L'imitation à quatre vins

Et si, après tout, nous n'étions pas pressés ? Après tout, nous pouvons bien accepter de rouler un peu moins vite pour la bonne cause, celle d'épargner des vies humaines. Ça n'a pas de prix, une vie humaine !
Si une vie humaine n'a pas de prix, c'est que, "en même temps", elle a une valeur considérable dès lors qu'il est question de celle d'un usager de la route en France et qu'elle ne vaut strictement rien, peau de balle, si l'on parle de celle de migrants. En cela, on comprend combien tout est relatif en Macronie.
Abaisser la vitesse maximum autorisée sur les routes à double sens, ce n'est pas l'affaire du siècle. Il y a plus grave. Ça ne constitue tout de même pas une attaque majeure de nos libertés individuelles, on s'en remettra, on ne le sentira même pas passer. Et puis, on nous le dit et répète, c'est pour notre bien et celui de nos semblables.
Dans bien des cas, la vitesse est un facteur aggravant en cas d'accident de la circulation. Des experts ont été mandés et ils ont planché sur la question. Ce matin, sur France Inter, le micro était ouvert à Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière qui expliquait très bien cela. Les experts ont réfléchi et ils ont rendu un rapport "enfantin" : la vitesse, là est le mal.
Soit. On ne peut décemment pas aller contre la physique. Un choc a 90km/h est potentiellement plus destructeur qu'un choc à 80 km/h, toutes choses étant égales par ailleurs. Ce n'est même pas discutable. C'est "enfantin", nous dit Anne Lavaud. Si l'on voulait se laisser aller à un accès de mauvais esprit, on lui rétorquerai que l'on aurait dû abaisser cette limitation de vitesse de bien plus encore. C'est hyper enfantin !
"Enfantin". L'antenne est ouverte aux auditeurs. L'un d'eux questionne la déléguée générale sur l'attitude à adopter à partir de ce 1er vis-à-vis des poids-lourds qu'il nous sera impossible de dépasser. La réponse, enfantine et pleine de justesse ne tarde pas : "on ne les doublera pas, on les suivra". Notez que si l'on tient à rester dans le respect scrupuleux du code de la route, c'est déjà ce que l'on doit faire tant il est hasardeux de songer à doubler un poids-lourd en un temps raisonnable.
Ce n'est pas bien grave. On ne va mettre que quelques poignées de secondes de plus sur nos trajets quotidiens. Et puis, il faut voir le bon côté des choses. On économisera du carburant et l'usure du véhicule en plus de garantir un peu plus notre intégrité physique. Qui a envie de mourir dans un accident de la route ? Hein ? Pas moi.
On le sait, le risque nul n'est pas envisageable. La vie, c'est un risque. On risque tous de nous blesser, de nous faire mal, de souffrir, de mourir. On risque aussi de rire, de connaître joie et bonheur, plaisir et jouissance. Mais là, on ne sait comment l'éviter. Il y a des pistes de travail sur lesquelles travaillent des experts. On a commencé à bannir le plaisir de l'alcool et du tabac, de la bonne chère et de la gourmandise. On va bien finir par trouver comment nous empêcher de baiser. Le risque, voilà l'ennemi à combattre !
D'un autre côté, il y a un truc que je ne pige pas. Éradiquer le risque comme on l'a fait de la variole, voilà qui est une chouette idée qui devrait tous nous emplir d'une joie complète et jubilatoire. Or, dès lors, pourquoi donc la France vend-elle des armes, des missiles et des avions, capables a priori de tuer et blesser ? Parce que ces armes ne sont pas censées être dirigées contre le bon peuple de France ? Ah oui, bien sûr.
Certains avancent que la raison vraie de cette baisse de la vitesse sur le réseau secondaire serait de remplir les caisses de l'État avec les contraventions qui ne manqueront pas de tomber. On nous a assurés que non, que les éventuelles sommes d'argent ainsi récoltées iront abonder les caisses des différents organismes agissant pour la réparation des blessés de la route. Si l'on pousse la logique, il devrait y avoir moins de blessés et donc trop d'argent dans ces caisses d'ici peu. Cet argent excédentaire pourrait alors être redistribué aux Français. Grâce à la baisse de la vitesse, nous allons nous enrichir. Et ça, c'est une bonne nouvelle.

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