Dictature en marche

Pour faire une belle dictature, d'abord il faut mettre en œuvre tout ce qui peut être nécessaire à provoquer la confusion des esprits. Il est bon que le peuple ne soit plus en état de se questionner ou, tout du moins, qu'il n'ait plus le temps de réfléchir pleinement et de trouver des réponses à ses questions légitimes. La profusion d'information peut aider à créer la confusion.
Dans la pratique, on s'appliquera à nourrir l'information d'une multitude de faits sans importance afin de noyer ceux qui sont décisifs. On prendra bien soin de faire beaucoup de bruit autour de ces informations de peu d'importance, de créer la polémique, de susciter les prises de position, de monter les uns contre les autres, d'user de jargon pompeux. Pendant que les esprits sont occupés, il sera simple de pratiquer à des restrictions du champ des libertés individuelles, à l'application de lois instituant des obligations et des devoirs supplémentaires. On justifiera le tout en assurant que ces décisions sont prises pour le bien de la population et en indiquant bien les dangers à laisser perpétuer une ou l'autre des situations actuelles. Le cas échéant, on pointera du doigt les dangers qui guettent, tapis dans l'ombre, peut-être au-delà de nos frontières.
On n'hésitera pas à faire un grand usage de "vérités" assénées au nom de l'autorité. On produira des rapports, des études, des expertises sans jamais permettre que l'on puisse les discuter ou les étudier. On annoncera que les mesures prises sont indispensables, nécessaires, impérieuses et urgentes.
La presse sera instrumentalisée pour qu'elle délivre d'une voix univoque ces idées et pour qu'elle explique combien elles sont bonnes et imparables. On ridiculisera les quelques personnes n'allant pas dans ce sens. On dira que toutes les mesures sont prises dans un souci de compétitivité, de rationalisation, de modernité. Du passé, on fera table rase et on expliquera combien les temps ont changé.
Le challenge sera de parvenir à mettre en place une dictature sous couvert de démocratie. Il faudra essayer dans la mesure du possible à faire entrer dans les têtes que les libertés grignotées ne sont rien par rapport à toutes celles qui restent à disposition. Si cela est réellement nécessaire, on pourra même ouvrir quelques nouvelles libertés. On maniera le langage de manière à brouiller les pistes et à alimenter encore la confusion des esprits. Par exemple, on jouera sur les similarité des termes pour faire admettre que le libéralisme est le synonyme de la liberté.

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