Mot-clé - science

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lundi 24 mai 2021

Pour le camp "gourou", c'est dans la poche

jeudi 6 mai 2021

Le plat pays

mercredi 2 septembre 2020

Ouvert à toutes propositions

jeudi 27 août 2020

Message au monde scientifique

dimanche 9 août 2020

From outer space

lundi 20 juillet 2020

Régénération des défenses immunitaires et nature

samedi 25 avril 2020

La tabacothérapie, c'est fumeux

samedi 16 novembre 2019

Vertige

Je n'avais pas conscience de ça. A dire vrai, je n'y avais jamais pensé. Je savais que nous tournons autour de notre soleil et que celui-ci se promène dans notre galaxie, je l'avais appris, on me l'avait expliqué, mais je ne me faisais pas d'image de cela. Dans mon esprit, tout tournait donc et puis, bon, hein…
Il a fallu qu'une scientifique de la NASA, Jessie Christiansen, produise une courte vidéo pour que je sois pris de vertige. Cette vidéo nous explique pour commencer que notre soleil effectue sa rotation autour de la voie lactée en 250 millions d'années. Il y a 250 millions d'années, nous pouvons donc imaginer que nous étions au même endroit au sein de la galaxie. C'était le Trias, les poissons et les insectes étaient là et les dinosaures allaient commencer à pointer le bout de leur nez d'ici quelques millions d'années. Au moment où notre soleil était à l'opposé dans la voie lactée, l'extinction du Trias-Jurassique avait eu lieu et nous étions donc en plein Jurassique… Vous, je ne sais pas mais moi, ça me donne une sensation de vertige.
La place que notre planète occupe dans cette petite parcelle de l'Univers octroyée à notre galaxie aujourd'hui, nous n'y avons jamais été depuis ces 250 millions d'années. Si l'on admet que notre planète est âgée de 4,5 milliards d'années, cela veut dire que nous ne sommes passés là où nous sommes que dix-huit fois. Vertige, je vous dis !

jeudi 8 août 2019

Le maître de l'Univers a une sale gueule

jeudi 11 juillet 2019

C'est l'homéopathie qu'on assassine !


dimanche 23 juin 2019

La science n'a pas dit son dernier mot

La science n'est jamais à court d'idées nouvelles. Elle vient de faire un pas de plus vers le progrès, un bond en avant spectaculaire qui va changer la marche du monde et la vie de plein de gens à travers le vaste monde. En effet, grâce à un ensemble complexe de techniques élaborées et de calculs savants, des chercheurs expérimentés sont parvenus, au sein d'un regroupement de laboratoires de recherche disséminés sur tout le territoire, à mettre au point un procédé révolutionnaire qui remet ni plus ni moins la question même du vivant en cause. Tout ce que l'on croyait savoir à ce sujet est remis en question et les découvertes faites ces temps derniers rebattent les cartes tout en ouvrant des perspectives insoupçonnées auxquelles nous n'aurions pas osé croire si l'on nous les avait raconté encore récemment.
A l'aide de formules compliquées écrites à même le tableau noir, les scientifiques vêtus de leur blouse blanche réglementaire ont convoqué l'ensemble de leur savoir et ont mis leurs meilleurs neurones à contribution pour découvrir et inventer ce que l'on peut légitimement qualifier de particulièrement novateur. Sur des paillasses encombrées de pipettes et autres éprouvettes, ces cerveaux de l'impossible, tous issus des plus brillantes écoles de l'hexagone, fruits des meilleures filières d'excellence de notre pays, ont imaginé l'impossible et l'on concrétisé.
S'il est encore un peu tôt pour voir des applications dans nos vies quotidiennes de tous les jours, il est à parier que nous ne serons bientôt plus ce que nous avons été réduits à être depuis la nuit des temps, depuis que nous étions couverts de peaux de bêtes mortes et que nous chassions âprement avec des bâtons de bois et des outils de pierre. Ce temps est bien fini et nous pouvons aujourd'hui proclamer tout de go que nous sommes entrés de plain-pied dans la modernité du futur dès aujourd'hui.
La gloire et les plus importantes distinctions, le Nobel et la consécration, attendent certainement ces chercheurs victorieux qui permettent une fois encore à notre patrie de briller à l'échelle mondiale et à se hisser une fois de plus au firmament de la pensée universelle. Ce n'est pas être cocardier que d'appuyer sur le caractère foncièrement français de cette avancée majeure de la science fondamentale. Loin d'un chauvinisme mal venu tant la science se doit d'être partagée avec tous et même les étrangers à notre nation, il convient néanmoins de se permettre de se réjouir sans retenue. Ce n'est tout de même pas tous les jours que la Connaissance avec un grand « C » se précipite aussi loin en avant en repoussant loin ce qu'il convient désormais de nommer obscurantisme.
Bien sûr, et vous le comprendrez aisément, nous ne pouvons pas dévoiler l'intégralité des résultats stupéfiants des découvertes fantastiques dont nous parlons à mots couverts dans ces lignes. Tout cela est bien trop important et confidentiel pour que ça puisse être divulgué sans un minimum de précautions. Et puis, il serait dommageable que des puissances étrangères s'approprient tous ces travaux et s'en prévalent pour briller dans des congrès scientifiques avec une flûte de champagne à la main et en se goinfrant indûment de petits fours. Pour ces mêmes raisons, nous ne sommes pas en mesure de vous proposer d'illustration.

samedi 9 mars 2019

Pour rester en bonne santé, gardons-nous bien de tomber malade

Alors que notre collaborateur fait les gros titres du journal Ouest-France, premier quotidien français en termes de diffusion, avec l'annonce de sa séance de dédicaces à la médiathèque de Changé (Mayenne), il me vient à l'idée de faire un dessin plaisant pour promouvoir l'homéopathie.
L'idée n'est pas venue d'elle même, il m'a fallu l'aller chercher avec les dents. Pour être honnête avec vous, ce n'est pas l'idée que j'espérais trouver. J'en souhaitais une meilleure, une géniale, je n'aurais pas eu l'heur de la dénicher et il vous faudra vous satisfaire de celle là sans trop vous lamenter tellement elle aurait pu être pire encore. Par exemple, alors que je me creusais la tête pour trouver une idée, j'ai eu un instant la tentation de vous expliquer les courses faites récemment dans un supermarché dont je ne donnerai pas le nom afin de ne pas lui faire de publicité.
Si j'avais cédé à cette tentation simpliste, cela aurait donné quelque chose de bien lamentable de ce genre :

Parce que je n'ai plus rien à manger ou presque, et pire encore, que je vais arriver à bout de mes réserves de café, je me résous à prendre l'automobile pour aller à la ville faire des courses au supermarché. Pour une fois, j'ai décidé de changer de ville et de supermarché. Ni les villes ni les supermarchés sont rares autour de chez moi dans un rayon de quarante kilomètres. Je peux aller dans l'agglomération de Périgueux, dans celle de Brive-la-Gaillarde, mais aussi à Saint-Yrieix-la-Perche ou Sarlat-la-Canéda, plus proche, j'ai le choix entre Thenon, Montignac et Terrasson-Lavilledieu. J'ai choisi une ville et un supermarché en fonction de l'enseigne que l'on y peut trouver. On ne trouve pas de Leclerc à Montignac, par exemple. C'eût été un mauvais choix de vouloir aller au Carrefour du Grand Périgueux, il n'y en a, à ma connaissance, pas. Par contre, j'y aurais trouvé un Hyper U que j'aurais eu du mal à trouver à Terrasson-Lavilledieu. Je vous dis tout ça pour vous expliquer que la vie n'est pas simple et qu'il faut bien réfléchir avant d'agir.
Bref, j'ai choisi une commune, un magasin et je suis parti dans la bonne direction au volant de l'automobile en écoutant la radio. Parce que la destination retenue n'est pas si éloignée, je ne mets pas beaucoup de temps pour arriver à bon port. Je trouve une place de stationnement, je descends de mon véhicule, ferme les portes et vais prendre un chariot. J'entre dans le commerce avec une liste de courses bien en tête. Je sais qu'il me faut du café et des filtres à café, c'est l'essentiel. Le reste, je verrai à l'improviste, à l'inspiration du moment. Tout de même, je sais que je veux des pâtes, du beurre, de la moutarde et des oignons.
Si je ne rencontre pas de problème notable pour trouver le café que je prends d'habitude parce que je lui trouve un rapport qualité/prix satisfaisant, je butte sur les filtres à café. Je m'attends, c'est logique, à les trouver dans les linéaires où se trouvent les différents cafés moulus ou en grains, en capsules ou en dosettes, lyophilisé ou décaféiné. Je ne les vois pas. Je vais voir du côté du sucre, ils ne s'y trouvent pas non plus. Peut-être avec les ustensiles ménagers ? Non. Avec les confitures ? Pas plus. Je sens que ça commence à m'agacer.
Dans le rayon de la charcuterie sous vide, j'avise une jeune personne occupée à garnir les étalages. Je m'approche subrepticement et lui adresse la parole. Elle sursaute malgré mon application à ne pas parler trop fort et à jouer de politesse empressée et, peut-être même, empesée. Je lui explique donc l'objet de ma quête et elle m'assure que les filtres se trouvent avec le café. Je lui réponds que c'était ma première idée mais que, à mon grand désarroi, je ne les y ai pas trouvés là. Elle semble étonnée, me dit son étonnement, et me propose de la suivre pour qu'elle me montre bien où sont ces filtres. Ils y sont. Je me sens bête et lui demande pardon. Elle m'assure que ce n'est pas grave mais je sens bien qu'elle doit penser que la vieillesse est un naufrage qui commence tôt pour certains.
Je prends donc les filtres au format qui sied le mieux à ma cafetière et continue mes courses. Je trouve les pâtes et la moutarde, le beurre et les œufs (je me suis rappelé que je n'en avais bientôt plus). Les oignons sont trouvés avec les fruits et légumes, je regarde les autres végétaux proposés à la vente. J'avise des endives et me dis que les endives, ce n'est pas mauvais, que ça peut se manger en salade comme cuit et accepte d'en prendre. Des pommes de terre me font de l'œil. Parce que j'aime bien les pommes de terre, j'en prends un filet. Ça peut toujours servir.
Je ne suis pas encore un très bon végan et je vais, la conscience alourdie, voir s'il n'y aurait pas de la chair animale à manger. Rien ne me tente particulièrement et je n'ai pas envie de faire la queue à la boucherie "traditionnelle". Je choisis quelques bouts de viande sous plastique. Je ne vous dis pas quoi parce que je sens la honte m'envahir. Je ne sais pas si vous pouvez avoir l'idée de combien ça me coûte de ne pas contribuer mieux au bien-être animal ! Je bats ma coulpe à chaque fois que je porte un morceau d'animal mort à la bouche. C'est horrible.
Avec ce que j'ai pris là, je considère qu'un peu de crème fraîche ne serait pas si mal. Et là, j'ai l'idée de prendre aussi du chocolat, du chocolat noir. Le chocolat, ça n'a rien à voir avec les morceaux d'animal mort, je vous rassure. Quoique l'on puisse ajouter un peu de chocolat à quelques recettes, à l'occasion. Je n'ai jamais été un chaud partisan de cette pratique mais je ne m'y oppose pas autant qu'à l'entrée des troupes américaines au Nicaragua en 1912 à l'occasion de la guerre des bananes. D'ailleurs, je n'ai pas acheté de bananes mais ceci n'a rien de rare. De manière générale, je n'achète jamais ces fruits là qui ne sont pas produits localement autour d'Azerat. D'ailleurs, la guerre des bananes n'a pas de grand rapport avec les bananes. Et là, en écrivant ça, il revient à ma mémoire une recette basée sur la banane et le chocolat noir. Comme quoi, mine de rien, je ne perds pas le fil de mon récit.
Arrivé à cet instant, alors que tout pouvait laisser à penser que j'allais me diriger vers les caisses pour payer mes achats, l'idée venue d'on ne sait où d'acheter une bouteille de vin rouge me traverse l'esprit. Allez donc ! On ne se refuse rien ! En plus, quand on sait combien l'alcool est délétère ! Mais une envie irrépressible est une envie dont on ne peut se défaire sans mal. Je pousse le chariot jusqu'à l'endroit où sont proposées ces bouteilles de poison et je reste plein de minutes à établir un choix parmi tout ce qui est à disposition. J'inspecte les étiquettes, écarte les bouteilles les plus chères et les plus modestes, ignore des appellations, hésite entre ceci et cela, me hisse sur la pointe des pieds et me mets à croupetons pour déchiffrer mieux et finis par porter mon dévolu sur une bouteille prometteuse mais pas prétentieuse.
Cette fois, je peux aller alléger mon compte en banque de quelques dizaines d'euros. Je n'ai pas de chance. Je tombe sur la caisse où un client a fait exprès de choisir une marchandise débarrassée de son code-barres. Appel au central pour lancer l'alerte, à l'autre bout du fil, on veut savoir comment se présente exactement ce produit, et la couleur de l'étiquette et le poids net. Pendant ce temps, il faut prendre son mal en patience. J'aurais dû aller à une autre caisse, c'est sûr. Le temps me semble bien long mais finalement je peux enfin glisser ma carte bancaire dans l'appareil mis à ma disposition à cette fin. Je retourne à mon automobile et glisse mes achats dans des sacs prévus à cet usage. Je peux rentrer chez moi après avoir remis le chariot à sa place et avoir récupéré le jeton indispensable à son emprunt. Après, je rentre chez moi.

Imaginez que je vous aie raconteré tout ça ! Quelle plaie cela aurait été, hein ? Heureusement pour vous, je voulais vous entretenir de tout autre chose. De l'homéopathie qui est un sujet que je trouve savoureux autant qu'inépuisable. C'est qu'il est plus simple de taper sur l'homéopathie que sur une molécule qui a des effets réels. Pour cela, il faudrait avoir des connaissances, du savoir. Pour médire sur l'homéopathie, il suffit d'avoir un peu de bon sens et l'envie de se foutre de la gueule des charlatans et de leurs clients.
L'autre jour, j'ai entendu que le groupe Südzucker allait fermer, en France, des sucreries Saint-Louis et supprimer pas mal d'emplois pour faire bonne mesure. La raison évoquée, c'est l'ouverture à la concurrence du marché du sucre. Alors, oui, il va y avoir des emplois perdus au sein même de ces sucreries mais il y a aussi les agriculteurs producteurs de betteraves sucrières. Ils sont 2500 paysans pour 36000 hectares de terres cultivées. Mine de rien, c'est 10% de la production française de betterave à sucre. Ce n'est pas rien.
Et là, je me suis dit que, heureusement pour ces agriculteurs, il reste les laboratoires qui produisent les granules homéopathiques ! J'espère juste que le patriotisme est en marche chez eux et qu'ils privilégient le bon sucre d'origine nationale qui est le plus souverain pour soigner les maux les plus rébarbatifs. Supportez la filière sucrière française ! Soignez-vous à l'homéopathie !

dimanche 16 septembre 2018

Des colibris pour les gogos

Vous connaissez cette petite histoire, j'en suis certain.

L'incendie se propage dans la forêt. Tous les animaux sont en lisière, comme interdits, consternés. Un colibri fait des allers et des retours entre la rivière et le cœur de la forêt, puisant et recrachant quelques petites gouttes d'eau au-dessus des flammes. Un des animaux qui assistent à ce manège interpelle le petit oiseau et lui dit : « Ô petit colibri ! N'es-tu pas un peu dérangé ? As-tu vraiment la prétention d'éteindre cet impétueux incendie de tes quelques gouttes d'eau malpropre ? ». Le colibri se met en vol stationnaire comme il sait si bien le faire et, après avoir craché l'eau qui l'empêche de s'exprimer, répond : « Té ! Peut-être pas, peuchère, mais je fais ma part ! »

Je suis certain que vous connaissiez cette petite histoire amusante parce que celui qui la raconte si souvent, qui en a fait son fond de commerce, Pierre Rabhi, le penseur-paysan médiatique, plus que José Bové, est souvent l'invité des médias. Il est difficile de n'avoir pas un jour entendu parler de cet homme. Or, il se trouve que je n'aime pas Pierre Rabhi. Depuis pas mal de temps, je nourris un bon gros sentiment de suspicion à son égard. Je ne suis pas loin de considérer son action et son mouvement comme une forme de secte. Je n'aime pas les mouvements sectaires.
Et il se trouve que le journaliste Jean-Baptiste Malet du Monde Diplomatique vient apporter de l'eau (à la manière d'un colibri, tout à fait, oui) à mon moulin. Dans un article très intéressant disponible sur le site Internet du Monde Diplomatique intitulé "Le système Pierre Rabhi" le journaliste nous propose un portrait bien éloigné de celui colporté habituellement d'abord par lui-même, ensuite pas ses zélés zélateurs, certains médias et des cohortes d'adeptes.
Des petits yeux vifs posés sur un visage émacié où pousse une barbichette de sage, une chemise et un pantalon de velours, des sandales. N'a-t-il pas quelque chose de Gandhi, du vieux sage qui sait, de l'homme d'expérience ? C'en est presque une caricature. Mais ça marche. Les gens aiment les caricatures, elles sont simples à comprendre, à cerner. La caricature, c'est le prototype, l'archétype. Le gendarme est un peu bête, le chef de gare est cocu, le curé pédophile, le coiffeur homosexuel et le petit homme âgé au doux sourire sage. Pierre Rabhi se présente avec gourmandise comme un paysan savourant la pauvreté, le peu, le "Ça m'suffit". En fait, le paysan ne paysanne pas des masses lui-même. Et là, je ne dis pas qu'il ne le fait pas ou ne l'a jamais fait, hein ! Ce que je dis, c'est qu'il ne vit pas (et n'a peut-être jamais vécu) de son lopin de terre aride cultivé à la force des bras.
Ses revenus, il les tire sans doute des centaines de milliers de bouquins qu'il a vendus. Tant mieux pour lui. Mais aussi des stages qu'il organise et fait payer. Et puis, sans doute, de toutes ces conférences qu'il donne partout et tout le temps. Il a l'oreille attentive d'un Nicolas Hulot et d'un Emmanuel Macron (Tiens ?) mais aussi d'une Françoise Nyssen (Tiens, tiens ?) qui est (Tiens, tiens, tiens ?) son éditrice. Fichtre. Il a de l'entregent, le petit paysan de l'Ardèche. Tant mieux pour lui.
Là où ça devient encore plus gênant, c'est que l'on apprend (et je m'en doutais quelque peu) que le Monsieur est un fervent disciple de Rudolf Steiner, de l'anthroposophie et de la biodynamie. Et ça, je connais un peu. J'ai cotoyé un temps un copain qui était tombé dans ces mouvements. Pour moi, aucun doute, il y a bien de la dérive sectaire dans ces choses. Déjà, faut souvent payer. Payer pour acheter les livres et le savoir, payer pour assister à des conférences et des colloques, payer pour suivre des cours dans une école Steiner, payer pour obtenir des préparats biodynamiques. L'important est de lire toute l'œuvre de Rudolf Steiner et de ne surtout plus rien lire d'autre. D'une part, tout est dans l'œuvre de Rudolf Steiner, d'une autre part tout ce que vous pourrez lire ailleurs n'est que mensonge ou désinformation.


Certainement, tout n'est pas à jeter dans les propos de Pierre Rabhi. Nous avons tous en tête des exemples de conseils de bon sens. La petite histoire du colibri ne nous enseigne rien d'autre que l'évidence. Face à un problème, on peut trouver plus d'efficacité en s'y mettant à plusieurs qu'en attendant qu'une solution arrive d'ailleurs. Aussi une question de bonne volonté, d'implication dans la vie de la société, des trucs de ce genre. Cette histoire veut nous placer dans la position du petit colibri. Petit, pas très efficace mais impliqué, déterminé, responsable. C'est nous mettre dans la position du modeste qui semble tant plaire à M. Rabhi. Gloire aux petits qui font et haro sur les grands qui défont ou ne font pas. Sauf que, et l'article de Jean-Baptiste Malet nous le dit, M. Rabhi n'est pas ou n'est plus un petit et qu'il ne fait plus beaucoup. D'accord, il a son âge. C'est un donneur de leçon, un enseignant, un sage penseur. C'est un gourou. Tout ce qu'il dit doit être considéré comme vrai et bon. Malheur à qui le critiquera. Les adeptes veillent au grain et défendent leur héros.

Le Monde Diplomatique, Jean-Baptiste Malet, Le système Pierre Rabhi

dimanche 6 mai 2018

Compteur intelligent

Tiens, ami·e lect·rice·eur, puisque l'on en est à causer compteur, je me permets de revenir sur la Fête à Macron organisée par François Ruffin rejoint par la France Insoumise, le mouvement de Benoît Hamon, le PCF, des écolos et tous ceux qui souhaitaient participer à la chose. Alors, je sais, Cédric Villani n'est pas du côté de ces mouvements de gauche, il a rejoint LREM, j'ai conscience que ceci peut expliquer cela mais tout de même, faut-il un médaillé Fields pour compter le nombre de participants à une manifestation ? Je m'interroge. Quoi qu'il en soit, voilà que l'on annonçait 160000 manifestants d'un côté quand on n'en distinguait qu'un peu moins de 40000 des autres. Quatre fois moins ou plus selon que l'on se place d'un bord ou de l'autre, ce n'est pas rien.
Est-ce important ? Non parce que l'on sait bien que ça fait partie du jeu de ne pas avoir d'accord sur ces chiffres entre organisateurs et forces de l'ordre (à noter que des compteurs indépendants atteignent le même compte que la préfecture). Je me demande juste à quoi ça sert de gonfler le nombre de participants à ce point. Il est possible qu'il soit important pour les organisateurs de se donner l'impression d'avoir réussi au-delà de ses prétentions mais honnêtement, il ne me semble pas qu'il ait été nécessaire de compter chaque participant quatre fois pour pouvoir prétendre que l'opération a été une réussite.
Bref, donc, il y aurait eu une quarantaine de milliers de personnes venues à Paris pour manifester contre Macron. Il y a eu des manifestations en province aussi. C'est peut-être pour cela que l'on atteint le total de 160000 participants après tout. Il est prévu de manifester de nouveau le 26 mai et Jean-Luc Mélenchon dit pouvoir espérer le million de personnes. On verra.

Compteur Linky

Si la grogne gronde contre Macron, elle se fait aussi entendre contre le compteur intelligent que Enedis veut mettre en place dans chaque foyer. Ce matin sur France Inter, une dame expliquait comment elle dormait mal chez sa fille depuis qu'un tel compteur y avait été installé. Elle est "électro-sensible". Moi qui ai la chance de ne pas l'être, je ne peux pas trop savoir ce que ressent la dame. Dans mon for intérieur, ces histoires de sensibilité extrême aux ondes magnétiques est du pipeau complet mais je ne suis ni médecin ni scientifique ni électricien. Par contre, j'ai eu à rencontrer une personne qui ne m'a pas paru bien nette au niveau de l'agencement des neurones du cerveau. C'est une femme versée dans les croyances bouddhistes qui vous oblige à laisser votre téléphone portable (si vous en possédez un) dans votre véhicule avant de l'approcher. En plus de cela, elle est victime de tout un tas d'allergies — alimentaires ou pas — qui la conduisent à éloigner le gluten, à refuser les excitants (café, thé, chocolat, sucre), à bannir la laine mais aussi le coton trop "traité". Elle et son compagnon (un astrologue) mangent et boivent bio, ça va de soi. Bon.
J'avais rencontré cette personne pour un projet professionnel. Il s'agissait de concevoir un catalogue présentant ses productions artistiques. Elle m'explique tous ses problèmes et précise bien comment elle ne peut pas approcher d'une prise électrique ou utiliser un appareil électrique. Bien sûr, elle redoute les ondes pire que tout. A un moment, elle veut m'expliquer un truc — je ne sais plus quoi — et, n'y parvenant pas avec ses mots, elle demande à son compagnon de me faire voir. Il va dans la pièce d'à-côté et revient avec un iPad. Je suis étonné. Je le suis encore plus lorsque je le vois aller chercher des photos sur Internet. Quoi ? Comment ? Mais alors !
Bah oui, l'iPad est bien connecté au réseau de réseaux via le Wi-Fi et, probablement une "box" Internet dissimulée quelque part dans la maison. Diable ! Ce doit être un rare cas de sensibilité aux ondes électro-magnétiques de caractère aléatoire et discriminant. J'en reste baba comme un Ali devant un bol de graines de sésame mais préfère fermer ma gueule. Après tout, peut-être Apple aurait développé une technologie avancée filtrant efficacement les ondes qui restent prisonnières dedans l'appareil ? Peut-être la connexion à Internet se fait-elle pas imposition des mains ou par des ondes homéopathiques encapsulées dans une gangue protectrice. Allez savoir, toi !

Mais bref

Alors, le sujet, c'est le compteur Linky© de Enedis®. Faut que j'arrête de digresser à tort et à travers. De quoi c'est qu'on l'accuse-t-il ? De balancer des ondes délétères voire mortelles, de faire exploser ses appareils ménagers et, surtout, de récolter de la donnée pour nourrir le Big Data qui est le petit nom de Big Brother. Avec ces compteurs intelligents, on va connaître quelle quantité d'électricité vous consommez à la minute près et ces données seront transmises à de mystérieux centres d'analyse, quelque part dans l'Univers par courant porteur en ligne avant d'être revendues à des firmes obscures pour vous nuire, vous pourrir la vie, faire de l'argent sur votre dos.
Moi, de tout ça, je ne sais rien de plus que ce que je peux en entendre à la radio ou lire dans des périodiques. Ai-je un avis sur la question ? Pas vraiment en fait. La seule chose qui me fait tiquer, c'est bien que l'on m'oblige à payer ce compteur. J'entends la promesse qui m'est faite de pouvoir suivre ma consommation électrique et de pouvoir faire la chasse aux équipements trop gourmands afin de faire baisser le montant de ma facture mais, sois-en sûr, je n'en ai cure. Je consomme de l'électricité indument, je suis au courant du fait. Je suis un mauvais consommateur. Je laisse la Freebox allumée même lorsque je vais me coucher, je laisse l'ordinateur branché, j'ai un gros chauffe-eau, j'utilise un vieux réfrigétateur. C'est mal. J'en ai conscience. Mais, dans le fond, je m'en contrefous. Au moins, je suis honnête, je reconnais ma nuisance.
Il y a la CNIL qui a donné son rapport à propos de ce qui la concerne, la collecte de données. Elle a mis en garde Enedis® sur ses devoirs. Il n'est certes pas réjouissant de penser que Enedis® peut te suivre à la trace, connaître ta vie jusque dans ton intimité. Pour dire vrai, je ne sais pas bien comment ils pourraient savoir que j'utilise l'électricité pour alimenter un sex-toy ou pour éclairer l'endroit ousque c'est que je suis pour lire l'autobiographie de sainte Thérèse d'Avila en bandes dessinées. Je ne pense pas que l'on puisse savoir si l'engin consommateur est la cafetière électrique ou un sèche-cheveux, par exemple.

Cohérence

Il y a des personnes qui, presque par jeu, par défi, cherchent à se passer le plus possible de l'électricité du réseau. Avec des panneaux solaires, un régulateur et des ampoules adéquates, ils vous éclairent une pièce entière en toute indépendance. Le jeu est d'arriver à l'autonomie énergétique. Je respecte ça. Aucun souci. Les idées d'habitations à énergie positive — production énergétique supérieure à la consommation — me semblent enthousiasmantes.
Là où j'ai beaucoup plus de mal, c'est avec ces gens qui gueulent après Linky© sur les réseaux sociaux comme facebook, qui s'expriment avec des vidéos diffusées sur youtube, qui utilisent des ordinateurs tournant avec un système d'exploitation comme Windows ou OSX et des applications qui sont des usines shadokiennes à pomper ces données auxquelles elles semblent tant tenir. Utiliser un téléphone portable est sans doute plus discutable que le compteur Linky©. Avoir une carte de fidélité dans un super ou hypermarché en dit long sur vous, sur vos habitudes, sur votre vie, sur vos goûts. Si vous êtes abonné à une revue, il y a beaucoup de chances pour que vous soyez dans des fichiers diffusés partout. Faut être logique. Si vous craignez autant pour vos données, va vous falloir être un peu moins négligents, un peu plus sérieux.
Et puis, franchement, c'est pas un peu présomptueux de penser que votre vie de merde est tant différente de celle de vos voisins ? Je ne vous connais pas forcément mais j'ai tout de même le sentiment que si vous avez du temps à consacrer à ce blog c'est que vous ne faites pas partie de l'élite, hein. Vous aussi êtes de simples médiocres qui formez la masse. Vous pouvez bien vous donner des airs en osant acheter une petite boîte de caviar pour les fêtes, une bouteille de vin à plusieurs dizaines d'euros à l'occasion, vous payer une bagnole neuve ou d'occasion récente avec quelques options de merde, ça n'enlève rien au fait que vous avez une petite vie de merde bien éloignée de celle des puissants. Faut savoir être modeste. C'est pas parce que vous êtes plus riche que le clodo que vous avez croisé en tordant le nez la dernière fois que vous êtes allé à la ville que vous leur êtes tant tellement supérieur. Je gage que vous avez pas une myriade de domestiques à votre disposition, pas même de chauffeur ou de boniche. Vous êtes pas loin d'être misérable à la tête d'une vie misérable et d'une fadeur affolante. Votre misérable vie vous conduit à utiliser un minable taille-haie électrique qui fait votre fierté. La consommation de ce taille-haie sera enregistrée par Enedis® qui revendra ces données à quelqu'un. La belle affaire ! A la fin, vous allez crever et vos données n'intéresseront plus personne ! Vous serez enfin libéré de ce joug odieux. Joie !

Faisons crever le système

Que le système soit méprisable et haïssable, je n'en disconviens pas. Juste, je ne suis pas sûr que la lutte passe par celle contre ces compteurs intelligents. S'il est juste question de mettre du sable dans les rouages pour faire gripper la machine, j'applaudis de toutes mes mains disponibles. Oui, il faut faire pourrir ce système de l'intérieur, faire la grève du zèle, faire preuve de mauvais esprit, renâcler dès que possible, être mauvais citoyen, ne plus jamais se prêter au jeu faussé du vote démocratique, refuser par principe, saboter à chaque occasion.
Si un jour on vient me proposer ce nouveau compteur, je le refuserai dans un premier temps en affirmant que celui déjà en place fonctionne encore assez bien à mon goût. Je ne sais pas bien ce que l'on peut entreprendre comme actions intelligentes pour aller contre cette installation mais je promets que je n'aiderai pas à sa mise en place. Par contre, faudra pas compter sur moi pour accuser les ondes ou la collecte de données. Faut pas non plus me prendre pour plus con que je le suis. Merde !

jeudi 27 juillet 2017

De l'outre espace

Pour moi, tout a commencé par une nuit sombre, le long d’une route solitaire de campagne, alors que je cherchais un raccourci que jamais je ne trouvai. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme devenu trop las pour continuer sa route.
Si la vie est apparue ou est en train d'apparaître sur une autre planète, quelque part dans le vaste univers, il n'y a pas de raison pour qu'elle ait choisi de se développer de la même manière que par chez nous. Il serait presque incroyable que la vie ne soit apparue que sur notre Terre à nous autres. Il n'empêche que ça nous plaît bien de penser que les extraterrestres sont assez différents de nous mais pas trop. On aime à penser qu'ils pourraient être petits mais avec un cerveau énorme, assez laids selon nos critères, assez repoussants, même. Ils pourraient n'avoir que trois doigts mais fort longs, des yeux exorbités, une peau visqueuse et un tout petit zizi. Ils viendraient tenter de nous coloniser ou nous exterminer mais à la fin, c'est nous qu'on gagnerait parce que, tout de même, l'Homme c'est pas la moitié d'un con.
Enfin ça, c'est dans le cas où ce seraient les ET qui viendraient nous visiter. Et si c'était nous qui réussissions à partir à la rencontre de ces êtres étranges sur leur petite exoplanète ridicule ? Ah ! Peut-être pas tout de suite là maintenant mais disons, soyons fous, dans deux ou trois ans ? On envoie un vaisseau spatial vachement moderne avec piscine à bulles, court de tennis, piste de danse et tout ce qu'il faut pour passer le temps parce que le voyage va tout de même prendre quelque temps. De la bouffe en quantité avec les boissons pour accompagner, une connexion à Internet pour pas perdre le contact avec la famille et aussi se tenir au courant des choses de l'actualité, une statue du président Macron pour protéger les voyageurs en marche vers l'ailleurs et quelques outils pour réparer en cas d'avarie.
Donc, paf, une sélection d'astronautes triés sur le volet part vers les espaces infinis de l'énormité interstellaire avec une carte Michelin, une boussole et un sextant bien réglé. Nos hommes et femmes divaguent un peu, sortent de la voie lactée, prennent la direction préconisée par d'éminents astronomes et les voilà en vue de la planète de destination. Ils se posent sans difficultés majeures et sortent du vaisseau spatial en combinaison étanche, on n'est jamais trop prudent. Il y en a un qui, avec précaution, soulève la visière et vérifie que l'atmosphère est bien respirable. Coup de bol, elle l'est. Du coup, ils peuvent s'habiller plus confortablement pour mener à bien leur expédition de recherche de la vie. Dans leurs bagages, ils ont amené tout un tas de véhicules avec le plein de carburant. Un quatre-quatre, des petites motos tous-terrains, un quad, une patinette, des vélos et un petit camion avec une cellule de camping-car. Comme la planète ne présente pas de reliefs accidentés et que la pesanteur est moins forte que sur Terre, ils peuvent parcourir des milliers de kilomètres en peu de temps. Ils vont du nord au sud, de l'est à l'ouest et, un jour, alors qu'ils ne s'y attendaient plus vraiment et qu'ils commençaient à trouver le temps un peu long, paf, au détour d'un virage ils se retrouvent nez à nez avec un enfant extraterrestre occupé à garder un troupeau de brebis-chèvres à poils longs. Nos voyageurs de l'espace vont à sa rencontre et avec beaucoup de gestes parviennent à expliquer leur planète d'origine, leur voyage et l'assurer de leurs bonnes intentions. L'enfant, peu farouche, les conduit jusqu'à son village où les astronautes peuvent rencontrer le chef pour un entretien particulier.
La barrière de la langue n'est pas bien difficile à abattre pour nos terriens choisis pour leur faculté à apprendre de nouvelles langues. En à peine une heure, ils parviennent déjà à baragouiner la langue indigène d'une manière tout à fait acceptable. Quant au chef du village, il est ravi d'avoir la primeur de la prise de contact avec ces étrangers qui viennent de loin, d'une galaxie lointaine et à eux inaccessible. Il accepte au nom de ses semblables les cadeaux et est visiblement émerveillé par le baromètre décoré d'un paysage alpin. Il explique que son peuple n'est pas bien riche et qu'il ne peut offrir en retour qu'une brouette de diamants d'une pureté inconnue sur Terre. Les voyageurs font mine d'accepter sans enthousiasme excessif, un peu par sens du protocole mais beaucoup parce qu'ils aimeraient en avoir plus qu'une brouette.
Le chef local écoute avec attention et intérêt les explications des envoyés plénipotentiaires sur les problèmes connus sur la planète Terre. Il est horrifié d'apprendre que la pollution a conduit à la disparition de tant et plus d'espèces animales et végétales et propose aussitôt, dans un geste de générosité indéniable d'accueillir les milliards de Terriens qui souhaiteraient venir vivre sur cette planète agréable où rien ne manque, ni eau ni oxygène, ni terre arable ni ressources minérales de toutes sortes. En effet, cette planète un poil plus petite que la Terre est riche d'un sous-sol bien garni en pétrole, métaux plus ou moins rares et même des trucs inconnus sur Terre. Pour le sol, il est tellement bon que l'on peut y faire pousser tout en un temps record. Parce que le climat est particulièrement adéquat en tous points, on peut espérer engranger récolte sur récolte toute l'année. En outre, on peut trouver à l'état naturel tout plein d'espèces de végétaux bien intéressants dont une sorte d'arbre qui donne des feuilles plaisantes à fumer et des fruits qui ont tout de la côte de bœuf. Des roches métamorphiques procurent à qui le souhaite une boisson délicieuse au goût et assez bien alcoolisée. Il suffit de creuser d'un coup de pioche et de puiser le liquide. La belle vie.
Ni une ni deux, un accord est conclu entre les représentants terriens et les autochtones et un banquet est organisé pour saluer le rapprochement entre les deux peuples. Il est décidé que quelques Terriens resteront sur place en gage de confiance et que le même nombre d'extraterrestres feront le voyage jusqu'à la Terre afin qu'ils puissent présenter leur chouette planète aux autorités terriennes. Tope-là ! Le temps de faire les pleins de l'engin spatial, de vérifier les bougies, de faire une rapide vidange et de remplir le réservoir de liquide de lave-glace et c'est déjà l'heure du départ. L'émotion fait bien couler quelques larmes mais l'assurance d'un prochain retour et la joie de revoir bientôt les nouveaux amis réchauffent les cœurs. La manette de starter est tirée, le bouton d'allumage des réacteurs est pressé et c'est le décollage. L'esprit joyeux, les voyageurs de l'espace parcourent les dizaines de milliers d'années lumière à la vitesse de... la lumière. Pour que le temps passe plus vite, on apprend aux êtres de la petite planète à jouer à la belote et les parties de carte se succèdent tout le temps du trajet avec toujours plus de franches rigolades.
Peu de temps après, c'est déjà l'atterrissage. Une foule immense est là pour accueillir les héros. Les dirigeants de tous les pays se battent pour avoir l'honneur de les recevoir chez eux et pour en apprendre plus. Les extraterrestres font les gros titres des journaux, quelques scientifiques proposent que l'on les dissèquent illico, les curés prétendent qu'ils sont création divine. Mais déjà, on œuvre à bride abattue pour construire les fusées nécessaires à la grande migration. On bâtit des sortes d'arches de Noé pour amener tous les animaux utiles, on fabrique des fusées-silo pour embarquer les graines et noyaux, les spores et tubercules du monde végétal ou cryptogame. Les ingénieurs redoublent d'ardeur, les ouvriers travaillent en sifflant. On commence à faire ses bagages, ses cartons.
En quelques mois, tout est fin prêt. On embarque tout et le reste, on verse une petite larme pour la planète Terre et c'est le grand départ. Les scientifiques ont optimisé la puissance des vaisseaux et calculé l'itinéraire afin qu'il soit le plus rapide possible et en à peine deux semaines et demi, les Terriens arrivent à destination. Ils sont accueillis sous les vivas de la foule venue souhaiter la bienvenue à leurs nouveaux amis. Ici, on n'a pas chômé et les villes sont toutes déjà bâties sous les directives de l'architecte resté sur place. Les immeubles sont en marbre rose, les escaliers en bois précieux, les vitrages en diamant pur et les boutons de porte en or surchoix. Afin de ne pas reproduire les erreurs commises sur Terre, on a décidé de ne pas créer de frontières ou de pays. La géographie des lieux ne permet d'ailleurs pas vraiment de définir des frontières naturelles et on ne peut trouver un morceau du territoire préférable à un autre. Tout a été dessiné méthodiquement et intelligemment de manière à ce que les espaces verts soient nombreux et accessibles à tous. On a bien sûr réservé des espaces pour les terrains de football et les piscines olympiques. Les routes sont tracées rationnellement et permettent de rejoindre quelque point du globe en un minimum de temps. D'ailleurs, on a su s'inspirer des technologies locales pour créer des véhicules qui n'utilisent pas de source d'énergie pour se déplacer à une vitesse ahurissante en toute sécurité. Les réseaux de communications aussi ont bénéficié de la technologie extraterrestre et on n'est pas bien loin de la transmission de pensée avec des débits affolants. Grâce aux ressources naturelles et au savoir des sorciers du cru, tous auront accès à une médecine à la fois douce et particulièrement efficace. Du reste, l'atmosphère environnante semble protéger de la maladie et, peut-être même, de la mort. Les sommités scientifiques se déclarent très intéressées par ce fait et ont déjà sorti microscopes et tubes à essai pour tenter d'en apprendre plus.
Le temps que tout un chacun gagne ses nouvelles pénates et un immense banquet est organisé. Les Terriens font découvrir les produits de leur ancienne planète et découvrent ceux de leur nouvelle. Les extraterrestres se montrent impressionnés par les fromages français si puissants et odorants et assez dubitatifs face aux plats venus de Grande-Bretagne. Aussi, ils tombent amoureux des chats qu'ils ne connaissaient pas ainsi que de la truffe blanche d'Italie. Au cours du festin, les grands de la Terre décident d'un commun accord qu'ils démissionnent ou abdiquent tous et qu'ils acceptent d'adopter le régime politique en cours sur la planète, une forme d'anarchie éclairée et bienveillante. On lève les verres pour cela et on s'embrasse.
Peu de temps après, le temps que la glace soit totalement rompue et que les plus solides timidités soient vaincues, on s'aperçoit non sans surprise de l'inter-fécondité entre les humains et les extraterrestres. Les premiers enfants naissent bientôt et ils sont tous particulièrement beaux et déjà bien avancés intellectuellement pour leur âge. C'est une ère de bonheur et de prospérité qui débute là et personne ne trouve à s'en plaindre.
Les religieux qui, dans un premier temps demandaient à voir, campés sur leurs croyances qu'ils étaient, envoient valdinguer soutanes, turbans, fanfreluches, croix et croissants, kippa et gris-gris, livres saints et idoles païennes pour participer au grand élan d'amour et de paix. Les cultures anciennes sont remisées au rôle de curiosités pour les musées présents un peu partout dans les villes. Bien entendu, l'argent est éradiqué et les échanges se font sur le principe de la bonne foi et de la générosité. Les professions intellectuelles, les artistes, les penseurs, écrivains, musiciens, réalisateurs et autres philosophes sont respectés au même titre que les cultivateurs, ouvriers et manœuvres. Les industries sont dirigées afin de répondre aux besoins de la population et d'une manière démocratique dans le sens d'un respect du bien-être de la planète et de l'environnement.

Pendant ce temps, la planète Terre, libérée des humains se reconstitue doucement, comme une convalescente. Le travail de la sélection naturelle et de l'évolution des espèces poursuit son œuvre et, de temps à autres, elle voit débarquer des touristes venus d'une lointaine planète venus là comme on va au parc d'attraction. Ces touristes sont très respectueux et ne laissent pas de papier gras après leur départ. Bref et pour faire court, tout est de nouveau en ordre dans l'univers.

Tintin et Milou d'une lointaine planète

mercredi 15 mars 2017

Peut-on penser comme on veut ?

Ma maison est bâtie sur les fondations d'un ancien château et sur un nœud tellurique particulièrement fort qui ouvre sur la porte des enfers. D'ailleurs, cette porte est gardée par des esprits que l'on ne peut pas voir parce qu'ils sont en dehors du spectre lumineux visible par l'homme. Certains animaux comme le poulpe les verraient mais il n'y en a pas dans mon garage et cette absence est bien la preuve qu'ils ne sont pas présents parce qu'ils sont effrayés par ces esprits. En outre, dans les ruines des bases de ce château, si on creuse un peu, on trouve l'entrée d'un souterrain secret qui doit conduire, si j'en crois mes recherches, juste à l'endroit où se dressaient les tours jumelles de New-York. Et c'est assez logique si l'on considère qu'en numérologie, ma maison est strictement égal à "Twin Towers" ! C'est d'ailleurs assez fou, quand on y pense. Déjà, rien que le fait que j'habite exactement là, hein ? D'abord, j'ai pensé, naïvement, que c'était dû au hasard, que j'habitais à Azerat, juste dans cette petite maison, parce que, bon, cette maison était à vendre et qu'elle était dans mes prix. Mais pas du tout ! D'une longue discussion que j'ai pu avoir avec un ancien habitant des lieux, au tournant des XVIe et XVIIe siècle de notre ère, il appert qu'un célèbre alchimiste menait là des expériences assez incroyables et qu'il avait prévu mon arrivée. D'ailleurs, un parchemin que l'on m'a malheureusement dérobé (mais il n'y a pas hasard) annonçait ma venue à Azerat peu après le début du troisième millénaire ! Evidemment, je reçois des pressions du FBI et des états à la botte des puissances supérieures. L'autre jour, on m'a même coupé l'électricité pendant dix minutes. Et ils sont malins ! Pour que je ne puisse pas prétendre être particulièrement visé, ils ont tenté de me faire croire que l'électricité avait été coupée dans tout le village. Les autres habitants d'Azerat, tous de mèche, ont bien joué le jeu en affectant un air étonné. Je sais qu'ils sont tous payés pour me surveiller. L'autre jour, je sors de chez moi et, comme par hasard, la voisine arrivait en voiture. Alors que je ne l'avais pas vue partir !
On m'a enseigné l'art et la technique du voyage astral. Grâce à ce savoir ancestral, j'ai été en mesure de voyager dans le temps et l'espace et de connaître ma vie d'avant mon arrivée dans cette dimension. J'ai alors pu comprendre que l'on m'avait effacé la mémoire à la maternité comme on le fait à tous les nouveaux nés depuis que les Puissants ont pris le pouvoir sur la planète. Je sais de source sûre — parce que je l'ai vu de mes yeux — que nous autres, les vrais hommes, venons d'une autre galaxie d'un univers lointain et que nous sommes les enfants du Vrai Dieu (et pas de celui que l'on essaie de nous imposer). C'est dingue tout ce que l'on cherche à nous incruster dans notre tête pour masquer la vérité. Ces représentations de notre planète qui serait une sorte de boule flottant dans rien et tournant autour d'une autre boule ! Ridicule ! Et tout cela juste pour nous dissuader de reprendre notre voyage dans les univers multiples comme nous l'avons fait durant des milliards d'années auparavant. Nous sommes devenus les serviteurs des Maîtres qui nous ont asservis en nous implantant des fausses idées et en effaçant nos données à la naissance. Et ça, je le sais vrai parce que ça ne peut pas s'inventer.
J'ai réussi après un gros travail sur moi à rétablir la connexion avec mes cellules originelles. Les univers sont à notre image et nos cellules sont comme des galaxies. Et chacune de nos cellule à la taille de chacune des galaxies ! C'est juste une question de point de vue et c'est parce que, mais j'ai conscience que c'est contre-intuitif, les galaxies sont plus proches de nous que le sont nos cellules propres que l'on a l'impression qu'elles sont plus grande. Mais en fait, pas du tout ! C'est juste que nous nous voyons de l'extérieur et de plus loin. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à le savoir. Nous sommes même des millions à avoir recouvré le savoir. Mais comme toujours, on nous dénigre et on veut nous faire taire. Cette illusion d'optique est maintenue pour que nous ne rendions pas compte que nous sommes beaucoup plus grands et forts que les Maîtres qui nous ont réduits à l'esclavage. Il y a un champ d'ondes gravitationnelles électro-magnétiques qui nous brouille la vision de qui nous sommes vraiment et sous couvert de techniques de communication on a mis des antennes relais partout. Avant, on utilisait les moulins à vent ou à eau pour perturber nos connexions neuronales mais quand ils se sont aperçus que l'on avait trouvé la parade, ils ont inventé la TSF et les avions à réaction et le téléphone portable en plus des sous-marins et des sonars. Du coup, on n'entend plus la voix de la mer quand on plonge la tête dans l'eau.

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Être trop crédule peut être un défaut qui confine à la bêtise. Certes. Nous nous sommes tous amusés à faire croire des énormités à une personne un peu bête ou à un jeune enfant. Il y a une malice un peu méchante à cela mais bon, on n'a pas une occasion de rire tous les jours. Et puis, ça peut avoir un rôle éducatif. En racontant des bêtises, on enseigne justement qu'il ne faut pas tout prendre pour argent comptant, qu'il faut recouper les informations, qu'il faut réfléchir un peu. Le problème, c'est que certaines personnes poussent cette idée jusqu'à des sommets. Je ne sais pas bien comment ça fonctionne mais il y a des personnes qui pensent qu'elles ne doivent rien croire du tout de tout ce qui peut être avancé par la "parole officielle" et qui préfèrent échafauder des histoires issues de leur imagination et souvent dans une direction qui mène vers la thèse complotiste. Et là, c'est grave. Croire en la présence sur Terre d'extra-terrestres cachés par l'armée, le FBI, une secte étrange ou des gourvenements unis dans un but pas très précis, après tout, bon, ce n'est pas si grave. Il y a des timbrés et il faut faire avec. Ce qui m'étonne, c'est que ces personnes parviennent à s'agréger en des groupes et à partager leurs délires. Comment peut-on en arriver à mettre en commun des délires ? Si je suis persuadé qu'il y a un être jaune à points roses posé sur mon épaule et qu'il me susurre des conseils à l'oreille, c'est peut-être pathologique à un niveau personnel mais je suppose que je vais avoir du mal à faire voir cet être aux autres.
Il y a beaucoup de choses que je ne suis pas en mesure de comprendre au sujet de ces délires de masse. Des histoires extraordinaires, ça doit exister depuis des temps très anciens. Depuis l'invention de l'imagination, si ça se trouve. La naissance de la science-fiction date peut-être de cette époque lointaine où quelqu'un a cherché à expliquer le tonnerre ou le feu ou la mort. Je ne sais pas si l'imagination existe ailleurs dans le monde animal ou végétal. Je ne sais pas si les autres animaux sont capables d'inventer des histoires. Mais le fait est que nous, nous sommes pourvus de ce don. Pas tous au même niveau, c'est sûr, mais dans l'ensemble, je pense que tout le monde est capable d'inventer des histoires et que tout le monde invente des histoires. A commencer par le rêve. Et donc, il y a très longtemps, l'Homme a commencé à raconter des histoires. Il a inventé des cosmogonies, la littérature, le cinéma et est arrivé l'Internet.
Je ne pense pas qu'il y ait eu des personnes pour croire les histoires de Jules Verne. Auparavant, on pouvait croire celles de l'Église mais alors, celle-ci avait une autorité et le peuple était sciemment gardé dans une ignorance des choses. Ceci dit, tous ne croyaient pas les gens d'église. Dans les fictions revendiquées, en littérature, en théâtre, au cinéma ou dans les contes, un marché est passé avec les personnes qui reçoivent l'histoire. Elles doivent être d'accord pour jouer le jeu, pour éteindre leur esprit critique, pour mettre de côté ce qu'elles savent, ce qu'elles ont appris. C'est une convention. Pareil pour la magie. On sait qu'il y a un truc, on sait que l'on est trompé, mais on l'accepte en connaissance de cause. Une fois le spectacle terminé, on reprend sa raison et l'on ne croira pas que l'on pourra être coupé en deux dans la boîte du prestidigitateur.
Avec Internet, il est devenu très aisé de raconter n'importe quoi, de colporter n'importe quelle idée, de prétendre, de partager. Avant Internet, il y a eu un journal qui s'appelait "Infos du Monde". J'ai connu des personnes qui pensaient que l'enfant chauve-souris existait. Elles n'étaient pas dupe de tout mais pensaient sincèrement qu'il y avait des faits avérés dans cette publication à caractère humoristique. Mais là, sur la toile, ce n'est pas de l'humour. On y trouve les "preuves" de tous les complots ourdis par d'obscures organisations aux buts pas très bien définis. Un coup, ce sont les extra-terrestres, un autre ce sont les francs-maçons ou les communistes ou les Juifs ou les riches ou le cartel des industries pharmaceutiques ou l'ordre des médecins ou encore la corporation des charcutiers-zingueurs. A chaque chose pouvant se passer ici ou ailleurs voire plus loin encore, il y a le complot qu'il faut. C'en est presque rassurant, finalement.
Mais voilà, ce que je ne peux pas concevoir, c'est bien que ces conneries complotistes soient virales. Qu'est-ce qui peut bien se passer dans l'esprit de toutes ces personnes pour les conduire à adhérer aux explications alambiquées des abrutis qui fourmillent sur Internet ? Il vient d'où, ce besoin de croire à l'improbable plus qu'à la banalité évidente ? C'est peut-être un besoin de merveilleux ? Possible. Voir un visage ou un animal dans les nuages ou dans les motifs d'un vieux mur, ça s'appelle la paréidolie. C'est normal, il ne faut pas s'en inquiéter. Il paraît même que c'est lié au darwinisme, que ce serait une aptitude conservée à travers les âges. En gros, c'est l'histoire que l'on aurait plus de chance de survivre en se méfiant des signes les plus anodins qu'en faisant une confiance aveugle à sa bonne étoile en toute situation. Penser voir un tigre aux dents de sabre dans un roncier et s'enfuir, c'est mieux pour sa survie que penser à une illusion d'optique sans importance lorsque l'on voit un troupeau de mammouths se diriger au pas de course vers soi.
Le besoin de merveilleux, d'explications magiques, c'est plus excitant que de s'arrêter au plus possible, au plus probable, au plus facilement explicable. Une soucoupe volante, ça a un peu plus de gueule qu'un vulgaire avion ou qu'un phénomène naturel. Penser que si l'on n'a rien vu à tel endroit, c'est juste que les traces ont été effacées, ça vous plonge dans le monde délicieux du merveilleux fantastique ! Cette imagination est un bienfait lorsqu'elle sert la création artistique du peintre, de l'écrivain, du conteur ou du cinéaste. Elle est un vrai problème lorsqu'elle tombe dans la tête d'un détraqué manipulateur paranoïaque. Je pense qu'une légère dose de paranoïa, comme pour la paréidolie, entraîne une certaine dose de méfiance souveraine mais là, c'est autre chose. Je ne suis même pas certain que toutes les affaires colportées sur Internet aient pour origine une personne souffrant d'une pathologie mentale. Je pense qu'il y a des manipulateurs qui agissent pour de troubles raisons. Et du coup, voilà que je suis atteint par l'idée du complot. Mince.
Je ne fréquente pas ces sites Internet. Parfois, je tombe dessus. Il y en a beaucoup. Souvent, pas toujours mais souvent, ces sites sont richement pourvus en annonces publicitaires. Certains de ces sites engrangent vraiment beaucoup de visites et, donc, génèrent pas mal de revenus grâce aux publicités. Le but serait alors de créer le buzz et d'attirer un maximum de gogos en recherche de merveilleux. Je ne fréquente pas ces sites Internet, donc, mais au hasard de mon butinage il m'arrive de tomber sur l'un ou l'autre d'entre eux. Ainsi, j'ai pu apprendre que les pyramides égyptiennes et la plupart des monuments anciens ont des extra-terrestres comme architectes, que l'on peut soigner toutes les maladies (créées en laboratoire d'ailleurs) par le jeûne ou par des thérapies simples à base d'imposition des mains ou de bains de pieds dans une solution à diluer dans dix litres d'eau (en vente sur le site), que notre planète abrite toute une population d'êtres mystérieux dans ses entrailles, que les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan tout comme la prétendue guerre en Syrie n'ont jamais existé. Et encore, je ne dis rien de ce que j'ai appris à propos de l'histoire montée de toute pièce à propos de la Shoah ou des inepties concernant l'âge de l'Univers et de la falsification de son histoire avec l'invention des divers fossiles (soi-disant trouvés par des archéologues). D'ici à ce que j'apprenne que l'on nous a remplacé notre soleil dans la nuit ou que ce que l'on voit du ciel n'est rien d'autre qu'une grande toile tendue là...
J'ai rencontré diverses personnes gagnées à ces idées. J'ai même tenté de les raisonner un peu, de leur faire prendre conscience de l'absurdité de leurs croyances. Je ne suis pas assez doué pour ça, c'est peine perdue. Il arrive toujours un moment où c'est à moi d'apporter la preuve de la non-existence de l'être de Roswell ou que ce n'est pas le gouvernement qui a tué Cabu... C'est usant.

Heureusement, pour contrer ces idées il existe des personnes compétentes et motivées. La tâche est énorme et sans doute malheureusement vouée à l'échec. Depuis quelque temps par exemple, il y a une communauté de sceptiques et de zététiciens qui tentent de casser toutes ces croyances, de combattre le paranormal, de lutter contre les idées nauséabondes ou contraires à la vérité scientifique. Leur arme, justement, c'est la science. Elle n'est pas sans failles, elle ne peut pas tout expliquer (mais ce n'est pas son but), elle a le caractère de vérité... jusqu'à ce qu'elle soit réfutée. Et alors, bien sûr, c'est là la brèche où s'engagent ceux qui sont contre la science. Si la science peut être réfutée, c'est qu'elle n'est pas vraie. On ne peut pas réfuter l'existence de dieu, par exemple. Donc dieu est vrai. CQFD.
Il y a des gens qui pensent que la Lune a une influence sur les naissances ou sur la croissance des carottes ou sur la pousse des cheveux. La science s'est intéressé à cela, a démontré qu'il n'y avait aucun impact sur rien et pourtant, ces gens persistent dans leurs croyances. D'autres pensent que l'eau a une mémoire et se soignent avec des granules de sucre D'autres encore estiment que les astres influent sur leur destinée. Il en est aussi pour croire qu'une voiture rouge roule plus vite qu'une automobile grise ou jaune, que l'industrie motocyclettiste européenne a été tuée par un complot mené par les francs-maçons juifs et nazis du Japon. Finalement, tout cela n'est pas bien grave. Celui qui a besoin de croire croira. On n'y peut rien. Des fois, je me demande en quoi je crois. Il y a forcément des trucs qui traînent dans mon ciboulot et qui ne sont pas très rationnels. Je crois qu'un Macintosh est mieux qu'un PC-Windows, par exemple. En fait, c'est plus que j'ai une expérience plus grande de l'environnement de chez Apple. Je ne suis pas si con que ça non plus. Je ne crois pas que Canon soit meilleur que Nikon. Il se trouve juste que la vie a fait que j'aie eu des objectifs pour Canon au moment où j'ai eu l'idée d'acheter un appareil photo reflex numérique et que je suis reparti sur cette marque par économie et par confort. En quoi je crois, moi ? Je crois que le vin de Bergerac est assez bon pour moi mais je sais que des vins bien meilleurs sont produits ailleurs. Je crois que la vie ne dure qu'un temps. Je crois que la mort n'est rien d'autre que l'arrêt de la vie et qu'il n'y a rien après. Je crois que l'on est un peu dans la merde et que ce n'est rien par rapport à plus tard mais qu'il va nous rester de bons moments à vivre. Je crois que la vie s'arrêtera sur la Terre et que le soleil s'arrêtera de briller et que notre galaxie finira absorbée par un trou noir (enfin peut-être et sans doute pas tout de suite). Je crois qu'il y a tout un tas de mystères inexpliqués qui le resteront pour moi. Je crois qu'il y a une quantité de choses que je ne pourrai jamais comprendre parce que je ne suis pas assez intelligent ou compétent. Je crois qu'il y aura assez peu de personnes pour lire ce billet jusqu'au bout.

mercredi 8 février 2017

L'humanité libérée de l'homme

Alors que l'intelligence artificielle nous émerveille chaque jour un peu plus, que l'on apprend qu'un ordinateur est désormais capable de bluff et de battre les meilleurs joueurs de poker, on entend aussi que des chercheurs réfléchissent à la mise au point d'un utérus artificiel à même d'accueillir un embryon, de le faire croître et grandir, à lui donner la vie, en libérant le corps de la femme de cette tâche pesante et envahissante.
Convient-il de se réjouir de tout cela ? Oui, sans aucun doute ! Libéré de l'obligation qui lui est faite de devoir réfléchir un peu et baiser beaucoup pour perpétuer son espèce, l'homme et la femme pourraont s'adonner à ce qu'ils savent le mieux faire. Vautrés dans leurs canapés et fauteuils, l'œil rivé à l'écran qui leur délivrera un flot continu de programmes de télé-réalité et de fictions affligeantes, ils pourront s'empiffrer de pop-corn et de soda sans plus se poser la moindre question. Accessoirement, ils pourront également faire la guerre ou l'amour grâce à leurs casque et combinaison de réalité virtuelle aptes à reproduire les sensations les plus folles.
Déjà, le genre humain n'a plus que faire de sa mémoire, tout écrite qu'elle est à travers Internet. Plus besoin d'avoir lu les poussiéreux bouquins des temps passés tant il suffit de faire une recherche dans cette mémoire collective pour en connaître l'essentiel. Qui aujourd'hui s'inquiète de l'orthographe à l'heure des correcteurs autographiques ? Bientôt, l'ordinateur sera en mesure de choisir au mieux les phrases adéquates lors de la rédaction d'un sms et les philosophes seront remisés sur les étagères oubliées des bibliothèques enfouies au profit de la pensée numérique omnisciente.
Mais dès lors, me demanderez-vous, à quoi bon préserver l'existence charnelle et biologique de ce genre humain si la machine fait mieux ? On peut bien se poser la question faute de pouvoir y apporter une réponse. Et si l'on ne peut pas répondre, c'est qu'il n'y a pas de réponse. Un fait est certain, l'espèce humaine ne sera pas présente sur cette planète jusqu'à la fin des temps. Cette planète a connu son lot d'extinctions de masse, il est plus que probable que la tectonique des plaques, la dérive des continents, ne s'arrêtera pas de sitôt, il est certain qu'un cataclysme violent finira par provoquer une nouvelle extinction de masse. Alors, adieu veau, vache, cochon, couvée ! Quelques bestioles subsisteront et la logique de l'évolution des espèces poursuivra son petit bonhomme de chemin. Jusqu'à la fois ultime où rien ne subsistera, pas même la plus ridicule bactérie mono cellulaire. La Terre sera déclarée morte et elle pourra attendre l'esprit tranquille l'explosion de son étoile pour disparaître tout à fait.
Le scenario est clairement établi, nous mourrons tous et tous nos enfants pareils. Alors à quoi bon continuer alors que la fin est écrite ? Pourquoi ne pas déléguer tout ce pataquès sans queue ni tête à des machines informatiques robotisées ? Laissons-les jouer aux cartes sans nous, laissons-les créer des chimères sans plus nous occuper de ces questions et quittons cette énorme blague sur la pointe des pieds sans sembler nous soucier de l'avenir plein de larmes et de sang.
On peut bien se cacher les yeux et faire mine de ne rien voir ou comprendre mais l'avenir tiendra ses promesses. Et il ne sera pas rose. Il semble assez certain que l'on va au devant de conflits importants, de crises majeures. Il y a d'un côté les problèmes d'ordre écologique qui vont entraîner d'autres problèmes bien plus graves. L'interdiction à la circulation des véhicules polluants dans les villes des pays riches paraîtra bien ridicule à l'heure où nous ne pourrons plus nous nourrir et que nous serons plus de huit milliards d'individus à vouloir goûter une miette du gâteau restant. Avec la Révolution Industrielle, nous nous sommes rendus dépendants de l'énergie. Aujourd'hui, sans énergie nous ne sommes plus en mesure de vivre. J'imagine assez mal des armées d'ouvriers agricoles armées de bêches et de houes partir à l'assaut des grandes terres pour faire pousser du blé en remplaçant tout le machinisme agricole. D'autant plus que, "veganisme" aidant, il sera inconcevable d'en revenir à la traction animale.
Bien entendu, la science et la technique seront là pour nous aider. Il n'est pas totalement illusoire de penser que le génie humain trouvera le moyen de créer des nutriments standardisés à partir de molécules puisées dans la nature et que ceux-ci pourront être distribués à toutes et tous sur la planète. Des unités de production alimentées en énergie renouvelable et inépuisable permettront à faire disparaître la faim dans le monde et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Sauf que si ça va trop bien, la population augmentera encore. Peut-être faudra-t-il limiter la population ? Il faudra définir des critères précis pour savoir qui a le droit de procréer. Quoi que non. On sait désormais que la procréation passera par des machines qui auront une base de gamètes et qui combineront tout ça selon un programme très élaboré visant à perpétuer l'espèce tout en la gérant en temps réel. Une petite modification génétique simple à faire assurera bien sûr que ces êtres d'un nouveau genre seront stériles. L'avenir est plein de promesses folles.
Et à quoi bon ? Si les machines peuvent jouer au poker entre-elles sans intervention humaine, pourquoi perpétuer le genre humain ? Pour appuyer sur les boutons et corriger des bugs informatiques ? Peut-être. Nous serions alors au services de l'ordinateur. Ça n'a aucun sens. L'ordinateur sera en mesure depuis belle lurette de programmer lui-même ce qu'il lui faudra de lignes de code. Non. L'avenir de l'humanité est de disparaître. Point.
Quoique l'on cause d'essaimage. L'homme irait conquérir de nouveaux territoires au-delà des galaxies. Je vous rassure, ni vous ni moi ne serons là pour vivre cette aventure palpitante. Par contre, et l'on peinera à y trouver matière à réjouissance, il n'est pas impossible que nous soyons encore là lorsque les peuples entreront dans une guerre colossale pour la survie. Combien de temps nous reste-t-il avant le grand chaos ? Une dizaine ? Une vingtaine d'années ? Cultivons notre jardin, qu'il disait...

Procréation déléguée

jeudi 10 novembre 2016

Expérience en cours

Je vais avoir besoin de vous. Je suis en train de réaliser une expérience d'importance qui vise à faire transiter les calories par les tuyaux de l'Internet. Pour mener à bien ce projet qui risque de révolutionner nos vies, j'ai fait une photo numérique d'un feu. Grâce à un programme informatique de mon invention, programme auquel je me suis consacré durant de nombreuses heures, sacrifiant ma santé et mon sommeil, je pense être parvenu à transformer de simples pixels en véritables sources de chaleur.
Pour mener à bien cette expérience, vous devez, avec précaution tout de même, approcher vos mains de votre écran sur lequel s'affiche la photo. Normalement, si tout va bien et si vos navigateur et système d'exploitation sont à jour, vous devriez ressentir une vive chaleur. Merci de me faire part de votre retour dans les commentaires.

Chaud devant

mardi 16 août 2016

Chacun cherche son chat

Quand tique la science

mardi 31 mai 2016

L'attrape-poussière

Les ménagères ne me démentiront pas, l'ennemi, c'est la poussière. Déjà dans les grottes et abris-sous-roche, des peintures pariétales aujourd'hui effacées l'attestent, Madame préhistorique faisait la chasse à la poussière et aux moutons pendant que Monsieur son époux chassait le phoque et le mammouth pour le barbecue organisé à l'occasion de la fête des voisins. Dans son ouvrage traitant de la question, Platon explique combien la poussière était à l'époque un problème insoluble dans le vin en plus de provoquer des allergies dues aux acariens. Plus près de nous, les archives nous enseignent que Louis Padelle avait déjà déposé un brevet d'avaleur à poussières imaginé autour de poumons de bovins actionnés par un puissant ressort que l'on remontait à l'aide d'une manivelle de bois de palissandre. En 1901, et wikipedia vous le confirmera, un ingénieur britannique du nom de Hubert Cecil Booth invente l'aspirateur motorisé. Dès lors, les savants n'ont de cesse de perfectionner l'appareil afin de toujours mieux aider la ménagère à faire place nette et aujourd'hui, après l'aspirateur sans sac, elle peut se reposer sur le robot autonome qui se promène seul à la recherche de la moindre particule poussiéreuse avant de revenir à sa base pour faire le plein de bonne électricité nourricière. La modernité fait rage et on se demande bien où s'arrêtera le progrès.
Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de la notion de sérendipité. Vous n'êtes pas idiots, je suppose que oui. Enfin on ne sait jamais, il faut être prudent. La sérendipité, c'est la joie du fainéant et de l'incompétent, du fumiste et du traîne-savate. Dans la vie, vous n'avez pas l'intention de vous en faire ? Optez pour la sérendipité ! La sérendipité, c'est découvrir quelque chose d'intéressant sans rien faire d'autre que d'attendre que ça survienne. Vous voulez découvrir un bon antibiotique ? Vous vous abstenez de faire la vaisselle, vous partez en vacances et au retour, vous découvrez la pénicilline[1]. Vous voulez aller à un endroit précis et connu ? Vous partez en sens inverse et vous découvrez l'Amérique. La sérendipité, c'est la chance de l'incapable, du néfaste, du parasite, de l'inutile, de l'ignorant et de l'idiot. Dans la culture populaire, nous pouvons noter le personnage de Gaston Lagaffe qui, bien trop souvent, "trouve" un explosif puissant ou un produit chimique corrosif en cherchant à ouvrir une boîte de sardine ou un endroit où faire la sieste. Gaston Lagaffe est un mauvais exemple pour la jeunesse.
Moi qui ne suis pas la moitié d'un imbécile, j'ai récemment fait appel à la sérendipité pour venir à bout de ce problème insoluble lié à la présence persistante de poussières de toutes natures chez moi. D'où vient-elle ? Qui l'amène ? Pourquoi de préférence chez moi ? Je n'en sais rien. Le fait est qu'il y a beaucoup plus de poussière chez moi que chez les autres. Je l'ai remarqué à maintes reprises lors de mes études sur le sujet. J'estime à 1,5kg de poussière au mètre carré chez moi quand on atteint à peine les 5g pour la même surface chez tant d'autres. Avouez que tout de même, hein !
Le fait que mon logis soit dépourvu de ménagère n'est peut-être pas totalement étranger à cet état de fait. Lorsque, aux débuts des années 2000, j'ai acheté un aspirateur que l'on m'a vendu pour performant, je me suis bien assuré auprès du vendeur femelle auquel j'avais eu à faire que l'appareil fonctionnerait sans ménagère. J'ai été clair et insistant sur cette question. Je me suis fait avoir comme un bleu. Bientôt quinze ans que cet aspirateur est là et la poussière aussi. Cet aspirateur ne vaut rien[2] et refuse d'effectuer le travail pour lequel il a pourtant été conçu. Je suis déçu.
Là où la sérendipité est entrée en jeu, c'est lorsque j'ai voulu boire de l'alcool pour oublier ma misérable condition de célibataire envahi par la poussière envahissante. Je me suis aperçu qu'une bouteille avait attiré la poussière à elle. Là où je ne suis pas qu'un peu fier d'être intelligent[3] c'est que j'ai compris que les bouteilles pouvaient jouer un rôle d'aspirateur à poussière. Je l'ai vérifié sur d'autres flacons disposés ci et là chez moi. Les preuves se suffisent à elles-mêmes et une photo prouve mes dires en image. Je songe à faire une communication scientifique pour une parution dans une revue à comité de lecture d'ici peu. Ma découverte va révolutionner la notion même de ménage. Songez un instant un sol constitué de bouteilles à boire[4]. Vous marchez sur votre cave, vous prélevez une bouteille dont vous buvez le contenu en prenant bien garde de ne pas faire tomber la poussière. Une fois la bouteille vidée, vous allez la porter au conteneur à verre à recycler avec la poussière ! Ainsi, vous avez le bonheur de faire le ménage en vous bourrant la gueule et personne ne pourra plus jamais vous reprocher d'être porté sur la bouteille. Elle est pas belle, la vie ?

Bouteilles aspirateur à poussière

Notes

[1] sorte de moisissure que ressemblerait à un pinceau (pencil)

[2] je l'ai pourtant payé son prix

[3] et ce n'est pas donné à tous !

[4] j'ignore pour l'heure si le principe fonctionne avec des bouteilles vides

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