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vendredi 12 juin 2015

Dernières morts à la mode

On meurt de par le vaste monde. Rien que pour la journée d'hier, deux morts notables. Celle d'abord de Sir Christopher Lee, acteur britannique célèbre pour son interprétation de Dracula et pour celle de Saroumane entre autres. De ceux qui ont interprété un rôle de vampire, Christopher Lee est l'un des plus marquants. C'est sans doute lui qui a amené le premier cette distinction au monstre suceur de sang.
Je suis bien loin d'avoir vu tous les films de Christopher Lee et, particulièrement, ceux où il incarnait Dracula. En fait, je n'aime pas beaucoup les vampires, en général. Il me semble qu'ils sont bien trop cérébraux, presque trop fragiles. Ils vivent ce que l'on peut supposer être une malédiction. Je ne pense pas que les vampires soient heureux. Ce sont presque des méchants malgré eux. Non ! Je leur préfère définitivement les morts-vivants qui, s'ils ont moins de vocabulaire, me semblent bien moins préoccupés par tout un tas de petites questions métaphysiques à la mords-moi le nœud. Le zombie est une âme simple, un enfant, un être simple et franc du collier qui n'a pour préoccupation que de se trouver de la cervelle humaine à boulotter.
Avant l'écrasante main-mise du mort vivant sur le genre cinématographique mettant en scène des méchants qui veulent intenter à la vie du quidam, on avait, au choix, le vampire ou la créature de Frankenstein. Dans l'excellent film de Tim Burton traçant la carrière de Ed Wood, nous avons droit à une scène d'une rare cocasserie durant laquelle Bela Lugosi se met en colère contre Frankenstein. Pour lui, rien ne vaut le vampire, personnage bien plus complexe et torturé. Et si l'on y regarde de près, la créature de Frankenstein se rapproche un peu du mort vivant.

Dracula et le repos éternel ?
L'autre mort a avoir eu les honneurs de la presse est le "créateur" du Free Jazz, Ornette Coleman. Parce que je n'avais pas de disque de lui à mettre dans la platine, j'ai écouté du Thelonious Monk. Je n'ai pas grand chose à dire sur Ornette Coleman. Je ne suis pas très habile pour parler musique. Il n'en reste pas moins vrai que c'est un grand Monsieur du Jazz qui a quitté la scène. Il reste ses albums. Je n'en ai pas. Pour faire bonne mesure, je vais me faire une journée Jazz. Après Monk, je suis passé à Kartet. Qu'est-ce qui suivra ? Je ne le sais pas encore.
Parce que j'avais prévu autre chose pour aujourd'hui, il n'est pas impossible qu'il y ait un autre billet plus tard dans la journée.

vendredi 22 mai 2015

La Peste, elle crée le dodécaphonisme atonal

La Peste à l'avant-garde musicale

samedi 25 avril 2015

En morceaux, doux et autres troubles

C'est samedi, il pleut et je vais vous causer musique. Je vais vous parler d'un disque que l'on m'a prêté et que j'ai écouté quatre fois, un album de Godspeed You ! Black Emperor dont je ne sais trop quoi penser.

Godspeed You ! Black Emperor, je vous en ai déjà parlé à l'occasion d'un concert au Rocher de Palmer, à côté de Bordeaux. Dans ma mémoire, il est question d'un concert éprouvant. Excellent mais éprouvant. Au moins, j'en garde un souvenir bien présent. Du post rock violent, bruyant, insistant. Je me souviens d'un public comme tétanisé, comme pris dans les rets des cris et plaintes de guitare de cette musique qui vous vrille les circonvolutions du cerveau d'une bien plaisante manière. Si je n'ai toujours pas exactement compris ce qu'est réellement le post rock, j'ai tout de même compris que la musique de GY!BE est sensée dénoncer tout un tas de trucs qui agacent les membres du groupe.
Et donc, il y a eu ce concert et je suis revenu à l'écoute de mes vieux disques de musique pré-médiévale pressés amoureusement et artisanalement par les orfèvres de ces temps anciens. J'ai laissé GY!BE de côté en me promettant d'y revenir un jour. Ce jour est arrivé récemment lorsque mon frangin, l'air gourmand, m'a mis le dernier album du groupe entre les mains en me promettant un grand moment de bonheur.
Quatre fois, j'ai glissé la galette dans le lecteur de CD. Quatre fois, j'ai ouvert les oreilles. Quatre fois, l'album s'est terminé sans que j'aie été bien conscient d'avoir écouté quelque chose. Et ça, ce n'est pas banal. D'ailleurs, là, à l'instant, je remets le disque dans la platine. Vous allez voir que je ne dis pas de conneries. Montez le son, vous allez comprendre.
Voilà, c'est parti. Vous avez ouvert les oreilles ? Bon. Ça part sur une batterie lente bientôt rejointe par la guitare. Un rythme lent et lourd, quelques accords de fainéants. Pour le moment, c'est calme. Une sorte de ritournelle un peu simple qui n'indispose pas trop le cerveau. On entend sans trop de surprise. Ah ! Une guitare un peu plus saturée arrive. Une mélodie qui semble un peu orientale débarque par derrière et s'en va comme elle est venue. Oui, c'est bien ça, c'est presque mélodique pour ce premier morceau. Mélodique et lancinant. Un peu comme s'il s'agissait d'une longue intro qui nous conduirait au deuxième morceau de l'album.
Tiens, d'ailleurs, le voilà, ce deuxième morceau. Il est arrivé sans prévenir, sans que l'on s'en rende compte, comme à l'improviste. Là, ça s'excite un poil mais ce n'est pas non plus le grand énervement. De lente mélodie, ça passe à une sorte de longue plainte, une forme de litanie, un cri lourd et lent.
Troisième morceau. C'est celui qui semble donner son titre à l'album. Il y a de la pesanteur. Voilà, c'est ça. Je cherchais le terme. C'est de la pesanteur. Quelque chose de lourd qui paraît imparable et irrévocable. Une force contre laquelle il est vain d'espérer lutter. Une inertie pesante et pressante. Ah oui ! Avec ce thème qui revient, appuyé par une batterie bien présente. "Asunder, sweet". "En morceaux, doux" ? Je ne parviens pas à trouver une traduction satisfaisante. Pas mal, pas mal, ce troisième morceau. Mais comment ? Déjà le quatrième ?
Cette fois, le titre est "Piss Crowns are Trebled" et je suis tout à fait perdu question traduction. Qu'est-ce que cela peut bien signifier ? Remarquez, ce n'est peut-être pas important, hein ? Quoi qu'il en soit, ça s'énerve complètement maintenant. Les guitares s'envolent enfin, la batterie accélère. C'est bizarre, j'ai vraiment l'impression qu'il n'y a que ça. Batterie et guitare. C'est faux, bien sûr, mais c'est ce qui apparait le plus clairement, en tout cas. Si j'en crois ce qui est indiqué sur la pochette, il y aurait aussi de la basse et contrebasse et du violon en plus de "portasound", de "organs" et de "drones". Je leur fais confiance, ils doivent savoir ce qu'ils utilisent.

L'album est fini. Après cette cinquième écoute, à un volume assez élevé, je reste toujours circonspect. D'abord, ça me semble court. Le temps passe vite et je n'aurais pas refusé que ça dure plus longtemps. D'un côté, ça prouve que ce n'est pas du tout désagréable et c'est plutôt pas mal. Maintenant, il y a tout de même comme une frustration. Je n'ai jamais l'impression que ça commence réellement. Un peu comme si l'album était constitué de plein de promesses non tenues. Peut-être aurais-je aimé un peu plus de surprises, de titillements. Malgré tout, ça reste un bon moyen de passer un bon moment que d'écouter ce disque.

Godspeed You Black Emperor

samedi 21 mars 2015

Iris, yeux, chat et autres choses

Une bonne grève, c'est toujours bon à prendre, d'autant plus si elle touche le groupe Radio France et, en particulier puisque c'est quasiment la seule radio que j'écoute, France Inter. J'aime les grèves de France Inter. C'est l'occasion d'entendre des musiques, des chansons, qui sont habituellement exclues de la programmation. Ainsi, lors d'une grande grève, dans les années 2000, j'avais eu l'occasion de découvrir l'intégrale de "Different trains" de Steve Reich. Si je ne me souviens plus de la date de l'événement, je me souviens qu'il faisait beau et que je rentrais du boulot en voiture. Malheureusement, mais c'est la vie, il n'y a pas que de bonnes musiques à écouter sur les ondes de France Inter durant ces grèves.

Ce matin, je retiens du Serge Gainsbourg avec une chanson extraite de l'album "Histoire de Melody Nelson". C'est toujours avec plaisir que j'écoute du Serge Gainsbourg. Je n'y pense pas assez. Alors, c'était bien agréable mais ça n'a pas duré. Peu de temps après, on a eu droit à la très énervante Vanessa Paradis et au très agaçant Benjamin Biolay pour une chanson inepte dont j'extraie ces paroles qui suffisent à dire combien c'est sot et néfaste : "La vie c'est comme un tractopelle, pas besoin de permis". Il fallait oser. Si j'ai bien compris, c'est le Benjamin Biolay (que tu sois bio, bio ou lay, fais ce qu'il te plaît, chantait Higelin) qui a commis ces paroles. Je connais mal le Biolay responsable de ça. Je pense savoir qu'il s'agit plus ou moins d'un "artiste" français, un chanteur de variété, sans doute auteur-compositeur et interprète. Il a une certaine renommée. Je ne connais pas suffisamment son œuvre pour en faire une critique sérieuse mais pour ce que j'en sais, je pense que l'on peut faire l'impasse et passer à tout autre chose. A Steve Reich, par exemple, qui, bien que nettement moins français n'est certainement pas dépourvu d'un certain talent. Evidemment, on reprochera peut-être à Steve Reich de ne pas faire dans la gaudriole et de ne point écrire de chanson pour la Vanessa Paradis éreintante. Ou on l'en félicitera, au choix.

La peur du vol de son image personnelle

MarvinJe connais un chat étonnant. Il a été nommé Marvin et je n'y suis pas totalement pour rien et je n'en suis pas qu'un peu fier d'avoir contribué à ce baptême, je vous prie de me croire. Ce n'est pas rien que de trouver le nom adéquat d'un animal de compagnie. Marvin, c'est en référence au petit robot, penchant au R2D2 de "Star Wars", de "H2G2" de Douglas Adams qui s'appelle, je vous le donne en mille, Marvin. Marvin est un robot très intelligent, bien trop intelligent, et très neurasthénique, à la limite de la dépression critique autant que chronique. Et il se trouve que Marvin le chat a un faux air de Marvin le robot. Je ne suis pas sûr qu'il soit si intelligent et si dépressif, toutefois. Marvin, donc, est un chat qui est arrivé tout jeune et tout affamé chez ma maman. Il est entré, il a mangé, il a accepté d'être caressé et il est resté. C'est pas con, un chat. Ça sait bien qu'une bonne maison où l'on vous nourrit, ça mérite bien quelques aménagements avec les humains.
MarvinCe chat n'est pas sauvage. Il n'hésite pas à venir se blottir dans vos bras, il se laisse caresser dans le sens du poil. Il fait tout très bien comme un chat domestique, un chat de compagnie. Ça le sait d'instinct, ce qu'il faut faire pour être accepté dans une maison d'accueil, un chat. Il faut faire mine d'être heureux d'être là, se laisser aller à quelques ronronnements qui flatte le "maître", ne pas trop mordre ou griffer la main qui s'approche, tout ça. Ils doivent se refiler le truc de génération en génération, depuis le temps qu'ils fréquentent le genre humain. Et Marvin, il a ces trucs et astuces dans sa besace. Il a tout compris et il sait le mettre en pratique. Sauf que, et là c'est étrange, il a une peur bleue, une détestation absolue, une sainte horreur, une haine compulsive, des appareils photo. Il n'éprouve aucune réticence à venir me voir, à grimper sur mes genoux, pourvu que je n'aie pas d'appareil photo en mains. Sitôt que je tente de le photographier, il s'enfuit. C'est pas étrange, ça ?
J'ai fait le test plusieurs fois et pas plus tard qu'hier. Dès qu'il voit cette grosse boîte noire avec cette protubérance quasi phallique pointée vers lui, il se casse. C'en est cocasse. Sauf que ça semble l'effrayer réellement. On ne dirait pas que c'est du chiqué ou pour se donner un genre. Il a vraiment peur. Hier, j'ai monté mon plus gros objectif à focale variable pour l'avoir par surprise. Il était loin dans le jardin et il devait se sentir suffisamment à distance de la machine infernale pour accepter de ne pas s'esbigner illico.
Ulysse, le gros chat que je vous ai déjà présenté ici en d'autre temps se fout complètement de l'appareil photo. Il n'a pas peur, il n'est ni joyeux ni agacé, il s'en fout. Remarquez, Ulysse, c'est le genre de gros chat à ne se préoccuper que de trouver un endroit où dormir et d'avoir de quoi manger à satiété. Le reste, je pense qu'il s'en fout. Avec les beaux jours qui vont finir par arriver, il va sortir de la maison et aller roupiller au soleil avant de rentrer pour manger. Ce n'est pas si difficile, une vie de chat. Ce ne doit pas être très passionnant, on n'a jamais entendu parler d'un chat qui aurait écrit ses mémoires, par exemple.

Iris

IrisLe printemps est là. L'équinoxe a vécu. Les fleurs dans les jardins ou sur les arbres, les bourgeons sur les branches, les jours qui s'allongent, il n'y a pas de doute possible. Devant chez moi, la glycine redouble d'efforts pour une nouvelle saison. Elle va se couvrir de feuilles, de fleurs, elle va lancer des branches en tous sens dans l'espoir de s'accrocher quelque part, un peu comme une moule sur son rocher. Dans le même temps, je me demande si la comparaison est pertinente.
Chez ma maman, ce sont les iris qui ont dégainé les premiers (ou presque). Je ne suis pas très sensible à la beauté supposée des fleurs. Je ne dis pas que ce n'est pas agréable de voir des fleurs, de voir des couleurs, tout ça. Je ne le dis pas mais je dis que je m'en fous un peu. Je ne suis pas très sensible à la beauté des choses. A la limite, je vais être impressionné par la force, la grandeur, la majesté d'un chêne multi-centenaire. Mais baste ! La sortie de l'hiver, c'est l'entrée dans le printemps et l'arrivée des fleurs. C'est ainsi qu'est faite la nature. Et reconnaissons-le au risque de passer pour un pleurnichard laissant couler des larmes de bonheur à la simple vue de fleurs colorées, il est plus intéressant (et aussi plus facile) de photographier une plante en fleurs qu'un embrouillamini de branches sèches vides de feuilles. Sacrifiant à la facilité, profitant de ce que j'avais l'appareil photo, j'ai fait une photo d'un iris en fleur. Voilà. Ça c'est fait.

De l'iris à l'œil

De parler d'iris, ça me fait penser à celui de l'œil. Et de parler de l'œil, ça me fait penser aux yeux et à la vision. Je me demande s'il ne va pas falloir que je prenne rendez-vous chez un spécialiste pour faire vérifier ma vue. J'ai comme l'impression, depuis quelques semaines, que la presbytie a gagné du terrain. Je m'en suis aperçu en dessinant. J'ai du mal à trop m'attarder sur les plus fins détails. C'est que j'ai le nez à une dizaine de centimètres du papier, quand je dessine, aussi. Pour lire, ça va. Même sans lunettes, en fait. C'est un peu l'avantage de ma pathologie, quelque part. Si l'on met de côté l'astigmatisme, j'ai un œil pour voir au loin et un pour voir de près. Pratique. Enfin sauf pour une bonne vision binoculaire, bien entendu.
Je passe du coq à l'âne. Quoi que. Ça se tient, finalement. J'ai parlé de France Inter, j'ai parlé des yeux, je parle des deux. Il s'en passe, des trucs, dans ma tête ! Avant la grève de Radio France, il y avait une pub qui m'agaçait prodigieusement. Je hais la pub mais celle-ci m'agaçait presque plus que les autres. Je mets à part la pub pour la Matmut qui tient le haut du classement au rang de la détestation suprême. Cette pub est celle pour une sorte de complémentaire santé. Elle met en scène deux personnes. Une dit à l'autre qu'elle a dû se faire faire de nouvelles lunettes et qu'elle en a eu pour deux-cents euros de sa poche. L'autre lui rétorque qu'avec la complémentaire, elle a eu ses lunettes pour rien. Pauvre conne ! Et ta complémentaire ? Tu ne l'as paies pas, peut-être ? Pour moi, c'est de la publicité mensongère parmi les plus haïssables dans la mesure où elle s'adresse à celles et ceux qui ont les moyens de se payer ce service et qui, non contents d'avoir du fric veulent en conserver toujours plus. J'ai l'agacement facile, je le sais. C'est l'une de mes principales qualités. Je dois faire des efforts considérables pour ne pas exploser à longueur de journée. C'est de l'agacement rentré. Si je ne me contrôlais pas, je ne ferais qu'exploser tout au long de la journée. Ce serait éreintant à force.
Mais revenons à nos affaires de durcissement du cristallin. C'est un processus lié à la déliquescence de la condition humaine liée à l'âge tout à fait normal et documenté. On vit trop vieux. Il faudrait savoir tirer sa révérence avant la décrépitude. J'en connais des plus vieux que moi qui sont atteints par la limite de l'âge. Leur cervelle fait de la colle à pneu, ils réfléchissent à reculons, les pauvres ! Je ne donnerai pas de nom pour ne pas froisser les concernés qui viennent ici lire mes textes, regarder mes dessins et photos. C'est déjà bien qu'à leur âge ils aient encore la présence d'esprit de le faire. C'est quasi inespéré, pour tout dire. Ils ont bien raison de tenter encore, malgré tout, de s'instruire auprès d'un phare de la pensée universelle tel que je le suis moi. Il faut se montrer magnanime avec les plus vieux, les plus mal foutus, les plus proches d'une fin prochaine et douloureuse et atroce.
Donc, j'en arrive à me demander si je n'aurais pas besoin de nouvelles lunettes pour y voir mieux. Si c'est pour y voir moins, ça ne sert à rien. Par exemple, je dessine moins, ces derniers temps. Je me demande si ça n'aurait pas un rapport de causalité. Je vais noter cela quelque part et je vais tenter de penser à prendre un rendez-vous chez mon ophtalmologue préféré.

Une grande surprise au début du mois d'avril prochain ?

Suspense ! Suspense ! Ah ! Ah ! Ah ! Qu'est-ce que c'est marrant de parler sans rien dire ! D'ici quelques semaines, je vous annoncerai un événement qui vaut son pesant de cacahuètes. Je ne vais rien dévoiler. Je ne connais pas avec certitude la date officielle de la survenue de la chose. Je vous tiendrai au courant et, éventuellement, émaillerai mes billets de quelques indices jusqu'au jour fatidique.

dimanche 1 mars 2015

Un dimanche sur son trentin

Allez savoir pourquoi ? Ce matin, je me réveille tôt avec une envie de Toy Dolls dans les oreilles. Puisque je n'ai pas de disque de ce groupe, je me dirige, entre deux bols de café, vers Internet pour esgourder un peu. Les gens de bien le savent, la vérité est dans le punk.

En fait, je sais très bien ce qui a réveillé cette envie chez moi. J'ai un rituel, le matin. Je me lève, j'allume la radio calée sur France Inter et le temps que l'ampli se réveille à son tour, je vais me faire du café. Et donc, sur France Inter, il y a des bulletins météo. Et depuis quelques jours, il y a une petite musique qui précède ce bulletin et cette musique rappelle furieusement "Dueling Banjos". "Dueling Banjos", pour les ignorants et les incultes, c'est la musique que l'on entend dans "Délivrance", le film de John Boorman. Il se trouve que ce morceau a été repris par le groupe punk. La vérité est définitivement dans le punk.

Ce matin, je me réveille avec une envie de musique punk dans les oreilles et j'écoute quelques morceaux sur l'ordinateur en attendant de me réveiller et de filer aux chiottes y faire ce que j'ai à y faire. J'ai appris récemment que la caféine était un déclencheur de l'envie de chier. Il agit très rapidement, en une demi-heure. Tous les matins, je bois du café. Tous les matins, je vais faire caca. C'est agréable de constater que la tuyauterie n'est pas bouchée. A chaque fois, j'ai une pensée émue pour celles et ceux qui sont constipés, qui souffrent d'une occlusion intestinale ou d'un bon gros cancer qui bouche tout. Ils doivent souffrir. Je suis sincèrement de tout cœur avec eux mais je préfère être à ma place qu'à la leur.
Le problème, maintenant, c'est que j'ai ce "Dueling Banjos" dans la tête et que ça ne va pas vouloir en sortir facilement. C'est à craindre. C'est Arthur "Guitar Boogie" Smith qui a créé ce morceau en 1955. J'ai toujours considéré qu'il y avait là-dedans des réminiscences du "Yankee Doodle" bien connu. Et de fait, et même si je suis loin d'avoir l'oreille musicale, c'est assez indéniable. Que plusieurs groupes punks aient repris ce morceau n'est pas sans susciter l'étonnement émerveillé. On dit que les Sex Pistols eux-mêmes, seigneurs du punk s'il en est, auraient repris le "Yankee Doodle" dans leur titre "Friggin' in the Riggin'". Je n'ai pas suffisamment l'oreille musicale pour me prononcer formellement sur la question mais, c'est un fait, la vérité est bien dans le punk.

Ça nous arrive à tous d'avoir un morceau dans la tête durant toute une journée. Parfois, c'est embarrassant. Sans que l'on y prenne garde, on se met à siffloter un air en public et les yeux se tournent vers vous emplis de compassion gênée. Vous ne comprenez pas tout de suite et puis vous vous rendez compte que vous étiez en pleine pâmoison sur un air de Chantal Goya. Votre crédibilité est mise à mal. Ce qui m'arrive souvent, c'est de siffler "L'internationale". Mais là, j'en tire une certaine fierté. Je me demande s'il y a des groupes punks qui ont repris ce très beau chant. Certainement puisque la vérité est dans le punk, comme nous l'avons déjà dit.
Je ne sais pas si vous avez tous vu "Délivrance", ce film de John Boorman. Je l'avais vu il y a des années de cela et j'étais resté sur ma faim. C'était ennuyeux dans la mesure où ce film est considéré comme un "film culte". C'est que l'on m'avait présenté le film comme étant grosso-modo un film d'horreur. Il date de 1972. "Massacre à la tronçonneuse" date, lui, de 1973. Et puis je n'ai pas vu le film d'horreur derrière ce film. J'ai vu un film qui traîne un peu en longueur avec quelques scènes intéressantes, quelques scènes un peu dérangeantes. Je m'étais ennuyé. L'an dernier, j'ai eu l'occasion de le revoir. Il n'y avait plus l'attrait de la découverte mais il n'y avait plus non plus de trop grands espoirs. Je l'ai apprécié un peu plus même si je ne parviens toujours pas à comprendre parfaitement ce qui fait que ce film est tellement encensé. Je ne sais pas s'il y a une vérité dans ce film, comme dans le punk.
Le punk, c'est un "genre musical". On peut penser que le punk est à rattacher au rock mais c'est plus complexe. Le punk, c'est le punk. C'est plus un style, un mode de vie. De la drogue, de la bière, que des bonnes choses avec aussi des notes de musique (parfois approximatives). Si j'aime le punk, c'est sans doute parce que c'est apparu chez nous quand j'étais jeune. Avec le punk, je me suis enfin dit qu'il y avait une vie possible pour les ratés, les mal foutus. Ça m'a plu, vous pensez bien ! Le punk a gagné la BD, le cinéma, la mode, la littérature. Le punk a gagné car le punk, c'est la vérité !
Avant le punk, par exemple, nous avions Franquin, Uderzo, Hergé et plein d'autres dessinateurs au trait propre sur lui. Après le punk, on a gagné des Olivia Clavel, Matt Konture, Pierre Ouin ou Tamburini. C'était un peu plus roquènerole ! Le punk a libéré les esprits ce qui est bien naturel puisque le punk, c'est la vérité.
Ah ! Ces neuf notes qui reviennent à l'assaut ! Pas grave, c'est moins pire que si ça avait été du Mireille Mathieu. Et un nouveau bulletin météo qui s'ouvre avec ces quelques notes qui me font penser à ce morceau qui me hante. J'en arrive à me demander si je ne cherche pas du punk pour ne pas tomber dans la country ? C'est que ce n'est pas la même chose. Quoi que, quoi que ! Johnny Cash a joué avec Joe Strummer ! Joe Strummer, mort en 2002, a été le chanteur, le leader, des Clash. C'est aussi le nom d'un escargot marin. Peut-on encore douter du fait que la vérité est à aller chercher dans le punk ? Bien sûr que non !

Ce matin, je me suis levé, j'ai bu du café, je me suis mis une musique dans la tête, je suis allé faire caca, je me suis un peu lavé la gueule et puis j'ai fait une photo. En vérité, cette photo devait être l'objet de ce billet. J'ai peur de m'être quelque peu égaré en cours de route. En vérité, pour l'heure, la photo est encore "potentielle". Je l'ai prise mais je ne l'ai pas encore "développée". Oui, on peut parler de développement pour une photo numérique. Pour peu que l'on photographie en RAW, bien sûr. Je vous explique à la mesure de ce que je pense avoir compris.
Tous les appareils photo numériques ne le permettent pas mais certains proposent de photographier en mode "RAW". Pour faire simple (ou simpliste), ce format pourrait être considéré comme un négatif numérique. L'image enregistrée est presque "brut de capteur". C'est à dire qu'il n'y a rien qui cherche à améliorer l'image à ce stade. Si vous vous contentez de regarder cette image sans apporter des réglages, elle pourra paraître un peu plate. Si vous passez par un logiciel de "dérawtisation", vous pouvez, comme sous un agrandisseur, apporter toutes les améliorations possibles. Pour ma part, après avoir longtemps utilisé "Digital Photo Professional", logiciel fourni par Canon, je suis passé à Aperture (logiciel de chez Apple). Apple a annoncé l'arrêt du développement de ce logiciel. Ils sont pénibles, chez Apple, des fois. Il existe d'autres solutions. On peut traiter une image RAW par le module Camera Raw inclus dans Photoshop ou utiliser Lightroom (Adobe également) ou bien d'autres solutions dont certaines libres et gratuites comme RawTherapee. Il y a un nouveau logiciel qui me semble très prometteur, Affinity Photo, aujourd'hui en version Bêta, que je suis en train de tester un peu (ne fonctionne que sur Mac). DxO, aussi, évidemment. Un logiciel très puissant qui ouvre beaucoup de possibilités. Il y en a plein, ce n'est pas ce qui manque.
La photo que j'ai prise ce matin est donc encore sur la carte mémoire et je ne l'ai pas traitée. Si cela se trouve, elle est tout à fait mauvaise. Avant de m'engager à la publier ici, je vais réfléchir à un plan B. Peut-être que je pourrais faire un dessin. Il me faudrait une idée.
Ce que je vous propose, c'est de laisser ce billet en l'état. J'ai bien conscience que le titre n'a plus aucun rapport avec le contenu. On dira que c'est la punk-attitude qui le permet. Si jamais j'ai quelque chose à vous montrer d'ici demain, soit je l'ajouterai à ce billet, soit j'en créerai un nouveau.
Ah ! Encore la petite ritournelle !

mercredi 18 février 2015

La Peste, elle écoute de la musique de drogués

La Peste, elle écoute de la musique de drogués

dimanche 14 septembre 2014

Eskimo (1979)

Il n'est pas si certain que l'on parvienne un jour à faire le tour des Residents et de ce qu'ils apportent et ont apporté aux mondes de l'art, de la musique et de la culture.

C'est dans l'immensité de la nuit polaire, interminable et glacée, que les Residents nous entraînent au long de leur opéra inuit dévoilé aux oreilles de quelques heureux et rares connaisseurs intransigeants sur la question de ce qui doit entrer dans les oreilles en cette dernière année des seventies. Album curieux, étonnant, à nul autre pareil. Un album des Residents, groupe protéiforme et mystérieux s'il en est. Pour ainsi dire, on ne sait rien des Residents et c'est très bien ainsi. Du moins, on en sait relativement peu. On sait à peu près lorsqu'ils sont apparus. Ce n'est déjà pas si mal. Ni rock ni rien d'aucun style, les Residents sont un OMNI, un Objet Musical Non Identifié. On peut noter plusieurs périodes. Celle où ils sont particulièrement attirés par les monstres (Freak Show), celle où ils semblent s'intéresser aux taupes (Mole Show) et d'autres que je vous laisse découvrir par vous même. Je ne vais pas faire tout le boulot surtout que vu ce que je suis payé, hein, bon.
Les Residents, on aime ou pas. C'est affaire de goût. On ne peut pas y rester insensible. On peut rejeter complètement ou devenir adepte inconditionnel. En quarante ans de parasitage de l'industrie du disque, ils en ont fait, des disques. Et pas qu'un peu. Mes préférés restent "Third Reich n' Roll", "Duck Stab" et "Eskimo". Maintenant, je ne connais pas tout non plus. Pour les plus récents que j'ai pu écouter, je suis moins sous le charme, je le reconnais.
Aujourd'hui, entre un Zappa et un Coltrane, j'ai écouté "Eskimo". C'est un drôle d'album. Dans une pseudo langue inuit, les Residents prétendent nous expliquer la vie des inuits. C'est un opéra ethnologique imaginaire qu'accompagne le vent du pôle d'un bout à l'autre de l'album, une incursion fantasmagorique aux intonations étranges. En fait, il paraît qu'il s'agit plutôt d'une dénonciation du monde occidental et de la société de consommation.

Eskimo vanille fraise
Mais à l'écoute de ce disque, une question me vient à l'esprit. Est-ce bien de la musique ? Parce que, après tout, il s'agit peut-être plus d'ambiance sonore. Et l'ambiance, elle est là et on ne peut pas en douter un instant. Une ambiance pas vraiment chaleureuse. On dira que les conditions météorologiques supposées du grand nord ne s'y prêtent pas. Et de quoi donc est-il question donc ? Alors, c'est la vie des inuits. De la naissance d'un nouveau né avec la possibilité qu'il soit sacrifié rapidement (on ne garde pas toutes les petites filles, faut pouvoir les nourrir) à la fin programmée d'un vieux devenu inutile (on le laisse quelque par sur la banquise et basta). Enfin je dis ça sans trop savoir ce que je dis, il me faut être honnête avec vous. Toutefois, je pressens qu'il y a quelque chose de cet ordre et je vous conseille de prêter vos esgourdes à l'écoute de cet album mythique.

jeudi 11 septembre 2014

Écoutez-moi ça !

Une vraie découverte ! Du punk rock qui déménage, qui gratouille, qui titille, qui frétille, qui met en joie. Autoproduit, le premier album des Watching Pumpkin débarque dans les bacs avec ses guitares saturées, sa ligne de basse sauvage, sa batterie foudroyante et la voix rageuse du chanteur et leader du groupe, Blind Mute Monkey. En douze titres tous plus énervés les uns que les autres, vous vous détruisez les tympans à coup sûr. A ne rater sous aucun prétexte !

La citrouille is watching toi

mercredi 3 septembre 2014

Moto rouge et musicale

Ce matin, j'ai commis deux dessins. Pour les réaliser, comme je le fais parfois, pour me couper du monde extérieur, du monde réel, j'ai mis de la musique et j'ai réglé le volume à un niveau assez conséquent.

Deux dessins. Le premier, c'est une commande. Je vous le présenterai demain. Hier, j'avais fait un crayonné rapide pour la validation et ce matin, après le litre de café bien fort, j'ai dessiné au crayon avant d'encrer au pinceau et à l'encre de chine. Pour ce dessin, j'ai écouté deux albums de Kraftwerk, Radio Activity et Autobahn. Cela ne nous rajeunit pas. Les deux albums ont pratiquement quarante ans. Je ne sais pas ce qui a guidé mon choix. Mon dessin n'était pas spécialement à la gloire du parti nazional zocialiste. Enfin passons.
J'ai eu l'idée d'un deuxième dessin et je suppose que le choix musical du premier dessin n'a pas été étranger à cette idée de dessin. Pour commencer, j'ai mis la bande originale du meilleur de tous les films du monde de tous les temps dans l'univers et au delà. Vous aurez bien entendu compris qu'il s'agissait de la bande originale de "Il était une fois dans l'ouest"[1] de Sergio Leone. Là encore je ne sais pas pourquoi j'ai mis ce disque dans la platine CD. J'ai un peu l'impression que le hasard y est pour beaucoup.
Le tournant, ça a été lorsque j'ai mis "Dernières balises (avant mutation)" de Hubert-Félix Thiéfaine. Pour le coup, j'ai encore monté le volume. Je ne sais pas vraiment ce qui me plaît tant chez Hubert-Félix Thiéfaine. C'est un mélange de diverses choses mais il y a très certainement le côté dépressif qui joue un grand rôle. Chez Hubert-Félix Thiéfaine, il est très souvent question de drogue, de misère, de suicide. Et moi, je ne sais pas pourquoi, j'aime ça. Ça me file une pêche incroyable, ses chansons violentes, poétiques, cruelles et désespérées.
Il se trouve que j'ai décidé de passer tous les albums de Thiéfaine à ma disposition, de me faire une sorte de cure. Mon intérêt pour l'œuvre du chanteur jurassien ne date pas d'hier. Il a accompagné mon adolescence et ma (un peu) tumultueuse jeunesse. On a parfois accusé Thiéfaine de faire dans l'apologie de la drogue et des paradis artificiels. Je ne suis pas d'accord ou pas tout à fait. S'il est vrai que dans "la fille du coupeur de joint" l'usage des stupéfiants revêt un aspect primesautier et que l'on peut se dire que, finalement, si c'est ça la drogue, ça vaut peut-être le coup d'essayer, il ne faut pas écarter toutes les autres chansons dans lesquelles la drogue (et plutôt les drogues dites dures) ne sont pas présentées comme un simple parcours de santé jonché de petites fleurs des champs. Il met en garde, Thiéfaine. Il dit bien la déchéance, les squats, la mort et la dépression. Mais putain ! Qu'est-ce que c'est beau ! Le problème est là. Pour les personnes qui aiment le triste, pour les romantiques, il y a comme un appel à la destruction, à l'autolyse, à l'abandon. Lorsque Thiéfaine se laisse aller à la mélancolie (et il le fait souvent) je suis sous le charme. Je rajeunis de facile trente ans.
Dangereux pour la jeunesse ? Possible. J'ai passé l'âge. Dorénavant, ça ne me concerne plus. Je ne crèverai jamais jeune. "Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre", a dit James Dean. Trop pleutre ou trop plein d'instinct de survie, je ne me suis jamais trop approché des drogues dures et me contente désormais de cultiver le cancer du fumeur[2].
Thiéfaine, c'est tout un tas de souvenirs qui s'échappent de mon cerveau et remontent à la surface en laissant un goût de mélancolie et de nostalgie. Ce sont des filles que j'ai follement aimées, une époque d'expériences diverses et de douce insouciance. Tout ça, c'est loin, c'est du temps d'avant que je devienne ce bon con de bourgeois que je suis devenu. Et merde, tiens !

Et voilà que ces disques de Thiéfaine me font tâter du doigt ce que j'aurais voulu être, ce que j'aurais voulu devenir. Moi, le truc, c'est la liberté. Une liberté libertaire, l'anarchie. J'aurais voulu vivre dans un monde où l'on aurait au le droit et le devoir de vivre sans contraintes, en faisant ce que l'on veut faire quand on en aurait eu envie. Un monde qui n'aurait pas été dirigé par le fric et les flics de toutes espèces.
Hier, j'ai fait une sorte de petit travail d'introspection sur moi en personne et je me suis demandé si, au fond et malgré mes dénégations fatigantes, je n'étais pas finalement un putain d'artiste de merde. Après tout ? Hein ?
J'ai toujours plus ou moins refusé ce statut pour plein de raisons à mon avis valables mais dans le fond, je finis par me demander si je ne ferais pas mieux d'accepter d'endosser ce costume qui en vaut bien un autre. Comme je l'ai déjà expliqué, à mon avis est artiste qui veut. Seul l'artiste peut se dire artiste. Du moins de son vivant. Pour moi, ça ne changerait rien. Sauf que, bon, ça me permettrait de me donner une sorte de statut social. Lorsque l'on me demande ce que je fais, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est de dire que je dessine, que je fais du dessin humoristique. La question de la qualité de ma production n'a aucune importance. Ce qui reste, c'est que je dessine. Et ça, c'est une vérité. Je dessine mes trucs issus de mon univers construit de bric et de broc, de chansons de Thiéfaine, de chansons des Sex Pistols, d'un imaginaire fait des films de Terry Gilliam et de Sergio Leone, des bouquins de Cavanna et de Arto Paasilinna, des BD de Goscinny-Uderzo ou de Margerin, de Boucq ou de Ptiluc. Un imaginaire plein de motos et de voitures loufoques, un imaginaire rempli du capharnaüm qui est dans ma maison comme dans ma tête. Un bordel immense avec de l'humour parce qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer, finalement.
Alors, aujourd'hui, mercredi 3 septembre 2014, lendemain du mardi 2 septembre de la même année, lequel mardi j'ai oublié de sortir ma poubelle, au risque assumé que l'on se foute de ma gueule ou que l'on critique ma décision, je l'affirme haut et fort : je suis un artiste. Un dessinateur humoristique foutraque, anarchiste, bordélique, inconstant et artiste. Et ça sera comme ça jusqu'à ce que je change d'avis sur la question.
Je termine ce billet sur "le Chant du fou" de l'album "... tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir..." de Hubert-Félix Thiéfaine, je vais me faire du café, numériser le dessin de moto rouge et musicale et ce sera tout pour aujourd'hui.

Moto rouge et musicale

Notes

[1] C'era una volta il West — Once Upon a Time in the West

[2] Je bois aussi de l'alcool mais pas avec assez de constance

vendredi 20 juin 2014

Fanfare périgourdine

Hier soir, à Périgueux, l'Echappée Belle fêtait son dix-huitième anniversaire. Pour l'occasion, Le Grand Ordinaire, fanfare périgourdine, avait sorti saxophones, percussions et bonne humeur.

A la tête de L'Echappée Belle, Jean-Charles Pouyot diffuse à 250 000 exemplaires, en Dordogne et dans de nombreux offices du tourisme en France, le très beau guide touristique Périgord Découverte riche d'une multitude de magnifiques photos de Bernard Dupuy, artiste photographe qui, mieux que personne, parvient à magnifier les paysages de Dordogne.
Ce guide distribué gratuitement est financé par des dons de partenaires, par la publicité. Depuis sa création, une indépendance totale est de mise et on a refusé de présenter le département selon un découpage administratif ou trop artificiel comme l'est celui par couleurs[1].

Le Grand Ordinaire
Ici, on a préféré opter pour des territoires, des pays. Celui de Périgueux, celui de Brantôme, de Sarlat, de l'Auvézère ou de la vallée de la Vézère pour n'en citer que quelques uns. Rédigé en anglais et en français, le guide est une invitation à découvrir ce pays merveilleux si riche en paysages sublimes et en châteaux majestueux. Un patrimoine tellement riche que j'en viens à penser qu'il est impossible de le connaître complètement.

Le Grand Ordinaire
Et donc, pour ces dix-huit ans d'existence, âge de la majorité, l'Echappée Belle faisait la fête dans la vieille ville de la capitale périgourdine, dans les ruelles Renaissance où elle a son siège. Les vins de Bergerac étaient de la partie, on avait bien fait les choses. Des petits fours, des toasts, une exposition d'œuvres du peintre José Corréa et du photographe Bernard Dupuy et, surtout, pour créer une ambiance festive et joyeuse, Le Grand Ordinaire ! Des saxophones de toutes sortes, un répertoire très Nouvelle Orléans, beaucoup d'humour et de générosité. Du bonheur tout simplement.

José Corréa croque le Grand Ordinaire
De nombreuses personnes s'étaient donné rendez-vous pour l'occasion. Comme il faisait vraiment très beau, on s'arrêtait pour profiter de l'instant, pour se retrouver, pour parler, pour rire, boire et manger. L'anniversaire était une réussite totale.

Michel Labussière du Grand Ordinaire
Cette fête était aussi sans doute l'occasion de marquer la réussite de l'entreprise un peu folle de Jean-Charles Pouyot. Comment, durant 18 ans, parler du Périgord, des Périgords, des terres et territoires, des villages et des sites, de l'histoire et de la gastronomie, de l'économie et des paysages sans épuiser son sujet ? Le dernier numéro en date de Périgord Découverte est dédié à Michel Grégoire qui donnait sa plume pour enchanter un peu plus encore ce pays.

Le Grand Ordinaire vous salue bien
Moi, j'étais là parce que l'on m'avait vivement incité à y être. Habituellement, on ne me trouve pas beaucoup dans ce genre de fête où je ne connais pas grand monde et où j'ai le sentiment de jouer le pique-assiette. Je ne suis pas resté trop longtemps, j'ai été bien sobre, aussi. Il n'empêche que j'ai découvert avec plaisir cette fanfare dont j'avais maintes fois entendu parler sans jamais avoir eu l'occasion de l'écouter.

Demain, peut-être, je reprends la série sur les Deux Chevaux.

Note

[1] Périgords vert, pourpre, blanc et noir.

mardi 27 mai 2014

Death Metal de la mort en métal

Allez, je m'y suis mis. J'ai des putains de dessins de merde à mettre en couleur. Ça m'emmerde à un point que vous pouvez pas savoir. En plus, je sais pas ce qu'il se passe, mais j'ai l'impression que je ne trouve plus mes couleurs. Peut-être qu'il faudrait que je lave l'écran au jet d'eau ou que j'essuie les traces de ravioli ? J'en sais rien. Ou alors l'ampoule qui est en train de lâcher et qui me donne une lumière louche, allez savoir. Enfin voilà, j'ai des dessins à finir et je ne suis pas couché. Je vous en montre un histoire de me débarrasser de la corvée du billet quotidien et je file réfléchir à la manière dont à laquelle que je vais faire cuire mes nouilles.

Death Metal

mercredi 2 avril 2014

La face cachée de la lune

Hier soir dans l'auditorium de l'Agora de Boulazac, la Compagnie INOUIE présentait devant une salle bondée son spectacle La Face Cachée de la lune.

Thierry Balasse, créateur de la compagnie INOUIE, se défend de faire œuvre d'un Tribute Band avec ce spectacle. Soit. Dans "La Face Cachée de la lune", la compagnie propose de marcher dans les pas des Pink Floyd, une quarantaine d'année après la sortie de l'album "The Dark Side of the Moon", et de chercher la démarche expérimentale de ces musiciens.
En ce début des années 70, les Pink Floyd découvrent les synthétiseurs, Mini Moog et autres VCS 3. Ils abordent ces instruments avec curiosité et gourmandise. De fait, cet album majeur du groupe est sur bien des points un monument de la musique expérimentale. La Compagnie INOUIE relève le pari de faire entendre en direct les musiques de l'album, avec des instruments analogiques d'époque. Ici, pas d'ordinateur qui permettrait de reconstituer le son. Les effets, les bruitages, les boucles sont bien réalisés sous les yeux du public.
L'intention n'est pas de restituer avec fidélité le contenu de l'album mais de présenter un spectacle autour de l'album. Et ça fonctionne et c'est terriblement jouissif. Le spectacle tourne depuis deux ans et il va continuer à tourner pour au moins un an. Si ça passe près de chez vous, n'hésitez pas !

La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune
La face cachée de la lune

lundi 3 mars 2014

Erotico Floyd

Que peut-on raisonnablement faire de mieux que d'écouter de la musique ensoleillée tandis que, dehors, le gris et la pluie bataillent pour savoir qui, finalement, l'emportera ?

Je ne vais pas vous mentir, je ne sais pas grand chose de ce groupe. Il semble, d'après les quelques renseignements glanés ci et là, qu'il serait argentin. Comme le tango du même nom. Sauf que, en place de tango, c'est plutôt une forme de bossa que l'on entend parfois.
F.L.O.Y.D a chillout experience. On n'en sait pas beaucoup plus en parcourant la pochette de ce disque. On imagine bien qu'il doit y avoir un certain rapport avec les Pink Floyd. Alors, puisque l'on aime bien les Pink Floyd et que l'on n'est pas contre le fait de découvrir, on glisse le CD dans la platine et on monte le son.
Très beau son, au passage. Clair, net et précis. Des graves qui sonnent bien, des aigus qui ne déchirent pas les oreilles. Beau boulot. Au programme, douze titres, reprises de morceaux de différents albums des Pink Floyd, tous chantés par la voix diaboliquement érotique de Analiah. "Chillout", se détendre. Pour sûr que l'on est détendu. Les paroles nous sont presque murmurées, chuchotées. Mais attention ! C'est un rien moins pénible que la Carla ! On n'a pas comme une envie irrépressible de sortir hache et masse de sa poche pour écraser la tête de la chanteuse. Pas du tout, même. Pour tout dire, on peut pas lui vouloir du mal, à Analiah. Et même mieux, si c'est bien elle qui pose sur les photos de l'album, on est prêt à l'accueillir dans son lit pour qu'elle vous murmure ses chansons dans l'oreille. Direct du producteur au consommateur.

FLOYD a chillout experience
Alors on a affaire à quoi donc, en somme ? A des reprises des Pink Floyd qui, si elles ne sont pas d'une fidélité exemplaire sont pour le moins intéressantes et écoutables. On prend son pied à se laisser aller à la décontraction, à la détente. Il y a comme un arrière goût de dilettantisme dans cette musique "cool". On n'est pas si éloigné du "easy listening". Franchement, ça vous prend pas la tête et ça vous monopolise pas les esgourdes. C'est du tout fluide. Ça vous glisse subrepticement dans le conduit auditif et ça coule jusqu'au cerveau en générant un état de bien-être fou. Ça devrait être prescrit aux nerveux du bulbe, cette affaire. Sûr que ça ferait des merveilles mieux que toutes les saloperies pharmaceutiques.
Des reprises des Pink Floyd, il y en a tant et plus. Des plus ou moins heureuses, des plus ou moins respectueuses. Ici, nous sommes en présence d'une relecture de l'œuvre Floydienne très personnelle mais qui ne dénature rien. Ça aurait pu être la musique des Pink Floyd si ceux-ci avaient été un peu moins coincés et s'il s'étaient un peu moins pris pour un groupe intello. L'esprit des chansons est bien conservé mais il y a comme un glissement dans l'intention. C'est comme si tout était passé à travers un filtre adoucisseur ou comme si la musique avait fumé un bon gros pétard. C'est calme, c'est doux, c'est sensuel, c'est charmeur et beau. A écouter, à découvrir !

mercredi 12 février 2014

Musique mécanique et rotative

Pierre Bastien, artiste discret, confidentiel et cependant incontournable du milieu des musiques expérimentales se produisait récemment sur la scène de musiques actuelles de Tulle "des lendemains qui chantent". Une rare occasion de s'émerveiller devant ses robots musiciens et de laisser vagabonder son âme dans les sphères oniriques et enfantines de sa musique minimaliste accompagnée de projections vidéo du même tonneau.

Autant être franc, une fois n'est pas coutume, je ne savais pas très exactement ce que j'allais voir et entendre. Et du reste, comment expliquer ce qu'est un concert de Pierre Bastien ? Et d'ailleurs, peut-on parler de concert ? Que diantre ! Un concert, c'est quand il y a des musiciens, des instruments de musique, des guitares, une batterie, un piano, des musiciens juchés sur une scène et des groupies qui crient leur pamoison derrière des grilles de sécurité gardées par des gros bras d'un service d'ordre, non ?

Pierre Bastien
Pierre Bastien
Au lieu de cela, une table couverte de constructions en Meccano© et d'objets bizarres et étranges parmi lesquels, toutefois, on peut voir une trompinette. Au plafond, un video projecteur ; derrière la table, un écran de projection. On sent confusément que l'on va vers le bizarre. On se prépare les oreilles et les yeux afin de ne rien perdre du spectacle qui s'annonce et on attend.

Pierre Bastien
Pierre Bastien
Pierre Bastien est déjà dans la salle. Il est assis sur les gradins et il attend que le public s'installe. Il ne joue pas le jeu du musicien, Pierre Bastien. Il ne respecte pas les codes du métier. Pas d'entrée en scène tonitruante, pas de costume de scène pailleté. Lorsqu'il estime que tout le monde est là, il se dirige vers sa table de travail et commence à bidouiller quelques potentiomètres et interrupteurs. Il engage un disque dans un lecteur de DVD, des images commencent à s'agiter sur l'écran et la musique se met en route. C'est vraiment ça. Ça se met en route. Un peu à la manière d'un moteur Diesel qui démarre à froid. Ça peine à trouver le rythme, à tenir la note, à tourner rond. Pierre Bastien actionne les commandes en cherchant avec détermination à faire coller la musique avec les images en noir et blanc qui saccadent et tressautent.

Pierre Bastien
Pierre Bastien
Pour sûr, on est dans le pas habituel. On regarde avec émerveillement la mécanique produire des sons étranges et imprévus. On s'étonne de voir les roues tourner, les machins vibrer, les trucs s'agiter et on redevient enfant, on plonge dans le monde des jouets, on s'amuse, on devient joyeux, on écoute les petites ritournelles qui bouclent, qui s'accordent les unes aux autres pour fabriquer cette musique à nulle autre pareille. C'est magique !
Le spectacle fait appel aux oreilles mais aussi aux yeux et au cerveau. On essaie de comprendre le fonctionnement des machines, l'impact des engrenages, des bielles, des taquets, des cames, des poulies et courroies sur le son. On ne comprend pas tout de suite comment ces franges souples peuvent produire des notes et comment elles se meuvent. On suppose qu'il y a quelque bizarrerie diabolique derrière tout ça qui est chargée de fournir un flux d'air, on imagine bien qu'il doit y avoir du moteur électrique pour faire tourner les roues et on rit presque à voir Pierre Bastien, hyper attentif et concentré, manipuler des commandes ou installer un nouvel élément en cours de route. La musique est approximative et pas vraiment assurée, ça gratte, ça chatouille, ça craque et ça crachote. De la trompinette équipée d'une sourdine court un tuyau souple qui plonge dans une boîte de plastique qui contient de l'eau. Pierre Bastien souffle dans l'instrument et des gargouillis se font entendre.

Pierre Bastien
Pierre Bastien
Le concert se termine et Pierre Bastien retourne s'asseoir dans les gradins. Il est applaudi mais là encore, il ne joue pas son rôle de rock star. Timidement, il remercie en hochant la tête. Il semble se demander pourquoi tant de personnes sont venues assister à son spectacle. Peut-être bien que Pierre Bastien est un véritable modeste. Il constate que le public a apprécié et il propose de jouer deux derniers morceaux. Pour en jouer plus, il aurait dû amener plus de machines, s'excuse-t-il. Deux morceaux supplémentaires, c'est mieux que rien. On n'a pas tous les jours l'occasion de s'amuser. Parce que, tout de même, il ne faut pas oublier de parler de l'humour sous-jacent. Très important, l'humour, dans l'œuvre de Pierre Bastien. On se doute aisément qu'il conçoit ses machines en s'amusant, qu'il s'émerveille lui-même à imaginer un nouveau mouvement et les sons qui en résulteront.
Cette fois, le concert est vraiment fini. Le public se presse près de la table et Pierre Bastien ne rechigne pas à expliquer, à dévoiler les secrets du prestidigitateur sonore qu'il est.

Pierre Bastien
Pierre Bastien

Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter le site Internet de Pierre Bastien.

samedi 18 janvier 2014

Complainte du progrès

Tourniquette
Sans oublier un bel aérateur pour manger les odeurs.

dimanche 13 octobre 2013

Refused

On the Beach - Niel Young

dimanche 30 juin 2013

Racines bleues

Les experts se perdent en conjectures vaseuses. Apparemment, le blues serait né quelque part dans le sud des Etats-Unis d'Amérique, du côté des champs de coton, dans la communauté des esclaves noirs. Il aurait pour origine ce que l'on appelle les "work songs", les chants de travail. Le blues est un courant musical majeur malgré sa relative pauvreté technique et harmonique. Depuis quelques années, des groupes de blues tentent de revenir aux sources du blues avec le courant "roots".

Le problème du blues, c'est qu'il n'y a rien qui ressemble plus à un blues qu'un autre blues. Le blues est mort une première fois au tournant des années 50, tué par le rock n'roll. Le rock n'roll est né noir mais est vite devenu une affaire de blancs. Il a fallu attendre que le vieux continent, Angleterre et Allemagne principalement, s'intéresse aux vieux enregistrements de musique Blues pour que cette musique renaisse de ses cendres. Le problème est que cette musique a été reprise par des musiciens qui ont voulu mettre de la virtuosité là où il fallait des tripes. Le blues n'a pas besoin d'être bien joué, d'être joué juste. Les meilleurs blues sont les plus anciens. Ceux qui sont enregistrés sur rouleaux ou sur disques de cire, qui craquent, qui sont accompagnés d'une guitare approximative et d'un harmonica en bout de course.
Le blues est une musique de pauvre, une musique triste, une musique de douleur. Il n'y a pas de bon blues joyeux. Ça parle de la condition des esclaves, des travailleurs pauvres, des durs travaux des champs ou bien des voyages sur les boggies des trains.
Depuis quelque temps, on tente de faire renaître l'esprit du blues original. C'est très nettement artificiel. On cherche à faire sale alors que le blues n'est pas sale. Si les enregistrements qui nous sont arrivés le semblent être, ce n'est pas à mettre au compte d'une volonté. Je parie que si l'on avait pu enregistrer les bluesmen dans les conditions d'aujourd'hui on aurait une autre idée de ce qu'est le blues.
Bref. Les Rod on the Road font un blues roots. Que dire de leur musique ? Elle est exactement là où on attend qu'elle soit. C'est du blues. Indéniablement. On regrette que cela soit si inspiré des blues premiers. Trop inspiré. Presque du copié-collé. Les influences sont comprises et restituées de belle manière, c'est sûr. On prend plaisir à écouter cet album mais cette écoute donne surtout envie d'écouter des vrais vieux blues.

roots-rolling-blues.jpg

vendredi 14 juin 2013

Les carottes sont rapées

Il n'est pas courant que je cause musique ici. Aujourd'hui, je vais vous parler d'un groupe de rock venu tout droit de Honk Kong.

Pour sûr que c'est du rock ! Pour qui aime le rock sans concession, le rock qui vous vrille les oreilles et vous tord les tripes, c'est un groupe à découvrir sans plus attendre. Comment définir la musique des Grated Carrots ? Pas facile. C'est quelque part dans la nébuleuse obscure du mouvement "post rock" bien que ça ne soit pas dit d'une manière explicite. On ne sait pas grand chose de ce groupe qui cultive l'anonymat de ses membres. Lors des concerts (cet album a été enregistré lors de celui de Osaka), les musiciens sont cachés du public derrière une rangée de tôles ondulées. Plus qu'un groupe, les Grated Carrots s'apparentent plutôt à un collectif. En plus de la musique, ils pratiquent les arts graphiques et organisent des "happenings" théâtraux dont la particularité majeure réside dans le fait que les acteurs sont, là aussi, cachés. Basé à Honk Kong, le collectif serait composé d'artistes du monde entier ou presque. Les rares albums sont édités par leur label qui ne diffuse les enregistrements que lors des concerts ou par Internet. Là aussi, la particularité du collectif est de brouiller les pistes et de changer de nom de domaine très souvent. Il est donc quasiment impossible pour une personne non initiée de trouver la piste de la formation.

Du rock ? Oui ! Du rock violent, bruitiste, à écouter très fort. Enfin si l'on a le courage de le faire. L'ambiance est noire, très sombre, pas joyeuse pour deux sous. A côté, les GY!BE ressembleraient presque aux petits enfants à la croix de bois. Bon, comme il est de rigueur dans le post rock, pas de chant. Par contre, il y a des cris. Du reste, l'album entier ressemble à un long cri désespéré. Un cri rageur, un cri qui explose et qui lutte contre les guitares saturées et la batterie ultra violente. Le rythme que cette dernière impulse aux morceaux présents sur cet album est des plus basiques mais est aussi d'une régularité et d'une puissance impressionnantes.
Cet album, on me l'a prêté. Je ne l'ai, pour le moment, écouté qu'une fois. Mes oreilles ont du mal à s'en remettre. Tout à l'heure, je parlais de rock bruitiste. En fait, non. Je n'irais pas jusqu'à prétendre qu'il y a de la mélodie chez les Grated Carrots mais il y a tout de même quelque chose (peut-être le rythme justement ?) qui fait que l'on parvient à suivre le mouvement. Je ne pense pas écouter l'album de nouveau tout de suite. Les voisins vont faire la gueule. Je ne peux même pas vous dire où trouver les disques de cette formation. J'ai essayé de chercher un peu sur Internet, je n'ai rien trouvé. Je ne pense pas qu'il y ait une tournée prévue en France mais en même temps, ça pourrait arriver. Le souci, c'est qu'il paraît qu'il n'y a ni affiche ni publicité pour annoncer les concerts. Enfin, quoi qu'il en soit, si jamais vous voyez ou trouvez quelque chose à propos de ce groupe, n'hésitez pas !

Grated Carrots - Live

samedi 3 novembre 2012

La machine à faire de la musique

Aujourd'hui, juste un petit dessin dont j'ai eu l'idée ce matin au réveil et que j'ai dessiné par bribes au long de la matinée et en début d'après-midi. Après, j'ai fait d'autres choses et j'ai eu la flemme de l'encrer (mais je le ferai peut-être).

Machine à musique

Pour ce qui est de l'idée, je ne cache pas qu'elle vient en partie du concert de GY!BE et du gaffophone de Gaston Lagaffe. Je suis bien conscient de ne pas même m'approcher du génie de Franquin, dans cette affaire.

vendredi 2 novembre 2012

GY!BE

Amateurs de tranquilles ballades champêtres, écouteurs de ritournelles charmantes, laudateurs de jolies petites mélodies gracieuses, passez votre chemin ! Aujourd'hui, je vais vous parler de GY!BE.

Hier soir, événement, GY!BE se produisait en concert en banlieue bordelaise, au Rocher de Palmer, à Cenon. J'y étais. Vous ne connaissez pas GY!BE ? Ce n'est pas grave, je ne connaissais pas moi même il n'y a pas si longtemps. Je m'en vais vous expliquer tout ça dans la seule limite de ce que j'ai pu comprendre. Je vous souhaite bon courage.
GY!BE. Sous ce nom pour le moins bizarre se cache "Godspeed You ! Black Emperor". Comme vous, je ne suis pas loin de penser que cela n'explique rien et que l'on a cherché à jeter un gros soupçon de mystère sur cette formation musicale peu banale. GY!BE vient du Canada et serait basé au Québec. Pour autant, GY!BE ne semble pas être particulièrement francophone ou, tout du moins, ne fait rien pour le laisser penser. Ce n'est pas bien important dans la mesure où le groupe est très instrumental. Pas de chanteur mais quelques samples seulement. Par contre, le concert se déroule sur fond de projection vidéo qui laisse une grande place au texte, texte en langue anglaise. Rien de rédhibitoire pour autant.
Comme je vous le disais, je ne connaissais pas vraiment ce groupe. J'avais entendu quelques albums, j'avais lu ce que l'on en disait sur wikipedia et j'allais à ce concert "événement"[1] sans a priori notoire, avec une envie de découvrir et sans bien savoir à quoi m'attendre. Le peu que j'avais appris ne m'aidait pas beaucoup. Savoir que GY!BE est classé dans le mouvement post-rock[2] lorsque je suis incapable de comprendre ce qu'est le post-rock et que j'ai une nette tendance à le confondre, avec allégresse, avec le rock bruitiste, avec le rock industriel, avec le rock expérimental et avec le "n'importe quoi qui fait beaucoup de bruit" est forcément intéressant mais me laisse dans l'ignorance. Parce que j'avais tout de même entendu quelques morceaux de ce groupe, je ne m'attendais pas à de la musique calme et mélodique. J'étais ouvert à tout ou presque.

En première partie de GY!BE, Dead Rat Orchestra était une excellente et bonne découverte. Une musique teintée de folk anglais puisant à la source des traditionnels celtiques, irlandais ou écossais pour recomposer un imaginaire fort plaisant. Les deux musiciens[3] sont très sympathiques et souriants. Je vous enjoins vraiment à les traquer dans la programmation des festivals divers et à acheter leurs disques. Une très plaisante découverte d'une musique qui me touche bien[4].

Une courte pause pour finir d'installer les instruments et peaufiner les derniers réglages et voilà enfin les membres de GY!BE qui font leur apparition sur la scène sous un tonnerre d'aplaudissements. Nous allons voir ce que nous allons entendre ! Les musiciens se mettent en place, les amplis sont branchés et le son arrive. On m'a raconté n'importe quoi. Ce n'est pas du "post-rock", cette affaire ! C'est du rock gromeleux[5]. Ça commence par un salmigondis de sons qui monte peu à peu crescendo en restant dans l'esprit minimaliste du bruitisme de bon aloi. C'est un peu comme un bourdon imparfait, vous voyez le genre ? Comme une onde de choc en préparation, si vous aimez mieux. Il y a comme un truc qui est en train de se préparer et, on le sent, ça va aboutir à du lourd. Il ne nous faut pas nous attendre à de la finesse. Le ton est donné dès ces premières "notes". C'est une atmosphère[6] opressante, lourde, pesante qui est en train de se constituer. Ça monte, ça monte ! Le volume sonore, les enchevêtrements musicaux, les dissonances, les distorsions sonores. Les percussions pètent et on ressent la puissance jusqu'à son cœur intime qui bénéficie, au passage, d'un "message" cardiaque gratos. De dieu ! Il y a des Watt dans la sono ! La salle est comme pétrifiée. Nous sommes tous là[7].
Sur une toile tendue en fond de scène, des séquences vidéo sont projetées. De la vidéo remplie de chaos, des scènes choc, noires, tristes, propices à vous détériorer le moral d'une manière durable et prolongée. La problématique de GY!BE n'est pas de provoquer le rire, la bonne humeur et l'envie de vivre. Ou alors, si jamais telles étaient leurs intentions, c'est raté. Pour dire les choses telles que je les ai pu ressentir, la musique de GY!BE est flippante. D'une façon assez confuse, on comprend qu'il y a un désir de dénoncer. C'est certainement un discours politique qui se cache derrière tout cela. Une critique de nos sociétés ? Un pamphlet, me disait hier soir, à l'issu du concert, un très cher ami. Soit. Utiliser la violence pour lutter contre la violence. Le concept est séduisant faute d'être très explicite. Au risque de passer pour un parfait idiot, je reconnais ne pas avoir totalement saisi le discours. On me dit que ce concert et les morceaux joués hier soir tirent leur raison d'être dans les récentes manifestations qui ont secoué le Québec. Possible. J'imagine aisément que l'on peut aussi aller chercher dans une dénonciation du monde capitaliste[8], des malheurs de la planète, des outrages faits à la planète et toutes ces sortes de choses. Si le challenge est de nous faire ressentir la gravité du moment physiquement, c'est parfaitement réussi. On ne sort pas d'un concert de GY!BE avec un grand sourire et avec la conscience que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Ceci étant, on ne ressort pas non plus avec l'espoir d'avoir enfin trouvé la solution à toute cette merde et on ne peut s'empêcher de penser que c'est justement parce que des solutions, il n'y en a pas. C'est déprimant. Toutefois, vu de ma petite vie, depuis Azerat, aujourd'hui, avec un beau petit soleil qui apparaît et fait briller les belles couleurs des pierres du Périgord ainsi que les arbres qui se parent de leurs teintes automnales, j'ai la faiblesse de me laisser aller à un sursaut d'optimisme. Est-ce à dire que le discours de GY!BE est vain ?

Je ne suis pas musicologue. La musique est un art qui m'intéresse sans excès. Je ne la pratique pas et me contente d'une approche simpliste de la chose. J'aime écouter les musiques qui me plaisent et pour que les musiques me plaisent, j'aime qu'elles ne me demandent pas trop d'effort. Alors, aujourd'hui, j'ai un peu de difficulté à dire que j'aime vraiment la musique de GY!BE. Disons que je ne suis pas sûr de prendre plaisir à écouter leur musique. Selon moi, rien n'est fait pour rendre cette musique "plaisante". Elle est âpre, rugueuse, bruyante, explosante, détonante, vrillante, percutante, cacophonique, discordante, dissonante ; elle serait presque plus à subir qu'à écouter. Dans le domaine, GY!BE n'a rien inventé mais l'on peut dire qu'ils excellent à provoquer un, comme on le pourrait dire, état de choc chez l'auditeur. On connaît cela dans d'autres formes d'art. Dans la peinture, dans le cinéma, dans la littérature. Cette capacité à créer une sensation d'oppression et d'angoisse chez la "victime" consentante. L'art n'a pas pour fonction de ne proposer que du beau. L'art peut avoir le but de susciter l'émotion négative, de choquer, de terrifier. GY!BE est un maître de l'art en la matière, c'est indéniable.
Pour conclure ce long billet qui n'intéressera sans doute pas grand monde[9] je dirais donc que je ne suis pas certain de passer les quelques années qu'il me reste à vivre à écouter béatement les albums de GY!BE. Je suppose que, par étroitesse d'esprit et par facilité et par (mauvais) goût personnel, je vais continuer à privilégier les musiques que j'aime écouter habituellement, rester dans mes petites habitudes auditives bien faciles et confortables. Mais, si je dois crever idiot, je crèverai idiot avec la conscience tranquille. Je sais ce dont sont capables ces monstres de GY!BE, je sais ce qu'est un concert de GY!BE, je sais ce que c'est que la puissance à l'état brut d'un concert de GY!BE, je sais ce qu'est la tétanisation du public d'un concert de GY!BE. Et pour tout cela, je tiens à remercier GY!BE pour ce moment extraordinaire. Si jamais vous n'avez rien de mieux à faire, si jamais vous avez décidé d'en finir une bonne fois pour toute avec votre audition, si jamais vous voulez découvrir une "chose" étonnante et détonante. Renseignez-vous et ne ratez sous aucun prétexte le prochain concert de GY!BE ! Et pour finir, une dernière chose. Jamais vous n'écouterez GY!BE sur votre chaîne HI-FI à la mesure de ce que vous entendrez en concert. Ce n'est même pas la peine d'y penser.
"Dieu vitesse vous ! Empereur noir", qu'ils disent. C'est comme ils veulent, quand ils veulent.

Enfin de enfin, signalé par Boumbah! l'Unique, un article passionant sur le site du journal Libération à découvrir : lien vers l'article en question.

Notes

[1] GY!BE à Bordeaux ! C'est énorme ! Il ne faut pas rater ça !

[2] Qu'il conviendra de ne pas confondre avec le fox-trot.

[3] En prime, les deux musiciens présents hier soir auxquels s'ajoute un troisième, d'après ce que j'ai compris de leur anglais qui ne ressemble pas du tout au mien.

[4] Mais il est notoirement connu que je n'ai que faire de la musique et que je n'y connais rien. D'ailleurs, je hais la musique.

[5] Et je n'ai pas peur de le dire.

[6] "Atmosphère ? Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?", s'exclamait la ionosphère que l'on avait confondu avec...

[7] Et nous sommes nombreux ! J'ai arrêté de compter à dix mais il y en avait plein d'autres, des dizaines de gens.

[8] Puisque GY!BE se déclarerait anti-capitaliste.

[9] Mais ça n'a aucune importance.

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