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vendredi 6 août 2021

Voilà qui ne mérite même pas que l'on y consacre un titre

jeudi 5 août 2021

Points trop n'en faut

mercredi 4 août 2021

Mobilité et joie de vivre

jeudi 29 juillet 2021

Ça ne va pas en s'arrangeant…

mercredi 28 juillet 2021

Rien de mieux

mardi 27 juillet 2021

Bôtée

samedi 12 juin 2021

Demain

vendredi 26 mars 2021

De toutes les façons, c'était ça ou rien

samedi 13 mars 2021

#36AZT/bis

jeudi 11 février 2021

Graphic error

samedi 23 mai 2020

Aléatoire

vendredi 5 juillet 2019

Duo en tri

Je ne les avais pas vus depuis plusieurs années. Ils m'ont appelé il y a quelques jours pour me demander s'ils pouvaient passer par Azerat ce 5 juillet. J'ai dit oui, ça me faisait plaisir de les revoir. Par contre, il allait falloir que je fasse un peu de rangement et que je passe l'aspirateur. Mon aspirateur, c'est un modèle un peu luxueux (comprendre "un peu cher") que j'ai acheté en arrivant ici et que je n'use pas beaucoup. C'est un modèle sans sac. L'intérêt, c'est qu'il n'y a pas de sac à changer. L'inconvénient, c'est qu'il y a un réservoir à vider. Signe que je n'avais pas utilisé l'appareil depuis un certain temps, j'ai rempli le réservoir à deux reprises. J'ai profité de l'opération pour faire disparaître les plus vieilles toiles d'araignée qui étaient noires de poussière. Après, j'ai même lavé les sols dans la cuisine et la "salle de bain chiottes". Ça en avait bien besoin, je dois le reconnaître.
J'ai poussé des affaires, j'ai tenté de faire un peu plus de surface utilisable, j'ai fait du ménage sur la table et c'était déjà mieux. Dans l'après-midi d'hier, Laura m'appelle pour m'annoncer que, en fin de compte, ils arrivaient dans la soirée plutôt que le lendemain. Bon, d'accord. Je file à Thenon acheter quelques bricoles à bouffer et d'autres à boire. Il fait chaud et je bosse sur des boulots en cours jusqu'à environ 17 heures. Ils arrivent à 19h30. Ils ne roulent pas vite. Ils s'en font une fierté. Chacun son truc mais, tout de même, mettre près de cinq heures pour aller de Châteauroux à Azerat, ce n'est pas rapide. Ils ont mis pas loin de quatre heures pour faire Paris Châteauroux. Ce ne sont pas des gens pressés. Il faut préciser qu'ils aiment bien s'arrêter pour aller marcher dans l'eau ou pour faire une pause à l'ombre. Je sens que je n'aimerais pas voyager avec eux.
Donc, ils arrivent avec leurs bagages, un pack de bières, deux bouteilles de vin et des trucs à manger. On commence par s'attaquer à la bière chaude, de la Carlsberg. C'est pas que ce soit génial, la bière chaude mais il n'y a pas mieux ici. Oui, parce que je n'ai plus de réfrigérateur depuis déjà quelque temps. Il faut que je me décide à en acheter un. C'est tout de même un peu pratique. Bref. On boit de la bière et on en reboit. Au fil des cannettes, je me fous de plus en plus que la bière soit chaude. Et on décide qu'il faudrait manger quelque chose. Ils m'ont amené des chipolatas. J'ai du riz. On mangera du riz avec des saucisses et aussi un peu de tomates et de fromage. Pour faire passer, on s'enfile les deux bouteilles de vin. Ça fait un peu beaucoup, je ne le conteste pas. A 1 heure du matin, nous décidons qu'il est l'heure d'aller se coucher. Plus jeunes, nous aurions discuté en buvant de la bière jusqu'au petit matin mais maintenant que nous sommes des quinquagénaires fatigués, nous tenons moins le coup. Ceci dit, si moi j'étais partant pour continuer la soirée plus avant, je n'avais pas près de dix heures de bagnole (non climatisée) dans les guiboles. Faut être juste dans ses critiques.

Enfin je vous raconte ma vie mais ce n'est pas tant ça le sujet de ce billet. Le vrai sujet c'est qu'en tentant de ranger un peu, de cacher la misère et le bordel dans les coins, je suis tombé sur un dessin que j'avais oublié et que je n'ai pas publié sur le blog. J'ai été étonné de découvrir ce dessin. Je sais bien que c'est moi qui l'ai fait mais, comme je n'en avais aucun souvenir, c'est comme si je le voyais pour la première fois. Objectivement, je l'ai trouvé bien, ce dessin. Je ne m'explique pas pourquoi j'ai été amené à l'oublier. Il date de l'an dernier. Je n'en sais pas plus. Début 2018 ou fin d'année ? Mystère.
En le redécouvrant, je me suis dit qu'il serait bien dommage de ne pas vous en faire profiter. Ce n'est pas à tous les coups que je suis satisfait d'un dessin. Là, je trouve qu'il y a de l'idée, que ça raconte un peu une histoire et que le dessin n'est pas si mauvais. Si ça se trouve, vous ne l'aimerez pas plus que ça mais je sais aussi que vous vous en foutrez plus probablement. Ce n'est pas grave. Ce qui m'importe, dans le fond, c'est bien que j'aime ce dessin. J'aime aussi la surprise de l'avoir découvert. C'est vraiment comme s'il était d'un autre dessinateur et que je le voyais pour la première fois.
Aujourd'hui, ils annoncent encore de grosses chaleurs sur la Dordogne. Je commence à en avoir un peu marre de cette canicule. Une baisse de température est prévue pour bientôt.

A deux, c'est mieux

dimanche 7 octobre 2018

Beau comme une pomme de terre

Pomme de terre américaine

jeudi 13 septembre 2018

Seul le miroir

Dans la vie, il existe des moments où l'on a l'intuition que l'on doit se résoudre à réfléchir. La plupart du temps, dans nos petits actes du quotidien, on n'a pas à trop se soucier de cela, on n'a pas à faire appel à notre "capacité" de réflexion. Combien de fois doit-on vraiment s'en remettre à cette réflexion au cours d'une journée normale ? Pas beaucoup, j'en ai la certitude. Et c'est tant mieux.
Le matin, au réveil, ai-je besoin de réfléchir à mes actes et à la manière de les mener à bien ? Non. Je me lève et m'habille sans réfléchir, je fais le café d'une manière automatique, je le bois de même, je vais chier pareillement. De la même façon, je parcours les courriers électroniques arrivés durant mon sommeil, je prends une douche, je roule une cigarette que je fume. Le cerveau s'occupe de tout cela sans me demander mon avis, en autonomie complète. Le corps obéit et suit le cheminement habituel. Et c'est très bien ainsi.
Si, par exemple, j'ai besoin de prendre la voiture pour aller faire des courses, poster un courrier ou tout simplement me rendre quelque part, je vous assure que je conduis sans beaucoup réfléchir à ce que je suis en train de faire. Encore des automatismes, un conditionnement. Je passe les vitesses "à l'oreille", parce que le régime du moteur m'indique inconsciemment qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure ou, au contraire, de rétrograder. Si j'ai l'intention de me garer, j'ai déjà, comme programmée, une liste d'endroits possibles. La force de l'habitude supplée à la réflexion d'une fort belle manière le plus souvent. Et ma foi, c'est confortable et reposant.
A l'heure de me faire cuire les pâtes, vous croyez que j'ai besoin de réfléchir pour mettre ce qu'il faut d'eau dans la casserole, pour gratter une allumette et tourner le robinet d'arrivée de gaz, pour poser un couvercle et attendre que ça bouille ? Bien sûr que non ! C'est du domaine du conditionnement pavlovien ancré au plus profond de mon cerveau, de l'automatisme pur jus. Entre le café du matin et les pâtes du soir, j'ai la prétention de parvenir à ne pas avoir à réfléchir une seule fois. Et c'est une petite fierté intime qui me rend joyeux.

Si je suis plutôt contre la réflexion, c'est certainement parce que, en premier, ça fatigue. Et puis, ça a tendance à m'agacer, de réfléchir. Ça m'empêche de faire tout un tas d'autres choses bien plus passionnantes. Je préfère dessiner mes conneries plutôt que de réfléchir, je préfère écouter de la musique plutôt que de réfléchir, écouter la radio, regarder, à l'occasion, un film, lire de la BD plutôt que de réfléchir. Et c'est là, je le pense, un comportement normal, humain, bien compréhensible, auquel tout un chacun aspire.
Le plus gros reproche que je peux faire à la réflexion, c'est qu'elle n'assure en rien de déboucher sur une raisonnement "vrai" ou efficace ou satisfaisant. Ce con de cerveau est tout à fait capable de se satisfaire d'une réflexion de bas étage qui apporte un semblant d'explication à un problème qui lui est posé. Il n'aime pas rester dans l'incompréhension, le cerveau. Alors, pour se rassurer, pour se rasséréner, cet abruti de cerveau est prêt à accepter à peu près n'importe quoi qui fasse plus ou moins mine de tenir debout. Il est plein de réponses toutes faites qu'il est prompt à faire jaillir à la moindre amorce de question. En plus d'être con, le cerveau est une feignasse consommée.
Mais, à cause de notre vie moderne, en raison de toutes ces machines, toutes ces obligations nées de l'organisation de nos sociétés, il arrive que l'on se sente comme obligés à devoir s'abaisser à faire mine de réfléchir. Et c'est un gros problème parce que ça fait perdre du temps, ça empêche d'utiliser ce temps à agir réellement. Lorsque l'on en est réduit à devoir réfléchir, le cerveau se bloque et il n'est plus capable de faire autre chose de bien plus intéressant. Enfin entendons-nous bien, je ne préjuge en rien de votre cas personnel, je parle pour moi. Il est possible que vous soyez de ces êtres d'exception qui parviennent à réfléchir en menant à bien une action complexe. Moi, au mieux, j'arrive à me gratter les couilles ou à me foutre un doigt dans le nez pendant la réflexion. Ce n'est pas glorieux mais on fait ce qu'on peut.
Toutefois, et je ne me l'explique pas, je reconnais que l'on peut ressentir une certaine satisfaction à réfléchir. Il peut même arriver que l'on prenne la chose à la manière d'un jeu "intellectuel". Ce qui ne manque jamais de m'étonner, c'est que souvent on a la liberté de refuser de réfléchir, de repousser le problème que l'on se pose. Pourquoi au juste craignons-nous d'écarter la question d'un majestueux : « j'en ai rien à foutre » ou d'un définitif : « ce n'est pas mon problème » ? Je sais certaines personnes passées maîtres[1] dans l'art de refuser de réfléchir et qui, mieux que personne, sont capables de n'en faire qu'à leur tête, à leur idée. Je les envie.

Deux jours de suite, hier et aujourd'hui, j'ai eu à me faire violence et à réfléchir. Ces deux jours à cause de l'informatique et, plus précisément, de sites Internet. Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi un truc qui marche avant-hier ne fonctionne plus le lendemain ? Hein ? Lorsque ça m'arrive d'être confronté à un souci de cette espèce, à chaque fois j'essaie, en premier choix, de m'en sortir sans réfléchir. Honnêtement, il est assez rare que ça soit très probant, question résultat. Au mieux, ça ne marche pas moins bien, au pire, c'est encore pire. C'est pénible.
Ce que j'ai remarqué avec l'informatique et tout ce qui gravite autour, c'est que c'est bourré de méchanceté et de malveillance. De petitesses et de fourberies, aussi. On nous a tout de même vendu le truc en nous racontant que ça allait nous simplifier la vie, non ? Je me trompe ? On nous a dit que ça allait nous dégager de tâches rébarbatives et répétitives, que l'on aurait du temps pour regarder les fleurs pousser, les oiseaux voler, les glands tomber, l'eau des ruisseaux couler et le temps passer. Au lien de ça, c'est panne sur panne, problème après problème, réparation de fortune après bidouille approximative pour faire fonctionner tant bien que mal le bazar. Quelle perte de temps ! Quelle perte d'argent lorsqu'il faut faire appel aux professionnels grassement rémunérés !
Maintenant que nous sommes dans une époque qui n'a jamais été aussi moderne, on nous promet les robots domestiques, les assistants vocaux, les implants cérébraux. Ça nous promet du plaisir, ces affaires ! Entre les robots qui feront n'importe quoi, les assistants vocaux qui ne voudront plus reconnaître votre voix, les implants qui décideront de vos actions, merci bien. Définitivement, c'était mieux avant.
Avant, quand c'était mieux qu'aujourd'hui, en une époque d'avant la mécanisation, d'avant l'automatisation, la vie était, sinon plus confortable, au moins plus simple. Si le cheval refusait d'avancer, on sortait la hache, on lui coupait la tête, on le bouffait et on allait en pêcher un autre. Aujourd'hui, quand votre saloperie de bagnole[2] ne veut pas démarrer, vous pouvez bien sortir la hache, ça ne résoudra pas grand chose. Vous devez vous armer de patience, en appeler au savoir du technicien qui a la "valise" et qui sait s'en servir. Contre un pognon de dingue, vous pouvez espérer une réparation qui tienne quelque temps. C'est beau le progrès. Finalement, on peut se demander si on ne nous prendrait pas pour des cons.
Mais je m'égare. Le sujet est de savoir comment réussir à éviter de réfléchir. Je suis persuadé que le bonheur passe par cette libération. Enfin peut-être pas le bonheur comme on nous le raconte, ce bonheur plein d'objets à posséder, de produits culturels à consommer, de lieux à découvrir et de mets à consommer mais plutôt un bonheur fait de béatitude et d'instants présents dégustés sans attente particulière. Admettre une fois pour toute qu'il n'existe pas de solution permet d'écarter toute question provenant d'un problème. A quoi bon accepter le problème si l'on décide que la solution n'existe pas ? La mort, on sait tous qu'elle existe, non ? On sait aussi qu'elle passera par là un jour. Est-ce que ça nous empêche de vivre ? On arrive très bien[3] à pousser ce concept dans un coin et de nous rendre aveugle à lui. Enfin moi, je n'y pense pas tous les jours en tous cas. Ce serait invivable de vivre continuellement avec la conscience de la fin de la vie. Confusément, on sait que l'on n'y échappera pas, que la mort peut survenir là, maintenant, à tout instant, sous différentes formes. Bon. On parvient à faire abstraction de ça. Pourquoi n'arriverions-nous pas à faire de même avec ces putains de problèmes qui bouffent notre temps et notre santé ? On devrait instituer un droit au refus de la réflexion. Je ne doute pas qu'il existe des personnes qui n'ont rien de mieux à faire que de réfléchir, la diversité humaine conduit à ces comportements déviants, mais la plupart d'entre-nous, franchement, nous ne serions pas peinards si nous n'avions pas à réfléchir ? Bien sûr que si.
D'ailleurs, lorsque je lis les commentaires, je vois bien que vous n'êtes pas du genre à trop réfléchir. Ça me rassure quant à l'avenir du genre humain, tenez.

Notes

[1] Là, j'ai un problème pour l'orthographe. Doit-on écrire que les personnes sont passées maîtres, passées maître ou passées maîtresses ?

[2] par exemple une Renault

[3] pas tout le monde, d'accord…

samedi 30 juin 2018

Les gens qui posent des questions sont des ignorants

Est-ce que je t'en pose, moi, des questions ? Hein ? Ben non, je ne t'en pose pas. Je sais bien qu'il n'y a rien à attendre de toi. Tes réponses, de toute manière, seraient ineptes, ridicules, infondées. Je ne pose pas de questions et j'entends que l'on ne m'en pose pas. Attention ! Je ne dis pas que je ne ME pose pas de questions. Bien sûr que je m'en pose ! Je n'arrête pas de m'en poser. J'ai juste la décence de ne pas attendre de réponses. Je ne vois pas pourquoi je devrais m'astreindre à me trouver une réponse. Si j'étais en mesure de répondre à mes questions, franchement, tu crois que je perdrais du temps à m'en poser, des questions ? Soyons sérieux. Si j'avais les réponses, je n'aurais pas besoin de m'interroger. Je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de boire un verre d'eau lorsque j'ai soif, je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de pisser lorsque j'ai la vessie qui m'indique qu'elle a envie de se vider.
Il y en a, des cons ou des intellectuels, qui croient que ça fait intelligent de se poser des questions ou, tout du moins, de laisser entendre qu'ils se les posent. Il y en a même qui vous pondent des bouquins plein de leurs questions existentielles dont on n'a rien à faire. Au lieu de travailler, de faire quelque chose d'utile, de faire la vaisselle, de se laver le cul ou d'écrire une histoire intéressante, ils se masturbent la tête à la recherche d'une question intelligente qui collera avec la réponse intelligente qu'ils ont déjà mis de côté tout exprès pour cette question. Le plus dur, c'est de trouver la question pleine de fatuité vaine qui aura l'apparence de l'intelligence pour s'associer bien comme il faut avec la réponse.
Ça fait penser à ces créatifs qui produisent leur œuvre et qui dissertent après coup sur le cheminement intellectuel qui a conduit à la réalisation de ce coup de génie. Ils vont te faire un travail d'introspection, ils vont convoquer leur enfance et le fait que leur maman a couché avec leur papa pour t'expliquer que rien n'est dû au hasard et que leur peinture/sculpture/écrit/photo/film est à voir comme un reflet du passé digéré ou non de leur condition d'homme pensant. Mon cul. Moi, j'en côtoie des artistes. Et ça depuis des années. Il y a pas à tortiller du cul, ça ne fait pas un pli, les meilleurs artistes ce sont ceux qui sont incapables de parler de leur œuvre. Bien sûr que leur travail est intimement lié à leur histoire et à l'histoire de leurs ancêtres. Evidemment ! Mais ils ne cherchent pas à expliquer leur besoin de réaliser des œuvres d'art. S'il le faisait, certainement qu'ils ne pourraient plus produire.
Un truc que l'on entend parfois, c'est que l'artiste ou le créateur ne peut pas faire autrement que de produire ce qui pousse en eux. Ça, j'y crois. Va pas demander à l'artiste ou à l'écrivain ce qui l'a conduit à peindre comme ci, à sculpter comme ça ou à écrire avec ces mots et ce rythme. Ce que l'on voit, lit, touche, c'est la réponse. Point barre.
Si tu es un trou du cul, un pique-assiette et un vide-verres compulsif, tu aimes peut-être aller aux vernissages. Si tu as la chance que ce soit une exposition un peu importante, il y aura peut-être un commissaire d'exposition qui aura en charge de poser la problématique de la scénographie et de l'auteur mis dans le contexte de l'époque. Si tu as la chance de maîtriser l'humour, tu vas te fendre la gueule sous cape en écoutant les gens s'extasier et prendre des mines compliquées et graves en face des œuvres exposées. Laisse tes oreilles en profiter ! Tu vas t'amuser. Laisse-les traîner à l'affût des critiques qui ne vont pas tarder à fuser. Tu vas entendre le confrère artiste qui va remarquer que l'encadrement est perfectible ou qu'il n'aurait pas mis cette photo/peinture/sculpture. Derrière des beaux sourires hypocrites, tu vas goûter à satiété du concentré de méchanceté âcre et fielleuse. Savoure ! Régale-toi ! Vas-y de ton avis à la con. Fais dans le pompeux, fais dans la provocation facile. Tu vas entrer dans le cénacle, tu vas te faire ta place. L'artiste n'est plus celui qui expose, c'est le public.
Franchement, si tu as le désir de voir les œuvres, ne vas pas au vernissage ! Choisis une heure calme un autre jour. Si tu veux bouffer et picoler gratis, oui, bien sûr, vas au vernissage ! L'amateur d'art réussit le tour de force d'être encore plus artiste que l'artiste. Il joue au vampire. Il sur-interprète, il suce l'intime de l'artiste et s'en rassasie. Bon, allez, soyons honnête, il y a aussi de vrais amateurs d'art qui aborde les œuvres avec toute l'humilité nécessaire. On ne peut pas, on ne doit pas violer l'artiste. Ça lui fait déjà assez mal de montrer ce qu'il ne parvient pas à garder pour lui, il ne faut pas le presser comme on le ferait d'un citron. Vous croyez vraiment que van Gogh était heureux de peindre ? Vous croyez que Mozart créait dans une joie perpétuelle ?
C'est pas sûr (et c'est même sûr que non) que l'artiste soit plus intelligent ou plus sensible que le reste du monde. C'est du pipeau. C'est juste qu'il a plus de choses à dire. Ce n'est pas une affaire de question et de réponse. C'est comme ça, rien de plus. L'artiste est impudique. Il est peut-être aussi, à l'occasion, égocentré. Il extériorise la complexité de sa pensée, il s'exprime. Mais non, pas d'explication, pas de réponse, pas de question. Certainement pas ! Des obsessions, de l'intime, du personnel, du profond, du "tu", de l'indicible, oui. Le tout dans un contexte personnel, familial, culturel, politique, social. L'artiste n'est pas quelqu'un de "bien" ou de "mal", de "bon" ou de "mauvais". Il peut être con comme un manche à balai, il peut être vaniteux, imbitable, faible, dément, même. L'œuvre est ce qui est sorti de l'artiste, l'œuvre n'est pas l'artiste. L'œuvre, quelque part, ne lui appartient plus, n'est plus en lui. Elle s'est extirpé de lui, il s'est débarrassé d'elle. Elle doit vivre sa vie après son accouchement.
On peut perdre son temps à chercher les réponses aux questions que l'on peut se poser face à l'art des hommes les plus anciens. C'est vain. Ce qui, éventuellement, signifiait est aujourd'hui perdu à nous. Le symbolisme possible des peintures, gravures, sculptures de ces êtres nous est étranger parce que nous n'avons pas de pierre de Rosette pour le décrypter mais aussi parce qu'il nous manque l'environnement d'alors. Peignait-on au fond des grottes accompagné de musique ? Cette musique ne nous sera pas parvenue. Buvait-on ou avalait-on des substances plus ou moins hallucinogènes ? On n'en a nulle trace. Comment pouvons-nous juste imaginer ce qu'était le quotidien de ces femmes et hommes ? De quoi était composé l'imaginaire commun ? Jamais on ne percera le "mystère". Ce qui reste, c'est l'émotion. Peut-être cette émotion ressentie aujourd'hui ne correspond à rien de celle perçue autrefois. Certainement même. Il manque le référentiel. Toute interprétation est fausse mais ce n'est pas grave. L'important, c'est qu'une émotion soit suggérée par l'œuvre elle-même.
Récemment, un expert a suscité un certain émoi dans quelques milieux en révélant que, selon lui, le "Guernica" de Pablo Picasso ne représenterait absolument pas le bombardement nazi mais une scène de ménage. Quelques années avant, on apprenait que la célèbre photographie de Robert Capa "Mort d'un soldat républicain" est une mise en scène. Auparavant, c'était la photographie de Robert Doisneau "le baiser de l'Hôtel de ville" qui était présentée (par l'auteur) comme une mise en scène. On plaque ce que l'on veut de nous sur l'art. Et c'est pourquoi la seule attitude valable dans une confrontation à l'art est son ressenti personnel. On aime ou pas. L'art n'a aucune raison d'être difficile d'accès et ne demande pas à être compris ou analysé.
Sur une même affaire, j'ai lu "La serpe" de Philippe Jaenada et un bouquin écrit par un journaliste de Sud-Ouest. L'un, le premier, est un artiste quand l'autre est un scribouilleur qui se contente d'écrire dans un style sans âme. Il ne donne rien de lui, ne crée rien. L'artiste-écrivain ne s'oblige ni à la vérité ni à au factuel. Récemment, sur France Inter, Jaenada expliquait qu'il écrit parce qu'il ne peut pas faire autrement. Tout est dit. J'ai eu le bonheur de le rencontrer et de discuter avec lui. Il a son opinion, il la livre, mais il ne se lance pas dans autre chose que ce que son livre (excellent livre) livre.


Qu'est-ce que je voulais vous raconter ? Je ne m'en souviens plus. Je suis parti sur ce sujet, je suis parti en vrille alors que je voulais vous parler, me semble-t-il, de croque-monsieur et de photo de service à café. C'est tout de même bizarre, un cerveau, ça a tendance à n'en faire qu'à sa tête. Notez, je me demande bien ce que je pourrais avoir à écrire à propos des croque-monsieur. Ce n'est pas un sujet dont on peut écrire des lignes et des lignes. Enfin si, sans doute, quelqu'un de talentueux pourrait sans doute le faire. Il faudrait que le besoin se fasse jour et ça, c'est pas gagné.
Moi, je fais les croque-monsieur d'une manière assez simple. Deux tranches de pain de mie, du beurre sur une face puis une fromage râpé, une demi tranche de jambon, de nouveau du fromage que je recouvre avec la deuxième tranche de pain beurrée. Maintenant, je beurre légèrement la face du dessus et hop ! je pose l'ensemble dans l'appareil à croque-monsieur le beurre côté feu. Un peu de beurre sur le dessus et je rabats l'appareil. Je laisse cuire quelques minutes à feu pas trop vif et j'en profite pour m'en faire un second.
Je sais que j'ai dit qu'il ne fallait pas se poser de questions mais je me réserve le droit à l'incohérence et au paradoxe. Donc. Est-ce que c'est bon, le croque-monsieur ? Objectivement, pas vraiment. Ça se mange. C'est dans le domaine du "régressif", je pense. A la limite du junk food. Personnellement, je suis opposé au croque-madame qui est la même chose mais avec un œuf au plat par dessus. Vous n'en avez rien à faire ? Je peux le comprendre. Pas de problème.
Certains font leurs croque-monsieur avec de la sauce béchamel et les font cuire au four sous le grill. Je n'ai jamais compris cette pratique. Je ne critique pas les partisans de cette recette, je tolère que l'on puisse la préférer, c'est juste que je ne la comprends pas.

Comme j'avais des photos à faire et que j'avais retrouvé des tasses et d'autres éléments d'un service à café, je me suis servi de ça pour régler les éclairages. Ça m'a donné l'occasion de faire un peu de vaisselle et de m'exercer à faire de la photo d'objets. Ça casse pas trois pattes à un canard mais j'aime bien mettre de l'image dans les billets du blog et ceci même s'il n'y a aucun rapport avec quoi que ce soit. Je suis chez moi, je fais ce que je veux.

Tasses décor pavot
Cádiz - Villeroy et Boch


Est-ce que je t'en pose, moi, des questions ? Hein ? Ben non, je ne t'en pose pas. Je sais bien qu'il n'y a rien à attendre de toi. Tes réponses, de toute manière, seraient ineptes, ridicules, infondées. Je ne pose pas de questions et j'entends que l'on ne m'en pose pas. Attention ! Je ne dis pas que je ne ME pose pas de questions. Bien sûr que je m'en pose ! Je n'arrête pas de m'en poser. J'ai juste la décence de ne pas attendre de réponses. Je ne vois pas pourquoi je devrais m'astreindre à me trouver une réponse. Si j'étais en mesure de répondre à mes questions, franchement, tu crois que je perdrais du temps à m'en poser, des questions ? Soyons sérieux. Si j'avais les réponses, je n'aurais pas besoin de m'interroger. Je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de boire un verre d'eau lorsque j'ai soif, je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de pisser lorsque j'ai la vessie qui m'indique qu'elle a envie de se vider.
Il y en a, des cons ou des intellectuels, qui croient que ça fait intelligent de se poser des questions ou, tout du moins, de laisser entendre qu'ils se les posent. Il y en a même qui vous pondent des bouquins plein de leurs questions existentielles dont on n'a rien à faire. Au lieu de travailler, de faire quelque chose d'utile, de faire la vaisselle, de se laver le cul ou d'écrire une histoire intéressante, ils se masturbent la tête à la recherche d'une question intelligente qui collera avec la réponse intelligente qu'ils ont déjà mis de côté tout exprès pour cette question. Le plus dur, c'est de trouver la question pleine de fatuité vaine qui aura l'apparence de l'intelligence pour s'associer bien comme il faut avec la réponse.
Ça fait penser à ces créatifs qui produisent leur œuvre et qui dissertent après coup sur le cheminement intellectuel qui a conduit à la réalisation de ce coup de génie. Ils vont te faire un travail d'introspection, ils vont convoquer leur enfance et le fait que leur maman a couché avec leur papa pour t'expliquer que rien n'est dû au hasard et que leur peinture/sculpture/écrit/photo/film est à voir comme un reflet du passé digéré ou non de leur condition d'homme pensant. Mon cul. Moi, j'en côtoie des artistes. Et ça depuis des années. Il y a pas à tortiller du cul, ça ne fait pas un pli, les meilleurs artistes ce sont ceux qui sont incapables de parler de leur œuvre. Bien sûr que leur travail est intimement lié à leur histoire et à l'histoire de leurs ancêtres. Evidemment ! Mais ils ne cherchent pas à expliquer leur besoin de réaliser des œuvres d'art. S'il le faisait, certainement qu'ils ne pourraient plus produire.
Un truc que l'on entend parfois, c'est que l'artiste ou le créateur ne peut pas faire autrement que de produire ce qui pousse en eux. Ça, j'y crois. Va pas demander à l'artiste ou à l'écrivain ce qui l'a conduit à peindre comme ci, à sculpter comme ça ou à écrire avec ces mots et ce rythme. Ce que l'on voit, lit, touche, c'est la réponse. Point barre.
Si tu es un trou du cul, un pique-assiette et un vide-verres compulsif, tu aimes peut-être aller aux vernissages. Si tu as la chance que ce soit une exposition un peu importante, il y aura peut-être un commissaire d'exposition qui aura en charge de poser la problématique de la scénographie et de l'auteur mis dans le contexte de l'époque. Si tu as la chance de maîtriser l'humour, tu vas te fendre la gueule sous cape en écoutant les gens s'extasier et prendre des mines compliquées et graves en face des œuvres exposées. Laisse tes oreilles en profiter ! Tu vas t'amuser. Laisse-les traîner à l'affût des critiques qui ne vont pas tarder à fuser. Tu vas entendre le confrère artiste qui va remarquer que l'encadrement est perfectible ou qu'il n'aurait pas mis cette photo/peinture/sculpture. Derrière des beaux sourires hypocrites, tu vas goûter à satiété du concentré de méchanceté âcre et fielleuse. Savoure ! Régale-toi ! Vas-y de ton avis à la con. Fais dans le pompeux, fais dans la provocation facile. Tu vas entrer dans le cénacle, tu vas te faire ta place. L'artiste n'est plus celui qui expose, c'est le public.
Franchement, si tu as le désir de voir les œuvres, ne vas pas au vernissage ! Choisis une heure calme un autre jour. Si tu veux bouffer et picoler gratis, oui, bien sûr, vas au vernissage ! L'amateur d'art réussit le tour de force d'être encore plus artiste que l'artiste. Il joue au vampire. Il sur-interprète, il suce l'intime de l'artiste et s'en rassasie. Bon, allez, soyons honnête, il y a aussi de vrais amateurs d'art qui aborde les œuvres avec toute l'humilité nécessaire. On ne peut pas, on ne doit pas violer l'artiste. Ça lui fait déjà assez mal de montrer ce qu'il ne parvient pas à garder pour lui, il ne faut pas le presser comme on le ferait d'un citron. Vous croyez vraiment que van Gogh était heureux de peindre ? Vous croyez que Mozart créait dans une joie perpétuelle ?
C'est pas sûr (et c'est même sûr que non) que l'artiste soit plus intelligent ou plus sensible que le reste du monde. C'est du pipeau. C'est juste qu'il a plus de choses à dire. Ce n'est pas une affaire de question et de réponse. C'est comme ça, rien de plus. L'artiste est impudique. Il est peut-être aussi, à l'occasion, égocentré. Il extériorise la complexité de sa pensée, il s'exprime. Mais non, pas d'explication, pas de réponse, pas de question. Certainement pas ! Des obsessions, de l'intime, du personnel, du profond, du "tu", de l'indicible, oui. Le tout dans un contexte personnel, familial, culturel, politique, social. L'artiste n'est pas quelqu'un de "bien" ou de "mal", de "bon" ou de "mauvais". Il peut être con comme un manche à balai, il peut être vaniteux, imbitable, faible, dément, même. L'œuvre est ce qui est sorti de l'artiste, l'œuvre n'est pas l'artiste. L'œuvre, quelque part, ne lui appartient plus, n'est plus en lui. Elle s'est extirpé de lui, il s'est débarrassé d'elle. Elle doit vivre sa vie après son accouchement.
On peut perdre son temps à chercher les réponses aux questions que l'on peut se poser face à l'art des hommes les plus anciens. C'est vain. Ce qui, éventuellement, signifiait est aujourd'hui perdu à nous. Le symbolisme possible des peintures, gravures, sculptures de ces êtres nous est étranger parce que nous n'avons pas de pierre de Rosette pour le décrypter mais aussi parce qu'il nous manque l'environnement d'alors. Peignait-on au fond des grottes accompagné de musique ? Cette musique ne nous sera pas parvenue. Buvait-on ou avalait-on des substances plus ou moins hallucinogènes ? On n'en a nulle trace. Comment pouvons-nous juste imaginer ce qu'était le quotidien de ces femmes et hommes ? De quoi était composé l'imaginaire commun ? Jamais on ne percera le "mystère". Ce qui reste, c'est l'émotion. Peut-être cette émotion ressentie aujourd'hui ne correspond à rien de celle perçue autrefois. Certainement même. Il manque le référentiel. Toute interprétation est fausse mais ce n'est pas grave. L'important, c'est qu'une émotion soit suggérée par l'œuvre elle-même.
Récemment, un expert a suscité un certain émoi dans quelques milieux en révélant que, selon lui, le "Guernica" de Pablo Picasso ne représenterait absolument pas le bombardement nazi mais une scène de ménage. Quelques années avant, on apprenait que la célèbre photographie de Robert Capa "Mort d'un soldat républicain" est une mise en scène. Auparavant, c'était la photographie de Robert Doisneau "le baiser de l'Hôtel de ville" qui était présentée (par l'auteur) comme une mise en scène. On plaque ce que l'on veut de nous sur l'art. Et c'est pourquoi la seule attitude valable dans une confrontation à l'art est son ressenti personnel. On aime ou pas. L'art n'a aucune raison d'être difficile d'accès et ne demande pas à être compris ou analysé.
Sur une même affaire, j'ai lu "La serpe" de Philippe Jaenada et un bouquin écrit par un journaliste de Sud-Ouest. L'un, le premier, est un artiste quand l'autre est un scribouilleur qui se contente d'écrire dans un style sans âme. Il ne donne rien de lui, ne crée rien. L'artiste-écrivain ne s'oblige ni à la vérité ni à au factuel. Récemment, sur France Inter, Jaenada expliquait qu'il écrit parce qu'il ne peut pas faire autrement. Tout est dit. J'ai eu le bonheur de le rencontrer et de discuter avec lui. Il a son opinion, il la livre, mais il ne se lance pas dans autre chose que ce que son livre (excellent livre) livre.


Qu'est-ce que je voulais vous raconter ? Je ne m'en souviens plus. Je suis parti sur ce sujet, je suis parti en vrille alors que je voulais vous parler, me semble-t-il, de croque-monsieur et de photo de service à café. C'est tout de même bizarre, un cerveau, ça a tendance à n'en faire qu'à sa tête. Notez, je me demande bien ce que je pourrais avoir à écrire à propos des croque-monsieur. Ce n'est pas un sujet dont on peut écrire des lignes et des lignes. Enfin si, sans doute, quelqu'un de talentueux pourrait sans doute le faire. Il faudrait que le besoin se fasse jour et ça, c'est pas gagné.
Moi, je fais les croque-monsieur d'une manière assez simple. Deux tranches de pain de mie, du beurre sur une face puis une fromage râpé, une demi tranche de jambon, de nouveau du fromage que je recouvre avec la deuxième tranche de pain beurrée. Maintenant, je beurre légèrement la face du dessus et hop ! je pose l'ensemble dans l'appareil à croque-monsieur le beurre côté feu. Un peu de beurre sur le dessus et je rabats l'appareil. Je laisse cuire quelques minutes à feu pas trop vif et j'en profite pour m'en faire un second.
Je sais que j'ai dit qu'il ne fallait pas se poser de questions mais je me réserve le droit à l'incohérence et au paradoxe. Donc. Est-ce que c'est bon, le croque-monsieur ? Objectivement, pas vraiment. Ça se mange. C'est dans le domaine du "régressif", je pense. A la limite du junk food. Personnellement, je suis opposé au croque-madame qui est la même chose mais avec un œuf au plat par dessus. Vous n'en avez rien à faire ? Je peux le comprendre. Pas de problème.
Certains font leurs croque-monsieur avec de la sauce béchamel et les font cuire au four sous le grill. Je n'ai jamais compris cette pratique. Je ne critique pas les partisans de cette recette, je tolère que l'on puisse la préférer, c'est juste que je ne la comprends pas.

Comme j'avais des photos à faire et que j'avais retrouvé des tasses et d'autres éléments d'un service à café, je me suis servi de ça pour régler les éclairages. Ça m'a donné l'occasion de faire un peu de vaisselle et de m'exercer à faire de la photo d'objets. Ça casse pas trois pattes à un canard mais j'aime bien mettre de l'image dans les billets du blog et ceci même s'il n'y a aucun rapport avec quoi que ce soit. Je suis chez moi, je fais ce que je veux.

lundi 26 février 2018

Pas moins con que le cheval tout de même !

Sur le podium, l’homme n’est devancé que par le cheval et le chien Rien de neuf donc. Ce classement ne bouge pas d’un poil depuis quasiment cinq millénaires, depuis cette période que l’on a nommé, avec un bel à-propos, l’âge du bronze tandis qu’aujourd’hui encore, sa médaille d’or vaut au chien de se faire appeler Médor.
Si l’on tient compte des nombreux compétiteurs en lice, avec sa troisième place l’homme ne démérite pas. Devançant le phacochère comme le panda, le dauphin comme le rat-taupe-nu, seulement battu par les indétronables que sont les chiens et les chevaux, il mérite bien sa troisième place d’animal le plus con du monde.
Cette année encore, malgré ses efforts, l’homme n’a donc pas réussi à infléchir le classement en sa faveur. Et pourtant, convenons-en, il ne ménage pas ses efforts, l’être humain. Et qu’il mette la planète en péril, et qu’il organise des guerres, et qu’il invente le football ou les feuilletons télévisés, rien n’y fait, il reste bloqué à sa troisième place.
Si les experts se perdent en hypothèses toutes plus bêtes les unes que les autres, ils oublient trop souvent, par anthropocentrisme sans doute, de réfléchir à la vraie question qui est de savoir ce qui vaut au chien et au cheval leur place. Peut-être est-ce leur propension à rester proche de l’homme, justement ? Quels autres animaux acceptent cette promiscuité avec cette saloperie qui n’hésite pas à transformer l’un en lasagnes tandis qu’il contraint l’autre à être promené en laisse, à porter un manteau, à aller chez le toiletteur, à aider les flics, à chercher des truffes, à chasser pour l’homme. Le chien met la barre haute, c’est une certitude. Il est bien l’animal le plus con qui soit et sans doute encore pour plusieurs millénaires. Quel autre animal a accepté d’être placé dans un engin spatial et d’y mourir comme la chienne Laïka (petit aboyeur) en 1957 ? Il faut bien maîtriser la connerie extrême, il faut le reconnaître.

Mais alors, que faudrait-il pour que nous réussissions à conjurer le sort et enfin nous hisser ne serait-ce que sur la deuxième marche du podium ? La première idée qui nous vient à l’esprit est, cela va sans dire, de nous débarrasser du cheval, ce grand dadais à l’air si con qui ne (nous) sert plus à rien si ce n’est pour les jeux d’argent ou pour amuser le bourgeois et leurs rejetons. Le spectacle du con ou enfant de con à cheval, sa bombe sur la tête et la cravache à la main vaut son pesant de cacahuète. Cependant, prenons bien garde de ne pas nous penser aussi con que l’on en a l’air, le cheval l’est encore plus, lui qui accepte que l’on lui monte sur l’échine pour un picotin d’avoine.
Ce qui fait la force du chien et du cheval, c’est que chez eux la connerie est naturelle, sans arrière pensée, sans calcul. On parlerait de grâce divine si l’on croyait en l’existence d’une créature divine. L’homme, s’il naît également con, est tenté, parce qu’il commet l’erreur de se penser intelligent, de pousser sa connerie par l’éducation et l’organisation de sociétés. Cela le dessert, il est trop con pour ne pas le comprendre mais pas assez pour utiliser cette connerie à bon escient. C’est là la faiblesse fondamentale de l’homme, sa tare originelle. L’homme est tellement con qu’il en arrive à générer de l’intelligence chez certains de ses représentants. C’est contre productif au possible ! Qui a déjà entendu parler d’un chien ou d’un cheval intelligent ? Personne, jamais, nulle part.
Peut-être devrions-nous mettre en place des écoles dédiées à l’apprentissage de la connerie sans limite. Déjà, nous avons les universités d’été du Parti Socialiste, de Les Républicains, du MEDEF… Pourquoi ne pas s’inspirer de ces écoles d’excellence ? Pourquoi ne pas faire ruisseler la connerie depuis la sphère politique vers le peuple ? Comment peut-on aujourd’hui encore penser que ce peuple ne mérite pas d’atteindre un niveau de connerie minimum ? C’est un mystère que je ne m’explique pas.
Attention ! Je ne dis pas que toute la faute revient au peuple. Il sait très bien, d’une manière intuitive et innée, se montrer très con à l’occasion. Déjà, et c’est un signe marquant, c’est lui qui élit les politiques. Ce n’est pas rien. C’est lui aussi qui accepte de travailler en échange d’un salaire pour engraisser le capital, qui se réjouit de pouvoir consommer un peu des produits de peu. C’est un fait, le peuple est con mais pas tout à fait assez con. Il doit faire des efforts pour le devenir plus encore !

Des raisons d’espérer existent. Les efforts constants d’abrutissement du peuple commencent à porter leurs fruits. Bien utilisée, l’intelligence peut être un allié objectif de la quête sans fin de la connerie suprême. Avec Internet, les réseaux sociaux, la globalisation de l’information, on sent la connerie gagner chaque jour un peu plus de terrain dans les esprits. Un peu partout sur la planète, du moins dans les pays riches pour le moment mais ne désespérons pas, on enregistre une baisse sensible du QI des plus jeunes. Ici on ne sait plus lire un texte et le comprendre, là on n’est plus foutu de faire une opération de base, là encore, on croit que la terre est plate ou que la planète a été créée par un être supérieur il y a six mille ans. Faisons confiance à ces jeunes générations, soyons positifs, nous n’avons pas dit notre dernier mot, la connerie humaine va rebondir.
Le combat est lancé et les Macron, Trump, Poutine, Kim, Erdogan, El Assad ainsi que bien d’autres œuvrent afin de faire gagner la connerie « qualité humaine ». Grâce aux efforts conjugués de tout le genre humain, qui sait, peut-être l’an prochain remporterons-nous la médaille d’argent. C’est le défi auquel je vous engage, je compte sur vous tous, la victoire repose sur vous tous, nous avons besoin de vous, de votre connerie. Laissez-la exploser, laissez-la jaillir à flot continu, exprimez-la en tout instant, revendiquez-la sans cesse ! Soyez con et fier de l’être !

mardi 26 juillet 2016

Un lion pour tester un truc

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mardi 4 août 2015

Si j'avais un marteau

Si j'avais un marteau, si j'avais le goût à cela aussi, je passerais volontiers mon temps à faire éclater la boîte crânienne de mes congénères, sans distinction de sexe, d'origine sociale ou géographique ou d'âge. Il y en aurait pour tout le monde. J'essaierais de faire cela proprement, de casser l'os d'un bon coup bien précis et j'éviterais de faire trop souffrir. Je m'arrangerais à ce que les dégâts ne soient pas trop importants, toutefois, histoire que les familles puissent se recueillir sans trop de pleurs sur le corps sans vie de la dépouille. Dans la mesure du possible, je travaillerais gracieusement, juste pour le plaisir et pour passer le temps. J'accepterais certainement les travaux sur commande. On pourrait m'amener les personnes sur qui opérer mes talents d'éclateur d'os pariétal. J'agirais avec professionnalisme dans les règles de l'art. J'aurais la satisfaction du travail bien fait et celle de la reconnaissance de mon savoir-faire.
En fait, le marteau, je l'ai. J'en ai plusieurs, des petits et des déjà assez gros. J'ai même une masse qui est une sorte de gros marteau mais avec un manche plus long qui pèse trois kilogrammes, il me semble. C'est un outil très efficace mais qui manque de précision. Par exemple, on n'utilise pas une masse pour enfoncer un petit clou ou une fine pointe dans un matériaux délicat. Ce n'est pas que ce soit vraiment impossible de le faire. En s'appliquant, je suis même certain que j'arriverais à enfoncer une aiguille dans un œuf cru avec une telle masse sans briser la coquille. Il faudrait que je tente l'expérience, pour vérifier.
Des marteaux, j'en ai au moins cinq. Si je voulais me lancer dans le métier d'éclateur de boîte crânienne, je ne sais pas lequel j'utiliserais. Il me semble qu'il en faudrait un suffisamment lourd. Je n'ai jamais eu l'occasion de m'essayer à cet exercice et la chose semble être assez mal documentée sur Internet. Je n'ose pas aller dans un magasin de bricolage pour demander son avis à un vendeur. Je pressens qu'il y aurait incompréhension et sourire gêné. Et même, si j'insistais un peu trop pour obtenir ce renseignement qu'il me semble légitime de rechercher dès lors que l'on veut épouser ce métier, il est à craindre que l'on m'inviterait à m'expliquer longuement et péniblement dans un bureau aux murs lépreux dans un commissariat ou une gendarmerie.
C'est que, de la même manière que je ne sais quel marteau conviendrait au mieux, je ne suis pas certain que ce métier qu'il me plairait d'épouser existe vraiment et soit répertorié en tant que tel dans une classification officielle des métiers d'arts ou, plus simplement, artisanaux. Estourbisseur de bovin, d'ovin ou de porcin au sein d'un abattoir dûment enregistré, ça oui, ça existe mais éclateur de crâne appartenant à un être humain vivant, c'est moins certain. Pourtant, je suis sûr qu'il y a une demande pour cela et qu'il existe de vrais débouchés pour qui voudrait se lancer dans cette activité qui, en plus de ne pas demander d'investissements trop lourds, ne nécessitent a priori pas de compétences particulières. C'est tout juste s'il convient de reconnaître une tête d'un autre organe ou élément du corps humain. Pas besoin d'avoir fait sa médecine pour ça !
Non, le seul point délicat que j'entrevois, c'est qu'il ne doit pas être gagné par avance de trouver des clients volontairement volontaires pour se faire casser le gros os de la tête. En fait, ça revient un peu à trouver des personnes qui acceptent de se faire tuer, si on y réfléchit bien. C'est bizarre combien les gens semblent attachés à leur vie. Pourtant, hein, souvent, ces gens ont une vraie vie de merde. Qu'est-ce qu'ils peuvent encore espérer ? Quel que soit leur âge, il est prévisible qu'il continueront encore à vieillir durant quelque temps et que ça finira par s'arrêter, d'une façon plus ou moins désagréable. Je reconnais que certaines personnes peuvent s'illusionner et penser que leur vie vaut le coup d'être vécue. Je ne peux rien pour elles.
Je suppose parce que la mort est la dernière grande inconnue de toute vie qui se respecte, la toute dernière aventure à vivre, celle qui viendra mettre un terme à tout ce qui nous est connu, qu'elle nous fait peur ou nous inquiète ou nous fascine ou nous questionne. L'autre jour, sur Internet, je suis tombé sur une vidéo que je n'ai pas pu regarder jusqu'au bout tellement je l'ai trouvée bête et agaçante. C'est une vidéo faite par un jeune homme, d'une vingtaine d'années, je dirais, qui disais combien il croyait à l'histoire de la vie après la vie. Et ça m'a rappelé un bouquin que j'ai lu il y a longtemps, d'un certain docteur Raymond Moody, dans lequel l'auteur raconte des expériences de, comme on dit, mort imminente. Ce bouquin a dû bien se vendre. Ça raconte des témoignages de personnes qui disent presque toujours la même chose. Vous savez, la lumière blanche au bout du tunnel, l'impression de voler au-dessus de son corps, de voir les médecins ou les soignants, d'entendre leurs conversations et toutes ces sortes de choses. J'étais jeune adolescent lorsque j'ai lu ça et, je l'avoue, ça m'avait bien plu. Je trouvais cela assez fantastique. Pour autant, ça ne m'a pas fait croire à une forme de vie qui surviendrait après la mort. Du moins, je ne me souviens pas de cela. J'avais lu cela un peu comme on lit un bouquin de science-fiction, un roman.
Que l'on croit à un retour dans un autre monde, dans un univers parallèle ou que l'on croit à une réincarnation sous une autre forme et dans un avenir plus ou moins proche dans notre monde connu, ce que je trouve très amusant c'est bien qu'il y a la certitude qu'il y a une réelle promesse pour que la vie suivante soit meilleure, follement plus passionnante et exaltante. Jamais personne ne va penser qu'il pourrait revenir dans une vraie vie de merde encore pire que celle qu'il a quittée. Et puis, il y a un biais auquel ne semble pas avoir réfléchi les gens qui croient à une réincarnation dans notre monde, sur notre planète. C'est que l'on sait que ni notre planète ni notre soleil ne sont éternels. Il arrivera forcément un moment où ces personnes reviendront dans une immensité vide de vie. Enfin bon, c'est leur problème.
Pour d'autres, la solution est de croire en l'existence d'un dieu et d'un paradis qui va avec. Et aussi d'un enfer, oui, mais que pour les très méchants, bien sûr. Là, la promesse n'est pas de revenir vivant mais de "vivre" comme un esprit sain et passablement désincarné, sous la forme d'un "esprit". Pour faire quoi ? Mystère. Pour longtemps, par contre. Jamais je n'ai entendu dire que ces esprits envoyés au paradis disparaissaient. C'est assez plaisant de se dire que l'on pourrait rencontrer l'esprit de ses ancêtres et des ancêtres de ses ancêtres. Si l'esprit des animaux n'est pas accepté et si tant est que les animaux ont bien un esprit, je me demande bien quels seront les plus lointains ancêtres que l'on pourra rencontrer. Peut-être bien que ce seront Adam et Eve ! Là, ça niquerait bien les Darwin et autres rigolos !
Après, penser qu'il n'y a rien après la mort, que ça serait comme un interrupteur qui bascule, c'est sûr que ce n'est pas très séduisant. On peut légitimement se demander à quoi ça peut bien servir que les générations se succèdent, comme ça, sans réel but, sans que l'on puisse connaître la suite du feuilleton, sans aucun chance d'avoir le fin mot de l'histoire. Sans doute faut-il juste accepter qu'il n'y a justement aucun but. Si l'on admet que l'apparition de la vie sur la Terre et l'évolution qui a conduit à ce que nous connaissons actuellement, le long cheminement qui fait que nous sommes en 2015 de notre calendrier avec la vie actuellement en cours sur la planète, n'est qu'un heureux hasard sans but spécial, on pourrait justement s'en réjouir. Ça nous indique bien que rien n'a d'importance pour nous que l'instant présent et que c'est tant mieux si l'on peut y trouver de l'intérêt et du plaisir. Vivre le moment présent sans s'occuper de demain et de la fin, tant que c'est possible, je pense que c'est la bonne attitude à choisir. Il est sûr que dès lors que la vie n'apporte rien en terme de plaisir, c'est plus difficile à avaler.
Hum. Je me suis encore égaré. Qu'est-ce que je racontais, déjà ? Ah oui. Le marteau. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis à parler de ça. Je vous assure que je n'ai pas écouté de Claude François. Je n'ai pas non plus utilisé de marteau dans la journée. En fait, j'étais en train d'essayer de dessiner et je me rendais compte que je n'arrivais à rien et que c'était foutu. Alors, j'ai eu comme un accès de dépression. Je me suis dit que plus jamais je n'arriverai à dessiner, que je ne suis qu'un gros nul et que, dans le fond, autant l'accepter, bien baisser les bras et passer à autre chose, changer d'orientation professionnelle, devenir éclateur de tête, par exemple.

dimanche 17 mai 2015

Qui a bu rébus

Pour passer le temps et parce que je n'ai rien d'autre à vous offrir aujourd'hui, une petite histoire inspirée par des propos entendus aujourd'hui qui m'ont bien amusé.

Louis avait poussé la grille rouillée restée trop longtemps fermée. Elle avait grincé sur ses gonds et il s'inquiétait du fait qu'un voisin aurait pu l'entendre. Il n'était pas venu ici depuis plusieurs années, depuis la mort de son père, en fait. S'il avait pris la précaution de se munir d'une lampe torche, il n'en avait pas encore besoin. Dans sa main droite fermée, il tenait la grosse clé qu'il avait précieusement conservée dans le tiroir de sa table de chevet. Sans jeter le moindre regard au petit pavillon aux volets clos, Louis se dirigea jusqu'au petit atelier planté au fond du jardin. Il se retourna pour s'assurer d'être seul et il fit jouer la serrure. Il pesa sur le bec de cane et pénétra dans le local poussiéreux. Les odeurs de sciure et de vieille huile mêlées réveillèrent des souvenirs qu'il aurait préféré restés endormis. Il voyait son père occupé à couper ou à poncer du bois, à assembler des pièces taillées et polies mais, par dessus tout, il se voyait lui, pleurant, le pantalon baissé sur les chevilles, il entendait le râle de son père et il attendait déjà la gifle qui n'allait pas tarder à arriver.

Il avait tu tout cela par crainte, par honte et par amour pour sa mère. Ce n'est qu'au décès de celle-ci qu'il avait parlé. Il était déjà adulte, sa vie avait déjà pris le chemin de l'échec total. Son père l'avait détruit et il avait décidé de parler après avoir regardé une émission à la télévision. L'histoire avait intéressé les policiers puis les juges. Son père était parti en prison et il était mort. Louis avait hérité de la maison et il n'avait pu se résoudre ni à l'habiter ni à la vendre. Elle était là, présente, avec ses souvenirs.

S'il venait ici à la manière d'un mauvais cambrioleur, c'est qu'il ne voulait pas croiser les voisins qu'il suspectait d'avoir toujours tout su de son histoire et qui avaient témoignés en faveur du père au procès. Il savait ce qu'il venait chercher. Il contourna la dégauchisseuse et se dirigea vers ce que son père appelait "la malle des vis". Une caisse en bois pourvu de puissantes ferrures qui abritait une collection disparate de vis de toutes tailles et aussi quelques clous, quelques pointes et autres crochets. Il souleva la lourde caisse par les poignées latérales et ressortit de l'atelier. Il ferma la porte, rangea la clé dans la poche de son pantalon et agrippa de nouveau la malle. Il rejoignit sa voiture garée plus bas dans la rue.

S'il était là, assis derrière son volant à attendre d'avoir repris souffle, c'était à cause de Jean-Pierre, son collègue aux services techniques communaux. A eux deux, ils réparaient tout ce qui méritait de l'être dans la commune. Ils remplaçaient les plateaux des pupitres de l'école, ils changeaient les clapets de robinetterie de la mairie, ils bricolaient l'électricité du programmateur des cloches de l'église. Un petit boulot tranquille qui ne demandait que des rudiments d'aptitude à bricoler un peu tout et n'importe quoi. Ça laissait pas mal de temps pour ne rien faire ou pour discuter. Et discuter, ils aimaient ça autant l'un que l'autre, Louis et Jean-Pierre. Il faut cependant reconnaître que c'était plutôt Jean-Pierre qui avait de la discussion. Louis aimait l'écouter, il avait l'impression d'apprendre, de s'instruire. S'il était là, assis derrière son volant à conduire pour rejoindre son appartement, c'était la faute à Jean-Pierre et à ce qu'il lui avait raconté la veille.

Plus tôt dans la journée, Louis était allé acheter une laisse et un collier pour chien. Il avait aussi mis une bouteille de pastis dans son caddie. Et puis des cacahuètes, en plus des courses habituelles. De quoi manger, du liquide vaisselle, du dentifrice, du PQ. Rien que du bien banal. Sauf le collier et la laisse, bien sûr ! Demain soir, Jean-Pierre viendrait prendre l'apéritif et il verrait ce qu'il verrait. Jean-Pierre habitait à l'autre bout du village sur la même route, la route qui traverse le village de bout en bout, de la ferme des Colas jusqu'au cimetière à tout le monde. Louis habitait juste à côté du cimetière.

Jean-Pierre était un bon copain pour Louis. Le seul copain, en fait. C'était son bon copain mais tout de même, des fois, il l'emmerdait avec son air un peu supérieur et condescendant. Le gros défaut de Jean-Pierre, aux yeux de Louis, c'était qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se croire plus intelligent, plus instruit, que les autres. Louis ne se pensait pas plus intelligent que Jean-Pierre mais il ne pensait pas pour autant que Jean-Pierre, lui, fut plus intelligent que lui. Jean-Pierre aimait, c'est vrai, étaler son savoir acquis la veille à la télé et, avec quelques approximations, sur un ton péremptoire, tenter d'épater Louis. Ce que l'on ne pouvait pas enlever à Jean-Pierre, c'est bien qu'il avait la parole facile. Un vrai moulin à parole. Il était capable de parler toute la journée de tout et de n'importe quoi. De la chasse au canard comme du programme commun de la gauche uni. Il était intarissable sur le problème du cours du pétrole et savait tout ce qu'il fallait savoir sur la géo-politique au proche-orient. Un érudit, en quelque sorte. S'il lui arrivait de se mélanger les pinceaux, il refusait de le reconnaître et, si on lui faisait remarquer une erreur, il était habile à faire bifurquer la conversation vers d'autres horizons. Mais là, cette fois, Louis allait lui clouer le bec. Il avait bien tout calculé et Jean-Pierre allait être bien attrapé. Louis en riait déjà.

Il ouvrit la porte d'entrée du petit immeuble et la bloqua avec une cale de bois laissée là à cet usage le temps d'aller chercher la malle et les courses qu'il déposa sur le palier. Il laissa la porte se fermer et il gravit les marches jusqu'à sa porte. Il l'ouvrit, bascula l'interrupteur et alla poser ses sacs et la malle dans la cuisine. Il rangea les courses dans le buffet et dans le réfrigérateur sauf le collier et la laisse qu'il posa sur la table. Il jeta un regard amusé vers le chauffe-eau à gaz qui trônait au-dessus de l'évier. Demain soir, il rirait bien !

Après un rapide repas léger pris en regardant le journal télévisé, il alla faire une petite vaisselle. Il régla la puissance du chauffe-eau et fila prendre une douche. Il revint dans le séjour et commença à regarder un téléfilm policier qui l'ennuya vite. Il éteignit la télé avant la fin et alla se coucher. Il lut quelques pages du roman qu'il avait entrepris quelques jours auparavant et s'endormit rapidement sitôt la lumière coupée. Il passa une nuit épatante peuplée de rêves joyeux. Au matin, en pleine forme, il lui sembla s'être réveillé plusieurs fois pris d'un fou rire. Ça allait être une super journée !

Il se fit chauffer de l'eau pour préparer le café, se coupa quelques tartines et sortit la confiture du réfrigérateur. Après un bon petit-déjeuner, il alla se préparer et s'habilla pour aller au boulot. Il y allait à pieds sauf s'il pleuvait trop fort. Le soleil était au rendez-vous.

Il arriva avant Jean-Pierre et l'attendit avec impatience. Lorsque celui-ci entra dans l'atelier, il eut droit à un joyeux accueil. Ça allait être une belle journée. Il y avait juste assez de travail pour ne pas s'ennuyer. On commença par faire couler du café et Jean-Pierre commença à parler en tentant d'expliquer la tectonique des plaques et la genèse du système solaire. Louis affichait un sourire ravi. Tout au long de la journée, il rappela son invitation à venir prendre l'apéritif le soir même. Il dit et redit qu'il avait acheté de l'apéritif et des cacahuètes et que l'on allait passer une bonne soirée. Il laissa aussi entendre qu'il y aurait une surprise.

Une super journée très agréable. Le cantonnier était passé en fin de matinée pour une affaire de manche de pioche cassé. On discuta de choses et d'autres jusqu'à la pause de midi. A partir de 16 heures, Louis insista pour que Jean-Pierre n'oublie pas l'apéritif. Il lui rappela qu'il pouvait venir à partir de 18h30. Jean-Pierre lui répliqua qu'il le lui avait déjà donné les consignes à plusieurs reprises.

Louis accrocha sa veste de travail à la patère et ne put s'empêcher de rappeler l'invitation à Jean-Pierre qui se contenta de hausser les épaules. Sans se presser outre mesure, Louis rentra chez lui. Il avait largement le temps pour préparer sa surprise. Il prit une douche et commença gentiment à mettre en place les éléments de sa petite mise en scène.

Il vérifia que les bacs à glaçons étaient pleins, il posa les verres et la bouteille de pastis sur la table basse, il rangea les deux ou trois bricoles qui traînaient, il était satisfait et commençait déjà à se faire le film de son petit effet dans sa tête. Tout allait se passer à merveille. Il retourna dans la cuisine pour terminer. Jean-Pierre devait arriver d'ici une demi-heure. Il installa la malle sur l'évier et accrocha la laisse au collier lui-même fixé au chauffe-eau. Tout était fin prêt et Louis n'était pas peu fier de lui.

A 18h30 très précises, Jean-Pierre toqua à la porte. Louis inspecta rapidement une dernière fois son installation, ferma la porte de la cuisine et ouvrit celle d'entrée. Jean-Pierre avait pensé à amener deux pizzas achetées au camion qui était là tous les vendredis. Il expliqua qu'il avait pensé que ça serait peut-être bien de manger quelque chose en buvant, pour éponger. Louis le félicita pour son initiative bien venue. Il invita Jean-Pierre à s'installer dans le canapé et alla déposer les boîtes en carton contenant les pizzas dans la cuisine.

Il revint avec un bol emplit de cacahuètes salées et le posa sur la table basse. Il proposa un premier apéritif qui fut accepté de bon cœur. Jean-Pierre commença à parler et à tenter des notions compliquées en lien avec la thermodynamique à moins que ce ne fut en rapport avec la physique nucléaire. Il en était à expliquer que Einstein s'était peut-être trompé dans sa théorie générale de la relativité lorsque Louis servit un deuxième pastis bien tassé. Lui l'aimait frais avec des glaçons quand Jean-Pierre le préférait sans trop d'eau et à température ambiante.

Vers 19h30, après déjà pas mal de verres, Louis proposa que l'on commence à manger. L'idée fut accueillie avec enthousiasme. Jean-Pierre proposa de réchauffer les pizzas dans le four. Louis acquiesça et se leva pour aller dans la cuisine. Jean-Pierre allait se lever pour l'accompagner mais Louis l'en dissuada en lui expliquant qu'il n'y en aurait pas pour longtemps avec le four à micro ondes et que Louis pouvait se servir un nouveau verre sans oublier le sien.

La première pizza, coupée en huit, fut servie à même le fond du carton. Jean-Pierre pensa qu'il était opportun d'expliquer les origines de la pizza et comment ce plat est devenu mondialement connu et partagé. On but encore quelques verres et les têtes commençaient à tourner un peu. Louis décida qu'il était temps de présenter sa surprise maintenant. Il avait peur de ne plus en être capable d'ici quelques minutes.

Avec un grand sourire, il demanda à Jean-Pierre de le suivre dans la cuisine. Jean-Pierre se leva en titubant un peu et le suivit d'un pas mal assuré. Dans la cuisine, Louis se mit un peu à l'écart pour laisser Jean-Pierre découvrir l'installation. Ce dernier n'eut d'autre réaction que d'afficher un air étonné d'incompréhension. Pour une fois, il ne trouvait rien à dire.

— Je te mets sur la voie, annonça Louis.

— Hum ?

— Tu vois quoi ?

— Bah... une caisse pleine de clous et de vis sur un évier ?

— Oui mais c'est une malle, pas une caisse. Et quoi d'autre ?

— Euh ? Une laisse et un collier pour chien ?

— Oui ! Et alors ?

— Alors quoi ?

— Et alors ? Par rapport à ce que tu me disais hier après-midi ?

— Je disais quoi ?

— A propos d'un film que tu as vu et que tu m'expliquais ?

— Je vois pas bien ?

— Mais si voyons !

— Non, je vois pas. Désolé.

— Bon. Ça c'est quoi ?

— Une caisse ?

— Une malle !

— D'accord, si tu veux. Une malle. Et ?

— Il y a quoi dedans ?

— Des vis ?

- Oui ! Et alors ?

— Je vois pas...

— Héhéhé ! Louis était au comble du bonheur. Et là, c'est quoi ?

— Je l'ai dit. Un collier et une laisse pour chien.

— Je te le fais pas dire. Et c'est accroché où ?

— Sur le chauffe-eau ?

— Parfaitement ! Oui !

— Et alors ?

— On reprend. Là ?

— Laisse ?

— Et là ?

— Collier ?

— Et là ?

— Chauffe-eau ?

— D'accord. Et ça donne quoi ?

— J'en sais rien, moi !

— Laisse, collier, chauffe-eau...

— Hein ?

— Et là ?

— Une caisse de vis ?

— Une malle !

— Une malle de vis ?

— Oui ! Oui ! Oui ! Et alors ?

— Ah non, franchement, je vois pas.

— Je t'ai coincé, hein ? Avoue !

— Je le reconnais, je sèche, j'y comprends que dalle dans ton truc. C'est un rébus ?

— Vouais ! Une sorte de rébus, c'est ça !

— J'ai dû trop boire, j'arrive pas à recoller les morceaux. Allez. Je donne ma langue au chat. Donne la solution qu'on en finisse et qu'on aille fêter ta victoire avec un bon verre.

Louis savourait sa victoire déjà gagnée. Il fit durer le suspense et, sentencieux, donna l'explication de l'énigme.

— Alors, j'y vais. Bon. Là, on a une laisse, un collier et un chauffe-eau, on est bien d'accord ?

— Ouais, ouais !

— Et là, une malle avec des vis ?

— Ouais, si tu veux.

— Alors, ça nous donne, attention ! Roulement de tambour ! Ta, ta, ta ! Attention, attention ! Laisse - collier - chauffe-eau - malle des vis !

— Hein ? Rien compris !

— Laisse, collier pour le chauffe eau, malle des vis. L'escalier pour l'échaffaud, Miles Davis ! T'as compris maintenant ?

— ...

— Alors ? Hein ? T'en dis quoi, champion ?

— C'est un ascenseur, pas un escalier !

Jean-Pierre fut pris d'un fou rire et Louis se sentit très bête.

dimanche 4 août 2013

Zoom dans la glycine

Zoom dans la glycine

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