Vous n'avez pas idée

D'ailleurs, moi non plus je n'ai pas idée. Et pourtant, une idée, j'en ai eu au moins une depuis ce matin, celle de me faire et de me refaire du café. C'est une idée bien modeste dont on ne peut guère faire grand chose si ce n'est boire du café. D'ailleurs, est-ce seulement une idée à la mesure de celle que l'on peut se faire d'une idée ? Pas bien certain, ça. Peut-être est-ce plutôt une forme d'automatisme, quasi un réflexe conditionné par le réveil et la pose du premier pied à terre. Ce lever respecte chaque matin un petit cérémonial immuable au sein duquel la préparation du café et son absorption ont une belle place.
Ainsi, depuis ce matin, c'est bien la seule idée qu'il me semble pouvoir enregistrer : faire du café. Je viens d'en refaire, je viens d'en reboire. Il m'arrive parfois d'avoir d'autres idées plus intéressantes que celle-ci mais aujourd'hui tout paraît concourir à ce que j'aille jusqu'à la fin de la journée sans qu'une meilleure que celle du café qui coule ne vienne perturber la morosité, la lassitude, le désespoir qui s'installe sourdement dans mon esprit. Je déteste n'avoir que cette idée caféinée à me mettre sous la dent. Je déteste ça. Ça m'amène à broyer du noir (comme le café), à me persuader que tout est foutu, la matinée, la journée, la vie et tout le reste.
J'ai pris du papier et j'ai commencé un dessin. Je me suis aperçu qu'il ne se raccrochait à aucune idée et je l'ai abandonné. J'ai pris une autre feuille et j'ai commencé un nouveau dessin et l'idée n'est pas venue, n'est pas arrivée. Je pourrais noter dans mon agenda, à la date du jour : journée sans idée. Je l'écrirais à l'encre rouge et en fin d'année, je relirais cet agenda et compterais le nombre de journées de la sorte. Il y en aurait peut-être un peu plus de trois-cent soixante et ça finirait de me désespérer totalement.
Hier, je suis allé bosser à Périgueux. Ça a été une journée bizarre. Rien ne marchait comme il le fallait. Déjà, l'ordinateur a refusé de se connecter au réseau. Je n'ai pas compris. C'est assez incompréhensible. Une fois que j'ai réussi à me connecter en utilisant le réseau sans fil, ce réseau s'est révélé être d'une lenteur exaspérante et sidérante. Après, l'imprimante ne fonctionnait plus. Il a fallu en passer par l'envoi de pdf sur un serveur saturé et par la récupération de ceux-ci par un autre ordinateur pour pouvoir imprimer. A la fin de la journée, il était déjà plus de 19 heures, l'ordinateur s'est bloqué au moment de générer un pdf composé de tous les travaux de la journée. J'en ai eu marre, tout le monde avait une grande envie de partir, j'ai tout mis sur une clé USB et je suis rentré chez moi. J'ai fini ce travail sur mon ordinateur et j'ai envoyé le résultat sur une plate-forme de partage de fichier.
C'est cette journée d'hier qui a dû me perturber au point que j'en ressens encore le contrecoup. Du coup, parce que je me rends compte qu'il est vain de lutter et d'attendre la naissance miraculeuse d'une idée, je pioche dans un dessin un peu ancien. Ce n'est pas génial mais je vous sais plein de bienveillance et pas trop difficiles à contenter.

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