En morceaux, doux et autres troubles

C'est samedi, il pleut et je vais vous causer musique. Je vais vous parler d'un disque que l'on m'a prêté et que j'ai écouté quatre fois, un album de Godspeed You ! Black Emperor dont je ne sais trop quoi penser.

Godspeed You ! Black Emperor, je vous en ai déjà parlé à l'occasion d'un concert au Rocher de Palmer, à côté de Bordeaux. Dans ma mémoire, il est question d'un concert éprouvant. Excellent mais éprouvant. Au moins, j'en garde un souvenir bien présent. Du post rock violent, bruyant, insistant. Je me souviens d'un public comme tétanisé, comme pris dans les rets des cris et plaintes de guitare de cette musique qui vous vrille les circonvolutions du cerveau d'une bien plaisante manière. Si je n'ai toujours pas exactement compris ce qu'est réellement le post rock, j'ai tout de même compris que la musique de GY!BE est sensée dénoncer tout un tas de trucs qui agacent les membres du groupe.
Et donc, il y a eu ce concert et je suis revenu à l'écoute de mes vieux disques de musique pré-médiévale pressés amoureusement et artisanalement par les orfèvres de ces temps anciens. J'ai laissé GY!BE de côté en me promettant d'y revenir un jour. Ce jour est arrivé récemment lorsque mon frangin, l'air gourmand, m'a mis le dernier album du groupe entre les mains en me promettant un grand moment de bonheur.
Quatre fois, j'ai glissé la galette dans le lecteur de CD. Quatre fois, j'ai ouvert les oreilles. Quatre fois, l'album s'est terminé sans que j'aie été bien conscient d'avoir écouté quelque chose. Et ça, ce n'est pas banal. D'ailleurs, là, à l'instant, je remets le disque dans la platine. Vous allez voir que je ne dis pas de conneries. Montez le son, vous allez comprendre.
Voilà, c'est parti. Vous avez ouvert les oreilles ? Bon. Ça part sur une batterie lente bientôt rejointe par la guitare. Un rythme lent et lourd, quelques accords de fainéants. Pour le moment, c'est calme. Une sorte de ritournelle un peu simple qui n'indispose pas trop le cerveau. On entend sans trop de surprise. Ah ! Une guitare un peu plus saturée arrive. Une mélodie qui semble un peu orientale débarque par derrière et s'en va comme elle est venue. Oui, c'est bien ça, c'est presque mélodique pour ce premier morceau. Mélodique et lancinant. Un peu comme s'il s'agissait d'une longue intro qui nous conduirait au deuxième morceau de l'album.
Tiens, d'ailleurs, le voilà, ce deuxième morceau. Il est arrivé sans prévenir, sans que l'on s'en rende compte, comme à l'improviste. Là, ça s'excite un poil mais ce n'est pas non plus le grand énervement. De lente mélodie, ça passe à une sorte de longue plainte, une forme de litanie, un cri lourd et lent.
Troisième morceau. C'est celui qui semble donner son titre à l'album. Il y a de la pesanteur. Voilà, c'est ça. Je cherchais le terme. C'est de la pesanteur. Quelque chose de lourd qui paraît imparable et irrévocable. Une force contre laquelle il est vain d'espérer lutter. Une inertie pesante et pressante. Ah oui ! Avec ce thème qui revient, appuyé par une batterie bien présente. "Asunder, sweet". "En morceaux, doux" ? Je ne parviens pas à trouver une traduction satisfaisante. Pas mal, pas mal, ce troisième morceau. Mais comment ? Déjà le quatrième ?
Cette fois, le titre est "Piss Crowns are Trebled" et je suis tout à fait perdu question traduction. Qu'est-ce que cela peut bien signifier ? Remarquez, ce n'est peut-être pas important, hein ? Quoi qu'il en soit, ça s'énerve complètement maintenant. Les guitares s'envolent enfin, la batterie accélère. C'est bizarre, j'ai vraiment l'impression qu'il n'y a que ça. Batterie et guitare. C'est faux, bien sûr, mais c'est ce qui apparait le plus clairement, en tout cas. Si j'en crois ce qui est indiqué sur la pochette, il y aurait aussi de la basse et contrebasse et du violon en plus de "portasound", de "organs" et de "drones". Je leur fais confiance, ils doivent savoir ce qu'ils utilisent.

L'album est fini. Après cette cinquième écoute, à un volume assez élevé, je reste toujours circonspect. D'abord, ça me semble court. Le temps passe vite et je n'aurais pas refusé que ça dure plus longtemps. D'un côté, ça prouve que ce n'est pas du tout désagréable et c'est plutôt pas mal. Maintenant, il y a tout de même comme une frustration. Je n'ai jamais l'impression que ça commence réellement. Un peu comme si l'album était constitué de plein de promesses non tenues. Peut-être aurais-je aimé un peu plus de surprises, de titillements. Malgré tout, ça reste un bon moyen de passer un bon moment que d'écouter ce disque.

Godspeed You Black Emperor

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