Back in USSR

Kiev-88.pngJ'avais un copain, sans doute mort aujourd'hui, qui était musicien. Il m'avait demandé de faire des photos pour son nouvel album et il avait tenu à ce que j'utilise son appareil soviétique. Il s'agissait d'un boîtier moyen-format, un Kiev 88, qui m'angoissait à chaque fois que je déclenchais ou faisais avancer la pellicule. Il n'empêche que des photos, il y en eut.

Je me souviens de la séance. Gerry me met le Kiev entre les mains. Je ne sais pas vraiment par où commencer. J'ai une bobine de HP5 Plus. Une bobine 120. Je peux espérer faire 12 images en noir et blanc. J'ai prévu le coup, j'ai avec moi un posemètre Gossen bien plus fiable que le prisme-posemètre du char d'assaut ruskof. J'enlève le dos du Kiev, j'installe la bobine tant bien que mal, je n'oublie pas de mettre le volet du dos qui permet d'en changer à volonté (enfin en théorie, quand le dos ne se bloque pas les dents d'engrenage).
Quelques tours de manivelle et on peut faire les photos. Auparavant, nous avions repéré une épave de Citroën des années 30 et nous avions décidé que cela ferait une belle pochette pour l'album. Premier déclenchement. Je prends peur. L'impression que toute la mécanique est tombée au fond du boîtier. Un bruit horrible, une sorte de cri plaintif accompagné d'une lamentation de ressorts cacochymes. Gerry me rassure. Il croit au génie des peuples de l'Est. Il m'a donné pour consigne de ne jamais changer la vitesse d'obturation avant d'avoir armé. A vrai dire, je ne touche pas trop à ce réglage et me contente de jouer sur le diaphragme. Je n'ai pas pris de pied et il faut lutter contre les vibrations intempestives de la chose slave.
Douze images. C'est fait. Il faut maintenant attendre de développer la pellicule pour savoir. On saura quelques jours plus tard. Les photos ne sont pas mauvaises. Certes, le piqué de l'objectif n'est pas aussi merveilleux qu'annoncé par le propriétaire qui prétend que c'est équivalent à du Hasselblad-Zeiss. On en est loin ! Deux photos seront utilisées pour la pochette de l'album. Une pour la couverture, une autre pour le dos. Nous devions être en 1999 ou en 2000, quelque chose comme ça. J'ai retrouvé les négatifs hier, par mégarde. Je m'apprêtais à jeter une enveloppe lorsque j'ai eu la curiosité de regarder ce qu'elle contenait. Comme quoi il ne faudrait jamais rien jeter.

Citroën Villac
Citroën Villac
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