Flics, flaques

Depuis quelque temps, les flics manifestent. J'ai un peu entendu leur revendications et l'objet de leur colère mais le sujet n'est pas là. Les flics, les policiers et les gendarmes dans le même sac, je ne les aime pas. Je regrette d'avoir à reconnaître que, peut-être, la société a besoin d'eux. Je le regrette parce que leur utilité indique que nous ne vivons pas dans un monde parfait. Je ne pense pas que j'aurais pu être flic. Je ne pense pas que j'aurais pu avoir la vocation. Pas plus que j'aurais pu finir militaire ou curé ou gardien de prison, notaire, huissier ou joueur de football. C'est pas mon truc.
Le métier de flic est difficile ? Oui, sans doute. Et alors ? Bien sûr que c'est un métier difficile ! Et tout est fait pour qu'il le soit, difficile. A commencer par le rôle que l'on leur demande de jouer. Dans mon idée d'un monde qui marcherait vers une certaine perfection, le flic serait là pour aider et, éventuellement lutter contre les méchants. Dans les faits, je ne suis pas très rassuré lorsque je vois des flics. Alors j'ai conscience de ce que mon aspect général ne joue pas en ma faveur. Je comprends le "délit de sale gueule". Les flics sont presque aussi humains que les gens normaux, après tout. Lorsque je vois un flic, je me méfie. Je me demande toujours à quel moment on va me demander mes papiers ou que l'on va me dévisager d'un air suspicieux. Si je me promène dans une ville et que j'aperçois des flics, je vais chercher à les éviter le plus possible. Je ne les aime pas, ça ne se commande pas, c'est comme ça.
A la limite, les seuls flics que j'apprécie sont ceux de papier ou ceux couchés sur pellicule. Dans les romans ou films policiers, les flics ont presque toujours le beau rôle. Ils sont intelligents, courageux, protecteurs, forts, altruistes. Ça fait bizarre de revenir au monde réel. Je n'ai que très peu fréquenté de flics gradés. J'ai pu reconnaître l'intelligence d'un gendarme chef d'une petite brigade de gendarmerie et celle de son équipe. Je n'en fais pas une généralité. Bien sûr qu'il existe des flics intelligents ! Malheureusement, il en existe beaucoup plus qui n'ont rien dans le crâne.
Les flics, comme les militaires, ne sont pas programmés pour réfléchir. Ils doivent accepter les ordres et faire ce que l'on peut leur ordonner de faire sans se poser de questions. A la base, ils ne sont pas plus bêtes que vous ou moi. C'est l'instruction qu'ils reçoivent qui les rend tels qu'ils sont. On leur apprend à paraître bêtes à manger du foin, à ne pas sourire, à jouer les durs, à faire respecter leur autorité, à bien se démarquer de la population. C'est du bourrage de crâne. Notez que l'on remarque les mêmes faits dans les entreprises où le petit chef est une engeance semblable. Il n'est toutefois pas totalement impossible que j'aie un petit souci avec la hiérarchie ou l'autorité d'une manière générale.
Donc, à l'occasion d'un ou l'autre des attentats, les flics ont été utiles et on n'a pas manqué de saluer leur travail remarquable. Bien. Un chanteur a même fait une chanson pour dire combien, désormais, il aime les flics. Bien, bien, bien. J'ai mauvais esprit et je ne parviens pas à m'émerveiller outre mesure du fait que les flics soient intervenus lors de ces occasions. Après tout, c'est leur boulot, non ? Ils sont formés pour cela, ils y sont (plus ou moins) préparés, non ? Enfin il me semble. Les pompiers interviennent eux aussi sur des missions difficiles et délicates. Ils ne sont pas armés, ils prennent eux aussi des risques. On ne va pas faire une chanson sur eux. Enfin c'est possible qu'il existe des chansons louant les mérites des sapeurs-pompiers, je ne connais pas tout le répertoire non plus.
D'après ce que j'ai compris, les flics râlent parce que leurs conditions de travail est devenu trop difficile, qu'ils manquent de moyens, que l'on leur en demande toujours plus. J'imagine bien que leur boulot n'est pas simple mais personne ne les a jamais obligé à choisir ce métier. Il y a certainement d'autres métiers qui ne sont pas simples non plus. Tenez, rien que le métier d'agriculteur ou d'éleveur. Ce n'est pas simple non plus, mine de rien. Celui de dessinateur dilettante est moins stressant, je le concède. Ces flics expliquent qu'ils n'ont pas les moyens ni en effectifs ni en matériel d'assurer leur mission et c'est possible que ce soit vrai. Mais bon, il en est pour les flics comme pour le reste, il ne faut pas généraliser. Les flics qui passent la journée derrière des jumelles-radars pour traquer le chauffard ne manquent pas de moyens et ne risquent que très modérément leur vie. On me taxera peut-être de faire dans le populisme en disant ça mais je m'en fous. Et attention ! A force d'à force je suis presque convaincu du bien fondé de cette chasse aux excès de vitesse. C'est vous dire comment on peut vous laver le cerveau pour y faire entrer des idées.
En tant qu'automobiliste, si l'on m'arrête après la constatation d'une infraction caractérisée, je vais sans doute faire la gueule mais je ne protesterai pas. Quelque part, c'est le jeu. Par contre, si je me fais contrôler pour rien, juste parce que ma gueule ne revient pas au flic de service, là je ne suis pas d'accord. Il revient à ma mémoire cette fois où je me suis fais arrêter et contrôler par des flics à Thenon parce que j'étais au volant de mon fourgon. On n'avait rien à me reprocher d'autre. Juste le fait que je roulais en fourgon blanc d'un certain âge et dans un certain état. D'ailleurs, l'un des deux compères m'a bien demandé pourquoi je roulais en fourgon. Je lui ai demandé si c'était interdit. Ne me dites pas que ces deux flics ont protégé la société. Et ces deux autres qui m'ont poursuivi parce que je les avais regardé ? Qu'on leur donne le droit de se servir de leur arme de service ! Que l'on les autorise à faire feu quand bon leur semble ! Je serais mort de longue date.
Que la condition de flic ne soit pas simple, qu'il existe un malaise dans le métier, que l'on ait envie d'être plus apprécié de la population, que l'on ait le désir que cette population reconnaisse le rôle de la police dans tout ce qu'elle peut avoir de bon, je le comprends. C'est aux flics de faire le premier pas. Qu'ils se montrent serviables, à l'écoute du citoyens, qu'ils retrouvent l'usage de leur cerveau. Les idées de police de proximité ont prouvé qu'elles permettaient de normaliser et pacifier les rapports entre police et population. Et puis, le problème dans les manifestations récentes des flics, c'est qu'il y a une forte suspicion de récupération par les mouvements d'extrême-droite. Il est possible que la société française ait une police à son image, qu'elle ait ce qu'elle mérite. La question de la place de la police dans la cité est difficile. D'un côté, on sait que le crime existe, que les personnes malhonnêtes ou malfaisantes sont là aussi. Si la police n'existait pas, il faudrait accepter que les citoyens fassent leur justice eux-mêmes et on n'y gagnerait pas au change. Pas simple.

Aimons la flicaille

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