Imagination débordante

En ces temps incertains au cours desquels le doute dispute la place à l'imprévisible absolu, il est pourtant au fur et à mesure que l'horizon se fait plus clair quelques certitudes qui semblent apparaître dans le lointain brumeux. Nous attendions Hillary Clinton et ce fut Donald Trump. Nous attendions Alain Juppé et François Fillon gagna. Nous attendions Manuel Valls et Benoît Hamon remporta la gagne. Alors, nous nous étions habitués à l'idée que Fillon serait le prochain président de la République. Nous étions abattus, nous étions résolus, nous étions résignés.
Et puis, ces derniers temps nous ont expliqué que Fillon ne le sera sans doute pas. Par la grâce d'une Pénélope semblant s'emmerder ferme à Sablé-sur-Sarthe, le candidat préféré des électeurs de droite de notre pays, le monsieur Propre aux 500 000 emplois supprimés dans la fonction publique, le héraut du libéralisme sourcilleux, le chantre de la pensée droitière, tombe en torche devant les yeux hébétés de tout un tas de personnes s'étant acquittées d'une taxe de quatre euros pour le désigner pour champion. Je ne vous cache pas le plaisir immense occasionné pour moi par cette affaire.
Du coup, les Laids Républicains vont probablement connaître quelque difficulté à s'en remettre dans l'immédiat. Si le candidat Fillon pratique une forme de coitus interruptus, on ne sait pas trop ce qu'il va se passer. Juppé a dit qu'il refusait de jouer le rôle du plan B. On peut imaginer un plan C avec Sarkozy qui reviendrait mais bon. Ce que l'on peut penser, ce pour quoi nous pouvons nous réjouir, c'est que pour la droite, c'est plié.
Chez les socialistes, on espérait beaucoup d'un Manuel Valls au libéralisme moderne qui n'a presque rien à envier à un candidat de droite. Pourquoi et comment Benoît Hamon est-il arrivé devant ? Il y a eu la grosse bourde de Valls annonçant qu'il supprimerait le 49.3, bien sûr. Ça n'est pas passé, ça. On a pu avoir le sentiment que l'on se foutait de notre gueule.
Une fois Hamon élu, le PS a montré son vrai visage. On a entendu des voix annoncer que l'on refusait ce candidat et que l'on allait se permettre de ne pas le soutenir. On a vu des socialistes se rapprocher de Macron. Il convient de mépriser ces personnes. Enfin, un bon point est à relever de cette aventure. Cela permet de montrer le véritable visage de ce qu'est devenu le Parti Socialiste. Le PS est mort, j'espère bien qu'il ne s'en relèvera pas et je suis prêt à prêter une pelle pour creuser sa tombe. Un trou bien profond avec plein de terre bien tassée par dessus.
Macron, il attire je ne comprends pas qui mais il paraît qu'il est attirant. Ses idées ne sont pas les miennes. Je ne comprends vraiment rien à ce personnage. Je le trouve désagréable et faux. Hier, j'ai eu l'occasion de voir une partie de son discours lyonnais sur un écran de télévision. C'était creux. D'après ce que j'ai compris, il pourrait attirer à lui des personnes de gauche et de droite. Bon. Je ne comprends pas et ne vais donc pas m'appesantir sur son cas. C'est trop difficile de chercher une forme de logique ou de rationalité dans le fait que l'on puisse espérer ce Macron pour prochain président. J'ai entendu que, entre autres, Ségolène Royal rejoindrait les rangs des soutiens au mouvement En Marche !. Bien. Il me semble avoir entendu que Strauss-Kahn, dans l'ombre, le soutiendrait aussi. Voilà. Le PS est mort et ce n'est pas dommage.
On ne sait pas ce que va faire François Bayrou mais il y a un candidat qui m'intéresse de plus en plus, c'est Mélenchon. Et pourtant, Mélenchon ne parvient pas à me convaincre tout à fait. Parfois, je trouve qu'il fait trop dans l'approximatif excité. Il ne m'est pas antipathique, je partage pas mal d'idées avec lui et vais sans doute le soutenir et voter pour lui. Au moins, il n'a pas de discours libéral et, je le pense, est assez sincère dans ses idées de gauche. Le problème tient dans la question que l'on se pose souvent à l'écoute de ses propositions : est-ce que tout cela est faisable ?
Avec le Brexit et l'arrivée de Trump, les idées économiques et politiques de Mélenchon me semblent prendre plus de sens. Sortir d'une Europe trop libérale quitte à créer une autre Europe plus sociale avec ceux qui le veulent, l'Espagne, la Grèce, l'Italie, par exemple, pourquoi pas ? Evidemment, je ne suis pas en mesure de calculer ce que l'on y gagnerait et ce que l'on y perdrait. Je me dis toutefois qu'il est temps de s'émanciper de ce système économique dicté par les USA et que Trump peut nous y aider. Le problème des idées libérales est qu'elles sont proposées depuis des décennies comme indiscutables par la gauche et par la droite. Seuls les partis de gauche et d'extrême gauche vont à l'encontre de cette idéologie et de son supposé fatalisme. Depuis des décennies, on nous raconte, au mieux, que le tout n'est pas bon dans le libéralisme mais qu'il faut composer avec. Les quelques maigres promesses d'avancée sociale faites par ce libéralisme n'ont aucun sens, finalement. On voit bien que le sens de l'histoire dictée par le libéralisme est l'abrogation de toutes les avancées sociales, justement. Et dans tous les domaines, que ce soit l'éducation, la santé, le monde du travail, le temps de la retraite voire même la sécurité. Au nom du libéralisme, les états ont été conduits à réduire leur rôles et à se désengager dans tout un tas de domaines. Les états ont été amenés à mettre en place des stratégies fallacieuses pour remplir leurs caisses. Sous couvert de sécurité routière, on a placé des machines à générer des revenus sur le bord des routes, par exemple.
Récemment, Martin Hirsch appelait à supprimer les mutuelles et assurances de santé pour les intégrer à la Sécurité Sociale. Cela me semble évident. Je pense et espère que nous sommes en 2017 à l'aube d'un nouveau système de pensée. Mais pour que ces idées remportent la mise, il faudrait sans doute que les partis de gauche parviennent à s'entendre. En clair, il faudrait que Mélenchon, Hamon, les frondeurs socialistes, certains écologistes, parviennent à s'entendre. La grosse difficulté sera alors, bien entendu, que la moitié de la population française est et restera acquise aux idées de droite et à celles du libéralisme. Et du coup, tout cela restera sans doute du domaine du rêve un peu fou.
Il est bien difficile d'écouter aujourd'hui ce que nous disent les sondages et études d'opinion. Il est bien possible que l'extrême-droite aura quoi qu'il en soit un nombre important de voix. Il est assez peu probable que la gauche puisse réellement tirer son épingle du jeu mais face à la déconfiture de la droite assez inespérée, pourquoi pas ? Ça peut valoir que l'on essaie.

Finissons-en avec le PS

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