Lemaitre joue contre la montre

Voilà bien un livre que j'espérais. Comme beaucoup, j'ai découvert Pierre Lemaitre avec le prix Goncourt 2013 attribué à Au revoir là-haut, un livre haletant, beau et fort, terrible et fascinant. Je suis tombé amoureux de l'écriture de l'écrivain et ai lu tout ce que j'ai pu trouvé dans la foulée. Du coup, il ne me restait plus qu'à attendre que le monsieur daigne sortir un nouveau livre. C'est que l'on devient vite accro à sa prose. Une vraie drogue dure.
J'entends sur France Inter, dans la Librairie francophone de Emmanuel Khérad, il y a de cela quelques semaines, que ça y est, un nouveau roman est sorti en librairies ! Je ne me précipite pas et attends de passer par la ville pour aller acheter un exemplaire. Il est là, à ma disposition, bien en vue. Je fais durer le plaisir, je fais monter le désir. Et puis, je me plonge dans la lecture. Environ 250 pages. J'espère le faire durer un peu. Peine perdue, je lis facilement un bon tiers dès le premier soir. Le lendemain, j'en engloutis un nouveau tiers. Le troisième soir, je triche. Je m'arrête au dernier chapitre, juste histoire de ne pas le terminer, ce bouquin trop court.

Trois jours et une vie
L'histoire ? Je ne vais rien en révéler de trop. Je vais juste en dire que c'est l'histoire d'un enfant de douze ans qui en tue un de six. C'est un regrettable accident, c'est l'histoire de la culpabilité, de la crainte de se faire prendre, d'être démasqué. C'est aussi continuer à vivre dans un petit village où tout le monde connaît tout le monde, où les plus proches voisins sont les parents et la sœur de l'enfant mort, un village qui sera touché par une grosse tempête. C'est l'histoire d'une vie qui s'est arrêtée et d'une autre qui continue malgré tout et aussi d'une tentative de rédemption. Et c'est surtout une fin à laquelle on ne s'attend pas et qui n'apporte ni réponse ni réparation.
Pierre lemaitre pose le principe de l'irréparable. On ne peut rien ni contre le temps ni contre la mort. Lorsque c'est passé, on ne revient pas en arrière. Antoine, le personnage principal du roman découvre cela en quelques secondes. Il ne s'en remettra jamais. Le lecteur que je suis a dévoré ce bouquin avec un léger malaise. J'ai eu de la compassion pour le jeune meurtrier devenu adulte, j'ai espéré qu'il s'en sorte. Pire, je n'ai pas eu de sentiment particulier pour le jeune Rémi, la victime. J'en ai eu, par contre, pour ses parents.
Une fois le livre refermé, je me suis dit que ce n'était pas là le meilleur livre de Pierre Lemaitre. Il reste d'une lecture captivante et d'une langue fluide et agréable. Ce qui manque peut-être, c'est le suspense. Il se limite grosso-modo à savoir si Antoine sera confondu ou pas. Cependant, ce n'est pas l'objet du roman. Ce n'est pas à proprement parler un polar, pas même un roman noir, à mon sens. Il est peut-être un peu trop rapide et peut-être que l'on aimerait seulement qu'il dure plus longtemps. Quoi qu'il en soit, il est bien efficace et sa lecture est fortement recommandée par moi-même.

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