mercredi 14 octobre 2020
Mot-clé - Paris
mardi 16 avril 2019
L'émotion est à son comble
De partout dans le monde et jusque dans le Berry, les témoignages fusent pour dire la peine, le désarroi, l'incrédulité et la colère. Le joyau de l'art gothique, le symbole de la chrétienté, le monument parisien le plus visité a bien failli périr. C'est Hugo, c'est Paris, c'est la France qui a été touché jusqu'au plus profond de ses entrailles nouées. Quelle tristesse ! Quel malheur indicible ! Ah ! Saurons-nous nous en remettre ?
Hier soir, il fallait entendre chialer M. Bern sur les antennes de France Inter. C'était poignant, on avait bien envie de lui prêter un mouchoir au pauvre homme épleuré. Il fallait aussi entendre M. Trump réclamer que l'on envoie les Canadairs déverser des mètres cubes de flotte sur la cathédrale en flammes. Ceci dit, une auditrice, dame âgée, avait proposé la même solution sur les antennes de la radio. Une bonne idée est souvent partagée. Nous avons aussi entendu Odon Vallet dire son malheur et l'histoire du bâtiment. M. Mélenchon appelait à une trêve dans la vie politique et d'autres voix s'élevaient bientôt pour conspuer les responsables supposés, criminels doublés d'inconscients, d'incapables, d'idiots, de crétins, de malfaisants. On n'était pas loin de crier à l'attentat à la bêtise.
Combien nous a-t-on dit et redit que Notre-Dame de Paris datait du XIIe ou XIIIe siècle ? Combien nous a-t-on aussi rappelé que Viollet-le-Duc avait présidé à sa restauration au XIXe siècle et que c'était à lui que l'on devait cette flèche qui s'est effondrée sous les yeux horrifiés d'un peuple fasciné par l'événement, collé à son écran de télévision. Aussi, et c'était important de le rappeler, on nous a expliqué que Hugo (Victor), avait écrit son roman avant la restauration de Viollet-le-Duc ET que ce roman est… un roman. On nous a causé des grandes orgues et des reliques authentiques (dont la couronne d'épines de J. C. tout de même). Et puis, on nous a raconté que jamais nous ne serions capables de reconstruire à l'identique à moins d'y mettre des plombes et un pognon de dingue. Bref, on a meublé.
Parce que, dans le fond, hein ? Bon. Je ne vais pas dire que je suis insensible et que je m'en contrefous mais ce ne serait pas si éloigné de ce que je pense en mon for intérieur à moi. Je ne suis jamais entré dans cette cathédrale mais je l'ai vue de près, presque à la toucher. Alors, oui, c'est grand, oui c'est connu, oui ça impressionne un peu mais à part ça ? Franchement, ce n'est pas très beau non plus. C'est maniéré, c'est fait de bric et de broc, on sent qu'on a mis le temps pour bâtir l'ensemble et que l'architecte du départ n'était pas celui de l'arrivée. Après, je ne suis pas attiré par les lieux de culte en général. Je ne vais pas tenter de vous convaincre qu'il y a pire que cet incendie dans le monde. Je ne vais pas non plus tenter de vous convaincre que l'on a presque plus pleuré le manque à gagner en matière de tourisme que l'aspect historico-culturo-artistique de la construction.
Les riches annoncent qu'ils vont donner du fric. D'ici quelques années, on aura de nouveau un beau piège à touristes au cœur de la capitale et tout sera bien. Même, ça sera peut-être mieux puisque j'ai entendu ce matin que l'on réfléchissait déjà à ne pas renouveler les erreurs et fautes de goût de Viollet-le-Duc. Moi, je me dis que ce qui serait cool, ce serait que l'on reconstruise au plus juste des origines et que l'on disperse quelques gueux sur le parvis restauré. Quelques culs-de-jatte, quelques mendigots lépreux, quelques affamés borgnes, quelques gueuses décharnées et édentées. Une belle cour des Miracles plus belle que celle imaginée par Disney, avec des vraies odeurs et des miasmes d'origine contrôlée. Du Label Rouge garanti, de l'authentique authentifié. Ou alors, on rase tout ce bazar et on construit autre chose, plus utile à tous.
samedi 9 décembre 2017
Paris fait bonne impression
mercredi 29 juin 2016
Paris façon puzzle
Comment naissent les idées ? Par accident. Ce matin, des morceaux de plâtre se sont décrochés d'un mur, chez moi. Ça a fait un bruit mou en s'éclatant sur le carrelage. Parce que, par principe, je ne jette rien, j'ai ramassé ces morceaux et les ai observés d'un œil torve et halluciné. Si ce morceau de plâtre était tombé, c'est que des instances supérieures en avaient voulu ainsi dans l'idée de me donner un message divin. Quel pouvait-il donc être ? Que voulait-t-on me signifier ainsi par le présent message ? J'étais indécis et perplexe. Pensez donc ! Que l'Être divin, de si bon matin, daigne s'adresser à vous ainsi, c'est de nature à faire germer comme un étonnement bien naturel, en somme.
J'avais les morceaux de plâtre posés à plat sur la table. Parce que je suis un garçon rationnel, j'ai d'abord imaginé pouvoir reconstituer un puzzle. Signe que je nageais en plein surnaturel, je n'y suis pas parvenu. Visiblement, ces morceaux pourtant constitués à partir d'un seul et même morceau ne pouvaient pas permettre un assemblage cohérent. Je haussais un sourcil d'étonnement dubitatif. Quel était donc ce prodige ?
Et c'est là que l'idée est survenue, comme une évidence. On me demandait de photographier ces morceaux et de m'en servir pour constituer une sorte d'œuvre artistique qui allait faire causer dans les chaumières. Guidé par la main de l'Être suprême, fiévreux, pris par le délire créatif, j'ai extirpé d'un disque dur une image dont je ne savais que faire et ai produit ça.
Je pense que je vais me mettre à la recherche de nouveaux bouts de plâtre, moi.
mardi 28 juin 2016
Vu à Paris
Deux photos prises dans les rues de la capitale. Lorsque j'ai vu la devanture du commerce, je me suis réjoui de ce que le Périgord avait sa petite boutique tout à elle dédiée et de ce que les Parisien-ne-s pouvaient y faire emplette de délices bien de chez nous. En m'approchant, j'ai déchanté.
Le moral au fond des chaussettes, je poursuivais mon chemin pédestrement en me disant que j'irais sans doute plus vite à vélo. J'en vois justement un accroché à une grille et me demande si, par chance, il ne me serait pas possible de l'emprunter au meilleur taux. Je m'approche et me dis in petto que ce sera pour une autre fois.
jeudi 16 juin 2016
Vers l'interdiction des véhicules anciens dans Paris
Peinard, je descends de la gare du Nord vers celle d'Austerlitz à pinces. Ça va, j'ai tout mon temps, le train ne partira pas avant tard dans la soirée. Plutôt que de tracer en ligne droite, je flâne en évitant les grands axes. C'est plus calme, il y a moins de circulation. L'appareil photo pendu autour du cou, j'avise une 4cv garée entre deux voitures plus récentes. Parce qu'il n'est plus si courant de voir ces petites voitures populaires autre part que dans des expositions ou manifestations de véhicules anciens, je fais une photo avant de continuer mon chemin.
Je passe à proximité de Richard Lenoir et bifurque pour gagner Bastille. Je croise des filles et des gars qui courent, en sueur. Je ne comprendrai jamais ce que l'on peut trouver comme plaisir à faire du sport. Au détour d'un jardin public, je fais peur à une dame bien mise, légèrement bourgeoise. Elle me jette un regard craintif, elle accélère son pas et serrant son sac à main. Ça m'amuse et j'accélère un peu aussi. Notre marche à pas forcé s'arrête lorsque la dame décide de virer à droite. Je vais tout droit. Elle n'aura pas été victime d'une agression dont auraient parlé les journaux, elle l'a échappé belle. Bon, d'accord, j'ai un blouson en cuir noir et les cheveux longs mais tout de même ! Depuis quand les voyous avancent-ils avec un appareil photo autour du cou ? Il y a des personnes flippées dans notre monde.
Après la place de la Bastille en allant vers Austerlitz, mon oreille est attirée par le son d'un moteur différent de ceux dont on a désormais l'habitude. Je tourne la tête pour voir une petite Autobianchi Eden Roc arriver. Au volant, une jolie jeune femme. Elle se gare. Je la félicite pour son automobile et lui demande si je peux faire une photo. Il fait presque nuit, à présent. Je monte la sensibilité, me cale au 1/15e de seconde et presse le déclencheur. J'ai encore la main sûre, la photo n'est pas trop floue !
Certaines personnes pestent contre la décision de la Mairie de Paris d'interdire les véhicules anciens de circulation dans la capitale. On parle des automobiles d'avant 1997 et des motocyclettes d'avant 1999. Nier le problème de pollution à Paris, ce n'est pas raisonnable. Interdire à certains véhicules de rouler l'est-il plus ? Déjà, on ne peut pas mettre de côté le fait que certaines personnes qui roulent en voiture ou moto "ancienne" peuvent le faire parce qu'elles n'ont pas les moyens financiers de faire autrement. Ces personnes peuvent avoir un besoin réel de leur véhicule. Certains avancent que cette réglementation institue une inégalité entre citoyens. Certains qui auraient les moyens de disposer d'un véhicule relativement récent et les autres. Bon. Déjà, on peut mettre de côté le cas des personnes qui circulent avec les deux automobiles présentées ici. Nous sommes là en présence de véhicules de collection et même si on peut imaginer qu'elles circulent quotidiennement, je suppose que leur propriétaire n'ont pas choisi de rouler avec faute de moyens financiers. Alors oui, on peut être choquer de ne plus avoir la liberté de rouler comme bon nous semble. Peut-être. La liberté de certains contre la santé de tous ? C'est l'argument premier mis en avant par la Mairie de Paris.
Avec cette interdiction, on s'expose à une amende si l'on s'aventure à l'assaut de la capitale au guidon d'une bécane à laquelle on tient et que l'on entretient avec soin ou au volant d'une voiture que l'on a choisi de faire durer et à laquelle on est attaché. Lorsque l'on sait ce que cela coûte de ranger un véhicule dans un garage privé sur Paris, on se dit qu'il va y avoir affluence de ventes. Mais d'un autre côté, on peut aussi se demander combien de personnes sont vraiment attachées à leur véhicule un peu ancien. La Mairie de Paris parle de compensations et de réductions. Ainsi, on pourrait voyager en transports en commun pour moins cher ou utiliser les véhicules locatifs à moindre coût. Lors des diverses opérations de reprises de voitures anciennes (balladurettes, juppettes...), les casses auto étaient pleines de bagnoles qui auraient fait mon bonheur. Je me souviens ainsi d'un petit fourgon qui m'aurait beaucoup intéressé mais qui n'avait plus ses papiers. On peut penser que certaines de ces personnes verront comme une aubaine le fait de pouvoir acheter un véhicule plus récent que celui qu'elles utilisent à ce jour.
Les véhicules les plus anciens pollueraient plus que les véhicules récents. On peut se dire que quelqu'un qui roulerait actuellement avec une Twingo du début des années 90 ne polluera pas moins en achetant un Hummer flambant neuf. C'est caricatural et marginal mais le cas peut se présenter plus ou moins sous cette forme. Eveiller les consciences n'est sans doute pas facile. Si la maire de Paris avait appelé au bon sens des automobilistes et motocyclettistes, il n'est pas sûr que ça aurait fonctionné. Bientôt, je ne pourrai plus aller à Paris avec ma saloperie de 405 Diesel qui consomme raisonnablement peu alors que je pourrai m'y rendre avec la Ford qui consomme nettement plus. Dans le même temps, je peux me rendre à Paris en train et utiliser mes pieds ou les transports en commun. Circuler dans Paris par plaisir, voilà une idée qui me paraît bien étrange désormais.
Le cas des véhicules de collection est un cas bien à part. Qu'il faille préserver certains véhicules au titre d'un prétendu patrimoine, ça peut déjà se discuter. Je ne dis pas qu'il faudrait conduire à la presse les Bugatti Royale du musée Schlumpf et je ne dis pas plus que ça me ferait plaisir de voir être compressées une Terrot ou une Ducati mais il y a, à mon avis, une marge entre le vrai véhicule de collection et la bagnole ou moto "collectionnée". L'avenir me donnera sans doute tort. Aujourd'hui, je trouve bizarre et étrange de voir une Citroën GS ou BX dans une exposition de véhicule ancien. Ce que je pense, c'est que les véhicules qui méritent à être préservés sont ceux qui ont marqué les esprits. Une Traction Avant est plus intéressante qu'une 203, une 2cv plus intéressante qu'une 4L. C'est très subjectif et très personnel, c'est certain. La vraie question est de savoir si un véhicule "de collection" a pour vocation de servir de véhicule habituel.
La décision de Anne Hidalgo vise à limiter la pollution et donc d'améliorer la condition de vie des Parisiens. Existe-t-il un autre moyen d'agir ? Et ces mesures auront-elles un effet ? Ça, c'est la vrai question. Je suppose que l'on a réfléchit et qu'il ne s'agit pas seulement d'une décision de principe dictée par une haine du véhicule particulier. Je l'espère, du moins. La pollution dans Paris n'est pas une simple vue de l'esprit. La limiter est sans doute indispensable. Quelles solutions peuvent s'offrir aux décisionnaires hormis celles qui peuvent sembler attentatoires à la liberté de certains. Et que proposent celles et ceux qui sont contre l'idée de la maire de Paris ?
dimanche 12 juin 2016
De passage par la capitale
Je devais me rendre à Lille. Un train devait partir de Brive-la-Gaillarde à 9h03. Train annulé. Je prendrai un suivant. A 12h53, un train part. Je suis dedans. J'ai trouvé une place où garer ma voiture pour quelques jours dans une rue proche de la gare. Le train part vers Limoges. Il y a des années que je n'ai pas pris le train sur cette ligne. Très longtemps. Je me suis muni d'un bouquin et je me plonge dedans.
En arrivant aux environs de Châteauroux, le train ralenti et finalement s'arrête pour quelques dizaines de minutes. On repart à faible allure et on s'arrête de nouveau du côté d'Orléans. Les récentes inondations semblent être la cause de ces perturbations. Peu après Orléans, je sais que je ne pourrai pas prendre la correspondance pour Lille à la gare du Nord. Jamais je n'aurai le temps d'y arriver à temps. Pas bien grave.
La gare d'Austerlitz est en travaux. J'en sors et traverse la Seine. Je ne suis plus pressé, je m'arrête pour faire des photo de la crue. Le niveau a déjà bien baissé mais les voies sur berge sont fermées.
Je me dirige vers Bastille puis vers République. Il fait chaud. Il est déjà plus de 18 heures, je passe devant une brasserie et m'y arrête pour boire une bière. Je discute un peu avec les gérants. C'est reparti, direction gare du Nord.
Un TGV est annoncé pour 22 heures et quelques minutes. Je vais être en retard pour le rendez-vous de 18h30, j'en suis tout à fait certain à présent.
J'arrive à Lille un peu avant minuit. J'ai un peu faim. Je me dirige vers une brasserie qui est là et commande une carbonnade et une bière ambrée. Je vais à l'hôtel où on m'a réservé une chambre pour la durée de mon séjour. Je pose mes affaires, je dors.
J'étais à Lille pour faire des dessins sur un salon. Je le regrette mais je n'ai pas eu le loisir de me promener dans le vieux Lille. Vraiment pas. Dommage.
Vendredi, je repars. Enfin j'essaie. J'ai un TGV qui doit partir à 17h41. Il est bien là. Le voyage entre Lille et Paris se déroule sans heurts. J'avais un train qui devait partir de Austerlitz à 18h44. On m'a déjà prévenu qu'il est annulé. Mais un train doit pouvoir partir à 22h52. Le problème, c'est qu'il ne s'arrête pas par Lille à Brive. Il va jusqu'à Saint-Denis-les-Martel, dans le Lot. Il paraît que je peux espérer y arriver vers 4 heures du matin. Là, je pourrais attendre un train qui remonterait sur Brive-la-Gaillarde vers 7h. Bon. La nuit va être longue.
J'arrive à gare du Nord et redescend vers Austerlitz. Je ne suis définitivement pas pressé, j'ai le temps. Je repasse devant la brasserie où je me suis arrêté quelques jours auparavant. Les habitudes s'installent vite. Les gérants me reconnaissent, se souviennent même de ce que j'avais pris. On discute, on plaisante. A côté, une équipe légère de BFM TV filme un manifestant de Nuit debout.
Je m'arrête à République et reste une petite heure pour écouter les débats et faire le tour des stands. Il y a là une centaine de personnes, l'ambiance est agréable, détendue. On revendique, on s'exprime, on explique, on critique. Une jeune femme s'occupe à écrire des pancartes sur des morceaux de carton récupérés dans les poubelles alentours. Je m'arrête pour la regarder travailler. On se parle un peu, je lui demande si je peux faire une photo, elle m'engage à la publier sur les réseaux sociaux. Je n'y suis pas présent. Elle le regrette. Je fais ma photo.
La colonne de la place de la République est couverte d'inscriptions des gens discutent à ses pieds. Je monte le fish-eye sur le boîtier, j'attends le passage de quelque chose, un vélo arrive, j'attends, clic. La photo est dans la boîte.
Je fais un dernier tour, j'écoute une personne handicapée qui explique sa situation et en appelle à une meilleure prise en compte du handicap dans la société. Il est approuvé. Je ne comprends pas tout à l'organisation. J'aimerais rester un peu plus. J'aurais le temps de le faire mais j'ai aussi envie de rejoindre Austerlitz. En partant de République, je m'aperçois que la place a été rebaptisée.
Plutôt que de descendre directement sur Bastille, j'emprunte des rues parallèles. Je passe devant le Bataclan toujours fermé. Je n'ose pas faire une photo. Je poursuis ma route. Devant un bistro trois types occupés à fumer en buvant du vin rouge. L'un d'eux remarque l'appareil photo que je porte en bandoulière. Il lève un pouce avec un grand sourire. Je m'arrête, la discussion s'engage. Il bosse dans le cinéma. Il a quel âge ? Soixante-dix ans bien tassés, je pense. Il est rigolo. Je me dis que je pourrais m'arrêter là pour manger quelque chose. L'ardoise est sympathique. Je demande au type qui semble être un habitué des lieux si l'on mange bien ici. Il m'assure que oui. J'entre. On passe du Neil Young, ça me va bien. Je m'installe à une table, je choisis une entrecôte avec des pommes de terre sautées, un petit verre de rouge. Le service est agréable, le lieu aussi. Une crème brûlée, un café, l'addition. Je repars. La nuit est doucement en train de tomber. Je fais encore quelques photos en descendant vers Bastille.
Bastille puis Austerlitz. Dans la salle des départs, les écrans des trains au départ sont vides. Ça m'inquiète un peu. Je vais à la pêche aux informations. Le train que l'on m'avait annoncé est inconnu. Il n'y aura pas le moindre train qui partira avant 7h52 le lendemain matin. D'accord, je prends. La SNCF distribue de l'eau et un kit de survie pour les naufragés du rail. Quelques voitures équipées de couchettes est mis à disposition des voyageurs. C'est sympa. On m'attribue une place. Je pourrai toujours m'allonger un peu pour me reposer.
Je décide de veiller, de visiter la gare et les environs. Je sympathise avec des supporters de foot irlandais qui boivent du vin à même la bouteille. Une nana d'origine américaine vient me voir pour me demander du tabac. On discute. Elle descend sur Foix. Elle est sympa. Un couple de touristes venus vraisemblablement du sud-est de l'Asie ne comprend pas ce qu'il se passe, à moitié affolés, à moitié outrés par cette grève. Un couple de septuagénaires descend sur Brive. A l'accent, je pense qu'ils rentrent chez eux. Elle, elle est fatiguée, elle a mal aux pieds, elle veut aller s'allonger. Lui, il râle. Il trouve un autre voyageur qui partage son ras-le-bol. Ils discutent de tout ça pendant au moins deux heures. Vers trois heures, j'ai un coup de barre. Je vais m'allonger sur la couchette qui m'a été attribuée. Impossible de dormir.
Vers 5 heures, la vie revient dans la gare, doucement. Les services d'entretien commencent leur journée, quelques voyageurs arrivent. Il n'y aura pas de train au départ avant 6h36. Je sors fumer une cigarette. Le jour se lève, la ville se réveille, il fait beau et je suis crevé. Assis sur un banc, je vois un type passer. Un vieux bien habillé. En passant devant un noir, il le traite de sale nègre. Comme ça, gratuitement. J'en reste interdit. Je ne réagis pas comme il le faudrait. Trop fatigué sans doute. Plus tard, je saurai ce que j'aurais dû lui répondre. Le noir choisis l'humour pour lui répondre. Il sort son téléphone portable et commence à filmer le type en l'asticotant. Pendant plusieurs minutes, ce type tient des propos incroyables, carrément racistes et xénophobes. Un attroupement se forme. Un petit homme se place juste en face de lui et le menace d'appeler la police. Le type reste droit et continue à déverser ses propos racistes. Finalement, les services de sécurité de la SNCF arrivent et écartent le type. Incroyable !
Enfin mon train est annoncé au départ. Des voitures ont été ajoutées, je me trouve une place, je m'installe, je sors mon bouquin. Le train part. J'arrive à Brive vers 13 heures. Je suis mort. Je rentre, je me fais un café et je file faire une sieste d'une heure.
J'ai adoré cette escapade et j'ai été ravi par cette grève et par l'attitude du personnel de la SNCF. Bizarrement, il y avait du sourire partout, une réelle volonté d'être agréable avec les usagers. Et j'ai adoré retrouver Paris où je n'étais pas allé depuis plusieurs années. J'aime cette ville, finalement. C'est vraiment différent de Azerat !
samedi 11 juin 2016