Les premiers VéloSoleX font leur apparition en 1946. Noir, discret, pratique, il saura se faire une place de choix dans la culture populaire française. Il a été tellement banal que l'on ne le remarquait même plus. Il était utilisé par toutes et tous, principalement en ville. Si ses performances étaient plus que modestes il permettait aux budgets les plus serrés d'accéder à la motorisation. Au guidon du VéloSoleX, on avait moins besoin de pédaler, on se fatiguait moins. Dans sa livrée classique, il a deux sacoches et, comble du raffinement, son pare-choc chromé. Il se doit d'être d'un noir uniforme juste souligné d'un liseré doré. Le modèle attelé à un side-car présenté ici n'est jamais sorti officiellement des usines Solex. C'est une réalisation artisanale et humoristique que j'avais déjà croisée dans Périgueux. Le panier en pur contreplaqué de récupération arbore une somptueuse décoration vantant un produit du Tennessee bien connu des mauvais garçons d'opérette. Mais à quoi peut bien servir un VéloSoleX attelé ? Sans doute à rien.
Plus évolué que le VéloSoleX, plus récent aussi dans sa conception, le Rallye Peugeot était un cyclomoteur chargé d'attirer l'impétueuse jeunesse avide de vitesse et d'évasion. Il y en avait trois aux Vintage Days. Chez Peugeot, on a voulu faire une petite "moto" pour les jeunes. Comme sur une grande, on peut passer (avec quelques difficultés cependant) les vitesses et dépasser la vitesse autorisée pour les cyclomoteurs. Malgré son nom aguicheur et sa décoration suggestive, cette petite machine peine à donner de vraies sensations aux pilotes amateurs qui se voudraient champions de courses de vitesse. La tenue de route est une notion difficile à accoler au petit Peugeot tout comme celle de performance, pour tout dire. Mais pour autant, le Peugeot n'a-t-il que des défauts ? Certainement pas ! Sa principale qualité est bien de plaire à quelques inconditionnels. Ce n'est pas tout à fait rien.
A propos de plumage et de ramage. Etait présente aussi une machine bricolée avec goût et détermination. Pour ce qui est de la marque, j'ai un doute. Disons, pour faire dans l'euphémisme de bon aloi, qu'il ne doit pas s'agir d'une marque bien prestigieuse et qu'il n'est pas impossible que ça ait été manufacturé dans quelque usine asiatique obscure avant que d'avoir été transporté à fond de cale jusqu'en nos contrées pour satisfaire l'appétit des bikers désargentés qui ne se sont pas encore remis de la disparition de leur idole, de leur quasi dieu chantant. Acheter de l'Harley, faut avoir les moyens en plus d'un permis de conduire officiel. Là, pas besoin. Un blouson en cuir pur skaï avec des franges et roulez jeunesse ! Si, en plus d'avoir les finances, le biker débutant démuni du permis de conduire les motocycles a une bonne dose de très mauvais goût, il peut se rabattre sur ces horribles trikes qui nous polluent l'environnement visuel avec leurs peintures "aigleuses" ou "loupeuses" représentant leur Amérique à eux. Ces personnes, j'estime que l'on est en droit de les mépriser copieusement. Mais pour ce petit 125cc, je reconnais le travail effectué et le souci du détail. Pour tout dire, j'aime bien.
Si l'on souhaite se faire moins remarquer et baguenauder le nez au vent dans un sympathique sillage de "poum-poum" calme et enjôleur, pourquoi ne pas aller voir du côté de la production de chez Motoconfort ? Celle présentée ici est un peu l'archétype de la populaire française des années 50 du siècle dernier. Ne parlez pas performance ou confort ! C'est du calme utilitaire chargé de vous amener d'un point à l'autre sans trop de soucis, tout simplement. Rien de plus. Du coup, on n'a pas cherché la carte de l'esbroufe. Pas beaucoup de chromes mais un porte-bagages, pas de freins très efficaces mais un moteur avec ce qu'il faut de couple. C'est fait pour rouler à 60 km/h et ça le fait bien. Là encore, nous sommes en présence d'une modeste machine qui ne faisait pas tourner les têtes à son époque. C'était du banal, on en voyait partout, ça ne faisait pas rêver. Aujourd'hui, elle sait faire naître un sourire sur son passage et, même, un peu d'envie.
Elle, elle n'aura pas brillé au Tourist Trophy comme tant de ses sœurs. C'est bien une anglaise Norton mais elle est pour les bidasses. Les performances ne sont pas folles, l'équipement est sommaire, les solutions techniques utilisées éprouvées et rustiques. Avec ses presque 500cc et ses soupapes latérales, le moteur parvient à entraîner pilote et bagages à près de 100 km/h. Ce n'est pas si mal et même, c'est nettement suffisant pour se promener sur les petites routes. Par contre, on n'a pas jugé bon, les militaires n'aiment pas ça, agrémenter la Norton de pièces nickelées et de couleurs chatoyantes.
En France, on n'a pas toujours eu à rougir des productions étrangères. On a même eu des marques vachement fameuses comme, parmi tant, les Terrot. Et justement, en voilà une, de Terrot ! La vie est bien faite. Comme on peut le constater sur l'image présentée, cette vénérable motocyclette est tout à fait appropriée pour convoyer deux passagers dont un muni de fort jolies gambettes. Voyez comme il a l'air fier, le fier pilote ! Ah ! Qu'il lève haut le menton ! Heureux homme.
Peut-être serait-il aussi fier au guidon d'une belle italienne comme cette Moto Guzzi California II. La Calif', c'est une énième itération du célèbre V-Twin de chez Guzzi né en 1967 avec la V7. Ce moteur était auparavant installé dans un assez improbable véhicule à trois roues comme seuls les Italiens savent les faire, le 3x3. Cette Calif' voulait s'attaquer au marché américain et concurrencer les Harley-Davidson. Plutôt confortable et relativement fiable, elle connut un certain succès. En France, elle concurrençait plutôt les BMW dans la gamme des motos de tourisme et représentait une alternative crédible aux productions japonaises dont certains ne voulaient pas.
Des marques de motocyclettes américaines, on ne retient guère plus que quelques unes et, le plus souvent, Harley-Davidson et Indian. Ces deux marques aujourd'hui plus que centenaires étaient représentées à Périgueux durant ce week-end avec deux motos des années 30. Si j'ai du mal à identifier avec exactitude l'Indian, je n'ai aucun mal à reconnaître l'Harley-Davidson, une belle Knucklehead comme on aimerait en voir plus souvent. Alors, la question qui ne cesse de turlupiner le motard depuis des lustres : Indian ou Harley ? Il est bien difficile de trancher. Aujourd'hui, il est bien plus rare de voir une Indian "authentique" qu'une Harley Davidson un peu ancienne. Du coup, on peut être plus enthousiaste à la rencontre d'une moto de Springfield. D'un point de vue technique, on pourra reprocher à Indian d'être resté accroché à son idée et de refuser de troquer les soupapes latérales contre des tiges de culbuteurs quand Harley Davidson aura compris depuis longtemps l'avantage d'une distribution plus moderne. La seconde guerre mondiale sera certainement à l'origine de la fin de la marque Indian au début des années 50. L'armée voulait une moto robuste. Indian et Harley Davidson ont sorti leurs planches à dessin. A Milwaukee, on proposa un prototype de bicylindre à plat (comme les allemandes Zündapp ou BMW), la XA, et un modèle conçu sur une base existante, la WL à moteur bicylindre en V à soupapes latérales de 45ci (750 cc). Chez Indian, on se lança dans l'élaboration d'un V Twin face à la route, la 841, qui connut bien des misères de mise au point. L'armée choisit en grand nombre le modèle WL de chez Harley Davidson, Indian resta avec des stocks invendables de motos et de pièces détachées pour leur 841. La messe était dite.
1 De Lé prof Tourbled - 06/09/2018, 07:36
Merci pour ce chouette compte-rendu birotulien.
L'Indian, vu les magnifiques suspensions arrières coulissantes, je la daterais plutôt des années quarante.
Le Peugeot Rallye bleu est venu de Brive par la route!
Ben ça m'a tout l'air d'être une 125 Honda "Rebel", dont je reconnais beaucoup d'éléments d'accastillage.
Quand on pense aux 125 italiennes des années 50, et qu'on voit cette piteuse Motoconfort, on se dit que chez Motobec, ils le préparaient depuis longtemps, leur enterrement en première classe. Pauvres jeunes français!
La 350 Terrot doit être une HTLC kekchose d'immédiat après guerre, vu la fourche télescopique.
Ma préférée, c'est la 16H, suivie de la California.
2 De Lé prof Tourbled - 06/09/2018, 07:46
Quoi! Rien sur la superbe Norton Commando qu'on aperçoit derrière le ravelin bricolé "spirit of America"!!!
Une machine vraiment digne d'intérêt, pourtant.
3 De Aldo AerMaccione - 06/09/2018, 08:18
@Lé prof Tourbled :
Ét lé PX dérrièré la Moto avéc Confort,
vous lé négationnez, lé Vespa Péhisqué ?
Vespa, c'ést Mama Italia !
4 De Liaan - 06/09/2018, 08:59
Bigre, le canon, derrière la Norton, est impressionnant.
Le side-car du VéloSolbar me fait plus songer à un cercueil qu'à un panier.
(recèle-t-il une arme quelconque, tout comme dans un western italien bien connu, dans lequel le héros du film traîne un cercueil contenant le corps d'un ami, selon les dires du personnage ?)
@Aldo AerMaccione : Le Vespa PX, même le tout dernier modèle, avec disco de freino, ne choquera jamais dans une réunion vintage, tout comme certaines Hachley-Devilson.
5 De Liaan - 06/09/2018, 10:51
Ce n'est pas pour dire, mais devant le foisonnement impressionnant de commentaires ces jours derniers, j'en conclus (trop rapidement, sans doute) que les lecteurs du blog, pour beaucoup seniors, prennent leurs congés en septembre, pour bien profiter de l'été indien, cher à Joe Dassin.
Ou bien, la wi-fi est défaillante ces jours-ci dans les EPAHD.
6 De Lé prof Tourbled sous influence siffrédienne - 06/09/2018, 11:45
@Liaan :
Tou croa qué commé toa ou moa, tout lé mondé il a quelqué chose à raconter à touté heure dé la journée. L'autré jour, Tournésolé, qué lé ciel lé protège, a tenté d'aigouiller la conversationné sour l'actoualité politique, en évoquant lé remplacément dé Houlot. Ma! Nobody! Personné il n'a rélévé cetté tentativé méritouaré dé éléver lé débat.
Ton poublic, il est amorphe! Il a ousé toutés ses réssources à mater les raggazes sour la plage dou camping des flots bleus. Ses accous, ils sont déchargés.
Ma! Macroné, il va en profiter. Tou vas voare! Dé cetté état dé hibernationne lobotomisée.
7 De jojo - 06/09/2018, 11:48
La 125 pour bikers désargentés me fait penser à une regal raptor, peut-être le modèle spyder revu et corrigé.. mais rien n'est sur...
C'est vrai, le canon derrière la Norton est sacrément balaize et doit mettre.. un certain temps à refroidir :-)
8 De Liaan - 06/09/2018, 13:54
@jojo : Bien vu.
Je pensais aussi à la même chiotte ching-chongue.
9 De Tournesol - 06/09/2018, 16:21
L’ivresse,l’ivresse,qu’importe le flacon!
10 De Tournesol - 06/09/2018, 16:21
L’ivresse,l’ivresse,qu’importe le flacon!
11 De Le prof T. généalogiste - 06/09/2018, 16:45
@jojo : @Liaan :
Ouais, mais la fourche, les amortos, les roues, les sabres qui tiennent le garde-boue arrière, le frein avant très reconnaissable, le bras oscillant rallongé, proviennent d'une Rebel.
Quand au moulin, qui ressemble effectivement à celui d'une Raptor (tu parles d'un régal!), qui copie lui même celui de la Rebel, reste à savoir s'il est liquide ou à air.
Le monsieur, qui a voulu faire une , a très bien pu rajouter une grille de radiateur sans radiateur. Il a bien mis un étui de masque à gaz chleuh le long du berceau de cadre!
12 De Liaan - 06/09/2018, 17:29
@Le prof T. généalogiste : Bref du poids, du poids pour un moulbif qui doit péniblement chercher dans les 13/14 bourrins, grand max, en échappement libre..
Mais comme dit M'sieur Tournebroche, qu'importe le flacon...
On me servirait ma rasade de Nég'ita avec un bidon métallique d'huile 20X40, si le bidon a bien été nettoyé avant, bien sûr, j'te bois bien ça cul sec.
Ça me souvient une histoire en bandes dessinées de Mammouth et Piston, du regretté Coyote, avec le frèrot qui vide un flacon de parfum Hachley-Devilson et le remplace l'ancien parfum par de l'huile vidangée du carter d'un Knuckle, pour finalement faire un beau cadeau à son brother...
13 De Tournesol - 06/09/2018, 17:34
@Liaan : quoi! Cul sec?Vous ne savourez pas?Bon ou alors juste les premiers verres pour faire face à l’urgence,mais après ?
14 De Le prof T. généalogiste - 06/09/2018, 18:05
@ Liaan
Onze petits chevaux, mon pôvre.
@Tournesol :
Ah, mais moi, j'ai pour coutume de dire, comme tout les m'as-tu-vu,
Qu'au moins, avec mes breloques et ma bécane contrefaites, j'aie l'air...
15 De Le prof T. généalogiste - 06/09/2018, 18:07
Tous les m'as-tu-vu! Scrongneugneu! Enfoiré de clavier nihiliste!
16 De Le prof T. généalogiste - 06/09/2018, 18:32
Tiens, je reviens sur ce pôvre Peugeot Rallye, auquel ces timorés d'ingénieurs ont toujours refusé la boîte cinq qui l'aurait propulsé vers le succès.
Y a au moins un accessoire qui n'est pas sous-dimensionné, c'est la selle!
Sûr qu'en se traînant à 50 km/h, on restait un bout de temps en selle. Ce qui explique pourquoi les véloces cyclos italiens arboraient tous de ridicules cale-fesses; à 80-90, t'as mal aux fesses moins longtemps! CQFD!
Et je vous passe la description du système de changement de vitesses au pied, élaboré dans un esprit d'économie tout à fait caractéristique de l'audacieux bureau d'étude Peugeot de l'époque, et même révélateur de l'état d'esprit de toute la corporation des constructeurs français de 2 roues motorisés. Essayer de conserver un système manuel tout en l'actionnant au pied, ça produit de l'imprécision et des faux point-morts. A noter tout de même l'astucieuse pédale de frein arrière au talon, qui tombe pile-poil au niveau de la pédale (celle pour pédaler) de droite, Y avaient dû embaucher un ergonome, faute d'un motoriste.
Et même, il se trouve que malgré toutes mes acerbes critiques, j'en avais quand même envie, de ce repoussoir à clients, et qu'il était trop cher pour moi!
17 De Liaan - 06/09/2018, 18:52
@Le prof T. généalogiste : Ah, mais pardon !
Le Peugeot Rallye, lorsque j'en ai essayé un avec le sécateur au pied, quel panard, après avoir roulé plusieurs fois sur la version vitesses au poignet (ou à la poignée... Comment s'appelait-elle, déjà, cette Dame-Veuve...)
Quel progrès, j'avais trouvé.
Mais mon plus beau souvenir de pisse-feu, c'était un Flandria (j'ai dû déjà raconter ça dans le blog, il y a fort longtemps) Rouge, qu'il était le Rekord, vitesse à la poignée gauche, le câble d'accélérateur pété au niveau de la poignée tournante, je le tenais avec le pouce. C'était royal, que dis-je, Byzance !
18 De Liaan - 06/09/2018, 18:55
@Le prof T. généalogiste : Le Peugeot et la Flandria, c'était des chiottes prêtées, je n'aurais jamais pu m'acheter ces trucs. Que ce soit au niveau finances, et surtout paternel...
19 De Tournesol - 06/09/2018, 20:32
Demain étant un jour traditionnellement consacré à Vénus,reverrons nous Séraphin Cupidon?
20 De Le prof T. généalogiste - 06/09/2018, 20:58
@Tournesol :
Est-ce bien nécessaire? Tant de laideur déjà nous assaille dans ce monde impitoyable. Auriez-vous commis quelque impardonnable faute, pour vous (et nous) infliger pareil châtiment?
Si vous tenez tellement à pâtir, regardez , et son pendant nouvellement arrivé sur France 2 . Il va vous falloir bien du courage!
21 De Liaan - 06/09/2018, 21:39
On voit que le gars Michel n'a jamais eu à ramener cinq caisses de rhum Nég'ita pour le club, dont le Q.G. est au café nommé Sol-Bar.
22 De Liaan - 07/09/2018, 08:49
Toujours à propos du VéloSoleX, Michel, dans son bref historique nous dit :
N'oublions pas que sacoches ou pare-choc chromé étaient des accessoires vendus à part, ce n'était pas fourni d'origine. Surtout le pare-choc que l'on trouvait, malgré tout, sur tous les Solbars.
23 De Benjamin - 07/09/2018, 10:45
@Le prof T. généalogiste :
24 De fifi - 20/09/2018, 21:51
La caisse du Solex est munie d'une poignée et d'une grille, d'aération, sans doute pour Minou ou Cleb , à moins que ce soit pour punir le sale gosse ☻