Pot-au-feu

Depuis ce matin, j'essaie de sortir quelque chose de mon crayon sans résultat probant. Pour que ce dimanche ne soit pas à classer complètement dans le rayon des journées pourries, je fais un pot-au-feu.

L'autre jour, je me disais que le pot-au-feu était peut-être la recette de cuisine la plus ancienne. On pourra disserter des heures sur la meilleure des recettes de pot-au-feu et sur les ingrédients qu'il convient d'y mettre, on ne pourra pas sortir de ce qui fait la simplicité de ce plat. Un pot-au-feu, ce n'est rien de plus que des légumes et de la viande mis à cuire dans de l'eau. On peut supposer que c'est là la recette la plus ancienne de tous les temps tout de suite après la grillade de mammouth ou les truffes cuites sous la cendre. Imaginons un instant notre bon homme préhistorique revenant sur les lieux d'un incendie et, grattant la terre du bout de son bâton, découvrant une tuber melanosporum parfaitement cuite. Il la goûte et trouve que cela est bien bon. Du coup, il invente la cuisine périgourdine, le canard gras et les pommes de terre sarladaises. De même, un jour qu'il revient de la chasse et que le gibier qu'il avait attrapé était encore fiché au bout de sa lance, il tombe sur un incendie finissant. Tout à sa contemplation du spectacle, il ne remarque pas qu'il a porté le bout de sa lance au-dessus des braises présentes à ses pieds. Lorsqu'il s'en rend compte, il relève prestement sa lance et un délicat fumet de lapin grillé lui parvient aux narines. Du coup, alors qu'il s'était déjà fait à l'idée de jeter le résultat de sa chasse, il détache un bout de viande de l'animal, le porte à sa bouche et considère que ça manque un peu de sel mais que ce serait fort bon avec de la moutarde.

Pour le pot-au-feu, il fallait que notre homme préhistorique gastronome invente l'eau chaude et un moyen de la contenir en un récipient assez étanche. L'histoire ne dit pas très exactement comment il s'y prit pour inventer l'eau chaude et pour mettre au point ce récipient. On nous raconte que pour faire chauffer l'eau, il y plongeait des pierres chauffées au feu. Bon, moi j'en sais rien, je n'étais pas encore né, mais je n'y crois que moyennement, à cette histoire. Le premier souci aurait été d'attraper les pierres brûlantes, le second aurait été que pour faire bouillir l'eau d'une façon continue, il aurait fallu ajouter et ajouter encore des pierres brûlantes dans le récipient. Et là, ben c'est un problème insoluble parce que, rapidement, il n'y a plus de place pour l'eau, la viande et les pierres.
J'ai une théorie. Peut-être bien que si on prend un gros os de mammouth (par exemple un morceau de fémur vidé de sa moelle), que l'on le remplit d'eau et que l'on le pose verticalement dans le feu, ça peut marcher. Au bout d'un moment, l'eau et ce que l'on peut mettre dans l'os doit cuire. Enfin je dis ça, hein... Sinon, il y a aussi la pierre creusée autour de laquelle on fait un feu. J'essaie de m'imaginer comment je m'y prendrais pour faire un pot-au-feu si j'étais envoyé au temps de la préhistoire dont je vous cause mais je me rends compte que mes premiers gros problèmes seraient de parvenir à chasser quelque chose puis d'allumer un feu. Je préfère être à mon époque à moi, c'est un peu plus simple.
Or donc, je fais un pot-au-feu. Je ne donne pas de recette. La seule chose importante, dans ce plat, c'est d'avoir le temps de laisser cuire longtemps. Disons que je pense que trois ou quatre heures de cuisson pour les viandes et une petite heure de plus pour les légumes, ce n'est pas mal.

Quelques heures ont passé.
Je viens donc de dîner. Après plus de cinq heures de cuisson, la viande était savoureuse (jarret et plat de côtes) et les légumes fondants et délicieusement goûteux. Evidemment, et même si j'ai fait bombance, il m'en reste assez pour quelques repas. Et puis, il y a le bouillon. Faut pas se laisser abattre, hein ?

pot-au-feu

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