Evolution de la ruine

Le feuilleton continue. Depuis quelques années, lorsque l'idée me vient, je passe devant cette maison qui doucement s'effondre sur elle-même. L'autre jour, je suis passé par là et me suis arrêté le temps d'une photo. Je n'ai pas remarqué de changement frappant. Peut-être la maison s'est-elle un peu affaissée, je n'en suis pas certain.
Je me suis demandé ce qui avait poussé quelqu'un à construire cette maison là, à l'écart de la petite route qui conduit de ce que l'on appelle ici la route des coteaux vers le petit bourg de la Madeleine, à la Bachellerie. Et puis, je me suis souvenu que la route nationale 89 n'avait pas toujours existé et qu'aux débuts du XIXe siècle, Azerat restait un bourg isolé. Si l'on souhaitait s'y rendre depuis Thenon, par exemple, on devait emprunter cette route des coteaux et redescendre par la route du Labouret, premier bourg juste après Azerat. Dès lors, la route des coteaux se poursuivait jusqu'au croisement qui permet soit d'aller sur Auriac-du-Périgord, soit la Bachellerie, soit, encore, les Farges. Et d'ailleurs, en parlant des Farges, je vous avais parlé du petit village du Cheylard et de l'abandon de son église au profit de celle des Farges.
Mais pour aller à la Bachellerie depuis Thenon, le plus simple devait certainement être de passer par la Madeleine. Et alors, on passait devant cette maison qui, à l'époque, devait être neuve ou presque. D'ailleurs, dans les bois environnants, on trouve trace de maisons encore plus en ruine. Parfois, on n'aperçoit plus que le bas de quelques murs. Je ne sais pas comment l'on faisait alors pour se rendre à Terrasson si l'on habitait la Bachellerie. De toute évidence, la route nationale 89 (aujourd'hui départementale) n'existait pas. Le train arrive à la Bachellerie en 1860. Il est possible que la voie ferrée ait été doublée d'une route. De la Bachellerie, on devait vraisemblablement pouvoir gagner Saint-Rabier et par là le nord du département voire Limoges, Paris, les mondes lointains et inconnus. L'aventure, quoi. Peut-être, mais ce n'est pas sûr du tout, devait-on emprunter la petite route de terre qui va de la Bachellerie au Chastel avant de redescendre sur Condat et de prendre la route qui passe par Bouillac si l'on souhaitait atteindre Terrasson pour, par exemple, l'une ou l'autre des deux foires annuelles. Enfin moi, je vois ça comme ça en faisant appel à ce qu'il me reste de logique.
De la Bachellerie, on pouvait aller à Azerat en passant par Rastignac. Depuis Azerat, si l'on voulait aller à Thenon, je suppose que l'on avait la possibilité de remonter par le Labouret mais qu'il était plus intéressant de passer par le Puy et la Servolle. Quoi qu'il en soit, je suppose que l'on devait bien moins circuler hier qu'aujourd'hui. Laissons-nous aller à des calculs pifométriques. Une heure pour aller de Azerat à la Bachellerie ? Deux pour aller de Azerat à Thenon ? Une bonne grosse demi-journée si l'on marchait jusqu'à Terrasson ? La deuxième moitié du XIXe siècle a sans doute été un immense progrès pour le brassage des populations et a peut-être aussi été la cause d'un début de désertification des campagnes et de l'abandon de certaines habitations qui ne se trouvaient plus sur aucun passage emprunté, se trouvant du coup isolées de tout et tous.
La maison que je suis depuis quelques années a dû être "restaurée" au cours du XXe siècle. Si l'on en croit les poutres métalliques, on a certainement au moins dû utiliser ce bâtiment à des fins agricoles. Je ne sais pas qui ont été les derniers occupants. Un jour, j'irai enquêter pour tenter de fournir une réponse à cette question.

Ruine dans un écrin de verdure

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