Je pense que l'on a fait le tour de la question. Je réserve une photo pour demain et je vous propose aujourd'hui une sélection d'images de bas intérêt. Pour commencer, il ne faut pas oublier que Bugatti n'a pas produit que des automobiles sportives et que tous les richissimes de l'époque n'étaient pas insensibles à une certaine idée du confort. Bugatti a été un fabricant de voitures de luxe. On pense bien sûr à la Bugatti "Royale" qui en est le plus délirant exemple. Je n'ai pas eu l'occasion d'aller visiter la collection Schlumpf de la Cité de l'Automobile de Mulhouse pour en voir de mes yeux — je serai peut-être mort avant d'y aller[1] — mais de ce que j'ai pu lire et voir de ces automobiles indique bien, selon moi, ce qu'est la notion de luxe pour Ettore Bugatti. Cette automobile a été un échec commercial, les moteurs qui avaient été produits pour elle ont été recyclés pour motoriser des autorails, mais il me semble indéniable que le luxe était là outrageusement représenté.
Le luxe, c'est un ensemble d'éléments choisis et savamment assemblés. De beaux matériaux, un savoir-faire et du presque trop de tout. Le luxe n'est pas toujours de bon goût mais ça, c'est une autre affaire. Le luxe peut être "bling bling", il peut être clinquant, ostentatoire, ridicule. Il peut aussi être caché ou paraître évident. Chez Bugatti, la mécanique est luxueuse mais on ne lève pas le capot et on n'ouvre pas le moteur pour montrer la qualité d'usinage du vilebrequin ou la beauté fonctionnelle du bloc-moteur. Ainsi, le propriétaire d'une automobile Bugatti peut désirer un douillet confort et la réponse est des sièges couverts d'un cuir de grande qualité qui sait se patiner et devenir de plus en plus beau.
Etre propriétaire d'une Bugatti, c'est la garantie d'être élégant en toute circonstance. Ainsi, cette photographie qui nous montre l'un de ces heureux hommes[2] à la chemise mouillée d'avoir trop longtemps été en contact avec un cuir gênant l'évaporation de la transpiration compréhensible en cette journée chaude. Serait-ce un conducteur sortant de sa Peugeot quelconque qu'il devrait affronter les lazzi d'une foule hilare et moqueuse. Mais là, non, on considère que ce dos mouillé est d'une élégance consommée.
De même, et on le voit bien sur la photo qui suit, le simple fait de sortir de son véhicule vous classe votre homme dans la catégorie des personnes maîtrisant la distinction élégante naturelle. Imaginez le bonhomme s'extirper du morne habitacle d'une automobile lambda[3].
Bien sûr, cet excès de bon goût et d'élégance ne va pas sans inconvénients. Le plus pénible est sans aucun doute d'avoir à faire abstraction de cette valetaille pouilleuse et mal sapée qui brandit un appareil photo ou un smartphone pour "immortaliser" le moment. Encore une fois, vous souvenez-vous avoir été photographié au volant de votre vulgaire bagnole récemment ? Les photographies des radars automatiques ne comptent bien sûr pas.
Et alors, à proximité de la halle d'Angoulême, nous apercevons une automobile bleue portant l'ellipse rouge caractéristique. Je suis un peu étonné. Je ne suis pas un spécialiste mais, tout de même, j'ai quelques connaissances. Cette Bugatti m'étonne mais, bon, je me dis que c'en est une que je ne connaissais pas et je la photographie. De devant et de derrière. Plus tard, je regarde cette image et l'étonnement est toujours là. Alors, je fais une recherche sur Internet et j'apprends ce qu'elle est. Il s'agit d'une réplique John Barton de la Bugatti 252 fabriquée autour d'un moteur "authentique". La 252 a été produite quasi à l'état de prototypes à deux exemplaires. Celle-ci est baptisée par son concepteur 252-003. Le moteur est un quatre cylindres de 1500cc, la moitié d'un moteur de Bugatti 251, Formule 1 du milieu des années 50.
1 De Kina Passonvonapareno, de Tananarivo - 09/10/2019, 09:53
Quel vachard, ce Michel! Voilà tout le Who's who du gratin de la torpédo de placement rhabillé pour l'hiver, mine de rien.
Et ça me plaît bien. Même si, pour avoir sa liquette mouillée comme celle de ses métayers, Monsieur le Baron doit s'infliger deux plombes au soleil, encastré dans le cuir de sa Voature, sous l'œil envieux des manants du comté.
2 De arielle - 09/10/2019, 10:53
Bugatti for ever et humour for ever font bon ménage !
3 De Tournesol - 09/10/2019, 12:49
La bugatti 252 n’est pas très belle vue de dos...mais si on me l’offre,je la prends!
4 De Le Prof Turbled - 09/10/2019, 13:32
La Bugatti 252 a des gènes de char antique. Matez un peu les écrous de roue ailettés, déportés hors gabarit! À croire que cet engin a été commandé par Ramsès II, pour disperser les hittites.
5 De Liaan - 09/10/2019, 15:08
Nous pourrions appeler cette Bugatti spéciale comme nos amis Anglais, par sa plaque d'immatriculation : la 143 HPO. Remarquons que les Anglais utilisent la lettre O contrairement à nous qui l'ignorons (risque de confusion avec le chiffre 0, tout comme le I ressemblant trop au 1)
Les feux arrières de la 143 HPO ressemblent tellement à ceux de la Simca aronde 1956, ou ceux de la P60 qu'on pourrait se permettre de dire qu'ils viennent d'une Aronde.
6 De Sax/Cat - 09/10/2019, 17:27
@Liaan :
Remarquons que les immatriculations britanniques étant ce qu'elles sont, il n'y a aucun risque de confondre une lettre avec un chiffre.
Il en est d'ailleurs de même avec les immatriculations françaises actuelles.
7 De Liaan - 09/10/2019, 18:46
@Sax/Cat : Je n'ai pas vérifié, mais il me semble que les lettres I et O ne sont pas utilisées sur les plaque d'immatriculation française.
Par contre, pour les nostalgiques, je crois que la formule SA existe. Je l'ai vue.
8 De Liaan - 09/10/2019, 18:47
@Liaan : En parlant des chiffres et des lettres, merci de mettre un S à plaque.
9 De Sax/Cat - 09/10/2019, 19:58
@Liaan :
Effectivement I et O ne sont pas utilisés, ce qui est idiot vu qu'il ne peut pas y avoir de chiffre à cet endroit.
Plus intelligent, le U non plus pour éviter de confondre avec un V
https://www.service-public.fr/parti...
10 De Rocky Siffredo - 09/10/2019, 20:00
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fic...LanciaLambda192301.jp
Ma! Oune voatoure Lambda, ça n'est pas si mal.
Et oune vilébrequin bien ousiné, tou veux qué jé t'en montre oune?
11 De Rocky Siffredo - 09/10/2019, 20:03
Ma! Ça n'a pas marché, mon lien.
Tou cherche Lancia Lambda, 1925-1926, tou verras si c'est oune bagnole quelquonqué.
12 De Liaan - 09/10/2019, 20:28
@Sax/Cat : Dans l'ancien système, le U et le V étaient utilisés, il me semble.
Un ami avait une 2CV immatriculée NU, terme qui plait beaucoup à notre ami Rocky, et ma Motobec avait comme lettres BV.
Tout ceci n'est qu'ANTIQVITÉS, maintenant, façon romaine (voir Astérix)
13 De Tournesol - 09/10/2019, 21:41
@Rocky Siffredo : pas mal la Lancia .