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mercredi 25 juillet 2018

Ce n'est pas que j'aie envie de râler…

C'est un "client" pénible, le plus pénible de tous. A ce niveau, c'est de l'art. Ce client, je l'ai rencontré à la fin des années 90. A l'époque, il était à la tête d'une société de presse. Il éditait plusieurs titres de périodiques et il était devenu mon patron. A l'époque, je bossais pour Sud-Ouest et je voyais là la possibilité de me diversifier un peu, d'écrire plus long. Notre collaboration n'a pas duré très longtemps. J'étais payé à la pige et je me suis rendu compte assez rapidement que l'on grappillait beaucoup sur cette pige. Je m'en étais ouvert à lui, il avait avancé l'excuse de période difficile, j'avais fini par arrêter de travailler pour lui. Nous nous étions quittés fâchés et c'était très bien ainsi.
Bien des années plus tard, une copine qui avait aussi pour copain ce type — le monde est petit en Périgord — m'explique qu'elle envisage d'organiser un repas qui pourrait permettre de nous rabibocher. J'étais passé à autre chose, c'était de l'histoire ancienne, j'accepte la proposition en indiquant tout de même que si l'on m'y pousse, je n'hésiterais pas un instant à remettre cette affaire de petite escroquerie sur la table. Le repas a lieu, agréable. Le bonhomme, charmant par ailleurs, reconnaît sa faute et s'excuse. Bon. Moi, j'ai arrêté toute activité "journalistique", je travaille à autre chose dans une maison d'édition, j'accepte les excuses et profite des excellents vins présents.
Peu de temps après, cette personne m'appelle pour un problème informatique. Je vais le dépanner. A cette occasion, il m'explique son intention de monter un site Internet traitant de l'actualité périgordine. Il a besoin de quelqu'un qui pourrait l'aider à construire ce site. Il a suivi une formation mais il n'arrive pas à faire ce qu'il souhaite. On se met plus ou moins d'accord sur mes tarifs et, ma foi, on se retrouve les mercredis après-midi durant presque une année entière pour travailler sur ce projet.
Enfin, le site est terminé et en ligne. Tout pourrait aller pour le mieux. L'utilisation du site est assez simple et il me semble que mon client devrait s'en sortir aisément. Je lui ai expliqué les bases du html, je lui ai appris à utiliser l'éditeur intégré au cms. Normalement, il ne devrait pas y avoir de problème. Sauf que ce client a une certaine tendance à réussir l'exploit de produire du code pourri jusqu'à l'os. Comment fait-il ? Mystère ! Il doit cliquer un peu partout au petit bonheur la chance en se demandant ce que cela pourrait faire si il faisait ceci ou cela. Parfois, ça fonctionne presque mais, le plus souvent, ça casse tout. Et ce n'est, malgré tout, pas le but recherché. On pourrait croire que si mais non.
Alors, le client m'envoie un mail ou m'appelle pour que je répare, que je corrige. Moi, patient, je m'exécute et explique une fois de plus comment éviter les erreurs. Contrit, le client bât sa coulpe et assure que cette fois il a bien compris. Ce qui est merveilleux, c'est que cette personne a une capacité hors du commun de tout oublier à une vitesse stupéfiante. Alors, c'est de nouveau un courrier électronique ou un coup de fil et une nouvelle séance de dépannage.

Ce site vit quelques années avant d'être plus ou moins abandonné. C'est qu'un site Internet d'information, il faut s'y tenir. Je comprends la déception de constater que les visites ne sont pas au rendez-vous, que le public ne vient pas sur le site. Les demandes d'intervention s'espacent, le site ne propose plus beaucoup de nouveaux articles. C'est un peu dommage, l'outil pouvait être intéressant.
Ce matin, je reçois un message. A l'occasion du passage du président Macron à Périgueux, mon client a voulu se fendre d'un article. Evidemment, il a foiré la rédaction de son article. Cette fois-ci, il a fait très fort. Je ne vais pas vous expliquer ici les erreurs commises mais, vous pouvez me croire, c'est du grand art. Je finis de boire ma ration de café et je m'y mets.
D'abord, retrouver les codes pour avoir accès à la partie administration du site. C'est que je n'y suis pas allé depuis déjà pas mal de temps. Bon, voilà, j'ai trouvé. Alors… Ah oui ! Tout de même ! OK. Je nettoie le code des balises inutiles, des règles idiotes, j'en profite pour corriger quelques fautes d'orthographe et je mets la nouvelle version en ligne. Ça fonctionne nettement mieux maintenant. Je préviens ce client que c'est réparé. Il m'appelle dans la foulée pour me remercier mais aussi pour me dire qu'il a un petit souci informatique. Il me demande si je peux passer le voir dans l'après-midi. Allez savoir pourquoi, je m'entends lui répondre que oui, que j'avais plus ou moins prévu d'aller faire des courses… Je me demande si je ne suis pas un peu con, moi.

Sinon, une photo récente d'une sculpture de Gérard Bouvier, artiste avec qui je travaille de temps à autres.

sculpture

samedi 14 juillet 2018

Tentative d'humour de niche

vendredi 16 juin 2017

Y aller avec le dos

Ça n'a aucune sorte de lien avec quoi que ce soit qui a pu être dit auparavant, ici ou même ailleurs, dans un passé récent ou nettement plus ancien, mais il me plaît d'en parler et c'est comme ça, il faudra vous y faire. Comme je le dis souvent pour dire combien il convient de se plier au fatalisme, « C'est la vie. »
Hier, j'avais rendez-vous avec une personne relativement importante et l'on m'avait briefé, histoire que je ne commette pas d'impair. Alors, je prenais mon meilleur pantalon troué au genou, me décrassait un peu pour paraître propre et filait en automobile vers le lieu du rendez-vous que je garderai secret. J'arrive juste bien à l'heure comme il faut, me fait annoncer à l'accueil et attend que l'on vienne me chercher. On me demande de patienter un instant. Quelques dizaines de minutes durant lesquelles je songe sérieusement à revenir chez moi passent et une sorte de freluquet vient me saluer et m'explique deux trois bricoles dont je n'ai rien à foutre. Une employée parvient au haut de l'escalier et nous dit bonjour. Bises pour le freluquet, poignée de main pour moi. On me présente à elle, elle feint d'être ravie de me rencontrer et file dans son bureau. Le freluquet la suit, pousse la porte et commence à l'engueuler, l'accusant de ne pas travailler. Le ton monte, elle lui demande de ne pas lui parler ainsi, il en rajoute une couche, elle lui demande de la laisser tranquille, il finit par sortir et traverse le hall pour entrer dans un autre bureau et se plaindre de l'attitude de la personne qu'il venait d'un peu malmener. Il explique qu'il ne peut pas travailler dans ces conditions, menace de partir et il revient vers moi le sourire aux lèvres. Il me dit quelque chose mais je n'ai pas trop envie de l'écouter.
Une jeune femme arrive. La trentaine, jolie, brune. Elle me demande si je suis bien M. Loiseau, j'acquiesce. Elle me propose de la suivre dans son bureau. Le freluquet m'emboîte le pas. Elle m'explique que la personne importante ne peut pas être présente. Je me demande encore un peu plus ce que je suis venu foutre ici. Le désagréable décide qu'il est tout à fait nécessaire que je commence par me présenter. C'est absolument ridicule, ils savent bien qui je suis, mais bon, je commence. Il m'interrompt et se lance dans une biographie bien approximative et réductrice. Je m'en fous. Une fois fait, il m'invite à présenter mon travail. Le truc, c'est que je n'ai qu'une base à présenter, une sorte de brouillon incomplet. Lui le sait bien. Bon, j'indique l'adresse où l'on peut voir le travail en l'état. Le jeune femme lance son navigateur et commence à saisir l'adresse dans le champ de recherche de Google. Je lui fais remarquer qu'il serait plus sûr de la saisir dans la barre d'adresse. Elle me regarde avec l'air de la personne désolée de ne pas comprendre une langue très étrangère à elle. Je montre du doigt et dicte avec patience. La page s'ouvre. Quelques critiques bien naturelles, je précise de nouveau que rien n'est terminé. Une critique plus insistante concernant la position d'un élément. Je me tourne vers le freluquet qui reconnaît être à l'origine de ce choix.
Il y a quelques semaines, nous avons eu une prise de bec à ce sujet. J'affirmais que son idée était idiote et ridicule, il m'a fait comprendre que c'était lui le chef. Je me suis exécuté. Il va falloir que je reprenne tout. Pas bien grave mais un peu agaçant. On parle un peu couleurs et trucs du genre et voilà, c'est fini. On me donne tout de même un logo "validé" en m'expliquant qu'il ne faut pas le rendre public (?) et qu'il ne doit être utilisé que pour ce site. On ne me demande pas de jurer sur la bible que je détruirai le document après usage mais nous n'en sommes pas loin.
Alors que je vais pour prendre congé, on me rattrape avec une question d'ordre technique incompréhensible. Un mélange de termes et de notions asses savoureux. Je tente de mettre de l'ordre dans les esprits et finis par expliquer simplement que oui, ce qui est demandé est déjà prévu.

Dans l'idée, le freluquet dont je parle est le responsable de la communication et la jeune femme semble occuper le poste de secrétaire de direction. Il ne sont pas vieux et je suis vraiment étonné qu'ils ne soient pas plus à l'aise que ça avec l'outil informatique. J'ai vraiment eu le sentiment que l'usage fait de cet outil doit être très spécifique à leur domaine strict et j'imagine que le tableur et le traitement de texte sont les logiciels les plus utilisés. Je n'ai rien contre mais je ne comprends pas que l'on puisse encore trouver des personnes de cette génération si mal formés à utiliser un navigateur et un moteur de recherche. Ça fait bizarre.

Sinon et pour passer à autre chose, je vous présente sur le document qui suit l'une des pires inventions du XXe siècle, invention qui a causé la ruine financière de son créateur. Cet ingénieur opportuniste, comme tant d'autres, s'est inspiré d'une invention plus ancienne et couronnée de succès pour imaginer la sienne, nettement inspirée et, paraît-il, plus dans l'air du temps, plus moderne, plus aboutie.
Un soir qu'il mangeait sa soupe au vermicelle, il observe la cuillère à potage qu'il tenait dans sa main droite et la fait tourner en affichant une lueur de joie et d'excitation jusque dans son regard. Ni une ni deux, il file dans son labo où il s'enferme pour deux nuits et un jour d'agitation frénétique. Au matin du deuxième jour, il sort avec sa dernière invention et s'empresse de déposer un brevet. Sans doute trop en avance sur son temps, croit-il, il ne parvient pas à convaincre les industriels contactés et alors, parce que notre homme est entreprenant, il met ses dernières économies dans son usine à lui, une usine avec ce qu'il faut de machines et de pointeuse et de cheminée qui pointe vers le ciel ! C'est le début de la gloire et de la fortune !
Sauf que non et c'est à n'y rien comprendre. Alors que la cuillère creuse a connu un beau succès au point que l'on peut la trouver dans toute ménagère normalement constituée, que l'on en trouve dans les foyers modestes comme chez les plus grands de la planète, la cuillère bombée n'aura pas su trouver sa clientèle et a été comme snobée de tous. Une bien triste histoire à la vérité !

Cuillères bombées

mardi 10 février 2015

[Annonce] Cherche Têta Besteurs

Je suis en train de tenter de faire mon site pour attirer le chaland. Il me semble que c'est vachement plus difficile de faire pour soi, de parler de soi et de ce que l'on fait que de faire pour les autres mais bon, je ne vais pas dépenser mes sous en payant un vrai professionnel non plus, hein ?
Bref, j'ai commencé à faire une ébauche de ce site et je ne sais pas vraiment quoi en penser. Dans l'idée, je n'ai pas envie que ça devienne une galerie ou que ça vienne concurrencer le blog. J'ai essayé de faire dans le sobre et simple.
Je cherche quelques personnes qui accepteraient d'aller voir et de me faire un retour.
Les candidats sont invités à m'envoyer un courrier en utilisant le formulaire idoine, dans la colonne de gauche. Cinq personnes, ce serait bien suffisant. Merci par avance.

samedi 7 février 2015

Déjà cette heure là !

Je n'ai pas vu le temps passer. Je me suis pris la tête sur la réalisation d'un site Internet. J'avais trouvé un truc génial qui m'amusait beaucoup et qui fonctionnait. J'étais content, vous pensez ! Et alors, je passe à autre chose. Il s'agissait maintenant de mettre en place une barre de menus avec des sous-menus qui s'affichaient au survol du pointeur. Je configure les différents menus et sous-menus, je fais pointer chaque menu vers des liens qui marchent bien et je teste. Ah ? Tiens. Ça ne fonctionne pas. Je vérifie avec Firefox au lieu de Safari et ça fonctionne. C'est agaçant.
J'essaie des trucs et des bricoles et ça ne fonctionne pas mieux avec le navigateur de chez Apple. Par acquis de conscience, je me dis que je peux toujours réinitialiser le navigateur pour repartir sur des bases saines. Mais bien sûr, ça ne change rien. Bon. Je me souviens avoir utiliser le même procédé sur un autre site. Je vais tester et tout fonctionne à la perfection. Ah tiens ? Bizarre.
Je vais vérifier si, des fois, il n'y aurait pas une mise à jour du truc à installer. Il y a ! Je fais ! Et c'est pareil. A un moment donné que je suis désespéré et que je promène la souris sur les menus dans l'attente et l'espoir que quelque gros coup de bol viendra apporter une amélioration substantielle à tout de bazar déprimant, d'un coup mais pour un coup seulement, ça semble pouvoir faire un peu comme un semblant de quelque chose. C'est quoi ce truc ?
Sans mentir, j'ai perdu au bas mot trois heures. Même si j'ai essayé de faire un dessin pour me changer les idées. D'ailleurs, je ne suis pas parvenu non plus à faire le dessin. Et alors, j'ai eu l'illumination. Et si, des fois, c'était mon super truc génial du début qui foutait la merde dans le code ? Hein ? Après tout ? On ne risque rien à creuser cette piste. J'ouvre le fichier, je désactive une grosse partie des lignes que j'avais peiné à écrire sans rien oublier des points virgules et des accolades ou des deux points, j'enregistre, je vérifie. Ça marche !
A la réflexion et après une courte entrevue avec moi-même, je pense que mon truc génial n'était pas si intéressant que je le pouvais penser dans un premier temps et je suis à présent tout à fait persuadé que le site n'en sera que mieux en omettant de placer ce truc pas génial du tout.
Après, je suis allé faire cuire un rôti de porc et maintenant, je commence à sentir de bonnes odeurs et mon estomac me dit qu'il sera bientôt l'heure de manger. Bonne soirée !

samedi 22 février 2014

Un boulet et des balises

Un jour, un type que l'on prénommera Pascal parce que ses parents l'ont appelé ainsi me contacte pour que je le forme à l'utilisation d'un cms célèbre dans la perspective de l'aider à mener à bien son projet : créer lui-même de ses petites mains un site Internet qui révolutionnera le monde et l'univers.

Ce type que l'on prénommera Pascal m'explique dans un premier temps qu'il a déjà pu bénéficier d'une formation prise en charge financièrement par les services sociaux et dispensée par un formateur compétent. Je n'interviens donc que pour un complément de formation et pour, tout au plus, quelques heures. Parce qu'il s'agit d'une personne que je connais un peu et que, malgré tout, il ne m'est pas si antipathique que ça, j'accepte le marché à ses conditions. Je suis un piètre négociateur.
Dès les premières heures, je comprends soit que le formateur n'a pas été très bon soit que l'élève n'a pas été bien attentif. Pour dire les choses telles que je les ressens à ce moment, ce Pascal est presque au niveau zéro de l'apprentissage de ce cms. Il sait faire quelques bricoles mais ça ne va pas bien loin et ce qu'il fait est mal fait. Je lui dis alors qu'il va falloir tout reprendre et repartir sur des bases saines.
Nous nous voyons presque chaque mercredi après-midi durant quelques mois et il me semble qu'il assimile certaines choses. Néanmoins, il semble totalement hermétique à d'autres aspects. J'ai beau répéter et répéter encore, lui faire faire des exercices, lui expliquer le pourquoi du comment, rien à faire, ça ne rentre pas.
S'il s'était agit de faire un site avec une structure simple, ça aurait peut-être pu aller vite mais Pascal voulait des tonnes de fonctionnalités qui nécessitaient de devoir, à un moment ou à un autre, de mettre les mains dans le code html. Et là, bien entendu, les problèmes ont commencé sérieusement.

Le langage html, on en fait toute une histoire mais, dans le fond et tant que l'on reste dans les fondamentaux, c'est vraiment accessible. Les premiers sites que j'ai réalisés n'étaient pas bien beaux à voir et étaient faits avec des logiciels qui prétendaient permettre de simplifier le travail. J'ai commencé avec l'éditeur de pages web fourni avec le navigateur Netscape avant de passer à PageMill qui était donné gratuitement avec je ne sais plus quel logiciel Adobe. Sur les conseils de nombreuses personnes, je me suis intéressé un moment à Dreamweaver de Macromedia mais là, je n'ai jamais réussi à l'utiliser. J'ai un peu tâté de Golive mais sans grand enthousiasme. Alors, de guerre lasse, je me suis mis à l'éditeur de texte et à l'apprentissage des rudiments du html. Finalement, je me suis aperçu qu'il n'y avait pas tant de choses à apprendre que cela pour commencer à faire des sites basiques. Après, j'ai découvert les promesses des cms et je m'y suis intéressé. J'ai alors compris tout l'intérêt des css et je me suis amusé à apprendre quelques bricoles. Aujourd'hui, je ne suis pas un gourou du web. Je sais faire des trucs et des machins. Lorsque je n'arrive pas à faire quelque chose, je me renseigne auprès de ceux qui savent ou bien je cherche à comprendre par moi-même. Peu à peu, je suis arrivé à faire des sites qui tiennent la route.

Mais ce Pascal là, il a tout bonnement, et au motif qu'il serait "littéraire", refusé d'apprendre quoi que ce soit et, un jour, il a décrété qu'il en savait largement assez pour se débrouiller par lui-même. Notre collaboration aurait dû se terminer là. Sauf que, le monsieur dont il est question a commencé à faire du grand n'importe quoi dans la confusion mentale la plus regrettable. Son site qui avait une certaine tenue est devenu une mine à ciel ouvert d'erreurs en tous genres. Les navigateurs les plus laxistes acceptaient tant bien que mal de digérer le code pourri mais d'autres recrachaient tout sans plus de formalité.
Et là, voilà notre bon Pascal qui m'appelle à la rescousse et qui estime que je me dois, au nom d'une prétendue amitié, de lui venir en aide et de systématiquement passer derrière lui pour arranger la sauce, traquer les erreurs, nettoyer le code. Aujourd'hui encore, dès potron-minet, il m'envoie un courrier électronique péremptoire dans lequel, et en quatre points, il m'intiment l'ordre de corriger ses erreurs. Moi, je suis gentil et patient, surtout avec les handicapés mentaux. J'ai corrigé trois erreurs grossières mais j'ai baissé les bras pour la quatrième. Il s'agissait d'un article avec un code, je ne vous dis pas, qui ressemblait à un infect salmigondis de "choses". Je ne sais pas comment vous décrire le truc. Au départ, je suppose que c'est un copié-collé d'un document Word auquel on aurait ajouté au petit bonheur la chance des balises en cliquant sur les icônes de l'éditeur de texte du cms. Des balises ouvrantes qui ne ferment pas, des balises qui s'ouvrent pour se fermer aussitôt, des successions de <b><b><b> (balise pour "bold" en html). Incroyable. Pour un texte qui aurait du mal à remplir une page web, il fallait faire usage de l'ascenseur pour en voir le bout. Là, franchement, j'ai eu un coup de mou et j'ai refusé de faire la correction. D'autant plus que c'est du travail gratuit. J'ai envoyé un mail pour dire que je ne me chargeais pas de cela et aussi pour incendier un peu ce cher Pascal. Non mais.

Face au boulet

vendredi 4 octobre 2013

De l'invention du bon goût

Le bon goût n'est pas une notion bien arrêtée et définie. Il suit l'air du temps, navigue au gré des tendances, change et tombe en désuétude. Le bon goût d'hier n'est pas celui de demain.

C'est une discussion récente avec un concepteur de sites Internet qui m'a fait réfléchir à cela. C'était à l'occasion du changement de charte graphique de la page d'accueil de Google. Selon lui, c'était la preuve que le bon goût en matière de sites Internet passait inévitablement par ce que l'on nomme le "flat design". Google était enfin passé à ce "flat design" et c'était là la preuve qu'il fallait aller dans cette direction.
Peu avant, j'entendais parler sur France Inter, un matin où je me rendais au boulot, des "GAFA" qui dirigeaient le monde et Internet. Heureusement, le journaliste avait jugé bon d'expliquer. "GAFA", c'est l'acronyme de Google-Apple-Facebook-Amazon. En clair, il parait que ce sont les quatre sociétés qui donnent les tendances et qui gouvernent les usagers de l'Internet.
Dans le milieu des concepteurs de sites Internet, il est impérieux et indispensable de ne pas paraître "has been". Et pour éviter pareille déchéance, il faut être à l'affut des tendances. Ces tendances, on les découvre en allant sur les sites les plus populaires, les plus "représentatifs". Il se trouve que ces "GAFA" seraient ce qu'il se fait de mieux. Bon.

Ces concepteurs de sites Internet tiennent à être à la pointe de ce "bon goût" édicté par les géants de l'Internet. Il y a eu l'effet "aqua" de Apple, il y a eu les couleurs vives, il y a eu ce que l'on nomme "skeuomorphisme", il y a le "flat design". Ces concepteurs à la pointe du summum de ce qui se fait de mieux en matière de web design ne pensent pas un instant que le temps qu'ils aient terminé leur travail en cours, on sera déjà passé à tout autre chose. C'est la mode. C'est vain.

Ce qui serait vraiment intéressant, ce serait que l'on cesse de loucher sur la copie du voisin et que l'on cherche plutôt à créer une personnalité en accord avec les attentes ou besoins d'un client. Au lieu de cela, on va lui imposer la vision du moment des "GAFA" en expliquant clairement et fermement que sinon, on aura un site qui fera rire les troupeaux de geeks. Et du coup, on se retrouve avec des sites qui se défendent graphiquement mais qui en oublient le plus important : le contenu.
Le choix de la typo, le choix des couleurs, le choix des dernières technologies html 5 ou "responsive design" vont faire que votre site va être magnifiquement bien consultable sur l'écran d'un ordinateur de bureau, sur un ordinateur portable, sur une tablette ou sur un smartphone, depuis, de préférence, un autre navigateur que l'horrible Internet Explorer, mais par contre, personne ne va vraiment se soucier du contenu. Peu de textes mais écrit en très gros. Que des accroches, des titres, des slogans ! Que du creux qui claque, du vide tape-à-l'œil.

Et qu'est-ce que cela signifie, au fond ? Ça saute aux yeux. Aux débuts de la démocratisation de l'Internet (il y a bien longtemps), on nous racontait que ça allait être un outil génialissime pour s'instruire, pour apprendre, pour communiquer, pour partager, pour découvrir. Il y a eu la révolution du web 2.0 (lire "deux point zéro" pour les francophones) qui promettait que l'internaute allait enfin pouvoir réagir, commenter, donner son avis. C'est de cela que sont nés les weblogs. Mais la vraie dernière révolution, c'est que Internet est désormais entre les mains de grosses entreprises qui veulent rentabiliser la toile. On vend des adresses de courrier électronique, des données liées à vos requêtes sur les moteurs de recherche, on croise les renseignements sur vous, on monnaye, on vous traite comme de la marchandise.
Il est bien naturel qu'un site comme celui de Apple soit conçu pour faire acheter des produits Apple. Objectivement, je considère que leur site est presque ce qui se fait de mieux en terme de web design. J'aime bien le côté assez épuré, propre et lumineux. Les photos sont irréprochables, la charte graphique maîtrisée et réfléchie, c'est du bon travail. Ce qu'il convient de penser, c'est que ce qui est développé graphiquement pour le site de Apple ne va pas forcément convenir à l'ensemble des sites marchands. Apple s'adresse à une clientèle qui n'a, a priori pas de problèmes de frics. On y va à fond dans le sophistiqué-chic qui donne à penser que l'on fait partie de l'élite dès que l'on a sorti sa carte bancaire pour acheter le dernier smartphone à la mode. Les mêmes choix graphiques seraient assurément contre productifs pour un site qui chercherait à attirer des clients aux revenus modestes. Un peu comme on hésite à pousser la porte d'une épicerie de luxe lorsque l'on a le bénéfice du RSA et que l'on cherche à acheter une boîte de cassoulet pour le repas du soir.
Le marketing, c'est ça aussi. Ce n'est pas juste se faire plaisir en tant que "créateur", de "graphiste", de "développeur web". Il faut tenir compte du public visé. Il faut l'attirer ou le repousser.
Personnellement, j'aime bien les sites un peu "rock n'roll". Il n'y en a pas des masses. Ce n'est pas à la mode. C'est un truc de vioques. Je n'aime pas les sites trop branchouilles qui font sentir que c'est vraiment du truc d'initié. Le genre de site où on ne comprend même pas où il faut cliquer pour entrer. Le genre qui faisait fureur il y a quelques années avec une intro en Flash et de la musique que l'on ne savait pas arrêter.
J'ai horreur plus que tout des sites avec des textes en rose ou en orange et des petites fées qui bougent, des fleurs qui scintillent, des fonds étoilés. Là, ça me fout la gerbe. J'ai une sainte horreur des sites hideux qui sont comme cela volontairement parce que l'on veut faire comprendre que l'on n'est pas là pour faire dans le joli. J'ai en horreur les sites faits par des personnes qui prétendent pouvoir faire un site sans rien apprendre du code html, des css, des règles fondamentales de typographie. Mais je n'aime pas non plus les sites qui n'existent que pour leur "bon goût" d'un moment.

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