Ce dimanche, on va commémorer le début de l'effroyable bataille de Verdun. La Grande Guerre, la der des ders, la boucherie, celle que Brassens prétendait préférer entre toutes, ça fait déjà deux ans que l'on devrait tous l'évoquer au nom de la mémoire et du "plus jamais ça". J'ai comme l'impression que ça ne prend pas. Oh ! Il y a eu des livres, des documentaires, des émissions de radio, c'est sûr. Ponctuellement, on y pense à l'occasion, comme dans le cas présent, d'une date particulière. Mais dans l'ensemble, force est de le reconnaître, on s'en fout un peu de ce centenaire. Des poilus, y en a plus. Tous morts, les valeureux soldats. Ne reste plus que le 11 novembre, un jour férié qui n'a déjà plus de signification pour pas mal de gens.
Pour les cent ans du début de cette guerre, peu avant 2014, on nous promettait de grandes initiatives visant tout à la fois à se souvenir des soldats morts et à fêter la paix entre les peuples et nations qui autrefois se faisaient la guerre. Il ne doit pas être simple d'organiser des manifestations qui ne tombent pas dans l'écueil du patriotisme. J'imagine mal que l'on incite les Français à parler de boches ou de fridolins à présent que l'Europe est construite. Aussi, on ne peut pas glorifier les soldats de la Triple Entente et démolir ceux de la Triple Alliance. Ça n'aurait pas de sens aujourd'hui. Le problème, c'est que l'on risque vite de tomber dans les affres du "politiquement correct" et finir par ne plus rien dire du tout que des platitudes pesées et mesurées. La seule position qui pourrait être recevable serait sans doute de se contenter de faire parler les historiens, les historiens des deux bords. Depuis longtemps, je suis contre les cérémonies du 11 novembre. Je veux bien comprendre qu'il y a eu un besoin politique dans un premier temps mais nous savons également que l'armistice de 1918 a ouvert les portes à la seconde guerre mondiale.
De la guerre de 14-18, je retiens surtout ce que j'ai lu et vu. Il y a de magnifiques bouquins sur le sujet, de belles BD et de bons films. D'ailleurs, je ne me souviens pas avoir vu des films comiques sur la guerre de 14-18 comme on en a eu pour la suivante. Sans doute n'y avait-il aucun sujet de rigolade dans tout ça. Je suis d'un âge qui m'a permis de connaître des personnes qui ont fait cette guerre. Dans mon souvenir, ces personnes ne parlaient pas beaucoup de ce qu'elles avaient vécu. Il reste un bouquin que je vous conseille, "Paroles de poilus". Ça en dit long de ce qu'était la vie de ces poilus.
8 réactions
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1 De nono - 26/05/2016, 13:09
Une telle horreur est indicible, ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent pas y croire, alors à quoi bon…
C’est mon grand-père qui me disait cela, quand j’étais tout petit. Il avait fêté son vingtième anniversaire aux Dardanelles (l’expédition foirée de Churchill) avant d’être envoyé à Verdun à sa sortie d’hôpital après sa première blessure grave, il sera encore blessé plus tard et plus gravement…
Il disait aussi, « si j’ai tué quelqu’un, je l’ai pas fait exprès » (il était dans le génie)
J’étais sur ses genoux lorsqu’il me disait ces phrases, il tenait à me raconter des anecdotes sur la vie au front, mais il ne me disait pas tout.
je ne peux pas oublier ça.
2 De waldo7624 - 26/05/2016, 13:28
Merci pour cette évocation de circonstance qui, forcément, rappelle quelque chose à ceux qui ont eu un grand-père l’ayant vécue. C’était le cas du mien, né en 1898. 28 mois d’hôpital pour traîner sa vie durant une jambe morte, parce qu’on pensionnait moins les blessés que les amputés. ll a fait son jardin jusqu’à presque 95 ans, à plat ventre, seule position possible pour lui. Mais il n’en parlait jamais.
Effectivement, pas de comédies connues sur ce thème, en 14 papy ne faisait pas de résistance.
3 De Liaan - 26/05/2016, 13:57
Pour les générations de petits vieux que nous devenons, nous avons, dans notre enfance, connu des anciens combattants et victimes de la guerre de quatorze. Et pour nos parents, c'était encore plus flagrant.
Mais le temps passe, et comme le disait la grand'mère de mon père :
‹‹ Le temps passe, et il y a de moins en moins de gens qui auront connu Napoléon III ››
Je me souviens du tirage des gueules cassées, de la Loterie Nationale, je demandais à mon père qu'est-ce que cela signifiait. J'ai surtout découvert ces fameuses gueules cassées avec le dessinateur Tardi, à travers ses bandes dessinées, et en particulier "Le der des ders"(avec Daeninckx).
Mais il y a eu la seconde guerre mondiale qui occupait tous les esprits.
4 De Tournesol - 26/05/2016, 14:11
Apres la puree crecy et le veau marengo,on tente une compotée Verdun?
5 De fifi - 26/05/2016, 23:12
Le seul souvenir que j'ai, c'était un ancien qui avait fait la grande guerre, il était toujours assis à droite de sa porte à deux battants sur sa chaise empaillée, appuyé sur sa canne le regard fixe. Il avait une de ces paires de bacchantes. C'est marrant, je pense souvent à lui.
6 De waldo7624 - 27/05/2016, 11:06
Je me suis mal exprimé hier à 13h28, rectification de la conclusion :
Effectivement, pas de comédies connues sur ce thème, en 14, si papy faisait bien de la résistance, il ne faisait pas de cinéma…
Je prie les poilus d'accepter mes excuses pour cette mauvaise expression de ma pensée.
7 De Liaan - 27/05/2016, 16:51
@waldo7624 : Vous êtes tout excusé.
En parlant de rigolade autour de la guerre de quatorze, je pense au début du film de Charlie Chaplin "Le Dictateur", si je ne me trompe pas, on voit quelques gags autour d'un canon ?
Et dans certains films de Laurel & Hardy, ainsi que des Marx Brothers, il y a quelques séquences se déroulant pendant une guerre (guerre d'avant celle de quarante). "Le mécano de la General", avec Buster Keaton, se situe pendant la guerre de sécession en Amérique du Nord.
8 De fifi - 27/05/2016, 22:49
@Liaan : " La guerre de sécession a cessé c'est sur ".