On n'a pas tous les jours vingt ans

C'est pas de chance, il pleuvait. Et aussi, il ne faisait pas très chaud. Et puis, il y avait du vent, aussi. Un vent désagréable, froid, qui agissait par bourrasques soudaines et malvenues. C'est dommage parce que la fête promettait d'être belle. On avait bien fait les choses. Il était prévu des spectacles, Alain Baraton était présent, l'entrée était libre et gratuite.
Non vraiment, c'est pas de chance. Le 21 mars, les Jardins de Marqueyssac, à Vézac, dans le sud de la Dordogne, fêtaient leur vingtième anniversaire et tout aurait dû se présenter sous les meilleurs auspices possibles. Alors, oui, évidemment, on notera que malgré les conditions météorologiques, les visiteurs se pressaient en masse. Les parkings étaient pleins à craquer et les véhicules formaient une longue file le long de la route qui descend des jardins jusqu'à la route départementale.

Les buis de Marqueyssac
J'ai déjà dit ici le bien que je pensais de ces jardins, les plus intéressants, à mon avis, de tous ceux que l'on peut visiter en Dordogne. Ce que j'apprécie particulièrement à Marqueyssac, c'est la liberté qui est offerte aux visiteurs. S'il est possible de choisir la visite guidée, tout semble être mis en place pour que vous préfériez partir à la découverte des jardins par vous même. A vous de jouer les explorateurs et de compter sur votre curiosité et votre chance pour trouver le maximum de petits lieux cachés parmi les arbres ou au détour d'un petit chemin discret.

Jardins suspendus de Marqueyssac
L'une des nouvelles attractions des Jardins de Marqueyssac, celle qui va attirer bien des visiteurs, c'est le fossile d'allosaure qui, la presse nous l'a appris, a été acheté un million d'euros. Dans un premier temps, j'ai regretté la présence de ce fossile. Il me semblait que cela faisait trop "piège à touristes", qu'il était un peu trop simple d'utiliser la grosse ficelle de l'animal préhistorique pour attirer le touriste pour qui la Dordogne, le Périgord, est avant tout lié à la préhistoire et donc aux dinosaures. Trop simple et surtout faux. Enfin je veux dire qu'il y a quelques années entre la présence de ces animaux et celle des hommes qui ont peint ou gravé les parois des grottes et abris sous roche.

Allo ? Saurus ?
Je continue à penser cela mais je note tout de même que l'arrivée de l'allosaure ne remet pas en question l'idée selon laquelle le visiteur est invité à découvrir les jardins par lui-même, avec curiosité. Ainsi, placé au bord de la falaise au fond d'un cul-de-sac, le fossile sera vu par celles et ceux qui auront eu l'idée d'aller par là. Parce que la nouvelle a été largement relayée par la presse, beaucoup étaient là aussi pour voir l'animal fossile.
Le problème est bien que la pluie et le froid n'incitaient pas trop à aller baguenauder dans les sous-bois, à prendre les chemins de traverse et à laisser libre cours à son imagination. Les plus prévoyants étaient venus avec leur parapluie. Hélas, certains de ces parapluies n'auront pas résisté à la violence des éléments et on pouvait voir des baleines comme échouées sur un fond de tissu battant au vent. Les autres avaient préféré capuches ou bonnets. Le point commun à tous, c'était d'être chaudement emmitouflés dans de lourds vêtements plus ou moins étanches. Les pieds mouillés et le nez bleui par la froidure, le visiteur restait souvent comme hagard et c'est bien un triste spectacle que de voir le touriste perdu dans les affres de la désolation.

Les buis de Marqueyssac
Le spectacle au demeurant fort poétique qui était donné devant le château couvert de lauzes du début du XIXe siècle avait de la peine à retenir les spectateurs qui parfois préféraient jeter l'éponge et soit regagner leur voiture soit entrer dans le salon de thé pour se mettre un instant à l'abri. De là à dire que les animations prévues tombaient à l'eau, il n'y a qu'un pas. C'est vraiment pas de chance.
Quelques visiteurs, tout de même, jouaient la carte du fatalisme et feignaient de ne pas être affectés par les événements cataclysmaux. Le nez au vent, ils allaient à l'assaut des merveilles de ces jardins suspendus, tentaient d'admirer le panorama depuis le belvédère bien que le paysage ait été noyé derrière un rideau de pluie. Dans les allées, on pouvait croiser Alain Bernard, ci-devant ancien journaliste du journal Sud-Ouest, superbement déguisé pour la circonstance.

Un journaliste en goguette


Mais tout cela n'est que partie remise. Je retournerai visiter ces magnifiques Jardins Suspendus de Marqueyssac et j'espère juste que ce jour, il fera beau... mais pas trop chaud non plus.

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