchandises "icôniques". On dit à Trump que nous pouvons, nous aussi, jouer au con. A ce jeu, ce n'est pas sûr que nous soyons en mesure de gagner.
Mais il y a un truc que je ne parviens pas bien à comprendre. Je suis plutôt contre le libéralisme, pas trop pour le capitalisme non plus, et il me semble que l'on nous a vendu la libre circulation des marchandises comme la solution à tout. Cela devait permettre d'industrialiser les pays émergents et à les faire gagner un niveau de vie comparable au nôtre. La croissance devait apporter le bonheur partout sur le monde (bon sauf pour l'Afrique dont on se fout). Et là, j'ai l'impression que les pays sont en train de se refermer sur eux, de remettre des couches de protectionnisme un peu partout. Je ne vais pas m'essayer à me lancer d'une manière par trop hasardeuse dans une analyse géo-politique mais tout de même. Je sais que le libre échange ne concerne pas les personnes et que la mondialisation ne signifie pas que tous les hommes sont libres de circuler à la surface de la planète. En Europe comme aux USA (et ailleurs bien sûr), on ferme le frontières et on refuse les pauvres. Ça va forcément péter à un moment ou à un autre. Il ne va pas être possible très longtemps de contenir les mouvements de population générés par les guerres, les problèmes liés au réchauffement climatique, au désir légitime de survie. Il est possible que nous dirigions vers une grave crise mondiale et la chute de tout un système. J'ai du mal à être très optimiste à l'horizon d'une dizaine d'années.
Et le pire du pire, c'est que, si ça se trouve, avec le Brexit on ne pourra même plus acheter du whisky écossais. Et ça, si ça arrive, je ne m'en remettrai pas !

mardi 31 mai 2016

L'attrape-poussière

Les ménagères ne me démentiront pas, l'ennemi, c'est la poussière. Déjà dans les grottes et abris-sous-roche, des peintures pariétales aujourd'hui effacées l'attestent, Madame préhistorique faisait la chasse à la poussière et aux moutons pendant que Monsieur son époux chassait le phoque et le mammouth pour le barbecue organisé à l'occasion de la fête des voisins. Dans son ouvrage traitant de la question, Platon explique combien la poussière était à l'époque un problème insoluble dans le vin en plus de provoquer des allergies dues aux acariens. Plus près de nous, les archives nous enseignent que Louis Padelle avait déjà déposé un brevet d'avaleur à poussières imaginé autour de poumons de bovins actionnés par un puissant ressort que l'on remontait à l'aide d'une manivelle de bois de palissandre. En 1901, et wikipedia vous le confirmera, un ingénieur britannique du nom de Hubert Cecil Booth invente l'aspirateur motorisé. Dès lors, les savants n'ont de cesse de perfectionner l'appareil afin de toujours mieux aider la ménagère à faire place nette et aujourd'hui, après l'aspirateur sans sac, elle peut se reposer sur le robot autonome qui se promène seul à la recherche de la moindre particule poussiéreuse avant de revenir à sa base pour faire le plein de bonne électricité nourricière. La modernité fait rage et on se demande bien où s'arrêtera le progrès.
Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de la notion de sérendipité. Vous n'êtes pas idiots, je suppose que oui. Enfin on ne sait jamais, il faut être prudent. La sérendipité, c'est la joie du fainéant et de l'incompétent, du fumiste et du traîne-savate. Dans la vie, vous n'avez pas l'intention de vous en faire ? Optez pour la sérendipité ! La sérendipité, c'est découvrir quelque chose d'intéressant sans rien faire d'autre que d'attendre que ça survienne. Vous voulez découvrir un bon antibiotique ? Vous vous abstenez de faire la vaisselle, vous partez en vacances et au retour, vous découvrez la pénicilline[1]. Vous voulez aller à un endroit précis et connu ? Vous partez en sens inverse et vous découvrez l'Amérique. La sérendipité, c'est la chance de l'incapable, du néfaste, du parasite, de l'inutile, de l'ignorant et de l'idiot. Dans la culture populaire, nous pouvons noter le personnage de Gaston Lagaffe qui, bien trop souvent, "trouve" un explosif puissant ou un produit chimique corrosif en cherchant à ouvrir une boîte de sardine ou un endroit où faire la sieste. Gaston Lagaffe est un mauvais exemple pour la jeunesse.
Moi qui ne suis pas la moitié d'un imbécile, j'ai récemment fait appel à la sérendipité pour venir à bout de ce problème insoluble lié à la présence persistante de poussières de toutes natures chez moi. D'où vient-elle ? Qui l'amène ? Pourquoi de préférence chez moi ? Je n'en sais rien. Le fait est qu'il y a beaucoup plus de poussière chez moi que chez les autres. Je l'ai remarqué à maintes reprises lors de mes études sur le sujet. J'estime à 1,5kg de poussière au mètre carré chez moi quand on atteint à peine les 5g pour la même surface chez tant d'autres. Avouez que tout de même, hein !
Le fait que mon logis soit dépourvu de ménagère n'est peut-être pas totalement étranger à cet état de fait. Lorsque, aux débuts des années 2000, j'ai acheté un aspirateur que l'on m'a vendu pour performant, je me suis bien assuré auprès du vendeur femelle auquel j'avais eu à faire que l'appareil fonctionnerait sans ménagère. J'ai été clair et insistant sur cette question. Je me suis fait avoir comme un bleu. Bientôt quinze ans que cet aspirateur est là et la poussière aussi. Cet aspirateur ne vaut rien[2] et refuse d'effectuer le travail pour lequel il a pourtant été conçu. Je suis déçu.
Là où la sérendipité est entrée en jeu, c'est lorsque j'ai voulu boire de l'alcool pour oublier ma misérable condition de célibataire envahi par la poussière envahissante. Je me suis aperçu qu'une bouteille avait attiré la poussière à elle. Là où je ne suis pas qu'un peu fier d'être intelligent[3] c'est que j'ai compris que les bouteilles pouvaient jouer un rôle d'aspirateur à poussière. Je l'ai vérifié sur d'autres flacons disposés ci et là chez moi. Les preuves se suffisent à elles-mêmes et une photo prouve mes dires en image. Je songe à faire une communication scientifique pour une parution dans une revue à comité de lecture d'ici peu. Ma découverte va révolutionner la notion même de ménage. Songez un instant un sol constitué de bouteilles à boire[4]. Vous marchez sur votre cave, vous prélevez une bouteille dont vous buvez le contenu en prenant bien garde de ne pas faire tomber la poussière. Une fois la bouteille vidée, vous allez la porter au conteneur à verre à recycler avec la poussière ! Ainsi, vous avez le bonheur de faire le ménage en vous bourrant la gueule et personne ne pourra plus jamais vous reprocher d'être porté sur la bouteille. Elle est pas belle, la vie ?

Bouteilles aspirateur à poussière

Notes

[1] sorte de moisissure que ressemblerait à un pinceau (pencil)

[2] je l'ai pourtant payé son prix

[3] et ce n'est pas donné à tous !

[4] j'ignore pour l'heure si le principe fonctionne avec des bouteilles vides

mercredi 24 juin 2015

Le Rat, il veut pas mourir de soif

Le Rat, il a soif

vendredi 19 septembre 2014

Format raisin

Les raisins de la pas colère

vendredi 28 mars 2014

Un bon petit déjeuner

Petit déjeuner périgourdin
Une nouvelle version (la dernière, c'est promis) avec l'étiquette de la bouteille et du pain.

Petit déjeuner périgourdin

mercredi 26 mars 2014

Pour mon dernier repas

Il y a quelque temps de cela, je casse un verre à pied. En fait, je ne le casse pas vraiment. Il se casse tout seul ou presque. Je venais de chercher quelque chose dans le buffet, j'avais déplacé des trucs et voilà que l'un de ces trucs a chu et a poussé le verre qui est parti se fracasser par terre dans un bruit qui a attiré mon attention. Ce verre, après avoir constaté qu'il pouvait encore tenir debout, je l'ai conservé en me disant que c'était amusant et que ça pourrait sans doute être utile.
Avant hier soir, pour vérifier, j'ouvre une bouteille de vin vieille de vingt ans. Je n'y crois pas un instant mais je me dis que c'est sot de conserver une bouteille que l'on présume imbuvable. J'ouvre donc cette bouteille et ne mets pas longtemps à m'assurer que, comme je m'y attendais, il n'est pas digne de mon palais. Tant pis.
Hier matin, j'ai comme une idée de photo. J'avise la bouteille de vin, le verre cassé, et me dis que ça pourrait être amusant d'utiliser ces éléments pour une nature morte. Je cherche des accessoires à ajouter, en trouve quelques uns et installe les flashes. Je prends l'appareil photo, y fixe un objectif et cherche un cadrage. Je n'y arrive pas. Je change d'objectif, essaye de nouveau, ce n'est pas terrible.
Bon. Je modifie la disposition des éléments, en enlève quelques uns, en ajoute d'autres, change encore d'objectif. J'ai beau faire, je ne parviens pas à obtenir l'image que j'ai vaguement en tête. Enfin, tout de même, j'en conserve deux.

Pour mon dernier repas
Pour mon dernier repas
Pour un dernier repas
Une dernière version pour la route avec moins d'éléments parasites.

Pour un dernier repas

jeudi 13 février 2014

Vin en conserve

Lors de mon récent passage par le Lot-et-Garonne, j'ai eu l'occasion de visiter les caves coopératives de Buzet. J'en ai ramené une photo.

Tonneaux de Buzet

mercredi 22 janvier 2014

La Peste, elle a trouvé un truc rigolo à faire avec le raisin

La Peste, elle a trouvé un truc rigolo à faire avec le raisin

samedi 16 novembre 2013

Foire de la saint Martin

Cela fait 843 ans que se tient la foire de la saint Martin de Pontoise. La tradition veut que l'on se restaure de harengs grillés en buvant le ginglet.

Selon la légende et la tradition, tout aurait commencé sous le règne de Louis VII, roi capétien, époux d'Aliénor d'Aquitaine, fils de Louis VI et père de Philippe II. Nous sommes en plein Moyen Âge et la guerre de 100 ans n'a pas eu lieu. Louis VII part pour la deuxième croisade et se sépare de son épouse Aliénor. Du coup, cette dernière reprend les territoires qu'elle a apporté en dot et se marie avec Henri II d'Angleterre. L'Aquitaine devient donc, de fait, anglaise et on peut voir là les prémices de la guerre de 100 ans qui ne commencera qu'en 1337. Ni la légende ni la tradition ne prétendent cependant que le roi Louis VII aurait participé activement à ce qui s'est passé à Pontoise il y a 843 ans, en 1170.
Nous sommes au comptoir de la baraque foraine où l'on vend le ginglet et un bénévole de la commune libre de Saint-Martin nous donne sa vision des faits : " Les mareyeurs arrivaient de Dieppe avec un chargement de harengs qu'ils comptaient vendre à Paris. A l'époque, il fallait payer l'octroi pour passer le pont de l'Oise. L'arrivée à Pontoise était l'occasion de faire la fête et de faire griller des harengs ". D'un point de vue historique ce raccourci est sans doute un peu expéditif. Selon wikipedia, en cette fin du XIe siècle les moines transfèrent leur abbaye sur le plateau Saint-Martin et obtiennent le droit de foire et il semble attesté qu'il est déjà question de harengs et de ginglet. Nous avons donc bien là l'une des plus anciennes foires de France.
Pontoise est une ville importante durant le Moyen Âge. Capitale du Vexin français, la ville est l'un des lieux de séjour préféré des rois capétiens que sont Philippe Auguste ou Saint Louis. C'est une belle ville située à un peu plus de vingt kilomètres au nord de Paris. J'y ai vécu quelques années entre 1969 et 1974 avant de revenir à Conflans-Sainte-Honorine. Je n'étais pas revenu à la foire de la Saint Martin depuis le début des années 70.

Foire de la Saint Martin 2013

Le ginglet

Les harengs, tout le monde voit plus ou moins ce que c'est. Ça vit dans l'eau, ça se pêche, ça se mange. C'est un poisson et c'est bon. Le ginglet, par contre, on ne peut pas connaître si l'on n'est pas né natif de la région où on le trouve. Aussi bizarre et étrange que cela puisse paraître à certains, on ne fait pas de vin que dans le Bordelais. La vigne est montée bien au-dessus de la Loire et a gagné les coteaux de Pontoise. Là, on fait un petit vin sans grande prétention qu'il convient de boire assez rapidement. C'est le ginglet. Un vin tiré majoritairement du gamay, légèrement acide mais tout à fait buvable. Si l'on a le palais trop gâté par les crus trafiqués que l'on boit en Aquitaine, si l'on est trop chauvin, on peut faire la grimace en avalant le premier verre. Le deuxième coule déjà beaucoup plus facilement et il se trouve que si l'on accompagne le troisième d'un bon hareng, celui-ci ne manque pas d'en appeler un quatrième.
Alors certes, on ne dira pas que c'est un vin qui se classe parmi les meilleurs mais il me semble que, tradition pour tradition, celle du ginglet vaut largement celle du Beaujolais nouveau, le goût de banane en moins.

Le ginglet un vin pas prétentieux
Longtemps, au concours du meilleur ginglet tenu chaque année à l'occasion de la foire de la Saint Martin, c'est Eugène Berrurier, maire de Conflans-Sainte-Honorine et cultivateur de son état qui remportait le premier prix. Lorsque j'étais petit, le ginglet était quelque chose qui me remplissait d'effroi. Mon père prétendait qu'en boire un verre relevait de la pire épreuve qu'un homme sain puisse connaître. Il me semble qu'il exagérait beaucoup. Possible aussi qu'il n'ait pas été en mesure de juger de la qualité d'un vin. Quoi qu'il en soit, il m'a fallu attendre longtemps avant d'oser boire mon premier verre de ginglet. Je m'attendais au pire et il n'est pas arrivé. C'est en fait un vin honnête, un vin de copains qui se laisse boire et qui fait claquer la langue de contentement.

Le ginglet, un vin de soif
Le ginglet est un vin de soif. C'est aussi un vin de copains. Pour la foire de la Saint Martin, les producteurs mettent leur vin en commun pour être vendu. Les bénéfices de cette vente sera utilisé pour offrir des présents aux anciens de la ville. On le vend au verre ou à la bouteille et on vient le boire pour la tradition et aussi pour se faire plaisir. Dans et devant la petite baraque foraine qui écoule le vin, c'est l'esprit bon enfant qui prédomine. On est aimable et on rigole en s'envoyant les verres de ginglet dans un grand sourire. On se demande un peu si les jeunes sauront prendre la relève d'ici quelques années. Peut-être se pose-t-on la question depuis le Moyen Âge.

Sur des tréteaux avec les doigts

Les harengs

Il est une question sur laquelle la tradition ne saurait transiger, c'est celle de la manière de manger les harengs. Il est hors de question de faire autrement que de les manger avec les doigts. C'est comme ça. On achète ses harengs d'un côté, son verre de ginglet de l'autre et on cherche un coin libre sur les tréteaux. On déchire le poisson avec les doigts, rien pour les essuyer. Et c'est très bien comme ça.

Harengs grillés
On passe environ 1200 kg de harengs tout au long de la durée de la foire. On les mange sur place mais on peut aussi les ramener chez soi pour les manger en famille. Ils sont grillés sous vos yeux par une équipe qui connaît son métier et se protège les yeux de la fumée sur de grandes grilles.

La vente des harengs
Un petit plateau, une feuille de papier et on vous pose les harengs là-dessus sans façon. Plonger les doigts dans la chair des harengs pour en déchirer des morceaux en se brûlant un peu est déjà un petit plaisir. Les grincheux diront peut-être que les règles d'hygiène ne sont pas exemplaires. Je ne suis pas certain que l'on déplore trop de morts chaque année. Il me semble que si l'on obligeait la foire à passer à l'étal inox et à toutes les fadaises édictées par les pisse-froids d'hygiénistes, celle-ci perdrait beaucoup de son charme.

La bonne humeur est de rigueur
En une petite quarantaine d'années, je ne suis allé que deux fois à la foire de la Saint Martin. On ne peut pas dire que je sois fidèle à la fête. Il est bien probable que je n'y retournerai jamais. Bientôt, je n'aurai plus de raison d'aller à Pontoise et dans toute cette région. Ma vie est maintenant périgourdine et ici, on ne mange pas plus de harengs que l'on ne boit de ginglet. Je souhaite néanmoins une bonne continuation à cette foire et à toute son équipe de bénévoles ainsi qu'à toutes les personnes qui font vivre cette manifestation.

Les harengs, c'est une affaire sérieuse

samedi 14 septembre 2013

Vidange

Vous êtes peut-être trop jeune ou déjà trop vieux pour vous souvenir de ces stations service que l'on trouvait partout sur le territoire depuis le plus petit patelin jusqu'à la plus déserte des routes départementales. Souvent, ces débits de carburants proposaient des services de vidange et de graissage des véhicules et possédaient des sortes de boxes au-dessus desquels étaient inscrits ces deux mots : Vidange, Graissage.
Aujourd'hui, on ne graisse plus guère. On attend que ça casse et on remplace. Mais il n'y a pas si longtemps, les automobiles étaient munies de graisseurs que l'on utilisait pour introduire de la graisse dans les rotules, les roulements, les bagues. Ça faisait partie de l'entretien normal d'un véhicule.
Assez souvent, je me demande à quoi sert ce blog. Là, j'ai trouvé une utilité. Le blog peut servir de pense-bête. Par exemple, aujourd'hui j'ai fait la vidange de mon fourgon et je peux très bien soit créer une nouvelle catégorie qui concernerait les vidanges de mes véhicules ou bien mettre une étiquette, un tag comme on dit. Ainsi, j'aurais la date de la dernière vidange de ces véhicules bien à disposition sur Internet. Je pourrais même faire une alarme pour me rappeler qu'il pourrait être temps de penser à faire une nouvelle vidange. C'est chouette, la modernité.
Et puis, j'ai aussi fait un peu de rangement dans ma cave. J'ai vérifié les bouteilles de vin les plus anciennes. Il y en a une, je n'y croyais pas un instant. Il s'agissait d'un Saumur de 1997. Je l'ai remontée, je l'ai débouchée, je l'ai goûtée et je l'ai vidée dans l'évier.

samedi 17 août 2013

Les riches se bourrent au Richebourg

Jusqu'à combien iriez-vous pour un bon vin ? En euros, je veux dire. Vous seriez prêts à payer combien pour avoir le plaisir de boire un vin d'exception ? Ce matin, je tombe un peu par hasard sur le classement des vins les plus chers du monde au milieu de l'année 2013. La cuvée Richebourg Grand Cru "Henri Jayer" remporte la palme avec un prix de vente moyen s'élevant à douze mille cent-soixante (12160) euros la bouteille de 75 cl.

A produit exceptionnel, prix exceptionnel. Avec les vins de Henri Jayer et ceux qui perpétuent son héritage, nous sommes peut-être dans le domaine de l'art. Il va sans dire que je n'ai jamais eu l'honneur de goûter un de ces vins d'exception. Du coup, je suis en pleine perplexité lorsque je lis qu'un vin peut atteindre une cote de plus de 50000 euros pour une bouteille.

Evidemment, la première question du phillistin que je suis est : "qui peut acheter ça ?" immédiatement suivie par l'autre question qui est : "qui peut boire ça ?".

Admettons qu'il me soit donné un jour d'entrer en possession d'un de ces vins. Admettons que l'on m'en offre une. Admettons que je la trouve sur un vide-greniers. Bon. J'ai une bouteille d'une valeur de plus de 10000 euros. Ou de plus de 5000 euros, même. J'en fais quoi ? Je la bois ? Je la vends ? Je la conserve comme un patrimoine, un placement ?

Si je décide de la boire, je la bois seul ? J'invite quelqu'un pour partager cet instant ? Et si je ne sais pas l'apprécier, je demande le remboursement ? Et si je l'ouvre, je dois m'entourer d'un cérémonial particulier ? Il faut désinfecter le tire-bouchon ? Faut-il que ce vin accompagne un plat ou faut-il le boire juste pour lui, juste pour la dégustation ?

Pour acheter un vin de ce prix, il me semble évident qu'il faut avoir les moyens de le faire et que, de fait, il n'y a que les personnes "riches" qui peuvent se le permettre. Comme tout est relatif, j'imagine qu'il existe certaines personnes pour qui une dizaine de milliers d'euros ne représentent pas grand chose. D'ailleurs, j'imagine qu'il est des personnes qui ne savent même plus ce que représente l'argent. Toute proportion gardée, il y a déjà un caractère indécent à acheter une bouteille de vin à 20 euros.

Du vin comme de l'art ? On dit que le vin est un produit vivant. On prétend qu'il évolue au cours de sa vie. En bien ou en mal. Est-ce que le vin peut être considéré comme un "produit artistique" ? J'hésite. L'art, à mon avis, n'est pas le marché de l'art. Objectivement, il n'y a pas de raison pour qu'une peinture, une sculpture, atteigne des prix si élevés que ceux que l'on constate parfois. La spéculation autour d'une œuvre m'agace beaucoup. Si l'on peut admettre que l'artiste ait le désir légitime de vivre de son art, il me paraît suspect qu'une œuvre devienne un placement financier. Qu'une œuvre n'ait pas de prix ne veut pas dire qu'elle est chère. Il m'apparaîtrait plus sage de dire qu'une œuvre ne serait pas à vendre, qu'elle ne serait pas échangeable contre de l'argent. Une peinture comme la Joconde n'a pas de prix. Pourquoi ? Peut-être parce qu'elle appartient à l'humanité ? Une grotte comme celle de Lascaux a-t-elle un prix ? Peut-être un jour sera-t-elle privatisée, achetée, cotée. Il existe une similitude entre la grotte de Lascaux et une bouteille rare. On sait ce qu'elles recèlent toutes deux mais elles sont fermées. L'une comme l'autre sont fermées pour éviter qu'elles s'abîment. Nous sommes en présence de deux "produits culturels" dont on ne peut pas profiter sans les détruire.

La comparaison entre une grotte et une bouteille peut sembler osée. D'un côté, nous avons une "œuvre" vieille de plusieurs milliers d'années, de l'autre nous avons un produit appelé à disparaître dans des gosiers. La différence entre une bouteille de vin et une œuvre d'art serait donc que l'une serait éphémère par vocation lorsque l'autre devrait être conservée et protégée. Le problème est un problème d'échelle. Rien n'est éternel et on peut avoir la certitude que la plus belle sculpture comme la plus merveilleuse des peintures ; la plus intéressante des grottes comme la plus spectaculaire architecture ; les plus vieilles photographies ou les incunables les plus précieux, disparaîtront. L'homme pourra bien mettre en place toutes les ruses de préservation qu'il voudra, il ne pourra pas tout sauver. La terre engloutira tout à un moment ou à un autre. Peut-être l'espèce humaine saura-t-elle survivre à la disparition de la planète Terre. Peut-être amènera-t-elle des œuvres d'art avec elle dans sa migration vers d'autres systèmes solaires et peut-être même y aura-t-il du vin de Bourgogne dans ses bagages. Ça reste du domaine du pas sûr du tout.

Le problème ne serait donc pas lié au fait que le vin se doit d'être bu. Dans le domaine de l'art, on trouve de nombreux exemples d'œuvres éphémères. Depuis leur mort, on sait que l'on n'entendra plus jamais Bach interpréter l'une de ses œuvres et que l'on ne verra plus jamais Nijinski danser. Il reste des traces, bien sûr, mais ce ne sont plus les originaux. L'art est vivant et ce n'est qu'à sa mort qu'il rejoint les musées. L'art et l'artiste est forcément attaché à son époque. Que sommes-nous à même de comprendre des arts très anciens ?

Et alors ? Et alors, je ne sais pas. Au départ, tout de même, la culture de la vigne et la fabrication du vin n'a que peu de rapport avec l'art. Il ne faut tout de même pas déconner. Au départ, le vin n'est là que pour sa capacité à rendre joyeux. Peut-être a-t-on trouvé là une manière de conserver le raisin mais je pense que l'on a bien vite compris que l'on pouvait se bourrer la gueule avec du jus de raisin fermenté. Selon wikipedia, le vin pourrait avoir quelques 7000 ans. Il est sûr que des progrès ont été enregistrés depuis dans la vinification et l'œnologie. Les goûts ont également évolué, celui du vin et celui du buveur. Avec les histoires de terroir et la meilleure compréhension de la fabrication du vin, nous sommes arrivés à un stade où le vin a atteint le statut d'œuvre artistique. Ne devrait-on pas plutôt parler d'artisanat d'art ? Il y a certainement une grande rigueur et un vrai savoir-faire dans tout ce qu'a apporté Henri Jayer à l'art de faire du vin, je n'en disconviens pas même s'il m'est impossible d'en juger. De là à parler d'Art, il ne faut peut-être pas pousser. Et puis, il y a bien une logique économique derrière tout ça. Pour moi, nous sommes loin du travail de l'artiste même si, ces dernières années, la frontière entre l'art et l'argent est devenue très ténue.

Dans la réalité des choses, les vins de Bourgogne se négocient à des prix qui n'ont rien à voir avec le niveau de ceux qui ont la réputation des vins exceptionnels de la Romanée-Conti ou de Jayer. A mon niveau, je peux déjà me faire plaisir avec des vins qui n'atteignent même pas les 10 euros. C'est dire que ce n'est pas demain la veille que vous pourrez boire du pinard à plusieurs milliers d'euros chez moi.

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