La paix n'a pas gagné la bataille

Cent ans après, de quoi nous souvenons-nous ? On nous a raconté qu'il fallait cultiver le souvenir pour que ce soit la Der des Ders à tout jamais. Le conflit fini, la paix aurait pu, aurait dû, se propager pour longtemps. On sait ce qu'il en a été. On est même allé jusqu'à accuser les pacifistes d'avoir provoqué la deuxième guerre mondiale. Faut-il des raisons pour expliquer une guerre ? Peut-on expliquer la guerre ? L'excuser ? La comprendre ?
La guerre existe depuis longtemps, existera encore longtemps, est partout à différentes échelles. La paix ne fait pas partie de la panoplie du genre humain. La paix, si seulement elle peut exister un jour, devra être le fruit d'un énorme bouleversement des consciences, du schéma mental de l'Homme. Tout donne à penser que nous ne sommes pas prêts pour la paix, que nous sommes programmés pour la guerre, le combat.
On peut le comprendre, nous sommes le fruit d'une longue évolution du vivant et ce vivant se bat pour sa survie et sa reproduction depuis très longtemps. Les tout premiers organismes vivants se contentaient peut-être de puiser leur source de vie de l'environnement, de la chimie de leur milieu, de la lumière et de la chaleur du soleil. Les premières cellules, il y a peut-être 3,5 milliards d'années, étaient possiblement des cyanobactéries, des stromatolithes, pour qui le sens de la vie était sommaire. Il y avait bien une certaine forme de vie, embryonnaire, mais pas de pensée, pas de but, pas d'idée.
A un moment, la concurrence est arrivée. Les espèces se sont multipliées, des stratégies sont nées. Certaines solutions n'ont pas connu le succès et ont été abandonnées. La concurrence a conduit à croître plus vite ou en plus grand nombre, de détruire les organismes voisins. Le règne végétal n'est pas pacifique du tout, la guerre est toujours présente. L'idée de la défense d'un territoire, de l'occupation d'un écosystème, de l'éradication des concurrents n'est pas nouvelle et nous avons hérité de toute cette longue histoire.
Aujourd'hui, pour vivre, nous devons tuer. Ne serait-ce qu'une carotte ou un poireau. Mais nous ne voulons pas seulement vivre, nous voulons l'abondance, nous refusons le risque de manquer. Alors, on y va à tour de bras, on ratiboise, on avale goulûment, on dévore à belles dents, on vole la part du voisin et le voisin par la même occasion et sa femme et sa fille pour faire bonne mesure. Et enfin, son cochon, ses rutabagas et on va faire une petite sieste avec le sourire de celui qui a bien œuvré. C'est ce que l'on appelle l'humanité.

Un siècle après la fin de cette guerre horrible on nous fait de beaux discours et de belles cérémonies. On en appelle à la paix entre les peuples et c'est de la belle hypocrisie, du pur mensonge fait-main, de la vraie belle ouvrage. Je ne comprends pas le sens profond de tout cela. Devoir de mémoire ? Ah ! Le Devoir de mémoire ! Il se trouve que je n'ai pas, dans ma famille, de "Mort pour la France". Il doit bien y en avoir, hein, mais pas un qui ait franchi la barrière de ma lignée et qui soit arrivé jusqu'à moi. Je ne le regrette pas, je ne m'en enorgueilli pas non plus. C'est comme ça. Mon arrière grand-père maternel, du côté de son père, était Allemand pour ce premier conflit mondial. Il n'est pas mort à la guerre. Je n'ai pas de monument au morts où aller me recueillir. Il m'arrive de les regarder, ces monuments, de lire la liste de ceux tombés au champ d'honneur entre 14 et 18 puis entre 39 et 40. Parfois, ceux de la guerre d'Algérie ont été ajoutés. Je n'ai pas connaissance d'un monument pour ceux d'Indochine.
Que va-t-il se passer ? A Paris, on va réveiller la flamme du soldat inconnu, on va dire des mots et on va s'en retourner préparer la prochaine guerre ou vendre des armes pour une guerre économiquement profitable. Hypocrisie de merde. Merde à la guerre, merde aux armées, merde aux militaires ! Merde, merde et re-merde !

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