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dimanche 22 juillet 2018

Fin de fête

samedi 30 juin 2018

Les gens qui posent des questions sont des ignorants

Est-ce que je t'en pose, moi, des questions ? Hein ? Ben non, je ne t'en pose pas. Je sais bien qu'il n'y a rien à attendre de toi. Tes réponses, de toute manière, seraient ineptes, ridicules, infondées. Je ne pose pas de questions et j'entends que l'on ne m'en pose pas. Attention ! Je ne dis pas que je ne ME pose pas de questions. Bien sûr que je m'en pose ! Je n'arrête pas de m'en poser. J'ai juste la décence de ne pas attendre de réponses. Je ne vois pas pourquoi je devrais m'astreindre à me trouver une réponse. Si j'étais en mesure de répondre à mes questions, franchement, tu crois que je perdrais du temps à m'en poser, des questions ? Soyons sérieux. Si j'avais les réponses, je n'aurais pas besoin de m'interroger. Je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de boire un verre d'eau lorsque j'ai soif, je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de pisser lorsque j'ai la vessie qui m'indique qu'elle a envie de se vider.
Il y en a, des cons ou des intellectuels, qui croient que ça fait intelligent de se poser des questions ou, tout du moins, de laisser entendre qu'ils se les posent. Il y en a même qui vous pondent des bouquins plein de leurs questions existentielles dont on n'a rien à faire. Au lieu de travailler, de faire quelque chose d'utile, de faire la vaisselle, de se laver le cul ou d'écrire une histoire intéressante, ils se masturbent la tête à la recherche d'une question intelligente qui collera avec la réponse intelligente qu'ils ont déjà mis de côté tout exprès pour cette question. Le plus dur, c'est de trouver la question pleine de fatuité vaine qui aura l'apparence de l'intelligence pour s'associer bien comme il faut avec la réponse.
Ça fait penser à ces créatifs qui produisent leur œuvre et qui dissertent après coup sur le cheminement intellectuel qui a conduit à la réalisation de ce coup de génie. Ils vont te faire un travail d'introspection, ils vont convoquer leur enfance et le fait que leur maman a couché avec leur papa pour t'expliquer que rien n'est dû au hasard et que leur peinture/sculpture/écrit/photo/film est à voir comme un reflet du passé digéré ou non de leur condition d'homme pensant. Mon cul. Moi, j'en côtoie des artistes. Et ça depuis des années. Il y a pas à tortiller du cul, ça ne fait pas un pli, les meilleurs artistes ce sont ceux qui sont incapables de parler de leur œuvre. Bien sûr que leur travail est intimement lié à leur histoire et à l'histoire de leurs ancêtres. Evidemment ! Mais ils ne cherchent pas à expliquer leur besoin de réaliser des œuvres d'art. S'il le faisait, certainement qu'ils ne pourraient plus produire.
Un truc que l'on entend parfois, c'est que l'artiste ou le créateur ne peut pas faire autrement que de produire ce qui pousse en eux. Ça, j'y crois. Va pas demander à l'artiste ou à l'écrivain ce qui l'a conduit à peindre comme ci, à sculpter comme ça ou à écrire avec ces mots et ce rythme. Ce que l'on voit, lit, touche, c'est la réponse. Point barre.
Si tu es un trou du cul, un pique-assiette et un vide-verres compulsif, tu aimes peut-être aller aux vernissages. Si tu as la chance que ce soit une exposition un peu importante, il y aura peut-être un commissaire d'exposition qui aura en charge de poser la problématique de la scénographie et de l'auteur mis dans le contexte de l'époque. Si tu as la chance de maîtriser l'humour, tu vas te fendre la gueule sous cape en écoutant les gens s'extasier et prendre des mines compliquées et graves en face des œuvres exposées. Laisse tes oreilles en profiter ! Tu vas t'amuser. Laisse-les traîner à l'affût des critiques qui ne vont pas tarder à fuser. Tu vas entendre le confrère artiste qui va remarquer que l'encadrement est perfectible ou qu'il n'aurait pas mis cette photo/peinture/sculpture. Derrière des beaux sourires hypocrites, tu vas goûter à satiété du concentré de méchanceté âcre et fielleuse. Savoure ! Régale-toi ! Vas-y de ton avis à la con. Fais dans le pompeux, fais dans la provocation facile. Tu vas entrer dans le cénacle, tu vas te faire ta place. L'artiste n'est plus celui qui expose, c'est le public.
Franchement, si tu as le désir de voir les œuvres, ne vas pas au vernissage ! Choisis une heure calme un autre jour. Si tu veux bouffer et picoler gratis, oui, bien sûr, vas au vernissage ! L'amateur d'art réussit le tour de force d'être encore plus artiste que l'artiste. Il joue au vampire. Il sur-interprète, il suce l'intime de l'artiste et s'en rassasie. Bon, allez, soyons honnête, il y a aussi de vrais amateurs d'art qui aborde les œuvres avec toute l'humilité nécessaire. On ne peut pas, on ne doit pas violer l'artiste. Ça lui fait déjà assez mal de montrer ce qu'il ne parvient pas à garder pour lui, il ne faut pas le presser comme on le ferait d'un citron. Vous croyez vraiment que van Gogh était heureux de peindre ? Vous croyez que Mozart créait dans une joie perpétuelle ?
C'est pas sûr (et c'est même sûr que non) que l'artiste soit plus intelligent ou plus sensible que le reste du monde. C'est du pipeau. C'est juste qu'il a plus de choses à dire. Ce n'est pas une affaire de question et de réponse. C'est comme ça, rien de plus. L'artiste est impudique. Il est peut-être aussi, à l'occasion, égocentré. Il extériorise la complexité de sa pensée, il s'exprime. Mais non, pas d'explication, pas de réponse, pas de question. Certainement pas ! Des obsessions, de l'intime, du personnel, du profond, du "tu", de l'indicible, oui. Le tout dans un contexte personnel, familial, culturel, politique, social. L'artiste n'est pas quelqu'un de "bien" ou de "mal", de "bon" ou de "mauvais". Il peut être con comme un manche à balai, il peut être vaniteux, imbitable, faible, dément, même. L'œuvre est ce qui est sorti de l'artiste, l'œuvre n'est pas l'artiste. L'œuvre, quelque part, ne lui appartient plus, n'est plus en lui. Elle s'est extirpé de lui, il s'est débarrassé d'elle. Elle doit vivre sa vie après son accouchement.
On peut perdre son temps à chercher les réponses aux questions que l'on peut se poser face à l'art des hommes les plus anciens. C'est vain. Ce qui, éventuellement, signifiait est aujourd'hui perdu à nous. Le symbolisme possible des peintures, gravures, sculptures de ces êtres nous est étranger parce que nous n'avons pas de pierre de Rosette pour le décrypter mais aussi parce qu'il nous manque l'environnement d'alors. Peignait-on au fond des grottes accompagné de musique ? Cette musique ne nous sera pas parvenue. Buvait-on ou avalait-on des substances plus ou moins hallucinogènes ? On n'en a nulle trace. Comment pouvons-nous juste imaginer ce qu'était le quotidien de ces femmes et hommes ? De quoi était composé l'imaginaire commun ? Jamais on ne percera le "mystère". Ce qui reste, c'est l'émotion. Peut-être cette émotion ressentie aujourd'hui ne correspond à rien de celle perçue autrefois. Certainement même. Il manque le référentiel. Toute interprétation est fausse mais ce n'est pas grave. L'important, c'est qu'une émotion soit suggérée par l'œuvre elle-même.
Récemment, un expert a suscité un certain émoi dans quelques milieux en révélant que, selon lui, le "Guernica" de Pablo Picasso ne représenterait absolument pas le bombardement nazi mais une scène de ménage. Quelques années avant, on apprenait que la célèbre photographie de Robert Capa "Mort d'un soldat républicain" est une mise en scène. Auparavant, c'était la photographie de Robert Doisneau "le baiser de l'Hôtel de ville" qui était présentée (par l'auteur) comme une mise en scène. On plaque ce que l'on veut de nous sur l'art. Et c'est pourquoi la seule attitude valable dans une confrontation à l'art est son ressenti personnel. On aime ou pas. L'art n'a aucune raison d'être difficile d'accès et ne demande pas à être compris ou analysé.
Sur une même affaire, j'ai lu "La serpe" de Philippe Jaenada et un bouquin écrit par un journaliste de Sud-Ouest. L'un, le premier, est un artiste quand l'autre est un scribouilleur qui se contente d'écrire dans un style sans âme. Il ne donne rien de lui, ne crée rien. L'artiste-écrivain ne s'oblige ni à la vérité ni à au factuel. Récemment, sur France Inter, Jaenada expliquait qu'il écrit parce qu'il ne peut pas faire autrement. Tout est dit. J'ai eu le bonheur de le rencontrer et de discuter avec lui. Il a son opinion, il la livre, mais il ne se lance pas dans autre chose que ce que son livre (excellent livre) livre.


Qu'est-ce que je voulais vous raconter ? Je ne m'en souviens plus. Je suis parti sur ce sujet, je suis parti en vrille alors que je voulais vous parler, me semble-t-il, de croque-monsieur et de photo de service à café. C'est tout de même bizarre, un cerveau, ça a tendance à n'en faire qu'à sa tête. Notez, je me demande bien ce que je pourrais avoir à écrire à propos des croque-monsieur. Ce n'est pas un sujet dont on peut écrire des lignes et des lignes. Enfin si, sans doute, quelqu'un de talentueux pourrait sans doute le faire. Il faudrait que le besoin se fasse jour et ça, c'est pas gagné.
Moi, je fais les croque-monsieur d'une manière assez simple. Deux tranches de pain de mie, du beurre sur une face puis une fromage râpé, une demi tranche de jambon, de nouveau du fromage que je recouvre avec la deuxième tranche de pain beurrée. Maintenant, je beurre légèrement la face du dessus et hop ! je pose l'ensemble dans l'appareil à croque-monsieur le beurre côté feu. Un peu de beurre sur le dessus et je rabats l'appareil. Je laisse cuire quelques minutes à feu pas trop vif et j'en profite pour m'en faire un second.
Je sais que j'ai dit qu'il ne fallait pas se poser de questions mais je me réserve le droit à l'incohérence et au paradoxe. Donc. Est-ce que c'est bon, le croque-monsieur ? Objectivement, pas vraiment. Ça se mange. C'est dans le domaine du "régressif", je pense. A la limite du junk food. Personnellement, je suis opposé au croque-madame qui est la même chose mais avec un œuf au plat par dessus. Vous n'en avez rien à faire ? Je peux le comprendre. Pas de problème.
Certains font leurs croque-monsieur avec de la sauce béchamel et les font cuire au four sous le grill. Je n'ai jamais compris cette pratique. Je ne critique pas les partisans de cette recette, je tolère que l'on puisse la préférer, c'est juste que je ne la comprends pas.

Comme j'avais des photos à faire et que j'avais retrouvé des tasses et d'autres éléments d'un service à café, je me suis servi de ça pour régler les éclairages. Ça m'a donné l'occasion de faire un peu de vaisselle et de m'exercer à faire de la photo d'objets. Ça casse pas trois pattes à un canard mais j'aime bien mettre de l'image dans les billets du blog et ceci même s'il n'y a aucun rapport avec quoi que ce soit. Je suis chez moi, je fais ce que je veux.

Tasses décor pavot
Cádiz - Villeroy et Boch


Est-ce que je t'en pose, moi, des questions ? Hein ? Ben non, je ne t'en pose pas. Je sais bien qu'il n'y a rien à attendre de toi. Tes réponses, de toute manière, seraient ineptes, ridicules, infondées. Je ne pose pas de questions et j'entends que l'on ne m'en pose pas. Attention ! Je ne dis pas que je ne ME pose pas de questions. Bien sûr que je m'en pose ! Je n'arrête pas de m'en poser. J'ai juste la décence de ne pas attendre de réponses. Je ne vois pas pourquoi je devrais m'astreindre à me trouver une réponse. Si j'étais en mesure de répondre à mes questions, franchement, tu crois que je perdrais du temps à m'en poser, des questions ? Soyons sérieux. Si j'avais les réponses, je n'aurais pas besoin de m'interroger. Je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de boire un verre d'eau lorsque j'ai soif, je n'ai pas besoin de me demander si j'ai envie de pisser lorsque j'ai la vessie qui m'indique qu'elle a envie de se vider.
Il y en a, des cons ou des intellectuels, qui croient que ça fait intelligent de se poser des questions ou, tout du moins, de laisser entendre qu'ils se les posent. Il y en a même qui vous pondent des bouquins plein de leurs questions existentielles dont on n'a rien à faire. Au lieu de travailler, de faire quelque chose d'utile, de faire la vaisselle, de se laver le cul ou d'écrire une histoire intéressante, ils se masturbent la tête à la recherche d'une question intelligente qui collera avec la réponse intelligente qu'ils ont déjà mis de côté tout exprès pour cette question. Le plus dur, c'est de trouver la question pleine de fatuité vaine qui aura l'apparence de l'intelligence pour s'associer bien comme il faut avec la réponse.
Ça fait penser à ces créatifs qui produisent leur œuvre et qui dissertent après coup sur le cheminement intellectuel qui a conduit à la réalisation de ce coup de génie. Ils vont te faire un travail d'introspection, ils vont convoquer leur enfance et le fait que leur maman a couché avec leur papa pour t'expliquer que rien n'est dû au hasard et que leur peinture/sculpture/écrit/photo/film est à voir comme un reflet du passé digéré ou non de leur condition d'homme pensant. Mon cul. Moi, j'en côtoie des artistes. Et ça depuis des années. Il y a pas à tortiller du cul, ça ne fait pas un pli, les meilleurs artistes ce sont ceux qui sont incapables de parler de leur œuvre. Bien sûr que leur travail est intimement lié à leur histoire et à l'histoire de leurs ancêtres. Evidemment ! Mais ils ne cherchent pas à expliquer leur besoin de réaliser des œuvres d'art. S'il le faisait, certainement qu'ils ne pourraient plus produire.
Un truc que l'on entend parfois, c'est que l'artiste ou le créateur ne peut pas faire autrement que de produire ce qui pousse en eux. Ça, j'y crois. Va pas demander à l'artiste ou à l'écrivain ce qui l'a conduit à peindre comme ci, à sculpter comme ça ou à écrire avec ces mots et ce rythme. Ce que l'on voit, lit, touche, c'est la réponse. Point barre.
Si tu es un trou du cul, un pique-assiette et un vide-verres compulsif, tu aimes peut-être aller aux vernissages. Si tu as la chance que ce soit une exposition un peu importante, il y aura peut-être un commissaire d'exposition qui aura en charge de poser la problématique de la scénographie et de l'auteur mis dans le contexte de l'époque. Si tu as la chance de maîtriser l'humour, tu vas te fendre la gueule sous cape en écoutant les gens s'extasier et prendre des mines compliquées et graves en face des œuvres exposées. Laisse tes oreilles en profiter ! Tu vas t'amuser. Laisse-les traîner à l'affût des critiques qui ne vont pas tarder à fuser. Tu vas entendre le confrère artiste qui va remarquer que l'encadrement est perfectible ou qu'il n'aurait pas mis cette photo/peinture/sculpture. Derrière des beaux sourires hypocrites, tu vas goûter à satiété du concentré de méchanceté âcre et fielleuse. Savoure ! Régale-toi ! Vas-y de ton avis à la con. Fais dans le pompeux, fais dans la provocation facile. Tu vas entrer dans le cénacle, tu vas te faire ta place. L'artiste n'est plus celui qui expose, c'est le public.
Franchement, si tu as le désir de voir les œuvres, ne vas pas au vernissage ! Choisis une heure calme un autre jour. Si tu veux bouffer et picoler gratis, oui, bien sûr, vas au vernissage ! L'amateur d'art réussit le tour de force d'être encore plus artiste que l'artiste. Il joue au vampire. Il sur-interprète, il suce l'intime de l'artiste et s'en rassasie. Bon, allez, soyons honnête, il y a aussi de vrais amateurs d'art qui aborde les œuvres avec toute l'humilité nécessaire. On ne peut pas, on ne doit pas violer l'artiste. Ça lui fait déjà assez mal de montrer ce qu'il ne parvient pas à garder pour lui, il ne faut pas le presser comme on le ferait d'un citron. Vous croyez vraiment que van Gogh était heureux de peindre ? Vous croyez que Mozart créait dans une joie perpétuelle ?
C'est pas sûr (et c'est même sûr que non) que l'artiste soit plus intelligent ou plus sensible que le reste du monde. C'est du pipeau. C'est juste qu'il a plus de choses à dire. Ce n'est pas une affaire de question et de réponse. C'est comme ça, rien de plus. L'artiste est impudique. Il est peut-être aussi, à l'occasion, égocentré. Il extériorise la complexité de sa pensée, il s'exprime. Mais non, pas d'explication, pas de réponse, pas de question. Certainement pas ! Des obsessions, de l'intime, du personnel, du profond, du "tu", de l'indicible, oui. Le tout dans un contexte personnel, familial, culturel, politique, social. L'artiste n'est pas quelqu'un de "bien" ou de "mal", de "bon" ou de "mauvais". Il peut être con comme un manche à balai, il peut être vaniteux, imbitable, faible, dément, même. L'œuvre est ce qui est sorti de l'artiste, l'œuvre n'est pas l'artiste. L'œuvre, quelque part, ne lui appartient plus, n'est plus en lui. Elle s'est extirpé de lui, il s'est débarrassé d'elle. Elle doit vivre sa vie après son accouchement.
On peut perdre son temps à chercher les réponses aux questions que l'on peut se poser face à l'art des hommes les plus anciens. C'est vain. Ce qui, éventuellement, signifiait est aujourd'hui perdu à nous. Le symbolisme possible des peintures, gravures, sculptures de ces êtres nous est étranger parce que nous n'avons pas de pierre de Rosette pour le décrypter mais aussi parce qu'il nous manque l'environnement d'alors. Peignait-on au fond des grottes accompagné de musique ? Cette musique ne nous sera pas parvenue. Buvait-on ou avalait-on des substances plus ou moins hallucinogènes ? On n'en a nulle trace. Comment pouvons-nous juste imaginer ce qu'était le quotidien de ces femmes et hommes ? De quoi était composé l'imaginaire commun ? Jamais on ne percera le "mystère". Ce qui reste, c'est l'émotion. Peut-être cette émotion ressentie aujourd'hui ne correspond à rien de celle perçue autrefois. Certainement même. Il manque le référentiel. Toute interprétation est fausse mais ce n'est pas grave. L'important, c'est qu'une émotion soit suggérée par l'œuvre elle-même.
Récemment, un expert a suscité un certain émoi dans quelques milieux en révélant que, selon lui, le "Guernica" de Pablo Picasso ne représenterait absolument pas le bombardement nazi mais une scène de ménage. Quelques années avant, on apprenait que la célèbre photographie de Robert Capa "Mort d'un soldat républicain" est une mise en scène. Auparavant, c'était la photographie de Robert Doisneau "le baiser de l'Hôtel de ville" qui était présentée (par l'auteur) comme une mise en scène. On plaque ce que l'on veut de nous sur l'art. Et c'est pourquoi la seule attitude valable dans une confrontation à l'art est son ressenti personnel. On aime ou pas. L'art n'a aucune raison d'être difficile d'accès et ne demande pas à être compris ou analysé.
Sur une même affaire, j'ai lu "La serpe" de Philippe Jaenada et un bouquin écrit par un journaliste de Sud-Ouest. L'un, le premier, est un artiste quand l'autre est un scribouilleur qui se contente d'écrire dans un style sans âme. Il ne donne rien de lui, ne crée rien. L'artiste-écrivain ne s'oblige ni à la vérité ni à au factuel. Récemment, sur France Inter, Jaenada expliquait qu'il écrit parce qu'il ne peut pas faire autrement. Tout est dit. J'ai eu le bonheur de le rencontrer et de discuter avec lui. Il a son opinion, il la livre, mais il ne se lance pas dans autre chose que ce que son livre (excellent livre) livre.


Qu'est-ce que je voulais vous raconter ? Je ne m'en souviens plus. Je suis parti sur ce sujet, je suis parti en vrille alors que je voulais vous parler, me semble-t-il, de croque-monsieur et de photo de service à café. C'est tout de même bizarre, un cerveau, ça a tendance à n'en faire qu'à sa tête. Notez, je me demande bien ce que je pourrais avoir à écrire à propos des croque-monsieur. Ce n'est pas un sujet dont on peut écrire des lignes et des lignes. Enfin si, sans doute, quelqu'un de talentueux pourrait sans doute le faire. Il faudrait que le besoin se fasse jour et ça, c'est pas gagné.
Moi, je fais les croque-monsieur d'une manière assez simple. Deux tranches de pain de mie, du beurre sur une face puis une fromage râpé, une demi tranche de jambon, de nouveau du fromage que je recouvre avec la deuxième tranche de pain beurrée. Maintenant, je beurre légèrement la face du dessus et hop ! je pose l'ensemble dans l'appareil à croque-monsieur le beurre côté feu. Un peu de beurre sur le dessus et je rabats l'appareil. Je laisse cuire quelques minutes à feu pas trop vif et j'en profite pour m'en faire un second.
Je sais que j'ai dit qu'il ne fallait pas se poser de questions mais je me réserve le droit à l'incohérence et au paradoxe. Donc. Est-ce que c'est bon, le croque-monsieur ? Objectivement, pas vraiment. Ça se mange. C'est dans le domaine du "régressif", je pense. A la limite du junk food. Personnellement, je suis opposé au croque-madame qui est la même chose mais avec un œuf au plat par dessus. Vous n'en avez rien à faire ? Je peux le comprendre. Pas de problème.
Certains font leurs croque-monsieur avec de la sauce béchamel et les font cuire au four sous le grill. Je n'ai jamais compris cette pratique. Je ne critique pas les partisans de cette recette, je tolère que l'on puisse la préférer, c'est juste que je ne la comprends pas.

Comme j'avais des photos à faire et que j'avais retrouvé des tasses et d'autres éléments d'un service à café, je me suis servi de ça pour régler les éclairages. Ça m'a donné l'occasion de faire un peu de vaisselle et de m'exercer à faire de la photo d'objets. Ça casse pas trois pattes à un canard mais j'aime bien mettre de l'image dans les billets du blog et ceci même s'il n'y a aucun rapport avec quoi que ce soit. Je suis chez moi, je fais ce que je veux.

mercredi 20 juin 2018

Oscar Go, l'escargot fil-de-fériste intrépide

Qui aurait été comme je l'étais à Azerat ce soir là aurait eu l'insigne honneur doublé de la chance inestimable d'assister à l'unique représentation que l'artiste donnait en France lors de sa tournée mondiale.
Sur un double câble tendu entre deux maisons d'habitation, à pas mesurés, sur un seul pied, Oscar Go se permettait les plus dangereuses figures n'hésitant pas, suscitant la peur et la crainte mais aussi le bonheur et la joie du public, à s'essayer aux plus délicates figures, allant à l'encontre des règles qu'enjoint la prudence, mère de toutes les vertus jusqu'à pousser les limites de l'équilibre dans ses derniers retranchements, la tête obstinément dirigée vers le bas, tout le poids du corps l'incitant à, selon les lois de l'attraction terrestre, choir au sol d'un instant à l'autre très certainement.
Si, il faut en convenir, le spectacle, bien qu'exceptionnel, se révélait un peu trop long dans sa durée, il savait tenir en haleine un public conquis et enthousiaste. Retenant leur souffle, les spectateurs savaient laisser exploser des tonnerres d'applaudissements nourris lorsqu'une étape délicate et périlleuse était passée avec brio et une apparente nonchalance par ce grand artiste de renommée internationale.

Escargot acrobate

samedi 5 mai 2018

Racine

Racine

Racine

jeudi 14 septembre 2017

A l'insu de mon plein gré ou presque

J'étais allé faire des photographies chez l'artiste Jean-François Noble. C'était il y a plusieurs semaines. L'autre mardi, j'étais à Périgueux pour le vernissage de son exposition à la galerie "L'app'Art" de Périgueux, rue Arago, au 10 de la rue.
C'est une belle exposition, je vous encourage à aller la voir. Moi, on m'avait demandé de faire quelques photos et puis il y avait la promesse de retrouver là quelques artistes que j'aime bien et d'autres personnes qui ne me sont pas antipathiques. Ce que je ne savais pas, c'est que j'allai être crédité.
J'étais en train d'embêter mon monde à faire des photos. C'est, me semble-t-il, désagréable de se faire prendre en photo sans que l'on vous demande l'autorisation de le faire. On m'avait demandé des photos, je photographiais.

Face à l'art

L'art sur les murs

même les plus jeunes

de passage

Le public était venu assez nombreux et Jean-François Noble prenait la parole pour sinon expliquer du moins parler de sa démarche artistique. Jean-François Noble est un artiste avec ses obsessions, ses thèmes qu'il décline sous toutes les formes qui lui sont accessibles. A mi chemin entre la peinture et la sculpture, il n'hésite pas à employer des techniques comme l'inclusion dans de la résine nourrie de pigments ou des moulages, des collages, des insertions de matières.

Le public écoute

Les intentions explicitées

L'artiste à l'honneur

L'artiste en extase

L'artiste explique l'inexplicable

Et alors, j'avais fait des photos avec Jean-François Noble. Il m'avait expliqué ce qu'il voulait et j'avais déclenché. Plusieurs fois. On avait souvent recommencé pour que je sois un peu satisfait. Il s'en est d'ailleurs plaint, prenant le public à témoin. Il a prétendu que je l'avais pratiquement torturé, l'obligeant à souffler des bougies jusqu'à ce qu'il n'ait plus de souffle. Ceci est très exagéré et assez mensongé. Le résultat, vous l'apercevez un peu sur la photo du dessus. Les deux images accrochées au pilier sont le fruit de ce travail.
Alors qu'il parlait au public et que je faisais mes photos, voilà qu'il me désigne comme co-auteur de ces photos. Alors du coup, tout le monde se tourne vers moi alors que je n'avais rien demandé à personne. Bon, du coup je peux dire que j'ai exposé à l'App'Art. C'est mieux que de se casser une jambe.

Corbeaux tête en bas

Corbeaux

Les corbeaux


L'exposition continue jusqu'au 30 septembre du lundi au samedi de 14 heures à 18h30.


Et si vous êtes curieux et êtes d'accord pour en apprendre plus sur Jean-François Noble, je vous invite à découvrir sur le site de l'INA le film qui a été réalisé sur lui (1976)

samedi 12 août 2017

Soupe populaire à Périgueux

A la soupe !

voir là aussi

jeudi 6 juillet 2017

Art Noble du Noble saumon

Il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir et la chance (et l'honneur aussi) de travailler avec Jean-François Noble, artiste de son état. Jean-François Noble, je l'ai rencontré il y a quelques années grâce à Bernard Dupuy, ami photographe aujourd'hui disparu. Ils travaillaient sur un gros projet artistique et ils ont eu besoin de quelqu'un d'assez habile à l'utilisation d'un logiciel de traitement de l'image. C'est ainsi que j'ai fait mon entrée dans l'aventure.
Cette première coopération a débouché sur une œuvre exposée dans l'église de Domme. Cette fois-ci, Jean-François m'a contacté pour un nouveau projet en lien avec la centrale hydro-électrique de Tuilières, à côté de Lalinde. L'idée est partie d'un vénérable saumon becquart long de plus d'un mètre. Des photographies ont été faites et j'allais avoir à travailler et m'amuser avec elles.
Durant deux jours bien remplis, je me suis rendu dans l'atelier de l'artiste avec mon ordinateur et nous avons travaillé ensemble. J'ai eu un rôle d'exécutant, l'œuvre est bien celle de l'artiste, mais, tout de même, j'ai pu proposer, suggérer, soumettre des idées. J'adore travailler ainsi et voir se créer des images à partir de rien ou presque. Travailler à deux sur un projet sans vraie idée de départ et laisser l'imagination faire son boulot, c'est assez magique. Parfois, l'idée est presque accidentelle. Elle survient d'on ne sait où et elle apparaît comme évidente. On est ravi qu'elle soit arrivée mais on est bien un peu embêté de ne pas l'avoir eue intentionnellement.

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En neuf panneaux et quatre bâches, cette œuvre tente de raconter une histoire merveilleuse, onirique, fantastique et, reconnaissons-le, un peu obscure. L'image présentée ci-dessus est la première que nous avons réalisée. Des photos qui avaient été faites, il a d'abord fallu que je les traite pour qu'elles puisses représenter un saumon de quatre mètres de long et que cela puisse être imprimé en assez bonne qualité. J'ai donc reconstitué le saumon à partir de plusieurs morceaux. Ça allait être la base du travail que j'allais utiliser tout du long de cette séance.
Grâce à l'outil informatique, j'ai pu modifier le poisson assez profondément pour qu'il ne saute pas aux yeux qu'il s'agissait toujours du même. Ainsi, j'ai pu le tordre, le couper, le faire changer de couleur, lui ouvrir ou fermer la bouche. Il devenait vivant sous l'action de la tablette graphique. Vraiment ! Les heures passaient, les idées fusaient.

panneau2.jpg
Parce que j'avais amené mon matériel photo, appareil, objectifs et flashes de studio, nous avons pu faire des images que nous avons intégrées à l'œuvre. Il y a eu un moment un peu bizarre durant lequel plus rien ne comptait vraiment que la réalisation de cette œuvre. Oh ! Bien sûr ! Nous avons aussi mangé et bu (et pas que de l'eau), mais tout de même, il ne fallait pas trop nous pousser pour que nous repartions travailler. Et encore, lorsque nous faisions une pause, nous continuions à en parler, à y réfléchir, à trouver des idées.
Des photos, il y a eu celles des planches de loupe de peuplier ou celles de la sciure de pierre calcaire. Pour celles-ci, il s'est passé un truc un peu magique. Nous avions l'idée de faire les photos. J'étais en hauteur pour prendre cette sciure de pierre, cette poussière jaune, en plongée. Il y avait des traces de semelles mais ce n'était pas génial. Jean-François a eu l'idée de prendre un balai pour égaliser tout ça, effacer ces traces. Ça ne donnait pas un résultat intéressant alors il a balayé en cercle. J'ai fait une première photo. Et là, l'idée forte ! Avec les doigts, il a fait des vagues. Nouvelle photo. Et puis, dans l'autre sens. Nouvelle photo. Je lui suggère alors de prendre de la poussière dans sa main et de la laisser couler. Nouvelle image. Clic-clac !

bache2.jpg
Une grosse partie de mon travail a ensuite été de détourer, d'intégrer des éléments. Les images devenaient très lourdes (plus de 7 Go pour l'une d'elles) avec la multiplication des calques. L'ordinateur soufflait mais il a tenu bon. En deux jours, il n'était pas envisageable de trop fignoler. Nous mettions les éléments en place, nous validions les panneaux et bâches. J'allai terminer le travail chez moi dans les jours à venir.
Imprimées, les bâches mesurent un peu plus de quatre mètres de long. Les panneaux, eux, ne font que 1,40 mètre mais sont imprimés plus finement. Ils sont destinés à être vu de plus près. Je n'ai pas encore vu le résultat imprimé mais, de l'avis même de l'imprimeur, c'est splendide.

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Il me semble que ce travail montre que l'outil informatique peut se révéler être un outil de création artistique. N'en déplaise à certains. Alors, certes, il est beaucoup question de bidouillages, de collages, de mise en relation d'éléments disparates. Mais attention, rien n'est vraiment gratuit et les idées de Jean-François Noble suivent ses obsessions, son imaginaire. Sur l'image du dessus, on retrouve les dame-jeanne, le clou. Le fond est constitué de photos de l'une de ses peintures. Un gros plan pour les côtés, un très gros plan, limite macro, pour le centre. Sur les autres images, on peut souvent trouver le symbole de la main, cette main que les hommes anciens dessinaient sur les parois des grottes à l'occasion. La préhistoire comme pour le saumon que l'on trouve à l'abri du poisson à côté des Eyzies, d'ailleurs.

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Pour l'installation dans l'église de Domme, il y a quelques années, une dame rouspétait et proclamait que l'on ne pouvait pas mettre ces "choses" dans une église. Cette fois-ci, sans doute il y aura-t-il des personnes pour dire que ce travail n'a aucun rapport avec l'art. Dans cette affaire, je ne suis pas l'artiste et, de ce fait, ce débat éventuel ne m'intéresse pas. Ce que je sais, c'est que la réalisation a été faite dans l'exaltation, dans une sorte d'état bizarre durant lequel Jean-François et moi semblions avoir réussi à connecter nos cerveaux. Du moins moi au sien. J'ai compris son imaginaire et je me suis comme glissé dedans. Lorsque je dis qu'il y a eu un moment magique, je ne mens pas. Tout a été plié en deux jours. Le deuxième jour, le dimanche, nous avons travaillé jusqu'à très tard dans la nuit. Il fallait finir. La fatigue est apparue sur la fin mais le principal était bien là.
Je n'ai pas d'avis pertinent à partager sur ce qui a été produit. Est-ce de l'art ? Est-ce intéressant ? Est-ce beau ? Je ne sais pas. Ça me plaît, ça plaît à Jean-François. C'est l'essentiel à mes yeux. J'ai été un exécutant, c'est sûr. J'étais là pour la partie technique. Je sais utiliser le logiciel et j'ai su comprendre et entendre les attentes. Il y a certaines de ces images dont je suis assez fier parce qu'elles me "parlent". Je ne vous présente pas tout mais ça vous donne déjà une belle idée de ce qui a été fait.

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Sur cette dernière image, nous avons réutilisé une partie du travail réalisé pour Domme. La photo de Jean-François Noble avec sa guitare est de Bernard Dupuy. Cette image, je l'avais travaillée assez profondément. J'avais remplacé le sol par des blocs de pierre, j'avais réalisé une mise en abyme des palettes que l'on peut voir sur le fond. J'y vois une forme d'hommage pour l'excellent photographe qu'était Bernard.
Je ne suis pas artiste et la participation à la réalisation de cette œuvre me le fait encore un peu plus regretter. Je me suis réellement éclaté à faire ce travail et j'espère bien qu'une collaboration entre nous se présentera de nouveau prochainement. Si vous voulez voir les panneaux et les bâches, elles sont au barrage de Tuilières, à Sainte-Capraise-de-Lalinde, jusqu'au 30 septembre. Il faudra bien que j'aille voir ça, moi...

lundi 12 juin 2017

Verre et fer

Dame Jeanne et clou

mercredi 26 avril 2017

Les photographiés nous interrogent

C'était au musée d'art contemporain de Rochechouart et c'est une œuvre de Thomas Ruff datée de 1984. Deux personnes photographiées avec les codes de la photo d'identité au format de 210x165 cm. Posée à côté, une autre œuvre d'une jeune fille qui semble regarder, indécise, sans affect, ces deux photographies.
J'ai été attiré par cet ensemble et surtout par les deux portraits.

Photographies de Thomas Ruff au musée d'art contemportain de Rochechouart

lundi 3 avril 2017

L'art et la prison

Quel rapport entre une prison bâtie au sud de Ryad, capitale de l'Arabie Saoudite et le Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart en Haute-Vienne ? A priori aucun et pourtant !
Pourtant, lors d'une récente visite de ce musée, j'ai pu voir une peinture murale très graphique, raisonnablement jolie à voir, agréable à l'œil. J'aurais pu en rester là, me dire que oui, le graphisme de la peinture est intéressant, et passer à autre chose. Mais voilà que l'on m'explique en quelques mots la signification cachée de la peinture.

Art carcéral à Rochechouart - Haute-Vienne
On ne m'aurait pas donné l'embryon de piste, je n'aurais certainement pas cherché à en savoir plus. Une fois que l'on m'a dit que la peinture représente une vue aérienne stylisée d'un centre de détention, cela m'a semblé évident. Bien sûr ! Encore fallait-il le savoir.
Donc, il s'agit d'une prison. Ah ! Nous voilà bien avancés. C'est que des prisons, et on le regrette, ce n'est pas ce qui manque de par le vaste monde. Maintenant, il s'agissait de trouver quelle prison était représentée là, dans la salle du musée de Rochechouart. J'ai enquêté. Ça n'a pas été très difficile mais j'ai été content de trouver le bâtiment sur Google Maps.

Prison Al Haeer Arabie Saoudite

samedi 18 mars 2017

Chaude bielle

Hot-Rod

mardi 13 décembre 2016

Artiste

Gérard Bouvier est un artiste de réputation internationale. Sculpteur et peintre, il vit à la Bachellerie, dans sa maison et son atelier entourés de prés et de bois. Je l'ai rencontré il n'y a pas très longtemps. Il m'a demandé de faire la mise en pages de deux livres présentant ses œuvres et de faire des photographies de celles-ci.

Gérard Bouvier
Ça m'a pris hier en début d'après-midi. J'étais en train de travailler à la réalisation d'un site Internet un peu compliqué et j'ai éternué. Et pas qu'une fois ! Et très fort, en plus. Et avec épanchement de morve et éclaboussures conséquentes. Nul besoin d'être grand sorcier pour comprendre qu'une saloperie de rhume saisonnier avait réussi à poser ses valises en moi. Saloperie ! Il manquait plus que ça.
Vers 15h30, le téléphone a sonné. C'était Madame Bouvier qui m'appelait pour me demander de l'aide dans la mise en ligne de photos sur une galerie d'art en ligne. Parce que j'ai compris que l'on ne parviendrait pas à grand chose par téléphone, je lui ai proposé de venir voir ça sur place. Ça allait aussi me permettre de lever le nez de ce site Internet et de prendre l'air. Je prends la voiture et je file sur les hauteurs de la Bachellerie.
Je passe quelques dizaines de minutes à expliquer la procédure de mise en ligne des photographies et on discute de choses et d'autres avec Gérard Bouvier. Il me propose de venir faire des photos aujourd'hui, en début d'après-midi, de ses sculptures que l'on placerait dans la nature. Il faut qu'il fasse beau comme hier, bien sûr.
Hier soir, la tête comme engoncée dans un serre-tête trop serré, je commence à me préparer quelque chose à manger. Avant que ce soit bien cuit comme il faut, je tombe en panne de gaz. Il est trop tard pour aller acheter une bouteille. Tant pis, je mange comme ça. Et puis, comme décidément ça ne va pas très fort, je file me coucher. Il est environ 20h30, je m'endors rapidement.
Je me réveille et il est un peu après minuit. Plus sommeil du tout. Un mal de tête fortement désagréable, le nez bouché, la bouche sèche. Je me lève et vais boire un verre d'eau. Je prends un cachet d'aspirine et retourne me coucher. Je lis quelques pages d'une BD qui traîne là. Je parviens à me rendormir vers 2 heures.
Il est 5h14 à l'horloge du radio-réveil lorsque je le regarde, réveillé. Bon. Je me lève, je me fais du café, je prends une autre aspirine. Tout à l'heure, je vais aller chercher du gaz et puis je vais essayer de travailler un peu. Parce que ça ne peut pas faire de mal, je vais bouffer un maximum d'agrumes, aussi. Cet après-midi, s'il fait raisonnablement beau, j'irai faire des photos.

vendredi 11 novembre 2016

On rentre du goulot

Faisons de l'art. Il y a un feu de bois dans la cheminée et une bouteille vide dans la cuisine. L'idée se fait jour et je fous la bouteille de verre dans les braises de bois. Le bois et le verre, ça fait bon ménage. On boit un verre et le ver à bois. Tout se tient, tout est là. Le verre pète, paf. Je récupère ce qui m'intéresse, le haut et le bas. C'est beau. Je place les lumières, j'attrape l'appareil photo, je déclenche. Deux fois. Je ne sais choisir entre ces deux images.

Bouteille
bouteille

mardi 30 août 2016

Un 103, deux 103, trois 103, quatre 103, cinq 103, six 103, sept 103 et huit 103 Peugeot

Est-ce que l'art sert à quelque chose ? Est-ce que l'art doit être utile ? Est-ce qu'une peinture, une sculpture, une poésie, doivent réellement avoir une fonction ? Et puis c'est quoi, l'art ? Faut-il s'arrêter à la peinture, la sculpture, l'architecture et ces formes d'arts "officiels" ? C'est pas simple, tout ça. Si l'on accepte que l'art ne doit pas obligatoirement avoir d'utilité, alors cet engin vu à la Cassagne lors de la fête des Pétaroux à la Noix est une œuvre d'art. Si l'art doit avoir été réalisé par une personne qui maîtrise sa technique, alors oui, il s'agit bien d'une œuvre d'art. Et peu importe que le tour à métaux ait remplacé le ciseau du sculpteur ou le pinceau du peintre. Il y a eu une vision, il y a eu un besoin viscéral de réaliser, il y a eu le désir de mener son projet au bout. Et c'est là, à mon avis, ce qui constitue l'essence même de l'artiste. Cette irrépressible envie de produire quelque chose qui ne sera ni un outil ni un objet utile ni quoi que ce soit qui ne se se suffira pas à elle-même.

8 moteurs de 103 Peugeot
Le déclic a été provoqué par la vision d'un engin pourvu de deux moteurs de cyclomoteur placés l'un derrière l'autre. Il a été question de faire mieux, de faire plus. Trois moteurs alignés ! Oui mais c'est que ça commençait à faire long. Le cerveau se met à bouillir et l'idée jaillit. Ce sera huit moteurs en V. Eh ouais ! Huit moteurs de 103 Peugeot en deux sous ensemble de quatre.

Une réalisation proche de la perfection
Le huit cylindres en V, ça fait tout de suite penser à l'Amérique. Là, c'est du pur franchouillard. Du moteur qui n'a rien de noble, du vulgaire moteur de cyclo, du deux temps commun, du moteur de traîne-cul de base. Et pour rester au plus proche de l'idée, on va faire en sorte qu'il reste le maximum de pièces d'origine. On conservera les pots d'échappement, on conservera la selle et le réservoir, les cylindres et les culasses. Tant que l'idée est dans la tête, c'est assez simple. Après, il faut passer à la réalisation et là, il faut avoir de solides connaissances en mécanique et en utilisation de machines-outils, en tour et en fraiseuse. Et une fois que le tout est conçu, réfléchi, il faut régler. Arrive le jour où l'on presse le bouton de démarrage et que les moteurs entre en action ! J'imagine la fierté de l'artiste lorsque son œuvre prend vie.

L'œuvre du diable ? Vraiment ?
"Mais au fond, ça sert à quoi ?" demandait une personne présente. C'était l'incompréhension totale. Cette personne n'avait visiblement pas conscience du fait que, justement, ce qui fait la beauté de l'œuvre c'est bien qu'il s'agit en quelque sorte d'un acte gratuit. Il est bien évidemment exclu de rouler légalement sur route avec cette machine. Il y a peu de chances pour qu'elle puisse recevoir une homologation. De toutes façons, la machine n'est pas prévue pour rouler longtemps. Elle n'est pas confortable, elle n'est pas facile à conduire. Non, c'est juste un délire d'artiste.

400cc d'art mécanique

samedi 10 octobre 2015

L'art contemporain, votre tasse de thé ?

Encore et toujours à Rochechouart. Je vous gâte ! C'est une infime partie de la globalité de l'œuvre de Laure Prouvost exposée jusqu'au 26 octobre et intitulée "On ira loin". Une toute petite partie qui n'explique rien du projet, qui n'est pas représentative non plus. Nous sommes dans une histoire, dans un mensonge, dans une re-création de son histoire personnelle à travers la vie imaginaire de ses grands-parents. L'artiste nous raconte sa grand-mère et son grand-père et nous embrouille au point que l'on ne sait plus démêler le vrai du faux. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir été prévenu ! Rien n'est vrai, tout est imaginaire. A ne pas rater si vous passer par le Limousin !

Table à thé

vendredi 9 octobre 2015

L'art qui tourne en rond

Toujours à Rochechouart, une œuvre un peu cachée, dans une petite salle. Elle couvre tout un pan de mur, elle semble avoir été faite avec les doigts. Avec de la terre ? Je n'en sais rien. Ça me fait penser aux mandalas mais ça n'a rien à voir. Enfin disons que ça n'a vraisemblablement rien à voir.

L'art de rien

mercredi 7 octobre 2015

L'art, on ne le laisse pas choir, à Rochechouart

Quel bonheur de voir combien les personnes intelligentes et ouvertes ont su apprécier la photo d'une œuvre d'art contemporain exposée au musée de Rochechouart, hier ! Du coup, voilà que cela me pousse à remettre ça pour aujourd'hui avec une autre superbe œuvre. Je suis déjà tout frétillant de joie à l'idée que vous allez vous émerveiller. Je me doute bien que vous serez dès à présent pris d'une irrésistible envie d'aller découvrir ce magnifique musée et les merveilles qu'il recèle ! Allez-y ! Vous ne serez pas déçus ! Rien que le château vaut le coup d'œil.

Fauteuils au musée de Rochechouart

mardi 6 octobre 2015

Rochechou-art contemporain

J'ai eu le tort de venir avec un gros sac photo. En repartant du Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart, en Haute-Vienne, une charmante personne de l'accueil veut savoir ce que je compte faire des photos que j'ai prises. Elle me dit avoir remarqué mon matériel "professionnel" et m'avertit qu'il m'est interdit de vendre mes clichés. J'essaie d'argumenter un peu, de lui faire comprendre que mon matériel n'a rien de si "professionnel" et je l'embrouille avec mon humour à deux balles. Ce qui est amusant, c'est que j'ai vu d'autres photographes dont une qui avait un appareil bien plus "professionnel" que le mien. Disons bien plus cher, bien plus performant. Mon tort, c'est d'avoir eu ce sac photo et ce zoom équipé de son pare-soileil. Ça lui donne un aspect plus imposant. Qu'il ne s'agisse que d'une sorte de tube de plastique découpé importe peu, ça donne l'air.
Ce qui est amusant, c'est que l'on ait pu me prendre pour un professionnel, un photographe professionnel, uniquement en raison de mon équipement supposé. Ce qui est encore plus amusant, c'est que l'on ait pu imaginer que j'avais pu faire des photos vendables. Je me suis bien amusé à parlementer et à brouiller les pistes. En assurant n'être qu'un simple particulier j'ai réussi à instiller encore un peu plus de doute dans l'esprit de cette Janus soucieuse des intérêts du musée et de la propriété intellectuelle des artistes exposés. Je me suis demandé quelle pouvait être la valeur de la représentation d'une œuvre d'art. Et puis, j'en suis arrivé à me demander ce qu'était l'art.
Je vois bien la différence entre l'art et l'artisanat. L'artisan a une obligation de résultat. C'est à dire que si vous faites appel à un bon artisan, par exemple à un plombier, vous êtes en droit d'exiger qu'il n'y ait pas de fuite d'eau, que les raccords soient solides et bien faits. Si vous en appelez à un artiste qui conçoit ses œuvres avec du tuyau de cuivre et de la robinetterie, vous ne pourrez rien demander. Si l'artiste ne sait pas souder, s'il lui plaît de placer une vanne faussée et de placer des bassines en plastiques sous son installation, c'est lui qui aura raison au bout du compte. Vous ne pourrez porter plainte contre lui si son travail n'est pas réalisé dans les règles de l'art. Et c'est un comble.
Admettons que je me prenne pour un artiste et que je considère que mon art consiste à faire des photos d'œuvres d'art. Je peux estimer avoir le droit, au nom de l'art, de la transgression aussi, de photographier ce que je veux comme je le veux et même si c'est interdit. A la condition toutefois (bien que...) de ne pas porter atteinte à l'intégrité de l'œuvre photographiée. Mais en fait, on ne m'a pas soupçonné de faire de l'art à bon compte, on m'a soupçonné d'être un professionnel de la photographie cherchant à monnayer mon travail. On m'a pris, au mieux, pour un artisan cupide. Ce n'est pas que ce soit une tare rédhibitoire d'être un artisan mais ce qui est choquant c'est que l'on n'ait pas pensé que j'ai pu être un simple quidam, un visiteur lambda.
Ça ne date pourtant pas d'hier que l'on recommande de ne pas se fier aux apparences ! L'habit ne fait pas le moine, on le sait bien. Et puis, c'est quoi, avoir l'air professionnel ? Il suffit d'avoir un appareil photo qui fait "genre professionnel" ? Un un peu gros sac photo suffit à se faire passer pour un photographe inscrit ? Je sais bien que l'on ne peut pas aller contre les apparences et, moi-même, au nom de ces apparences, j'ai pensé que la personne qui était de l'autre côté du comptoir de l'accueil de ce musée de Rochechouart était là dans le cadre de son emploi. Si cela se trouve, il s'agissait d'une imposteur(e).
A force de palabres, il a été établi que je n'avais pas le droit de vendre mes photos, que je devais les conserver pour mon seul usage, qu'il m'était interdit de les partager, de les montrer, de les publier. Mais comme je suis un mauvais garçon qui ne respecte rien et qui aime à passer outre les règlements je prends le risque de vous en montrer une dès aujourd'hui. Evidemment, à vous de prendre vos responsabilités. Si vous regardez cette image photographique vous vous exposez à une plainte pour recel. C'est logique. Donc, je me dois de vous signaler que vous ne devez pas regarder la photo qui suit.
Ah oui, j'oubliais. Parce que je suis décidément un vrai sale type, je ne dirai pas qui sont les artistes exposés à Rochechouart. Ceci dit, si ça vous intéresse, vous pouvez toujours aller visiter le site du musée.

Cette photo n'est pas à vendre

mercredi 12 août 2015

Musée Soulages

L'acier Corten du musée SoulagesSi vos pieds ne vous conduisent pas d'eux-même jusqu'à Rodez, préfecture du département de l'Aveyron, provoquez le voyage ! J'y suis allé pour visiter le musée Soulages, j'y ai découvert une ville charmante et riche en lieux à découvrir. Peut-être que je vous reparlerai de la ville un autre jour mais, pour aujourd'hui, je vais essayer de vous donner l'envie d'aller visiter le musée Soulages où je compte revenir dès qu'il me le sera permis. Inauguré en 2014, ce musée connaît un succès mérité et permet, dans un cadre magnifique, de découvrir ou de redécouvrir l'œuvre de l'un des artistes contemporains majeurs.

Je pense me souvenir avoir rencontré Soulages dans un livre alors que j'étais en classe de troisième. Je n'avais pas compris l'intérêt. La reproduction, assez petite, représentait une sorte d'aplat noir imparfait. Quelques années plus tard, j'ai vu au centre Pompidou une œuvre de Soulages de mes yeux et j'ai compris.
Inauguré l'an dernier, le musée Soulages se situe à Rodez, préfecture de l'Aveyron et ville natale de l'artiste. C'est une merveille architecturale qui laisse une large place à l'acier Corten, un acier auto-patiné très utilisé par les architectes. Ce musée se dresse à l'emplacement de l'ancienne place du foirail. Pierre Soulages a effectué une donation au musée et ce sont environs 500 œuvres qui sont disponibles dans le fonds du musée. Il est possible d'y voir des premières œuvres comme les travaux préparatoires à la réalisation des vitraux de l'abbatiale de Conques avec des esquisses et des essais de verres, des eaux fortes, des sérigraphies, des brous de noix ou des gouaches sur papier et des peintures représentantes de la période "Outrenoir" qui a fait la renommée de l'artiste.

Entrée du musée Soulages
A quelques centaines de mètres de la cathédrale de Rodez, le musée ouvre une vue sur les proches collines et officie à la manière d'un promontoire invitant à découvrir la région. Après une longue polémique et un refus assez massif de ce projet de musée par la population, la première pierre est posée en 2005 en présence de l'artiste. Il sera inauguré en 2014 en présence du président de la République François Hollande et de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Sur un an, ce sont 250000 personnes qui franchiront le seuil de ce musée détenteur du label des musées de France.

Esplanade du musée Soulages à Rodez
Pour neuf euros en tarif plein, le droit d'entrée au musée Soulages donne accès aux deux autres musées de la ville, le musée Fenaille et le musée Denys-Puech. Le billet est valide pour un mois. Il existe un tarif réduit pour les demandeurs d'emploi, les groupes, les membres de sociétés savantes et autres et l'entrée est gratuite pour les jeunes de moins de 18 ans ainsi que pour les étudiants. Evidemment, pour l'occasion vous êtes invités à découvrir la vieille ville de Rodez qui vaut vraiment le détour.

cathédrale de Rodez

Depuis le hall d'entrée où se trouvent la billetterie et la boutique, vous descendez à l'étage inférieur où se trouve le musée par lui-même. Dans une obscurité contenue, vous découvrez les premières œuvres et c'est le choc. Vous pouvez les observer à quelques centimètres de distance, les yeux dans les yeux oserai-je dire. Une salle lumineuse est consacrée aux travaux des vitraux de Conques représentés par de grands panneaux de bois couverts de ruban adhésif venant figurer les dessins des plombs des vitraux. Dans des vitrines, des essais de verres voisinent des outils de verrier tandis qu'un film défile sur un écran.

Travaux préparatoires pour les vitraux de Conques
Il est possible de visiter le musée comme on le souhaite. On peut choisir l'ordre chronologique du cheminement de l'artiste ou se laisser porter par l'instinct. Une salle est consacrée aux premières peintures, celles de la fin des années 40 et du début des années 50. S'il est intéressant de voir ces premières œuvres qui osaient le figuratif et la couleur, je dois reconnaître que ce n'est pas la partie que j'ai su le mieux apprécier. Etait-ce la période qui le voulait ? J'ai trouvé les couleurs tristes et fades, comme salies. La période suivante, celle durant laquelle Pierre Soulages s'essaie à la gouache et au brou de noix sur papier est, à mon sens, fondamentale et marque durablement la suite des recherches artistiques de l'auteur. Pierre Soulages entre délibérément dans l'abstraction en semblant s'inspirer de l'idée de l'idéogramme.

Gouaches et brous de noix sur papier
S'il est bien un pan du travail de Pierre Soulages que j'ignorais totalement, c'est celui qui concerne les impressions. Lithographies, sérigraphies mais aussi et surtout, les eaux fortes. Plusieurs pièces sont exposées d'une manière très didactique, avec la pièce de cuivre ou de bronze et le résultat imprimé sur papier. J'ai trouvé cela vraiment très intéressant.

Eau forte - épreuve d'artiste
Ce que le grand public connaît le mieux de l'œuvre de Pierre Soulages, ce sont les peintures et, plus particulièrement, la série "Outrenoir". C'est cette dernière qui a beaucoup amusé les humoristes et a conduit à faire croire que Pierre Soulages peindrait en noir sur du noir pour donner, à la fin du bout, une toile toute noire. Bon. Ma foi. J'invite juste les gens à aller voir. Pour moi, c'est encore la partie la plus passionnante de l'ensemble de l'œuvre. D'abord, il n'est pas vrai de dire que Pierre Soulage n'utilise systématiquement que le noir. Ensuite, bien évidemment, ces peintures ne se limitent pas à un infâme barbouillage de mauvaise peinture sur un méchant support. Comme souvent, il est absolument nécessaire de connaître le cheminement de l'artiste dans la recherche de son art pour en comprendre la teneur. Pour cela, oui, il est intéressant de visiter le musée en suivant la chronologie. On comprend alors que Pierre Soulage est allé au plus pur, à l'essentiel, qu'il a enlevé le gras et le superflu pour ne garder que ce qui est important. Et c'est magique et c'est beau.

Œuvre sur quatre panneaux
Musée Soulages
Outrenoir
Lorsque l'art est sorti du rôle dans lequel on l'avait cantonné qui consistait, du moins pour l'art occidental, de représenter le réel ou le réel très imaginaire (on peut faire entrer toutes les peintures à caractère religieux là-dedans comme pas mal de portraits de puissants et aussi, pour faire bon compte, une belle quantité de paysages), il a gagné en liberté. Avec l'abstraction, il est entré dans le magique total. Dès lors, alors que l'on paraissait octroyer à l'artiste le droit de faire n'importe quoi n'importe comment, on a pu craindre qu'il aille sur le chemin de l'escroquerie intellectuelle caractérisée. Cela aurait été sans compter sur le fait que l'artiste n'est pas nécessairement un escroc. Je ne suis pas autorisé à m'exprimer avec légitimité sur le sujet mais je suis persuadé que l'exercice de l'art n'est pas quelque chose de serein et de facile. On ne peut pas penser un instant qu'un artiste comme Pierre Soulages réalise ses peintures en balançant des coups de brosse plongée dans un pot de peinture sans réflexion, sans doute, sans intention. Enfin si, on peut le penser mais alors on se trompe. Ou on prend un malin plaisir à se tromper, comme ça, juste par goût de la beaufitude affirmée et revendiquée. Un peu comme on peut porter un jogging et un bob pour affronter le monde du dehors. On peut très bien ne pas aimer le travail d'une vie, celui de Pierre Soulages. On peut ne pas y être sensible. Cela est très légitime et ne demande pas d'explication. On n'a pas le droit d'insulter l'artiste au motif que l'on refuse l'effort de se confronter à son œuvre. C'est bien trop simple et bien trop proche des idéaux fascistes qui font frisotter les poils du cul de certains. C'est vrai quoi. Merde ! Il y a un quart de million de personnes à être venus voir les œuvres de Soulages dans ce musée en un an, des personnes venues du monde entier, des personnes de tous les âges. Elles ne peuvent pas toutes s'être trompé de porte. Osez la curiosité, que diable ! Ayez le courage d'être bouleversé, d'être étonné, d'être surpris, d'aimer ou de détester.

Si le musée Soulages est une réussite architecturale, c'est aussi parce qu'il est fort agréable à vivre. Je le prouve ici, les photographies semblent être autorisées. Il est possible de profiter des bancs placés un peu partout pour se reposer ou pour se plonger dans une peinture durant un instant. L'accès au musée est bien évidemment facilité pour les personnes à mobilité réduite et les visiteurs peuvent profiter d'un système de guide dans leur cheminement avec une application à charger sur un téléphone intelligent. Une salle qui a bien retenu mon attention est celle dédiée aux peintures sur toile. Une salle lumineuse, quasi clinique, un véritable écrin pour les peintures.

Musée Soulages
Musée Soulages
Comme une vague
Musée Soulages

Le musée dispose d'une grande salle pour les expositions temporaires. Elle est actuellement occupée par une installation de Claude Lévêque intitulée "Le Bleu de l'Œil". Je parlais de magie tout à l'heure et cela prend tout son sens ici. Des ombres et des lumières. L'art n'est finalement qu'un subtil dosage de l'un et de l'autre. De l'ombre, de la lumière, de la couleur. On pénètre dans la salle et on perd pied, on perd aussi ses repères et la notion d'espace, de distance, de profondeur. Il est à noter que l'exposition de Claude Lévêque va du musée Soulages jusqu'au musée Fenaille en passant par le centre de la ville.

Le bleu de l'œil - Claude Lévêque

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