D'un extrême à l'autre

On a donc appris que la tête de liste de LaREM, Nathalie Loiseau, avait été candidate d'une liste étudiante d'extrême droite dans sa jeunesse. Mme Loiseau a d'abord raconté qu'elle n'avait aucun souvenir de cet épisode et puis, parce que ça ne fait pas bien sérieux de ne pas avoir de mémoire à ce point, elle a prétendu qu'elle n'avait pas perçu l'orientation politique de cette liste, l'Union des étudiants de droite, émanation du Groupe Union Défense. Enfin, elle a plaidé l'erreur de jeunesse. Bien entendu, et on n'en attendait pas moins, les forces vives de LaREM apportent leur soutien à Mme Loiseau.
Le droit à l'erreur, le droit à la mémoire sélective, le droit à la bêtise dont se prévaut Mme Loiseau sont bien pratiques mais on ne peut raisonnablement pas lui dénier d'être dans l'erreur, de n'avoir pas de cervelle ou d'être bête. Après tout, ce ne doit pas être de sa faute, la pauvre. A mon avis, ça ne doit déjà pas être simple à vivre au quotidien. En plus, mais là non plus elle n'y peut rien, elle semble avoir autant de charisme qu'une huître échouée sur une feuille de papier hygiénique. Moi, je n'ai pas compétence à me prononcer sur le sujet mais aurais-je été en charge de trouver une tête de liste pour les élections européennes que j'aurais sans doute choisi autre chose, n'importe quoi sauf ça. Un parpaing, par exemple. On n'a jamais reproché à un parpaing ses pertes de mémoire ou ses engagements politiques passés.
Sur France Inter, une journaliste a tenté de prendre la défense de Mme Loiseau en rappelant Jospin et le Lambertisme ou Chirac et sa présence auprès du PCF. Et moi, je trouve que c'est plutôt bien que l'on rappelle ça, histoire de dire que, finalement, tous les politiques ont des casseroles qui leur collent au cul et que c'est tout boudin blanc et blanc boudin. Après, bien sûr, on peut être journaliste et avoir des idées, des opinions. Par exemple, ce matin même, un chroniqueur insupportable a parlé du cas du journaliste Gaspard Glanz qui aurait, selon lui, un peu trop d'idées politiques. C'est qu'il ne faut pas en avoir trop non plus. Il faut juste ce qu'il faut d'idées et plutôt des bonnes qui vont dans le bon sens. Ça n'a pas grand chose à voir avec le sujet mais toujours à propos de Gaspard Glanz, il a été dit que ce n'était peut-être pas tout à fait un journaliste vrai dans la mesure où il n'aurait pas de carte de presse. Un pas tout à fait journaliste avec des idées de gauche, ça mérite bien d'être mis au ban de la société.
Donc, le droit à l'erreur de jeunesse. On en a tous fait, des erreurs de jeunesse, on ne va pas le nier. Pour beaucoup, la première erreur a sans doute été de naître. Je trouve dommage que le fœtus n'ait pas le sens de la dignité nécessaire pour se suicider avant qu'il soit trop tard. J'en connais des tonnes qui m'auraient pas manqué s'ils n'étaient pas nés. Mais bon, les gens naissent et ils commencent à vieillir. La vie, c'est souvent faire des choix. On peut se tromper, faire des mauvais choix, faire des erreurs. Moi-même, je suis presque certain d'en avoir fait, des erreurs. Il faut vivre avec. Parfois, on fait des erreurs dont on n'est pas très fier. Alors, on ne va pas aller clamer en public qu'on a fait telle ou telle connerie, on tente de sauver ce qui peut encore l'être. Parfois, on commet des erreurs qui entraînent que l'on soit obligé de persister dans l'erreur. Il serait trop coûteux d'effacer l'ardoise et de repartir de zéro. Alors, on continue, on arrive à se persuader que ce n'était pas une erreur mais un plan de carrière ou un style de vie.
J'en sais certains qui se bouffent les doigts d'avoir commis des gosses cons comme c'est pas permis et qui, en société, prétendent qu'ils sont heureux d'avoir des rejetons pareils, par exemple. D'autres sont allés à l'école pour apprendre un métier à la con et ils ont fait carrière, sont montés dans la hiérarchie, ont vu leur pouvoir d'achat augmenter. Ils racontent qu'ils ont réussi leur vie et je n'en doute pas un instant. Réussir une vie de merde, oui !
Dans la vie, on est amené à faire des choix et donc à faire des erreurs. Le problème, c'est que l'on n'accepte pas de ne pas choisir. Vous savez, c'est le choix entre la peste et le choléra. On croit que la marche du monde tient au choix que l'on nous propose. On croit qu'il faut choisir entre le Pen et Macron, qu'il faut choisir entre Mme Loiseau et la pêche à la ligne. Je pense que la grande force, c'est de pouvoir suspendre son choix, de savoir dire que non, je ne choisis pas, que je ne comprends pas les termes de ce choix, les enjeux. Je pense qu'il est préférable de passer pour un gentil idiot que pour un méchant salopard.

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