Le cochon monopolise l'attention

D'un côté, nous avons un quidam de chez Laids Républicains, Gilles Platret de son petit nom, qui se fait un point d'honneur à enlever les menus de substitutions pour les écoles de Chalon-sur-Saone, ville dont il est maire. De l'autre, nous avons le mélodrame des producteurs de porc qui ne peuvent plus vendre leurs bestioles pour la raison qu'il n'y a pas de cotation au marché de Plérin. Et pourquoi ? Parce que les plus gros acheteurs de cochon, Coorpel et Bigard, ne veulent pas payer le prix demandé qu'ils jugent bien trop élevé.
Quelque part, ces deux informations tombent bien puisque je n'avais aucune idée de ce que j'aurais bien pu vous raconter sans cela. En ce qui concerne le désarroi des producteurs porcins qui prétendent ne plus pouvoir vivre de leur travail, je prends le parti de les écouter et de les défendre un peu. Je ne connais pas le fond de l'affaire. J'ai eu, il fut un temps, des producteurs de cochons dans mes fréquentations. De ce que j'ai pu voir et comprendre, C'est tout à la fois un boulot assez peinard et une belle arnaque. Ces producteurs que je connaissais étaient naisseurs. En gros et pour faire simple, ils avaient plein de truies qu'ils inséminaient. Ils faisaient naître des petits cochons et les vendaient à un groupement qui les revendaient à des engraisseurs. Bien entendu, c'était le groupement qui fixait le prix d'achat, le prix de revente et qui, au passage, faisait payer ses services de conseils et autres. Le plus gros du travail au quotidien consistait à nourrir les truies et les petits cochons après le sevrage. Bon, bien sûr, il fallait aussi castrer les petits cochons mâles, leur couper les dents et la queue. Génial. Aucune relation avec les animaux comme ça peut l'être dans un élevage laitier mais tout de même un peu plus que dans un élevage de poules pondeuses, je pense.
Quoi qu'il en soit, nous sommes bien loin de l'image du paysan qui élève son cochon et le nourrit des restes de ses repas ou de pommes de terre bouillies. Là, il est question de produire toujours plus pour tenter de gagner de quoi vivre de son travail. C'est un sale boulot. Ça ne m'a pas plu du tout. C'est le prix à payer pour avoir de la viande de porc pas chère que l'on retrouve dans les grandes surfaces, sous film dans des barquettes ou au rayon charcuterie sous forme de pâtés dégueulasse, de saucisson gras, de jambon plein d'eau et de sel, de saucisses de boyau de plastique. L'effet principal de la production intensive de cochons est que l'on ne trouve plus de bonne viande avec du bon gras bien épais comme j'aime sur les côtes de porc dans l'échine. On voit des côtes qui donnent l'idée de la taille de la bestiole. Les cochons sont tués à 40 kilogrammes ou quelque chose du genre. La viande n'a pas eu le temps de se constituer et on bouffe de la merde.
Parce que le cochon, moi j'aime ça. Vachement, même. Ou plutôt, j'aimais, tellement il me semble difficile aujourd'hui d'en trouver de la bonne, de viande de cochon. Je continue à en acheter, un peu par défaut, souvent en allant au moins cher, sans trop me poser de questions embarrassantes. Un peu comme on ira acheter des cuisses de poulet en barquette sans se demander ce qu'est devenu le reste du volatile. Tout ça montre comment l'homme moderne a perdu le contact avec le monde paysan, avec ceux qui lui donnent à manger. On ne veut plus savoir ce qu'est une vache, un mouton, un cochon, un poulet ou un saumon. On veut du calibré, du prêt à cuire, prêt à digérer, prêt à chier. Et surtout que ça n'ait pas trop de goût !
Aujourd'hui, on achète sa salade déjà lavée, les feuilles bien séparées et conservées dans un sachet sous atmosphère contrôlé. Aucun risque de tomber sur une limace, c'est garanti. Elle n'y survivrait pas. Les pommes de terre peuvent s'acheter sans crainte. Avec le traitement qu'elles ont subi, elles ne sont pas prêtes de germer. Les tomates n'ont pas de goût, les endives ont perdu tout ce qui peut ressembler à de l'amertume, les vins ont tous le même goût. On enlève son gras au beurre et à la crème fraîche et il n'y a plus que quelques énergumènes pour s'inquiéter de ce que le lait ne se trouve plus qu'en parallélépipèdes à ouverture facile.
Alors, le paysan a une part de responsabilité dans tout cela. Oui, bien sûr, il pourrait faire de la vente directe, réfléchir à des moyens de distribution qui seraient plus directs, avec moins d'intermédiaires, qui seraient plus rémunérateurs. Mais ce n'est pas le métier du paysan. Et il n'en a pas forcément le temps. Et puis, ça ne fonctionne pas forcément non plus. Je ne fais pas la morale. Je suis le premier à ne pas respecter les idées de bon sens que je donne là, en ce moment. Je n'achète pas du tout local, je ne vais rien acheter chez le paysan d'à côté ou au marché du village proche du mien. Je n'achète pas chez cette jeune maraîchère qui tient boutique sur un terrain éloigné de tout à la Bachellerie et qui fait du bio. Au lieu de cela, je vais faire mes courses deux fois par mois à la ville, j'achète tout d'un coup au même endroit et c'est tout. C'est très mal, je le sais bien et ne suis pas fier de moi, vous pouvez me croire ! Mais ça n'empêche pas que du bon cochon, moi, je n'en trouve pas.

Le maire de Chalon-sur-Saone, je me demande s'il aime beaucoup la viande de cochon ou s'il déteste vraiment beaucoup les musulmans. J'ai ma petite idée sur la question. Alors, oui, ça ne "pénalise" pas "que" les musulmans, je le sais. C'est vrai que les juifs ou les végétariens sont également concernés. Cependant, il me semble bien que, tout de même... Non parce que j'ai beau aiméer le cochon sous un peu toutes ses formes, je peux vivre sans en manger durant quelque temps. Alors, je me dis que si ce maire Laid Républicain voulait éviter, pour des raisons comptables, d'avoir à proposer plusieurs menus dans les écoles de sa ville, il aurait aussi pu dire que, désormais, il n'y aurait plus jamais de porc, non ? Il me semble que cela n'aurait pas été scandaleux. Donc, puisque ça n'a pas été la solution choisie, je me dis qu'il y a derrière cette décision validée par le tribunal administratif un doux parfum de discrimination volontaire à l'égard d'une partie bien ciblée de la population. Je peux avoir l'esprit mal tourné.

Un commentaire à ajouter ?

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://glob.michel-loiseau.fr/index.php?trackback/2920

Haut de page