Et si on faisait de la publicité ? Et si on montrait la fiabilité de nos productions ? Et si on traversait le Sahara ? L'ingénieur Kégresse a eu l'idée de remplacer les roues arrières de la B2 10HP par un train de chenilles. Pour cette première expédition, on ajoute des radiateurs latéraux à la B2, on greffe une carrosserie bien carrée dans laquelle on met les réserves d'eau et de carburant, les pièces de rechange et l'outillage, les effets personnels et les casse-croûte. En cette année 1922, André Citroën projette de relier Touggourt à Tombouctou avec ses machines chenillées. A dos de chameau, il faut plusieurs mois pour effectuer la traversée du Sahara. Avec l'automobile, on compte bien réaliser le trajet en moins d'un mois. Ce sera fait. Deux ans plus tard, ce sera la Croisière noire et, en 1931, la Croisière jaune. Les films, les photos et les conférences permettront, par la retentissante publicité, rentabiliser les expéditions.
En 1937, la marque est sous la coupe de Michelin et de Pierre Boulanger. Celui-ci a l'idée de construire une petite automobile populaire légère, simple, capable de transporter quatre personnes et 50 kg de bagages. Le centre d'essai est basé à la Ferté-Vidame. En 1939, à l'aube de la déclaration de guerre, un prototype plus ou moins abouti de la TPV est prêt a entrer en production. On peut y reconnaître celle qui deviendra la 2cv dans ses lignes générales mais elle est bien différente. Son petit moteur de 375cc est refroidi à l'eau, la carrosserie est en magnésium[1]. Citroën refuse de livrer ces voitures aux mains des Allemands et elles sont cachées dans des greniers pour quelques décennies.
A la fin des années 60, Citroën se met à croire au moteur à piston rotatif de l'ingénieur Wankel. Sur une base qui rappelle l'AMI 8, on installe un moteur de ce type en plus d'une suspension hydro-pneumatique. Les premiers modèles sont vendus à des clients essayeurs pour des tests de fiabilité. Légende ou réalité, on dit que face aux pannes et casses Citroën aurait racheté les voitures afin de les détruire. Quelques unes de ces M35 existent toujours et si l'on ne peut raisonnablement pas dire que ce sont de belles automobiles on se réjouit de pouvoir en voir lors d'expositions de voitures anciennes.
Maintenant que Citroën est tombé dans le giron de Peugeot, il est question de rationaliser la production. La plate-forme de la 104 sert de base à la naissance de la Visa qui, à mon avis, remporte haut la main la palme de la voiture la plus laide de tous les temps. Je me souviens encore avec dégoût de ma première rencontre avec cette "chose" ignoble et l'envie de vomir et de sortir les armes de destruction massive me viennent à l'esprit illico.
Née avec le bicylindre amélioré de la 2cv, elle adopte bientôt le moteur Peugeot de la 104. Malgré son esthétique toute particulière, améliorée toutefois pour la deuxième version, il y a un modèle qui me plaît bien un peu pour ses qualités routières et sa vélocité. C'est la Visa II Chrono, un petit bolide très efficace.
Note
[1] erratum : ce sont les bras de suspension qui étaient en magnésium