Théorie étonnante

La musique, pour moi, ça se limite souvent à la variété diffusée sur l'antenne des chaînes de Radio France et à l'écoute des quelques CD en ma possession. Aujourd'hui, j'ai fait une découverte incroyable.

On pourra bien ne pas être de mon avis, la musique n'a rien à voir avec l'art. La musique, ce n'est pas de l'art. Dans le meilleur des cas, la musique est là pour divertir et pour fournir une activité à bon compte aux oreilles. Il existe cependant deux exceptions à ceci : Glenn Gould et Keith Jarrett.

Avant Jean-Sébastien Bach, il n'y a pas de musique. Après Jean-Sébastien Bach, il n'y a plus rien à faire en matière de musique. Exception faite de celle de Keith Jarrett. Le problème avec Bach, c'est bien qu'il n'a pas laissé beaucoup d'enregistrements. Alors, il a fallu attendre le génie de Glenn Gould pour se faire une idée du génie de Bach. D'ailleurs, il est possible que Gould ait apporté encore un peu plus de génie au génie. Vu ce que je pense de la musique en général, je considère que Bach (et donc Gould) et Jarrett ne sont pas des musiciens mais des artistes. Des vrais artistes. Ils auraient pu faire quelque chose de bien plus intéressant. Ils ont tenté de donner ses lettres de noblesse à la musique et, reconnaissons-le, ils y sont presque parvenus.

En préambule et avant toute chose, je vous dois de reconnaître ici humblement que je ne suis, ni de près ni de loin, musicien ou musicologue ou musicolâtre ou musicophile. Je le dis sans fierté excessive mais sans honte non plus : pour moi la musique n'est en rien indispensable. Je consomme la musique (la majeure partie de la musique que j'écoute, entends ou subis) avec parcimonie, sans la moindre science de la chose et selon mes humeurs, variables et changeantes, de sorte que je vais pouvoir trouver quelque plaisir à écouter les Ramones ou les Clash comme Miles Davis ou Coltrane ou encore Thelonious Monk. Cependant, depuis le temps que je me fréquente j'ai pu noter quelques préférences pour certaines formes musicales. Ainsi, j'aime généralement plutôt bien le blues (et plus le blues acoustique que le blues électrique), j'aime globalement bien Pink Floyd, le Jazz Be Bop ou Hard Bop, la Neuvième Symphonie de Beethoven, un peu Mozart, Schubert, Carl Orff, Prokofiev et Sibelius ; parfois les Residents, les Pogues et les Rolling Stones ; de temps à autres Bob Dylan et Simon et Garfunkel et d'autres choses diverses. J'ai la prétention d'avoir des goûts assez éclectiques et d'être en mesure de détester certaines formes musicales ou quelques groupes. Prétention parce que pour parvenir à détester, il faut déjà être capable d'aimer et je ne suis pas certain d'avoir les facultés nécessaires à l'appréciation pleine et entière de la musique. Mes oreilles ne fonctionnent pas trop mal et mon cerveau fait ce qu'il peut.

Dès lors, vous ne pourrez vous empêcher que je ferais mieux de ne pas parler d'un sujet qui m'intéresse si peu et pour lequel je me réclame d'une rare incompétence. Sauf que j'ai envie d'en parler parce que ce matin j'ai eu l'idée de ranger un peu mes CD. J'ai une technique toute personnelle pour ranger les CD. Elle s'applique aussi aux autres choses. Cette technique n'est sans doute pas la meilleure, elle a pour grand mérite de ne pas être compliquée à mettre en œuvre. Cette technique, c'est celle de l'empilage ou du rassemblage. En gros, soit vous faites des piles qui finissent par s'effondrer, soit vous prenez un carton que vous remplissez jusqu'à ce qu'il soit plein d'objets que l'on peut considérer comme faisant un peu partie de la même famille d'objet. Les ordures avec les déchets, les livres avec les revues, les CD avec... les CD. Et alors, parce que j'ai tout de même un minimum d'esprit pratique, je me suis laissé aller à classer a minima ces CD par famille ou par auteur, groupe, style (...). Il s'est trouvé que j'ai mis les albums de Jacques Higelin ensemble et que j'ai fait de même pour ceux de Pink Floyd mais que là, j'ai aussi ajouté ceux de Roger Waters. Les albums des Pogues ensemble mais avec celui des Popes et de Flogging Molly. Tout ce qui est Jazz ensemble aussi. Et puis ceux des Residents ! Non, non, il y a une sorte de logique à tout cela, faut pas croire !

Dans mes quelques disques, il y a ceux que j'écoute souvent, ceux que j'écoute de temps en temps, ceux que j'écoute rarement et ceux que je n'écoute jamais. Je ne peux pas classer selon ces critères parce que c'est trop susceptible de changer. Je peux passer des mois ou des années sans avoir la moindre envie d'écouter un groupe ou un musicien ou un chanteur et de voir cette envie se réveiller sans que j'y prenne garde. C'est comme cela que cela fait plusieurs années que je n'ai pas écouté Calvin Russel ou Kevin Coyne et que je suis actuellement en train d'écouter tous les albums de Muddy Waters que j'ai.

Malgré tout, cela ne vous instruit guère de ce que je voulais vous dire au sujet de la découverte incroyable faite par moi ce matin et je vous prie de m'excuser pour ces digressions fatigantes. Or donc, ce matin, je range mes disques et je choisis deux disques à écouter. L'un de Glenn Gould, l'autre de Keith Jarrett. Hormis le fait qu'ils sont deux excellents musiciens, on ne peut pas prétendre qu'ils officient dans les même registre, et ceci même s'il est question de piano dans les deux cas. Et je me suis étonné de ce choix. Pourquoi ces deux disques là et pas un autre ou des autres ? Pourquoi ? J'ai écouté un des disques et puis l'autre et c'est alors que j'ai compris mon choix. Ce n'est pas pour la musique que je les avais choisis, c'est juste parce que j'étais dans un état d'esprit qui faisait que je choisirai des disques avec une prédominance de blanc sur la pochette et des photos de pianistes courbés sur leur instrument. C'est fou, non ?

Glenn Gould - Keith Jarrett

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