Arbres ils furent, poutres ne sont-ils plus que

On a récemment fait remarqué sur ce blog les similarités de style entre Clôde Franssois[1] et moi-même. Si je trouve cela très exagéré[2], c'est aussi très flatteur[3]. Et si comparaison n'est pas raison[4] je me sens assez honoré pour me laisser aller à filer la métaphore[5] et ceci bien qu'il n'y ait en l'occurence pas le début de la queue d'une, de métaphore. Je m'égare.
"Si j'avais un marteau, je cognerais le jour, je cognerais la nuit, j'y mettrais tout mon cœur", nous enseigne le poète. Et il est bien avisé de nous chanter ceci puisque, quoique indirectement, je vais vous parler de marteau, aujourd'hui. Johnny Halliday ne chantait-il pas de son côté : "Si j'étais un charpentier — Si tu t'appelais Marie — Voudrais-tu alors m'épouser — Et porter notre enfant" ?
Deux artistes qui se font écho pour le billet du jour qui vous montrera que je n'ai pas l'intention de me casser le cul pour vous et que, aussi, je n'hésite pas un instant à me moquer du monde[6]. "Au royaume des fainéants les fumistes sont roi", suis-je tenté d'affirmer en ce matin ensoleillé de ce mois d'août non sans tenter sans honte aucune de tirer à la ligne. Georges Brassens, lui, affirmait, la pipe au bec : " Auprès de mon arbre, je vivais heureux ". Bien lui en fasse. L'arbre, oui, puisqu'il est question de lui, cet être[7] majestueux de nos forêts qui n'a pour prédateurs que quelques insectes xylophages[8] et l'homme dans toute sa superbe. Oui, cet homme qui depuis la nuit des temps n'a de cesse de l'abattre, de le débiter, de le fendre, de le brûler, le découper, le déligner, le poncer, le broyer, l'allumetter, le faire plancher jusqu'à plus soif[9], le tronçonner, le scier, le hacher menu, le marqueter, l'assembler, le clouer, le cheviller, le percer, le peinturlurer, l'étuver, l'auto-claver et tant et tant.
Le bûcheron, le scieur de long, le menuisier, le charpentier sont autant de bourreaux[10] sans cœur pour ces seigneurs des forêts. D'ailleurs, ultime preuve du cynisme sans limite de ces mauvaises gens, ne fait-on pas usage d'un foret pour blesser ces hôtes des forêts ? C'est là de l'humour dont je me désolidarise totalement et que je trouve d'un goût particulièrement douteux. Que l'on ait par le passé, du temps de Homo habilis ou de "Homo erectus'', utilisé le bois, passe encore. L'homme n'était encore qu'un primate mal dégrossi qui ne connaissait ni la poutrelle métallique ni le parpaing de béton cellulaire. Mais diable ! Nous sommes au XXIe siècle ! Nous ne vivons plus comme des sauvages à la cour de Louis le quatorzième. Nous avons évolué, nous allons sur la Lune, nous envoyons des sondes dans la voie lactée, tout de même, quoi. Apprenons à vivre en bonne intelligence avec les arbres.
Et ainsi, je me promenais au cœur d'un gros village, non loin de chez moi bien que cela me fatiguerait de m'y rendre pédestrement. Et j'ai vu là ce que les hommes avaient fait de ces arbres qui ne demandaient rien à personne et que les chiens eux-mêmes ne respectent plus. Une charpente. Oui mesdames et messieurs, des hommes ont coupé des arbres pour bâtir une vulgaire charpente même pas toute droite. C'est honteux !

Charpente de la halle de Thenon

Notes

[1] Je ne suis pas certain de l'orthographe

[2] Je ne prends pas de bains

[3] Pour moi, bien sûr

[4] L'inverse est moins frappant

[5] ce qui est préférable à filer à l'anglaise

[6] pour être poli

[7] hêtre ou ne pas hêtre ?

[8] appelés ainsi en raison du bruit musical qu'ils font en grignotant le bois

[9] ne parle-t-on pas de bois-sans-soif ?

[10] en bois

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