Il se trouve que j'ai eu des dettes. C'est aujourd'hui de l'histoire ancienne et je ne m'en porte pas plus mal. Ce matin, je suis sorti pédestrement pour me rendre dans le petit bourg de Azerat payer ce que je devais à mon fournisseur. Parce que je n'étais pas présent samedi matin, je n'ai pas pu effectuer cela à la livraison. Hier, jour du seigneur et des primaires citoyennes, je ne pouvais concevoir déranger des personnes qui, possiblement, souhaitaient goûter leur repos dominical jusqu'à plus soif. Attention ! Je ne dis pas là que ces personnes boivent d'une façon coupable et immodérée. D'abord, je n'ai aucun élément pour avancer pareille allégation et puis cela ne me regarde en aucun cas et il serait bien malséant de ma part de colporter des ragots sans fondement aucun. Du reste et pour que les choses soient bien claires, je ne sais pas non plus si ces personnes dont je ne dirai pas plus par souci de préserver leur anonymat et leur intimité goûtent leur repos dominical ou pas. Disons-le clairement, je ne connais pas ces personnes et n'ai donc aucune prétention à décrire ce que peut être leur vie privée, s'il boivent et paressent ou pas. La calomnie n'a que trop duré s'il s'avère que calomnie il y a à leur endroit. Pour ma part, je n'ai jamais entendu de paroles malveillantes à leur endroit. A leur envers non plus.
Il faut faire usage de la plus réservée prudence dès lors que l'on commet l'erreur, par mégarde, de parler de personnes. Il ne faudrait pas que l'on puisse penser que j'ai eu l'intention de nuire à qui que ce soit en relatant mes activités de ce matin. C'est juste que j'ai acheté quelque chose qui m'a été livré samedi matin et, parce que je n'étais pas là[1], je n'ai pas pu payer. Je ne l'ai pas fait hier parce que nous étions dimanche et que l'on m'a appris à ne pas déranger les gens le dimanche. Alors, pour ces raisons que j'expose ici[2], ce n'est que ce matin, ce lundi matin, à une heure convenable je vous l'assure, que je me suis rendu à pied jusqu'au domicile de ces personnes pour payer mon dû. Ce n'est tout de même pas difficile à comprendre. On ne va pas en faire toute une histoire. Vous êtes fatigants, je trouve, parfois. Il faut toujours tout vous expliquer, y mettre les formes, être précis, ne rien oublier, ne rien travestir, ne rien trop dévoiler non plus[3].
Où en étais-je déjà ? Ah oui. Donc, j'avais des dettes et je n'en ai plus. Enfin plus beaucoup, un peu moins. Ce matin, avec des chaussures — et des chaussettes entre pieds et chaussures — je suis allé payer ce que je devais. J'ai payé en liquide, en monnaie papier. Deux billets authentiques, pas des billets frelatés que l'on peut trouver dans des milieux interlopes. Et là, je vous vois venir avec vos accusations à peine voilées de suspicion de dissimulation de revenus, de vente sous le manteau avec l'œil torve et l'attitude de celui qui a quelque chose à cacher et qui n'est pas franc du col. Les souvenirs de marché noir pendant l'occupation de la France par les forces allemandes pour les plus anciens d'entre-vous, si vous voyez ce que je veux dire. Du pas "joli-joli", du réprimandable, du coupable, même. Eh bien je vais vous dire, je n'en sais rien et cela ne me regarde pas. On est en démocratie, on a encore le droit de payer en liquide, non[4] ? Après, que la personne déclare ou pas, ce n'est pas mon affaire. Je ne suis pas comme certains qui s'empresseraient d'aller délater toute affaire cessante. Non ! Et puis, surtout, j'ai ma conscience pour moi.
J'ai toqué à la porte et cela a provoqué l'aboiement de chiens. Qu'est-ce que ça peut être con, un chien ! Ce n'est pas un chat qui se mettrait à aboyer pour un oui pour un non. Pas plus un poisson rouge. Bref. Ça aboie comme un sourd pendant peut-être bien une minute pleine avant que l'huis s'ouvre. On me fait entrer et me prie de m'asseoir. Bon, ok. Je m'imagine déjà que l'on va me proposer un café. Mais non, pas de café à l'horizon. Alors, faute de mieux, on fait marcher la langue pour que des sons un peu articulés s'assemblent en des semblants de phrases. Et qu'"il a fait froid cette nuit" et que "moins que hier" et que "mais il fait beau on a du soleil" et que "les jours rallongent". Je commence à trouver le temps long. Toujours pas de café. Tant pis. Il faut en finir maintenant. Je sors mes deux billets et les pose sur la table. Une main qui fait semblant de prendre son temps s'abat sur eux. "Merci". "C'est bien normal". Bien, bien, bien. On a finit là, non ? Je vais me lever et aller me promener dans le village, un peu, maintenant. Sauf que non parce que l'on commence à me parler d'un truc en me demandant mon avis, avis que je n'ai pas. Heureusement, on ne me parle pas des primaires citoyennes et de leur premier tour. Ouf.
Finalement, on me libère. Poignées de main. Parce que j'avais pris l'appareil photo[5] je fais un petit tour. Je m'arrête au lavoir. Bof. Je vais sur la jetée de la retenue d'eau de l'ancien moulin. Bon. Je ne trouverai pas mieux et puis je n'ai pas non plus l'intention d'aller faire une grande promenade. Je fais une photo et je rentre me faire du café.
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1 De waldo7624 - 23/01/2017, 14:27
Bon, d'abord d'où sortez-vous du liquide par les temps qui courent ? Je dis bien "les temps", car l'étang, lui ne court pas, il est gelé.
Le liquide, aujourd'hui, vient le plus souvent de malversations inavouables, voire de trafics plus ou moins honteux qui seront, je l'espère, très sévèrement puni par le futur nouveau gouvernement qu'on aura bientôt, et que j'attends avec impatience afin de voir les aigrefins pourvus de liquide excédentaire traduits en justice.
Mais bref... Tant qu'on y est, pourquoi aller payer une dette à des gens qu'on ne connaît pas, et qui, de plus, ne vous offrent même pas de café ?
Personnellement, ne les connaissant pas, j'aurais continué à faire semblant de ne pas les connaître, conservant ainsi le précieux liquide au chaud dans mes poches, et qui pourra servir à acheter du sucre au début de la prochaine guerre...
2 De fifi - 23/01/2017, 14:36
Donc, aujourd'hui, jour d'huis qui s'ouvre, vous avez eu une chance inouïe :
- Pas de chiens enragés à vos trousses.
- Pas de café ( vue l'accueil : il ne devait pas être terrible.
- Pas d'appel à la gendarmerie ( deux susceptibles faux billets de 500 (Fr) heu! Pardon : euros.
- Et le risque que vous avez pris en montant sur le déversoir qui aurait pu être glissant par la mousse, les algues, voir, la glace.
3 De nono - 23/01/2017, 14:37
Vous vivez des aventures fabuleuses et cet épisode est particulièrement passionnant, toutefois celui-ci manque singulièrement de précisions, je regrette le peu d’application à décrire l’intérieur rural de votre débiteur, la bonne odeur du feu de bois dans la cheminée et l’arôme du café que vous n’avez pas bu, juste les jappements du canidé, heureusement demain, nous aurons droit à un vrai feuilleton, avec des images.
4 De michel - 23/01/2017, 14:42
@waldo7624 : Par les temps qui courent, je sors le liquide d'où je peux. Au réveil, le matin, c'est principalement de la vessie mais je ne vais pas vous faire un dessin.
@fifi : Il est vrai que je suis plutôt chanceux.
@nono : C'est que j'ai bien pris la précaution de ne pas mettre en porte à faux les personnes. D'ailleurs, j'ai tout travesti. Rien n'est vrai, bien entendu. Demain, oui, probablement, encore le feuilleton dessiné !
5 De fifi - 23/01/2017, 14:44
Jolie photo, une eau aussi limpide est rare, sans doute que l'hiver y est pour beaucoup.
Donc, vous vous êtes fait livrer des " Le Palmier " dans l'idée d'aller faire votre marché à Périgueux mercredi ou samedi.
6 De fifi - 23/01/2017, 14:48
Et oui, demain la bande dessinée nous sera destinée, si il n'y a pas d'embrouille du coté de Changé Lès Clefs d' Douze.
J'ai pas pu m'en empêcher, fallait que je la fasse, sans me voiler la face.
7 De michel - 23/01/2017, 14:49
@fifi : Et que ferai-je donc de ces "Palmier" ? Je l'ai déjà lu et ça va bien, je ne vais pas remettre ça tout de suite. Ça m'a foutu un mal de tête, je ne vous dis que ça.
8 De fifi - 23/01/2017, 14:52
Il doit être aux taquets notre dessinateur :
"- Put..n, ch'u pas prêt, horreur !
Et ce gros pâté qui vient de m'arriver.
Bon courage Liaan ;-)))
9 De fifi - 23/01/2017, 14:53
@michel : Pas ça, je parlais de la vente sous le manteau.
10 De michel - 23/01/2017, 14:58
@fifi : ah d'accord. Remarquez, en cette saison il vaut mieux vendre sous le manteau que sous le maillot de bain.
11 De waldo7624 - 23/01/2017, 16:03
"Aboyer comme un sourd"... voilà, je comprends mieux pourquoi le film des années 90, qui raconte les mésaventures d'un Saint-Bernard, s'appelle "Beethoven" !
12 De fifi - 23/01/2017, 18:41
@waldo7624 : C'est bien un sourd, on peut lui casser le pot il n'entendra pas les morceaux tomber.