Bordeaux Jazz Festival

Du 31 octobre au 10 novembre a lieu le Bordeaux Jazz Festival. De nombreux concerts dont deux auxquels j'ai assisté, celui du Trio Mephista et celui du trio Eskelin/Parkins/Black.

Presque à chaque fois, depuis des années, lorsque je vais à un concert "Jazz", il y a une question qui me turlupine quelque peu : "Mais c'est quoi, le Jazz, au juste ?"
Où débute le Jazz et où s'arrête-t-il ? En fait, il me semble que le Jazz est devenu une sorte de fourre-tout où l'on place un peu ce que l'on veut comme on veut parce que l'on aime bien ranger et classer (enfin moi, le classement et le rangement...). On prétend que c'est dû au caractère foncièrement cartésien des Français. Je ne sais pas trop. Ça me semble un poil suspect, cette explication. Déjà parce que les Français ne sont pas les seuls (et loin s'en faut) à vouloir classer les genres musicaux ; ensuite parce que les Français qui ont lu Descartes, hein, franchement, je n'en connais pas tant que ça, moi. Enfin bon, passons. Dans les faits, donc, il me semble bien que l'on va un peu vite à ouvrir les tiroirs pour y placer les musiques selon des genres prédéfinis. Aujourd'hui, et le concert du trio Mephista me fait penser à cela, il me semble que l'on n'hésite pas à mettre certaines formes de musique "contemporaine" dans le tiroir Jazz. En soi, ça n'a rien de bien grave et, même, je peux dire que je m'en fous pas mal de savoir si ce que j'écoute est du Jazz, de la musique folklorique batave (je n'en écoute que très peu) ou du rock n'roll endiablé. M'en fous. Ce qui m'importe, c'est de savoir si j'aime ou pas. De la même façon, autant le dire tout de go, je me fous autant de savoir qui sont les musiciens qui l'interprète, cette musique. Leur histoire, leur parcours, tout ça, c'est pas pour moi. J'aime ou je n'aime pas.

Ainsi donc, le premier concert était celui du trio Mephista. Le trio Mephista est composé de Sylvie Courvoisier au piano, Ikue Mori aux instruments électroniques et Susie Ibarra aux percussions. Tout au long du concert, le trio s'ingénie et parvient parfaitement à vous faire entrer dans son univers. Un univers qui fait une bonne place au jeu. La musique est propice au voyage. On s'amuse à faire semblant de découvrir les instruments, à apprendre à en sortir quelque chose, quelque son... Mais que l'on ne s'y trompe pas ! Tout est réglé au millimètre, tout est calculé savamment et c'est bien la condition sine qua non pour que ça fonctionne auprès du public. On se laisse mener par les notes, les mélodies, et on entre dans l'univers créé par le trio sans même s'en rendre compte, tant et si bien que le concert semble trop court.

Ce concert a été enregistré par Radio France et sera diffusé le dimanche 18 novembre à minuit dans "Le Jazz probablement...",
émission de Xavier Prévost, sur France Musique.


trio Mephista
Sylvie Courvoisier, Susie Ibarra et Ikue Mori


trio
Susie Ibarra


Courvoisier
Sylvie Courvoisier


Trio Eskelin/Parkins/Black

Là, par contre, on entend bien que c'est du Jazz. C'est pas pour débiner le concert précédent qui était très bien, mais tout de même. Et puis bon, c'est vachement plus simple de voir que c'est du Jazz parce que il y a un saxophone. Qui dit saxophone et trio dit Jazz. C'est pas compliqué, la musique, finalement.
Ellery Eskelin au saxophone, Andrea Parkins à l'accordéon, au sample et aux "electronics" et Jim Black à la batterie nous propose un Jazz un peu "free" mais tout de même pas trop. Nous ne sommes pas là en présence d'une formation "jusqu'au-boutiste" qui cherche à vous vriller les oreilles avec des cris stridents et limite désagréables. Tellement désagréables, parfois, que ça en fait tout l'intérêt. Je ne citerai pas de nom parce que je veux pas faire de peine aux amateurs de John Zorn mais je me comprends, quoi.
Alors là, donc, c'était vraiment un bon concert de Jazz. On s'extasiait sur le talent du batteur, sur la maîtrise du saxophoniste et sur la dextérité de la claviériste. Et puis, parce que on était là pour écouter la musique, et bien on prenait beaucoup de bonheur à l'écouter, ce qui n'est pas plus mal, finalement, tant il est préférable de ne pas se faire chier lorsque l'on assiste à un concert, je dis, moi.
Ce qui était plaisant, aussi, c'était de constater combien le trio fonctionne en harmonie quasi parfaite. On voit bien qu'il n'en était pas à leur coup d'essai. Pour tout vous dire et sans vouloir minimiser le talent des deux autres membres du trio, je dois vous avouer que c'est bien Jim Black qui m'a fait le plus d'effet. Voilà bien un batteur qui est talentueux, il n'y a pas à dire. Ce qui était bien agréable aussi, c'était les moments de grâce que savent générer les moments d'improvisation. Il est possible que tout ait été très écrit, très codifié, et que ces moments d'improvisation n'en étaient pas. Possible mais j'ai bien aimé tout de même.

Ce concert a été enregistré par Radio France et sera diffusé le lundi 19 novembre à 22 heures dans "Jazz sur le vif",
émission de Xavier Prévost, sur France Musique.


eskelin et parkins
Ellery Eskelin au sax et Andrea Parkins aux claviers accordéon et Macintosh


Ellery Eskelin au saxophone
Un saxophoniste inspiré


Jim Black
Jim Black, sans doute l'un des meilleurs batteurs de la scène Jazz

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