Hier, le voisin — un saint homme — arrive tandis que je remplace une ampoule sur mon automobile. De sa promenade pré-vespérale, il a ramené un cèpe. Il m'avise et vient à ma rencontre tout sourire, me tend le champignon, m'invitant à l'accompagner de deux œufs. Ne m'attendant nullement à cette délicate attention, j'avais prévu tout autre chose pour mon repas du soir. Comme je ne souffre pas d'une rigidité psychologique par trop prononcée, je change illico de projet et imagine déjà le festin annoncé tout en prévoyant d'éplucher quelques pommes de terre qui seront cuites dans de la graisse de canard.
A l'heure dite, je nettoie le cèpe et le détaille en morceaux pas trop petits. Dans la poêle de compétition utilisée de préférence dès lors qu'il s'agit de préparer un bon plat, je verse un peu d'une huile assez neutre au goût. Sur la cuisinière, je fais chauffer cela avant d'ajouter le champignon que je mélange à l'aide d'une noble spatule de bois. Je baisse la flamme et laisse réduire doucement.
Alors, je m'occupe des pommes de terre. Une fois débarrassées de leur peau et essuyées, je les tranches en rondelles honnêtement épaisses. Dans la sauteuse, la graisse de palmipède fond tranquillement. Elle est bientôt rejointe par les pommes de terre qui rapidement prennent une belle couleur dorée. Avec la spatule, je les retourne souvent avant de les saler d'une belle pincée de sel fin et d'un soupçon de gros sel gris. Je touille une fois encore et couvre après avoir baissé le feu pour une cuisson douce qui rendra les pommes de terre fondantes sous leur croustillante pellicule.
Le cèpe a bien fondu et les œufs ont déjà été mélangés à la fourchette dans un bol. Le sel et le poivre ont été ajoutés et j'ai aussi émincé deux gousses d'ail qui sont en train de transmettre leur saveur au champignon. Alors, après m'être assuré que les pommes de terre sont cuites, j'augmente la flamme sous la poêle et attends que la chaleur me paraisse bien vive. Dès lors, il ne me reste plus qu'à ajouter les œufs et à les agacer du plat de la spatule jusqu'à ce qu'ils prennent une consistance baveuse à souhait.
Dans l'assiette prévue à cet effet, je roule l'omelette et les pommes de terre avant de, vite, filer dévorer avec plaisir ce plat simple mais ô combien réjouissant.
Ce matin, c'est avec un petit plaisir que je constate que le champignon devait être comestible.
1 De Liaan - 08/10/2017, 14:24
Vot'voisin fait aussi Armée du Salut ?
C'est sympathique.
Ou alors il va vous demander d'emprunter vot'tondeuse à gazon...
2 De michel - 08/10/2017, 14:26
@Liaan : Oui, il prend soin des pauvres mais pour ce qui est de l'éventualité du prêt d'une tondeuse à gazon, il risque d'être fort marri. Pas de gazon, pas de tondeuse.
3 De chantal - 08/10/2017, 15:44
Vous avez eu du bol, parce qu'il n'a pas l'air tout jeune ce champipi !
Ce matin j'ai cru mourir après avoir goûté du lait resté au frigo quelques jours.
Je ne suis pas amatrice de lait, mais pour la confection de crêpes ...
4 De Sax/Cat - 08/10/2017, 16:14
Sympa pour moi qui suis en régime sans résidus depuis 3 jours ...
5 De Le prof Turbled - 08/10/2017, 17:48
Raymond Oliver et Catherine Langeais peuvent être fiers du travail accompli. Tout petit, Michel a du faire son miel de leurs émissions culinaires (télévisées, s'entend). Aussi bien, outre la technique irréprochable qu'il déploie sous nos yeux ébahis, sa verve gastronomique a réussi à mettre mes sens gustatifs et olfactifs en éveil. C'est assez économique comme sustentation. Avec Michel, je "mange mon rot à la fumée"!
6 De Le prof Turbled - 08/10/2017, 17:55
@michel :
Pas fou le voisin! Pour ce qui est du gazon, il sait très bien qu'il vaut mieux s'adresser à la voisine.
7 De arielle - 08/10/2017, 18:11
Caramba encore raté !
8 De waldo7624 - 08/10/2017, 18:23
En fait, le "saint homme" avait, par chance, ramassé une douzaine de champignons identiques, mais il ignorait s'ils étaient, ou non, comestibles.
Il se déguisa donc en cueilleur de cèpes assermenté et décida d'aller frapper à l'huis de son voisin, et lui en offrir un spécimen en affichant le sourire édenté de la sorcière de Blanche-Neige.
Le malheureux destinataire du cadeau, croyant avoir affaire à un type dans le genre de ceux d'hier avec les gilets oranges, reçu l'offrande en se confondant en remerciements.
Le lendemain, le rusé personnage, qui s'était subrepticement frotté les mains après avoir pris congé de son éventuelle future victime, constatant que son voisin était toujours vivant, décida de se taper le reste.
9 De Liaan - 08/10/2017, 20:28
@Sax/Cat : Encore un problème de génération, seuls les plus de 50 ans connaissent ce régime "sans résidus". Gardez le moral !
(lisez ou relisez le début du premier tome de la BD "Je veux une Harley" de Margerin et Cuadrado)
10 De Le prof Turbled - 09/10/2017, 07:00
@Liaan : Ouais, les deux compères qui ont commis cet album sont eux aussi dans le coeur de cible de la sécu, et à la sincérité du récit, on comprend qu'on est dans le vécu.
Notez, se servir de cette "étape" pour "tordre" son épouse et se faire un énorme plaisir (une Harley, excusez du peu), voilà un truc auquel je n'aurais pas pensé.
11 De Tournesol - 09/10/2017, 10:17
Ça vaut mieux que d’attraper la sacarlatine
Ça vaut mieux que de bouffer d’la mort aux rats
Ça vaut mieux que de sucer d’la naphtaline
Ça vaut mieux que d’faire le zouave au pont d’l’Alma !
12 De Liaan - 09/10/2017, 11:29
@Tournesol : La sacarlatine...
Vous prendrez bien un peu de saccacarine avec votre ersatz de café, M'sieur Ray ?
13 De Le prof Turbled - 09/10/2017, 15:46
Ah! L'époque de l'amitié franco-allemande, où l'on disputait les glands aux cochon(e)s!
14 De fifi - 09/10/2017, 17:54
@michel : Je suis désolé pour vous mais il y aura toujours quelqu'une de morte tous les jours, et c'est tant mieux :-))
Place aux jeunes.
15 De Sax/Cat - 10/10/2017, 07:52
@Liaan :
J'ai subi mon premier régime sans résidus avec 2 ans d'avance alors.
Mais comme je dis toujours, si à 50 ans tu n'as pas eu un régime sans résidus, tu as un peu raté ta vie.
16 De Le prof Turbled - 10/10/2017, 10:07
Les champignons agissaient-ils à retardement? Le silence angoissant du blog abandonné va-t-il suffire aux locataires assoiffés d'emphigouriques commentaires qui animent ordinairement ce bistrot virtuel?
17 De A. Lebussat - 10/10/2017, 10:17
@Le prof Turbled : Un qui a dû claquer c'te nuit, c'est le dessinateur du feuilleton.
Ou alors, y s'cache bien, c'te faignasse.
18 De ercule poireau - 10/10/2017, 16:54
@A. Lebussat : Soyez rassuré cher ami, il est bien vivant ! Par contre, le maître des lieux, lui, a peut-être succombé à retardement. Je vais en toucher deux mots à l 'inspecteur Latulipe, cette disparition est troublante.