mercredi 8 septembre 2021
Mot-clé - Gastronomie
mercredi 12 juin 2019
Se refaire la cerise
Le clafoutis
Ingrédients
- 500 grammes de cerises équeutées mais avec les noyaux
- 125 grammes de farine
- 100 grammes de sucre en poudre
- 1 pincée de sel
- 3 œufs
- 30 centilitres de lait
Préparation
Mettez dans un saladier la farine, le sucre et le sel. Mélangez et ajoutez les œufs un à un en les incorporant au fouet doucement en veillant à ne pas faire de grumeaux. Versez le lait et mélangez bien.
Placez les cerises dans un plat beurré. Versez la pâte par dessus et enfournez pour une quarantaine de minutes.
dimanche 14 avril 2019
Par delà la mort reste la pomme de terre
Ce matin, tandis qu'un rhume scélérat m'accablait jusqu'au plus profond de mon être, je réfléchissais d'une humeur badine à la mort, à la maladie, à la souffrance et à la décrépitude. Je me disais que l'idée même de la mort, bien qu'attirante et séduisante, était tout de même un peu trop entourée de mystères divers pour une personne qui, comme moi, se pique de refuser, justement, le mystère et tout ce qu'il entraîne de charlatanisme et de croyances.
Malgré le nez qui coulait, je décidais donc d'essayer de ne pas mourir dans l'immédiat. Bien sûr, la mort aurait pu être la solution. A-t-on seulement jamais vu un mort éternuer ? Il ne me semble pas. Et quand je parle d'éternuements, je sais de quoi il en retourne. Ce matin, j'ai arrêté de compter après le huitième. J'avais la main pleine de morve, c'était dégueulasse, et je me suis traîné accompagné des explosions morveuses jusqu'au lavabo pour nettoyer les dégâts. J'avais perdu de ma superbe, je vous l'assure. M'auriez-vous vu à cet instant que vous eussiez sans doute considéré qu'il en était fini de l'insolent ascendant sur le reste du genre humain, que le phare de la pensée que je me targue d'être avait bien du plomb dans l'aile. Fort opportunément, je me cachais pour expulser des fosses nasales ces malheureuses sécrétions peu appétissantes. Cela me fait mal de devoir le reconnaître mais je n'étais pas très fier de moi et de mon corps défaillant.
Puisque j'avais écarté pour un temps l'idée de mourir, je continuais à vivre. Mais alors, il me fallait trouver une autre raison de penser. Je ne peux vivre sans penser. C'est un besoin vital, une condition sine qua non de mon existence. C'est que j'ai un cerveau bouillonnant qui est déjà réservé par la faculté qui tient à pouvoir le montrer aux jeunes étudiants pour les édifier. Ce cerveau est parfois pesant et, en ces rares moments d'effondrement que je peux connaître, je me prends à rêver d'en avoir un plus commun. Hélas, on ne commande pas à l'heure de la distribution de l'intelligence et ce n'est pas ma faute d'avoir eu droit à du rab lors de l'opération de dotation en neurones de qualité supérieure. Il est probable que d'autres aient pu s'en sentir spoliés mais qu'ils ne m'en veuillent pas, je ne suis en rien responsable de cet état de fait. Je suis désolé.
Penser à autre chose, c'était envisageable. Justement, un filet de pommes de terre était là. On ne réfléchit jamais assez au sujet de la pomme de terre, humble tubercule sans forme réelle, sans noblesse aucune. Et pourtant ! La pomme de terre est un miracle. J'illustre mon propos avec ce filet de pommes de terre photographié avec amour et déférence.
Si l'on considère trop souvent la pomme de terre comme l'aliment des masses laborieuses et populaires, si l'on ne lui prête ni qualité particulière ni intérêt notable, considérant bien à tort qu'elle est juste bonne à nourrir, à remplir la panse et à rassasier à bon compte, il ne faut pas oublier que tant de grands hommes on su l'accueillir à leur table. Nous ne citerons ici que le Général de Gaulle, Albert Einstein, Marie Curie, Pablo Picasso et Sylvie Vartan. Tous ont mangé de la pomme de terre, qui en purée, qui en frites, qui à l'eau.
La pomme de terre est frappée d'ostracisation. Les auto-proclamées élites que sont les thuriféraires de la culture biologique ne daignent pas s'abaisser à parler de la cause de la pomme de terre. Parle-t-on seulement, dans les salons, de la pomme de terre issue de la culture naturelle ? Non ! La carotte, la tomate, l'échalote ou la courgette ont droit de cité aux étals du maraîchage pour bobo écolo, pas la pomme de terre sinon à la marge, en tordant le nez et sans s'en vanter en société.
Connaissez-vous seulement une personne de ces CSP+ qui chante les louanges de la pomme de terre ? Je n'en connais pas. Ces personnes sont intarissables pour vous assommer de leurs propos débilitants à propos des "petites verrines affolantes" de Solange ou du "petit maraîcher bio" qui leur procure des fruizélégumes bios de toute beauté à la saveur incomparable ou du "petit vin" tiré d'une "petite vigne" sans intrants chimiques. Mais pour parler, en bien ou en mal, de la pomme de terre, il n'y a plus personne. C'est lamentable, c'est regrettable, c'est sot.
Est-ce que vous croyez que Macron et ses sbires s'intéressent à la pomme de terre ? Rien ne peut seulement le laisser penser et cela en dit long du mépris que ces nuisibles peuvent cultiver à l'encontre du bas peuple. La pomme de terre, ça ne fait pas assez "premier de cordée", ça ne fait que Gilet jaune, pue-la-sueur, chômeur. La start-up nation voulue par ce président de pacotille n'a que faire de la pomme de terre qu'elle ne croit pas assez moderne. Snober la pomme de terre, c'est snober le peuple de France.
Qui saura construire un programme politique autour de la question de la pomme de terre aura le soutien du peuple et c'est à cette condition que le peuple pourra prendre le pouvoir et prendre en mains son avenir.
vendredi 23 novembre 2018
Palombes d'un doute
S'ils sont majoritaires, il n'y a pas que des salopards dans le genre humain. Quoi de mieux pour contrer les misanthropes et les fâcheux que de vous narrer un cas exemplaire ? Car oui, ne vous en déplaise, j'ai la chance de connaître de bonnes gens, des êtres humains pour qui les termes de gentillesse, de bonté, d'altruisme, ne sont pas galvaudés.
Récemment, je m'ouvrais à ces personnes des difficultés rencontrées pour se nourrir lorsque l'on a un maigre budget grandement amoindri par les nécessaires acquisitions de whiskies écossais hors de prix, de grands crus bordelais et de conséquents cigares de la Havane. Sans trop me plaindre, je disais ce quotidien constitué de pâtes et d'eau du robinet, je disais l'évitement des devantures trop alléchantes des pâtisseries, boucheries et charcuteries, des épiceries et marchands de fruits et légumes, sources de dépit et d'envies insatisfaites, je disais ce refus des livres de cuisine aux textes et illustrations insupportables pour qui s'en va au lit la queue basse et le ventre vide trop souvent. Les temps sont durs pour un pauvre hère tel que vous me voyez.
Ces personnes avaient par devant elles deux oiseaux chassés par une de leurs connaissances, des palombes. Les palombes, j'en avais entendu parler, comme les poulets ou le saucisson à l'ail, et je pensais que cela tenait de la légende, que cela ne pouvait exister ailleurs qu'au paradis qui accueillera les bons et les miséreux pour une vie meilleure faite de prière et de dévotion dans l'amour de dieu. Et ces personnes, bénies soient-elles, émues par mon malheur, touchées par ma triste condition, dans un geste gratuit (je n'aurais pas eu les moyens sinon) m'offrent deux palombes. Plumées et vidées. Charge à moi de les préparer.
Je me retrouve en mon étroit logis avec ces deux oiseaux et je me gratte le sommet de la tête. Que vais-je en faire ? Comment les préparer ? Quelle recette ? Je demande et me renseigne par-ci par-là et ça m'ennuie. On me conseille ceci, on me dit que c'est mieux comme ça. Non mais oh ! Après tout, j'ai le droit de donner mon point de vue sur la question, non ? Je vais faire à mon idée. Et voilà ce que cela donne.
J'ai d'abord coupé les oiseaux en deux dans le sens de la longueur avec un bon gros couteau bien solide. Ça a fait tchak ! et tchak ! et j'avais quatre morceaux. Dans une cocotte en fonte, j'ai fait fondre de la graisse de canard et j'ai fait revenir ces moitiés de palombe jusqu'à ce qu'elles soient bien colorés. J'ai fait flamber avec un peu d'alcool de prune. J'aurais voulu de l'armagnac mais je n'ai pas retrouvé la bouteille.
J'ai enlevé les palombes et j'ai mis à blondir deux échalotes et un oignon auxquels j'ai ajouté deux gousses d'ail écrasées et détaillées en éclats. J'ai coupé une belle tranche de jambon de cul noir du Périgord et en ai tiré des dés pas trop petits. Je les ai glissés dans la cocotte et ai remué. Un peu de sel, beaucoup de poivre et une légère pluie de farine de froment est venue recouvrir le contenu. J'ai mélangé l'ensemble d'une cuillère de bois bien vive. Les palombes sont revenues dans la cocotte et j'ai couvert à moitié de vin de Bergerac. J'ai attendu un instant que les vapeurs d'alcool s'échappent en remuant souvent et j'ai couvert, baissé le feu et laissé mijoter pour un peu plus d'une heure. Une demi-heure avant de déguster, j'ai ajouté des pommes de terre de belle qualité coupées en deux.
A l'heure de me mettre à table après le bénédicité, je peux vous assurer que je me suis bien régalé. J'ai bu un peu de ce même vin de Bergerac pour accompagner le plat.
PS J'avais oublié de préciser que j'ai aussi mis une belle carotte et du vert de poireau coupé très fin. Un délice, je vous dis !
dimanche 4 novembre 2018
Quarts de rouge quart de siècle
C'est un mystère. Une bouteille pleine chez moi ? Normalement, ça ne dure jamais très longtemps. Souvent, j'ai soif, j'ai le gosier avide. Comment cette bouteille a-t-elle pu rester intacte si longtemps ? Je ne me l'explique pas. Vingt cinq ans que le raisin a été cueilli, qu'il a été foulé et pressé, que son jus a commencé à fermenter. Vingt cinq ans ! Un quart de siècle. 1993 !
1993, c'est une année qui m'a marqué pour plusieurs raisons et pas que des bonnes. J'ai plein de souvenirs dans la tête de cette année là mais aucun de cette bouteille. Ce vin a vingt cinq ans et maintenant il est temps de se demander si c'est encore buvable. La meilleure méthode pour s'en assurer, c'est de trouver un tire-bouchon et d'ouvrir puis de goûter. Je vais pas le faire ce matin. Déjà, ça pourrait laisser penser que je suis un buveur invétéré. Et puis, honnêtement, j'ai plutôt envie de me refaire du café, pour tout dire.
C'est du Madiran. Il y a des vins qui vieillissent plus mal que ça. Peut-être il y a une chance pour que ce soit encore du domaine du buvable. Je connais un type, à Périgueux, qui se fait une spécialité de rachat de caves. Il achète des lots de bouteilles et après, avec des amis, il les boit. Il m'a raconté avoir bu un Graves de 1913 et qu'il était bon. Admettons. Connaissant le bonhomme et quelques uns de ses amis, je doute un peu qu'il soit en mesure de goûter les qualités d'un vin.
L'affaire, avec une bouteille de vin un peu vieille, c'est qu'il n'y a aucune certitude. Moi, je ne sais pas dire, comme ça, en regardant la bouteille, si ce qu'elle contient est bon ou mauvais. Bien sûr, si le vin est décomposé, je ne me fais pas d'illusion. Là, il y a quelques signes qui laissent penser que ça peut valoir le coup de tenter l'aventure. Le niveau n'a pas trop baissé, l'aspect semble "normal". Au pire, ça finira dans l'évier.
Pour voir, j'ai recherché ce que l'on dit de ce domaine Mouréou. Apparemment, ce n'est pas de la piquette. Ce que je pense faire, c'est de trouver du confit de canard. J'éplucherai quelques pommes de terre que je ferai cuire dans de la graisse de canard et que je parfumerai avec un peu de persil et d'ail. Alors, j'essaierai ce vin. Deux cas : ou il est buvable et ça ne gâchera rien ou il est mauvais et il restera le canard et les pommes de terre. Je vous raconterai sans doute dans les prochains jours.
mercredi 6 juin 2018
Clafoutis
- 500g de cerises
- 3 œufs
- 120g de sucre en poudre
- 60g de beurre fondu
- sel
- 100g de farine
- 30cl de lait
Équeutez et lavez les cerises. Placez-les dans un saladier et versez dessus la moitié du sucre (60g).
Laissez reposer une demi-heure.
Faites fondre le beurre et laissez-le refroidir.
Dans un saladier, cassez les trois œufs et ajoutez le reste de sucre. Au fouet, mélangez vivement pour faire blanchir et mousser.
Ajoutez une pincée de sel et le beurre fondu. Continuez à mélanger.
Ajoutez la farine en un seul coup et mélangez avec ardeur.
Détendez cette pâte avec le lait.
Beurrez et farinez un moule à manquéer.
Disposez les cerises au fond du moule.
Versez la pâte par-dessus.
Faites cuire à four chaud (180°) pendant 40 minutes.
Saupoudrez de sucre en poudre à la sortie du four et laissez refroidir.
lundi 7 mai 2018
Y en a qui mériteraient une bonne tarte
Dans une jatte, dans une jatte plate, versez de la farine, un peu de sucre et une pincée de sel ainsi que la moitié de beurre qu'il y a de farine. Pétrissez le sourire au lèvres et du bout des doigts de la main qui vous convient le mieux. Ajoutez suffisamment d'eau de telle manière que vous parveniez à confectionner une boule souple mais ferme de pâte. Farinez-la et laissez-la reposer de profundis une heure ou, si vous êtes pressé, cinquante neuf minutes. Vous venez de réaliser la pâte brisée qui vous sera bien utile pour la suite.
Épluchez et détaillez quelques pommes (de préférence pas trop véreuses si vous êtes vegan). Il vaut mieux prévoir un peu trop de pommes que pas tout à fait assez. S'il en reste, vous pourrez toujours les manger étant entendu que ce fruit se déguste aussi cru.
Si, à cet instant de la recette vous changez d'avis et décidez de concocter une tarte aux oignons, remplacez les pommes par les oignons et prenez soin d'enlever le sucre de la boule de pâte brisée réalisée auparavant.
Sur un plan fariné, étalez la pâte en un disque d'une épaisseur n'excédant pas les trois millimètres au plus et d'un diamètre au moins égal à celui du moule à tarte que vous prévoyez d'utiliser augmenté de trois à quatre centimètres. A l'aide d'un mètre de couturière ou de maçon, assurez-vous d'être dans ces limites.
Beurrez le moule à tarte et déposez-y le cercle de pâte. Tentez, dans la mesure du possible, de lui faire épouser au mieux les contours du moule et garnissez bien les bords de celui-ci.
Piquez ce fond de tarte à l'aide d'une fourchette ou d'un couteau. Vous pouvez alors déposer vos pommes directement ou, si vous le préférez, étaler à votre convenance une couche de compote de pomme ou de confiture avant d'agencer les tranches de pomme de la plus belle manière qui soit.
déposez quelques petits morceaux de beurre par dessus les pommes et saupoudrez-les légèrement de sucre vanillé ou, si vous n'en disposez pas, de sucre pas vanillé.
Placez votre tarte dans un four chaud pour une demi-heure ou un peu plus ou un peu moins selon votre four et le temps qu'il fait.
dimanche 8 octobre 2017
Et qui c'est qu'est pas mort cette nuit ?
Hier, le voisin — un saint homme — arrive tandis que je remplace une ampoule sur mon automobile. De sa promenade pré-vespérale, il a ramené un cèpe. Il m'avise et vient à ma rencontre tout sourire, me tend le champignon, m'invitant à l'accompagner de deux œufs. Ne m'attendant nullement à cette délicate attention, j'avais prévu tout autre chose pour mon repas du soir. Comme je ne souffre pas d'une rigidité psychologique par trop prononcée, je change illico de projet et imagine déjà le festin annoncé tout en prévoyant d'éplucher quelques pommes de terre qui seront cuites dans de la graisse de canard.
A l'heure dite, je nettoie le cèpe et le détaille en morceaux pas trop petits. Dans la poêle de compétition utilisée de préférence dès lors qu'il s'agit de préparer un bon plat, je verse un peu d'une huile assez neutre au goût. Sur la cuisinière, je fais chauffer cela avant d'ajouter le champignon que je mélange à l'aide d'une noble spatule de bois. Je baisse la flamme et laisse réduire doucement.
Alors, je m'occupe des pommes de terre. Une fois débarrassées de leur peau et essuyées, je les tranches en rondelles honnêtement épaisses. Dans la sauteuse, la graisse de palmipède fond tranquillement. Elle est bientôt rejointe par les pommes de terre qui rapidement prennent une belle couleur dorée. Avec la spatule, je les retourne souvent avant de les saler d'une belle pincée de sel fin et d'un soupçon de gros sel gris. Je touille une fois encore et couvre après avoir baissé le feu pour une cuisson douce qui rendra les pommes de terre fondantes sous leur croustillante pellicule.
Le cèpe a bien fondu et les œufs ont déjà été mélangés à la fourchette dans un bol. Le sel et le poivre ont été ajoutés et j'ai aussi émincé deux gousses d'ail qui sont en train de transmettre leur saveur au champignon. Alors, après m'être assuré que les pommes de terre sont cuites, j'augmente la flamme sous la poêle et attends que la chaleur me paraisse bien vive. Dès lors, il ne me reste plus qu'à ajouter les œufs et à les agacer du plat de la spatule jusqu'à ce qu'ils prennent une consistance baveuse à souhait.
Dans l'assiette prévue à cet effet, je roule l'omelette et les pommes de terre avant de, vite, filer dévorer avec plaisir ce plat simple mais ô combien réjouissant.
Ce matin, c'est avec un petit plaisir que je constate que le champignon devait être comestible.