Lorsque l'informatique devient un jeu

L'informatique, pour moi, c'est devenu un jeu. Presque le seul jeu que je pratique depuis que j'ai égaré mon dernier jeu de cartes et que je ne trouve plus de partenaires pour taper une petite belote sur une table de bistro.

Vous vous en souvenez, vous, de ces salles de bistro où l'on pouvait rester des plombes sans être obligé plus que ça à renouveler sa consommation ? Moi je m'en souviens bien. Avec une petite pointe de nostalgie. On s'y retrouvait entre potes, on avait le droit d'y fumer et de squatter une table pour d'interminables parties de belote ou de tarot. Moi, je préférais la belote mais bon, lorsque la majorité préférait jouer au tarot, on jouait au tarot. On buvait des demis ou bien des cafés. C'était un peu selon les horaires et les finances. Je ne sais pas combien de centaines d'heures j'ai pu perdre dans les cafés. A l'époque, on était une petite bande de copains sur Brive et on s'était trouvé notre havre de paix après avoir essayé pas mal d'endroits. Ce bistro magique, il était situé non loin de l'Hôtel de Ville et s'ouvrait sur une toute petite place tranquille. Je ne me souviens plus bien du nom du lieu. Un truc dans le genre "le bon Chabrol" ou quelque chose d'approchant. Le patron avait facilement plus de soixante-dix ans et l'établissement faisait aussi restaurant d'habitués. D'habitués pas riches. D'habitués vieux et, parfois, un peu poivrots sur les bords. Ils avaient leur serviette rangée dans des casiers et il fallait faire gaffe à pas piquer la place d'un habitué. On se faisait enguirlander à voix basse et on comprenait aux regards assassins que cet endroit n'était pas un endroit pour jeunes punk-rockers-drogués. Nous, on était tellement contents d'avoir dégotter ce café qu'on le jouait profil bas et qu'on ne cherchait pas à semer notre zone. On était respectueux des lieux et des gens des lieux.

Alors voilà, la bière n'était pas chère (mais la carte n'était pas riche non plus) et on nous laissait une paix royale. On jouait à la belote ou au tarot en rigolant et en draguant un peu les copines que l'on parvenait à amener avec nous. Je vous parle de ça, ça remonte à loin. Disons que c'est dans les dernières années avant les années 90 et la première guerre du Golfe. A un moment, la bande de copains s'est un peu clairsemée. Certains sont allés suivre des études à Limoges, d'autres ont trouvé du boulot et puis, bon, on a cessé de fréquenter le bistro. Les années ont passé et puis, un jour, je suis repassé par cette petite place. Plus de bistro, plus d'habitués, plus de belote. Je ne dis pas que c'est là que j'ai arrêté d'aller dans les cafés mais je pense que ça marque le début de la fin. Peu à peu, les cafés ont cessé de me plaire. On y entendait trop de musique non désirée, le prix des consommations augmentait, on ne vous laissait plus attendre des heures en bouquinant. Et puis, on a interdit de fumer peinard et là, je me suis dit que c'était mort et qu'il n'y avait vraiment plus aucune raison d'aller perdre son temps dans ces lieux insalubres et désagréables. Autant rester chez soi où l'on fait ce que l'on veut quand on le veut pour moins cher.

Mais là n'est pas le sujet. Je voulais vous parler de l'informatique. A l'époque que je vous décris au-dessus, l'informatique et moi étions, comment dire, un peu étrangers l'un à l'autre. J'avais entendu parler de ces machines, j'avais déjà eu l'occasion de rêver aux Macintosh, j'imaginais déjà un peu que ça pourrait être un instrument intéressant mais c'était fort cher et je n'avais pas les moyens. On va dire que j'ai réellement commencé à utiliser un ordinateur aux débuts des années 90. Avant, oui, j'ai joué sur un Amstrad 6128 ou sur un Atari Mega ST1, j'ai fait quelques trucs utiles mais c'est avec mon premier Macintosh que j'ai vraiment commencé à utiliser un ordinateur pour quelque chose de sérieux. Pour écrire, par exemple. Et puis, un peu plus tard, pour travailler et me former à Photoshop. Ce que personne n'envisageait vraiment, je pense, c'est ce qu'allait apporter Internet. Internet, je me souviens bien que lorsque j'ai commencé à en entendre parler, je ne comprenais rien à rien de ce que c'était. Un réseau mondial ! Un réseau ? C'est quoi un réseau ? Un jour, il y a eu une présentation de l'Internet à une poignée d'entrepreneurs du Terrassonnais. J'étais là pour couvrir l'événement pour Sud-Ouest. La personne qui était chargée d'expliquer a dû se sentir bien seul. Personne ne s'enthousiasmait beaucoup de voir que l'on pouvait se connecter sur un site d'une université américaine où l'on pouvait lire des écrans de texte écrits en langue anglaise. Moi même, je me souviens avoir pensé que, oui, pourquoi pas mais que bon, hein, tout de même... Et à ce prix en plus ! Parce que ce n'était pas donné.
C'est mon frangin qui m'a fait franchir le pas. Il s'était inscrit chez Free et il me disait combien Internet, c'était vachement bien. Moi, ça m'a donné l'excuse pour acheter un Macintosh G3 et un modem. Je me suis inscrit chez Free aussi et j'ai commencé à aller sur l'Internet, à me créer et à utiliser le courrier électronique, à tenter de créer mes premières pages html avec PageMill, un logiciel que j'avais trouvé je ne sais plus où pour pas cher en version officielle. Avec la connexion rtc, pas question de rester des heures sur Internet ! Alors, bon, j'y allais une ou deux fois par jour.
Free a commencé à proposer des forfaits. 50 heures de connexion pour 14,90 euros tout compris. Je me suis abonné à ce service et je suis resté longtemps à ce stade. Ça me convenait bien. Je n'avais pas grand chose à télécharger et, s'il le fallait, je pouvais le faire au boulot. Finalement, il y a quelques années, l'adsl est arrivé à Azerat et puis j'ai fini par m'y connecter. Ce que je redoutais un peu est arrivé, je me suis connecté de plus en plus longtemps, tous les jours. Pour autant, je suis assez serein avec cette technologie et ne surfe presque pas. J'ai ma petite liste de sites que je visite régulièrement et voilà.

Là où je voulais en venir au début, c'est que Internet et l'informatique sont devenus pour moi le seul jeu auquel je m'adonne avec une belle constance et beaucoup de patience. Au fil du temps, j'ai pris plaisir à réparer des ordinateurs, à les faire fonctionner, à bidouiller dans les systèmes, à comprendre. Pour Internet, je me suis intéressé à la réalisation de sites en parfait gougnafier (en fait, je n'y connais rien) et à la mise en place de serveurs web tournant sous Apache. Qu'est-ce que j'ai pu me prendre la tête avec ça, juste par jeu, pour passer le temps ! De fil en aiguille, et aussi parce que entre temps j'ai dû apprendre par moi-même à gérer un parc informatique d'une quarantaine de machines (Mac et PC) avec des serveurs (Mac OS X Server et Windows 2000 Advanced Server), je me suis intéressé aux histoires de réseau, de VPN, de prises RJ 45 et tout le truc qui va avec. Au pire de la crise, il m'est arrivé d'avoir une dizaine de machines en route chez moi avec des défis incroyables autant qu'inutiles pour faire se causer des Mac sous 7.1, 9.2.2 et 10.3 en croisant des protocoles TCP/IP avec du LocalTalk, un PC sous Windows ou sous Linux Mandrake. Ça ne servait à rien d'autre qu'à jouer, à passer le temps et à me former.

En ce moment, mon nouveau jouet, c'est Joomla. Joomla, c'est un système de gestion de contenu (un CMS en anglais). Pour ce blog, j'utilise avec bonheur dotclear que je trouve simple à utiliser et à modifier. Joomla, c'est ce que l'on peut appeler une vraie usine à gaz. C'est, à mon sens, vraiment mal foutu au niveau de l'ergonomie. On ne comprend rien à la logique interne qui a conduit à placer des menus, des sections, des trucs et des machins dans n'importe quel sens. Mais alors, qu'est-ce que c'est bien pour passer le temps ! Je ne suis pas un spécialiste de ce CMS et il est certain que l'on pourra me rétorquer que c'est un outil très efficace et puissant pour peu que l'on apprenne à s'en servir. J'aime bien comprendre et découvrir le plus possible par moi-même. J'ai un collègue qui est assez calé et je lui demande des coups de main ou des conseils de temps en temps. Ces temps-ci, je suis en train de me bagarrer avec un template pour Joomla qui n'est pas d'une approche très aisée. J'ai déjà compris pas mal de trucs mais il y a encore des détails qui m'échappent totalement. Le pire, c'est que le site que je suis en train de faire ne sert vraiment à rien et qu'il n'est absolument pas appelé à être visité par quiconque. J'aurais très bien pu le faire en local, sur ma machine, mais je trouve que, alors, ça ferait vraiment trop "geek".

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