Le courage en politique

En politique, le courage c'est prendre des décisions que l'on sait ne pas être populaires. Un bon exemple nous est donné avec ce possible projet de limiter la vitesse sur les routes à deux voies à 80km/h au lieu de 90 km/h. Certains usagers de la route hurlent et se lamentent de cette agression qui leur est faite, à cette atteinte intolérable à leur liberté de rouler à 90 km/h.
L'argument principal mis en avant par les partisans de cette baisse de la vitesse autorisée est qu'elle permettrait d'épargner quelques morts. A mon sens, l'argument est recevable. En effet, il me semble que, du point de vue de la sécurité routière, une vitesse moindre limite la gravité des accidents de la route. Pas tous, c'est certain, mais quelques uns, c'est sûr. Par exemple, la physique nous l'enseigne, la distance de freinage est moindre si l'on roule à une allure réduite. Plus on roule vite et plus on devrait mettre une plus grande distance avec le véhicule qui nous précède. Or, le respect de ces distances de sécurité sont mises à mal par bon nombre de conducteur·e·s. En cas de brouillard, il peut être difficile de respecter cette distance de sécurité pour la simple raison que l'on aperçoit tard le véhicule devant nous. Il en va de même par temps de pluie. Il est à noter que dans ces deux cas, la vitesse est déjà limitée par le code de la route à 80 km/h.
En adoptant une vitesse plus réduite, on écarte aussi le risque d'être emporté vers l'extérieur de la route lorsque l'on a à tourner. Là aussi, la physique peut nous éclairer sur les forces mises en jeu et particulièrement sur l'importance de la force centripète qui, lorsqu'elle cesse, envoie un corps en dehors de son mouvement de rotation tout droit dans le décor. Conduire plus lentement est un gage de sécurité.
On sait aussi que plus on roule vite et plus le champ de vision se rétrécit. Ainsi, plus la vitesse est haute et plus on se concentre sur ce qu'il y a juste devant. Respecter une allure réduite garantit donc d'être plus à même de percevoir un véhicule arrivant transversalement, un piéton s'apprêtant à traverser, un animal ou tout autre événement inattendu.


Mais cette baisse de la vitesse autorisée permettrait aussi une baisse de la pollution liée aux moteurs à combustion interne par le simple fait qu'un moteur consomme moins à régime réduit. Moins de pollution atmosphérique mais aussi moins de pollution sonore et moins d'impact sur le revêtement de la chaussée. Rouler moins vite, c'est donc aussi faire moins de mal à notre environnement.
Rouler moins vite, c'est moins de fatigue. Sur un trajet quotidien, cela n'aurait pas beaucoup d'effet mais sur un parcours de plusieurs centaines de kilomètres, il en va autrement. Si, pour faire simple, on peut parcourir 500 km en cinq heures en roulant à la vitesse constante de 100 km/h, on en parcourra que 400 en roulant à 80 km/h. Pour les cent kilomètres restant à couvrir, il faudra encore une heure et quinze minutes. Vu ainsi, on peut penser que l'on sera plus fatigué après six heures et quart de route qu'après seulement cinq. Mais est-ce si sûr ? Rouler moins vite, c'est être plus détendu et accumuler moins de fatigue nerveuse. Et puis, peut-être est-ce aussi une bonne occasion de revoir ses habitudes. Partir un peu plus tôt, arriver un peu plus tard, s'arrêter pour boire un café et en profiter pour découvrir un marché local, accepter de voyager et de faire un crochet pour visiter ou du moins voir un château ou un beau paysage ? Rouler moins vite et s'arrêter pour un repas pris en prenant son temps dans un sympathique restaurant en dehors de toute autoroute ? On mettra peut-être dix heures au lieu de cinq mais on profitera de ces heures d'une autre manière !
Il n'y a pas si longtemps, les autoroutes n'étaient pas si nombreuses et les véhicules pas si puissants. Je me souviens d'un temps où l'on n'imaginait même pas pouvoir rouler à 80 km/h bien longtemps. Une côte et la vitesse chutait. Les poids-lourds peinaient à grimper les raidillons et plafonnaient à 70 ou 80 km/h sur le plat. Chaque voyage était alors une petite aventure émaillée de pauses plus ou moins longues dans des petits villages que l'on ne traverse même plus aujourd'hui.
Et puis, pour les gens vraiment pressés, la route n'est certainement pas la meilleure des solutions. Il y a le train, par exemple. D'accord, il ne va pas partout et, trop souvent, on met plus de temps pour aller d'un point à un autre avec le train qu'en cyclomoteur. Mais bon, il y a aussi des cas où le train est une solution.

Pour moi qui ne respecte pas les limitations de vitesse avec constance, cette baisse de la vitesse autorisée sur les routes à double sens et à deux voies ne me perturbe pas trop. Dans mes trajets les plus courants, il m'arrive de préférer aux "grands axes" les petites routes où je sais ne pas trouver de radar. Alors, je peux m'amuser à avoir l'impression de rouler vite en ayant parfois du mal à atteindre ces 80 km/h. Sur la route départementale 6089 (ancienne RN89) qui passe en bas de chez moi, il m'arrive bien trop souvent de ne jamais réussir longtemps à rouler à 90 km/h tant il existe d'autres usagers qui se traînent sans raison apparente. Il m'arrive aussi de dépasser allègrement la vitesse limitée pour dépasser un véhicule trop lent à mon goût. Alors, oui, je ne pense pas à la planète et à la pollution, je ne pense pas à la sécurité routière ou à je ne sais pas quoi. Par contre, je pense au radar qui pourrait être caché quelque part et aux points de mon permis.
Il n'est pas impossible qu'il soit plus intelligent de rouler lentement. Ce n'est pas facile de s'efforcer à être intelligent 24H/24 ! Sur un trajet Azerat-Périgueux, je peux espérer quoi ? Gagner quelques minutes ? La belle affaire !

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