Dessin un peu automatique

C'est hier soir que j'ai griffonné ce truc. Un copain m'a téléphoné et la conversation s'éternisait quelque peu autour de considérations ennuyeuses. J'ai pris une feuille de papier et j'ai laissé ma main faire ce qu'elle voulait en même temps que je ponctuais le monologue de monosyllabes chargées à bon compte de signifier mon approbation de principe et que je suivais encore un peu le discours. En vérité, j'écoutais d'une oreille terriblement distraite. Ce n'est pas réellement que je me foutais de ce que ce copain me racontait, c'est juste que j'estime que ça aurait pu être dit plus rapidement, plus succinctement, sans avoir besoin de le dire et redire interminablement. Je suppose qu'il avait un besoin urgent de s'épancher dans une oreille compatissante et compréhensive. Je hais le téléphone.
Ceci dit, le téléphone a un avantage indéniable sur les dicussions en vis-à-vis avec des personnes qui vous tiennent la jambe à vous raconter leurs malheurs, les petites histoires, leurs sales affaires. C'est que, au moins, on peut prendre une feuille de papier pour passer le temps sans passer pour un goujat. Dans le fond, je me demande si ce ne sont pas les rapports humains qui sont pénibles. Il peut arriver que l'on passe du bon temps en présence d'autres personnes. On peut même prendre plaisir à discuter de choses et d'autres, à plaisanter, à exposer des idées, à comparer des points de vue, à disserter sur des sujets plus ou moins sérieux. Et j'aime assez ça moi aussi. Là où c'est pénible, c'est lorsque vous êtes en présence d'une personne qui vous raconte des trucs et des machins qui, dans le fond, ne vous concernent pas, ne vous intéressent pas, ne vous sont même pas adressés, dans le fond. C'est juste qu'il y a des personnes qui ressentent le besoin de s'accaparer une oreille étrangère et à y déverser leurs états d'âme.
Je ne suis pas un monstre et j'admets qu'il peut arriver que l'on en ait gros sur la patate et que l'on ressente le besoin de pouvoir se confier à une personne prétendument amie et digne de confiance, capable de conserver un secret par-devers lui. Il faut juste savoir le faire avec une certaine mesure. Parmi les pires des engeances, il y a les personnes qui vont vous parler durant des plombes de personnes que vous ne connaissez absolument pas et que vous êtes bien incapable de situer dans l'histoire de la personne. Au lieu de parler de son cousin, de sa belle-sœur, de son plombier ou de son chien, ces personnes vont vous balancer des prénoms ou des noms. "Et Serge a dit à Clothilde que si Raoul n'arrêtait pas tout de suite, Véronique irait tout raconter à Murielle et que là, ça serait étonnant que Hubert laisse passer la chose". Hum.
Mon copain m'a donc tout raconté. Je savais déjà tout des tenants et aboutissants dès les premières minutes. Mais là, soit il pense que je suis trop bête pour comprendre rapidement soit il estime que je suis trop con pour comprendre rapidement. Je ne vois rien d'autre. Durant pas loin d'une heure j'ai eu droit à la même histoire rabâchée à l'infini sous diverses formes toutes plus rébarbatives les unes que les autres. La prochaine fois, j'essaie de lui enseigner la formule sujet-verbe-complément.

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