On n'oserait pas se foutre de notre gueule

Il est possible sinon certain que je sois un peu énervé, ces temps-ci. Je ne me l'explique pas et ça ne manque pas de m'étonner mais je remarque supporter de moins en moins d'entendre le président Macron, les membres du gouvernement, leurs représentants et laudateurs, amis et associés, journalistes acquis à la cause, expliqueurs de tous poils, porteurs de la bonne parole libérale plus ou moins bienveillante, plus ou moins menaçante, plus ou moins péremptoire. Je n'en peux plus et je suis agacé.
Ce que je ressens depuis que Macron premier est aux manettes, je ne me souviens pas l'avoir ressenti auparavant avec autant de force et dégoût. Oui, je suis dégoûté. J'en ai marre, j'en ai plein le cul, j'en ai ras-le-bol. Voilà. C'est l'indigestion, limite la nausée. Je ne peux plus les entendre, je ne peux plus les écouter, fini, terminé, je ferme les écoutilles, je me bouche les oreilles, j'éteins le poste. Ça suffit.
La radio qui est ma principale d'information me devient insupportable. Je l'éteins souvent, je ne l'écoute plus que pour certaines émissions qui, je le sais, me plairont. Je me ferme au monde à force de ne plus vouloir lui prêter l'oreille. Et c'est assez grave, il me semble. Je ne lis plus la presse, je ne jette plus qu'un rapide coup d'œil sur certains sites d'informations. Je me contente de lire des titres et de ruminer ma haine pour les puissants, les décideurs, les experts, les donneurs de leçons. Je ne suis plus de ce monde, déjà. Tout de même, un peu, je regarde des vidéos de sites d'information sur Internet. Mediapart, Le Media. Je reste sur des discours qui vont dans mon sens.
Et pendant ce temps, la Macronie est à l'œuvre. Et parfois, je me dis qu'il n'est tout de même pas possible que l'on cherche à nous affaiblir encore plus, qu'il n'est pas croyable que l'on cherche à nous nuire plutôt que de nous servir, de servir les intérêts du "peuple". Hein ? Ce n'est pas possible ? Qu'est-ce qu'ils auraient contre nous, d'abord ? Peut-être bien qu'ils n'ont rien contre nous mais qu'ils ont quelque chose pour ceux qui sont plus haut que ce bas peuple.
C'est quoi la valeur d'un être humain ? On dirait qu'aujourd'hui un riche vaut plus qu'un pauvre. On dirait qu'il faut préserver les hautes classes au mépris des plus faibles. Et peut-être qu'il y a une logique derrière ça. Peut-être, après tout, est-on en train de réaliser ce que je crains depuis des années. On va réussir à nous dégoûter de la démocratie, on n'ira plus voter, on se contentera d'être de serviles petits consommateurs pieds et mains liées. On ne semble pas avoir suffisamment peur d'une possible révolte. Il paraît qu'une vraie révolution ne peut survenir que lorsque les classes moyennes se rangent aux côtés des classes les plus basses de la société. Je pense que nous n'en sommes pas encore là. Le petit bourgeois peut encore se payer ses petits plaisirs du quotidien, se donner l'impression d'être un privilégié qui mérite bien de l'être. Parce qu'il travaille bien pour la société, qu'il crée du PIB et de la croissance, ou parce qu'il a bien travaillé pour la société et qu'il peut maintenant profiter de sa retraite durement gagnée à la sueur de son front.
Et ceux qui ont encore les moyens de profiter du système ont bien raison de continuer à le faire. Ça ne durera peut-être pas. Il n'est pas impossible que les revendications sociales donnent de la voix dans les mois à venir et que ça s'enflamme pour de bon. Enfin moi je dis ça je dis rien, hein ! Je ne pense pas que l'on oserait se foutre de notre gueule jusqu'au point de non-retour.

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