lundi 15 mars 2021
Mot-clé - accident
mercredi 6 novembre 2019
La triste fin de la motocyclette à commandes vocales
Oscar Burant ne voulait pas rester à la traîne de la révolution numérique et, comme il était un brillant ingénieur sorti major d'une prestigieuse école, il s'était engagé à réaliser une machine propre à concilier ses deux passions, la motocyclette et la robotique. Il souhaitait ni plus ni moins concevoir la moto 2.0, la motocyclette connectée à commande vocale équipée des technologies Bluetooth 6.1ß et GPS à retour haptique kinesthésique. Le calculateur central à suprématie quantique de son invention avait la charge de piloter les éléments mécaniques de la machine d'une manière prédictive et aléatoire.
Soucieux du réchauffement climatique et de l'érosion des côtes continentales, il avait un temps envisagé une motorisation électrique triphasée à diode de Zener incorporée mais il devait faire avec son amour de la belle mécanique, de ses soupapes et piston, engrenages et ressorts. Alors, il plancha sur un système de traitement des gaz d'échappement révolutionnaire basé sur les propriétés remarquables de Pleurococcus vulgaris capables de verdir tous les polluants générés par le fonctionnement de la machine. Agissant à la manière d'un filtre bio-végétal recyclable à l'infini, ce dispositif qu'il convenait d'améliorer encore du point de vue de l'esthétique, Oscar en était conscient, donnait toute satisfaction si ce n'était la légère pestilence résiduelle qui pouvait agresser l'olfaction de certains.
Sur le papier, tout concourait à l'espoir d'une réussite totale et sans concession mais il fallut un jour passer à la mise en pratique. Un cadre fut réalisé en fibre de titane pour la beauté du geste et aussi pour contenir la masse de l'ensemble dans les limites du raisonnable. La fonte ductile fut privilégiée pour la réalisation du cylindre et un acier surchoix fut sélectionné pour le vilebrequin tournant sur des paliers en bronze coulé par derrière. La culasse en magnésium trempé à guides de soupapes humides fut imaginée pour offrir le maximum de satisfaction à tout un chacun et fit l'objet d'une étude de marché sévère et exigeante. Le réservoir, la fourche, les roues et le phare furent simplement prélevés sur des épaves trouvées dans l'arrière cour d'un motociste du coin, à l'angle des rues Albert 1eret Berthe Bérurier.
La presse fut convoquée pour la présentation publique sur le circuit du cru. Oscar présenta sa motocyclette quantique, expliqua quelques détails précis, répondit au déferlement de questions et s'installa aux commandes pour un premier tour de piste. Du pouce droit, il pressa l'interrupteur de l'ordinateur principal et dès que le voyant vert s'illumina, il aboya d'une voix claire et nette un ordre en direction du microphone cardioïde. Le moteur démarra immédiatement dans un ronflement étouffé. Si certains se bouchèrent le nez dès les premiers effluves parvenus à leurs narines trop sensibles, les autres se montrèrent aussitôt enthousiastes. Oscar donna l'ordre adéquat et la motocyclette commença à rouler. Le système de transmission intégrale à variateur commuté montra toute son efficacité en gommant tout à-coup intempestif.
La motocyclette roulait. Il aurait fallu être d'une mauvaise foi consommé pour affirmer le contraire. Cependant, elle ne roulait pas bien vite. Même, disons-le, elle se traînait lamentablement. A peine à l'allure d'un homme au pas flâneur d'un oisif progressant sous les frondaisons d'une allée linéaire sous le soleil d'un été accablant. Ça n'allait pas vite. Derrière son guidon, Oscar donnait ses ordres. "Plus vite !", "accélération !", "on y va maintenant !". Rien n'y fit, la machine refusa de presser le pas. L'enthousiasme connut un coup de mou dans les rangs serrés des journalistes. On commença à émettre des réserves, à proposer de prudentes critiques, à rigoler sous cape. A une vingtaine de mètres de là, Oscar s'époumonait encore à brailler des ordres qui ne paraissaient pas être entendus ou compris par l'ordinateur quantique. Oscar était rouge de s'époumoner et aussi, un peu, de honte. Et c'est là que l'affaire prit un tout autre tournant.
Justement, Oscar arrivait au premier virage. Un célèbre plumitif de la PQR réputé pour son amour immodéré du ballon de côtes du Rhône autant que pour son organe de stentor eut le malheur de, pour amuser l'assemblée, crier un retentissant "Gaz !" qui fut entendu jusque dans les tribunes où monsieur Alfred passait un coup de balai dans les travées afin de justifier son salaire d'employé aux tâches ingrates et répétitives. Son témoignage fut décisif à l'heure où les équipes de police scientifique arrivèrent avec la ferme intention de faire toute la lumière sur l'affaire. Au moment où Roger Tralut, le journaliste tonitruant, cria son ordre cocasse, l'ordinateur de la motocyclette sembla sortir de sa léthargie et comprendre une injonction à agir en conséquence. Alors, à la vitesse de la lumière ou presque, il procéda de telle sorte que le piston se mit à monter et descendre de plus en plus vite à mesure que le carburant était injecté à grands flots dans la chambre de combustion chauffée à blanc. La motocyclette partit réellement à la vitesse d'un boulet de canon hypersonique mais tout droit, survolant l'herbe et finissant sa course en s'écrasant contre le mur nord du bâtiment des commissaires de course. Oscar ne survécut pas à ses blessures.
samedi 6 avril 2019
Bobo la tête
Lorsque le jeune roi de France Charles VIII se cogne le front au linteau de la galerie Hacquelebac du château d’Amboise, il se fait mal et il meurt après une longue agonie de neuf heures. Il a alors 27 ans et nous sommes en 1498.
Comment un roi de France a-t-il pu mourir d’une façon aussi stupide ? L’Histoire n’est pas très prolixe. Comment un roi de France peut-il se heurter le front au linteau d’une galerie ? Etait-il si exceptionnellement grand que ce linteau était si bas ? Quelles sont les responsabilités des architectes qui conçurent cette porte basse ? On ne le sait pas. Ce que l’on sait, c’est que le roi devait être pressé d’assister à une partie de jeu de paume. Une autre version des faits prétend qu’il était pris d’une pressante envie de pisser et que dans la précipitation il oublia de baisser la tête pour pénétrer dans cette galerie. Peu importe, ce qu’il convient de noter, c’est qu’un roi de France, fils de Louis XI et époux de Anne de Bretagne, a pu mourir d’un choc porté à la tête.
En 1498, si l’Amérique a bien été découverte et si nous sommes passés du Moyen Âge à la Renaissance, nous sommes toujours au XVe siècle. Dans les faits, la Renaissance n'est encore qu'une vague idée d'intellectuels, une affaire qui occupe les bobos de l'époque qui souhaitent le changement. Il faut bien tenir compte que nous n'avons alors ni eau chaude au robinet ni électricité à tous les étages. Et ne parlons pas de la 4G qui est bien loin d'être seulement imaginée ! Cette fin de siècle est encore faite d'obscurantisme et d'obscurité. C'est d'ailleurs peut-être parce que les pièces du château d'Amboise étaient mal éclairées que le jeune roi courut à grandes enjambées vers son funeste destin la tête haute.
On pleura le jeune roi défunt et on lui chercha un successeur. Ce fut Louis XII. Ce roi trépassa le 1erjanvier 1515. Finalement, ce ne fut pas une grande perte puisque cela a permis à François 1er de monter sur le trône. Et ce roi là, pardon, c'est un roi qui aura su marquer son époque et qui laisse un souvenir vivace dans nos esprits. Ce roi né à Cognac, en Charente, meurt prématurément en 1547 et laisse la place à Henri II qui aimait à fabriquer des buffets aujourd'hui passés de mode.
Il faut attendre 1589 pour voir un Palois monter sur le trône. C'est un Bourbon et il meurt rue de la Ferronnerie, à Paris, en 1610, assassiné par un fou Charentais du nom de Ravaillac qui le paiera cher.
Plus tard encore, il y aura un Louis quatorzième qui laissera des traces du côté de Versailles et qui sera opéré d'une fistule anale. Nous sommes alors en plein dans le 17esiècle et l'affaire du linteau du château d'Amboise n'est toujours pas réglée. Les experts se succèdent de génération en génération, mandatés qu'ils sont par les assurances qui rechignent à payer.
Il faut attendre la Révolution française pour qu'une solution soit proposée. Puisqu'il est hors de question de faire entendre raison aux assurances, que les architectes ne veulent rien entendre et que les maçons refusent désormais de servir un roi déchu, on décide de considérer le problème sous un œil nouveau. Puisque l'on ne peut relever le linteau de cette galerie du château d'Amboise, on va raccourcir le roi au niveau des épaules. Ainsi, il devrait pouvoir aisément passer de la pièce à la galerie sans se heurter le front. Front qui, du reste, hein… Bon. Le roi profite du décolletage pour décéder. De rage, les révolutionnaires prennent sur eux de détruire en partie le château d'Amboise.
samedi 20 janvier 2018
A son train de sénateur, en marche et sans auto
L'affaire a fait son petit bruit dans le Landerneau périgordin. Bernard Cazeau, ci-devant sénateur de la République, ancien conseiller général de la Dordogne et président du conseil général du même département, socialiste qui a soutenu le candidat LREM lors des dernières élections présidentielles, a eu un accident de la circulation au volant de sa flambant neuve automobile de luxe. Que ce sera-t-il passé, on ne le sait pas. Le journal Sud Ouest qui nous informe de l'infortune nous explique que le sénateur âgé de 78 ans aurait déjà dû repasser son permis de conduire après avoir perdu ses derniers points. Il repasse et obtient donc un nouveau permis tout beau tout neuf et fête l'affaire en achetant une belle automobile digne de son rang. Il porte son choix sur une marque allemande réputée pour la qualité de finition et le prestige qui en découle. C'est son choix, c'est son projet.
Or, voilà qu'il songe à rejoindre son fief ribéracois au volant de sa petite auto et que, paf, pas de bol, il s'y prend tellement mal qu'il "ratiboise" un terre-plein central tant et si bien que le véhicule est tout cassé. C'est un accident bien bête et bien regrettable. Un accident, c'est toujours bête. On peut même ajouter sans trop craindre de se tromper qu'un accident survient toujours d'une manière accidentelle en cela qu'il est rarement désiré ou voulu. D'un point de vue très factuel, ce fait divers n'est rien d'autre qu'un accident de la circulation qui n'a pas fait de victime. Le sénateur s'en sort bien, l'automobile moins, les aménagements de la voie publique devront être réparés. Je le répète, on ne sait rien des circonstances et conditions de cet accident. Je ne vais même pas m'avancer à supputer.
Mais alors, pourquoi parle-je de cela ? Par pure méchanceté ? Je ne peux pas le nier, il est toujours réjouissant d'apprendre que des personnalités publiques peuvent, elles aussi, avoir à subir les aléa de la vie de tous les jours. Ça nous les rend un peu plus proches, un peu plus humains, un peu plus comme nous. Le traitement de l'information est intéressant. Ici, il n'est question ni de "chauffard" ni de "vitesse excessive". Si l'articulet use bien d'une légère ironie, il ne fait que relater les faits sans rien suggérer. S'il pouvait en être ainsi dans tous les cas !
Ah oui, un dernier point. Cette affaire est survenue samedi dernier, il y a une semaine. J'en ai entendu parler mercredi pour la première fois. Ce n'est pas très important mais c'est juste histoire de dire que ce n'est pas à proprement parler une informations récente, quoi.